Les caricatures - Ligue des Droits de l`Homme

Transcription

Les caricatures - Ligue des Droits de l`Homme
P AR T I E 3 - P ED AG O G I E D E S D R O I TS H U M AI N S
2. Jeux pédagogiques
La liberté d’opinion et d’expression
Article 19 de la DUDH
1. Tous les hommes ont le droit de penser et de s’exprimer librement.
2. Personne ne peut être inquiété à cause de ses opinions.
Les caricatures
La liberté d’expression, symbole de la démocratie
Secondaire
Dossier extrait du dossier pédagogique « Le voile, et cætera », document
filmé de Gérard Preszow, dans le cadre d’un projet de la Ligue des droits de
l’Homme. Le DVD est disponible à la LDH. Ce thème peut être abordé tel
quel, comme proposé ci-dessous. Il peut également être abordé sous forme
de discussion suite à la vision du dvd « Le voile, et cætera ». La discussion
sera ensuite approfondie avec les réflexions, textes et activités proposés cidessous.
Plus d’infos
« Le rire est une chose sérieuse avec laquelle il ne faut pas plaisanter. » Raymond
Devos
Les caricatures de Mahomet sont une série de douze dessins parus dans le
journal danois Jyllands-Posten en novembre 2005, dont un représente le prophète
islamique Mahomet vêtu d’un turban en forme de bombe. Ces caricatures ont
provoqué l’indignation de certaines communautés musulmanes et ont été la cause
de manifestations (pacifiques ou violentes) partout dans le monde. Cela a
également soulevé un débat dans les écoles, comme on peut le remarquer dans
notre document filmé. Celui-ci a été réalisé durant cette période de polémique due
à ces caricatures (en février 2006). Mais pour aller plus loin qu’un simple débat sur
les caricatures, développons davantage la question de la liberté d’expression.
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le
droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et
de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par
quelque moyen d’expression que ce soit. » Art. 19 de la Déclaration Universelle
des droits de l’Homme (DUDH).
Si la DUDH ne spécifie pas davantage de conditions particulières ni restrictions à
la liberté d'expression, il faut savoir que celle-ci n’est bien sûr jamais absolue. Elle
doit s’apprécier en relation avec d’autres droits fondamentaux comme le respect
de la vie privée, la non-discrimination, etc. Ainsi, l’article 10 § 2 de la Convention
européenne des droits de l’Homme précise :
« L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut
être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues
par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société
démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté
publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la
santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour
empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et
l'impartialité du pouvoir judiciaire. »
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La liberté d’expression va de pair avec la liberté d'information et plus
spécifiquement la liberté de la presse, qui est la liberté pour un journaliste de dire
ou de taire ce que bon lui semble dans son journal, sous réserve d'en répondre
devant les tribunaux en cas de diffamation, de calomnie, de propos racistes...
Composante essentielle de toute société démocratique, la presse libre reste une
fiction dans de nombreux pays. Journalistes, écrivains ou artistes sont incarcérés
pour le simple fait d’avoir exprimé leurs idées, et leurs écrits, leurs dessins, leurs
chansons, … sont interdits. S’exprimer pour revendiquer la paix, la démocratie ou
le respect des droits de l’Homme reste toujours une activité à haut risque, il faut le
savoir. Ainsi, parce qu’il combattait l’extrémisme islamique, qu’il avait pris la
défense des populations berbères, qu’il prônait l’ouverture de la pensée et la
laïcité, qu’il avait fait de sa musique un instrument de langage universel, le
chanteur algérien Lounès Matoub est tombé, un jour de juin, sous les balles près
de son village de Kabylie…1
L’affaire des caricatures a fait grand bruit et a eu des répercussions dans le
monde entier. Certains soutiennent qu’il y a là une atteinte au sentiment religieux,
d’autres défendent ces dessins au nom de la liberté d’expression. Il est important
que les médias soient responsables et encouragent l’ouverture et le
dialogue entre les peuples, entre les cultures et les religions. Et il faut savoir
aussi que la liberté d’expression fait partie des droits fondamentaux et que
ce droit est le premier à être bafoué voire éliminé dans les régimes
totalitaires. C’est un de nos droits les plus précieux, il s’agit de le conserver.
Si la peur de protestations éventuelles mène à la censure, la culture
démocratique de la liberté d’expression est en danger.
A jouer
-
« Les partis pris des médias » : permettre aux participants d’explorer les
images de la société majoritaire à propos des autres cultures ou origines,
des minorités, etc., analyser le rôle des médias de masse dans la création
et le développement de stéréotypes et de préjugés :
-
Concours « Euroblagues » : Explorer les bases de notre humour, la façon
dont l’humour est employé pour maintenir ou alimenter les préjugés.
Commencer la discussion en évoquant les peurs cachées dans les
plaisanteries que nous racontons.
1
Une fondation portant le nom du chanteur a été créée par ses proches pour perpétuer sa mémoire, faire la
lumière sur l'assassinat et promouvoir les valeurs d'humanisme défendues pendant la vie de Lounès Matoub :
http://matoub.rebelle.free.fr/
3
A consulter
-
Reporters sans frontières : « Parce que emprisonner ou tuer un
journaliste, c’est éliminer un témoin essentiel et menacer le droit de chacun
à l’information, Reporters sans frontières, fondée en 1985, œuvre au
quotidien pour la liberté de la presse. »
-
Description de « l’affaire des caricatures » sur Wikipédia, encyclopédie libre
sur Internet.
-
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liberté_d'expression de Wikipédia, encyclopédie
libre sur Internet.
-
Le Manifeste des libertés est une association fondée en France suite à
un Manifeste rédigé le 17 janvier 2004 et signé par plus de 1700 personnes
"de culture musulmane", contre l'Islamisme. Elle est actuellement
coordonnée par Tewfik Allal. En 2006, l'association prend très clairement
position en faveur de la liberté d'expression dans l'affaire des caricatures du
prophète. En voici un extrait : « L’épisode des caricatures n’est ni un
événement isolé, ni accidentel. L’histoire contemporaine de la censure au
nom de l’islam est jalonnée de meurtres, d’attentats, d’interdits de penser
et de parler. Elle correspond à une politique menée, à la fois, par les États
et les mouvements islamistes, afin de faire régner la peur, soumettre les
consciences, imposer une morale unique, étouffer les voix de la liberté.
Se taire ou tergiverser, c’est accepter l’inacceptable, devenir complice de
l’infâme. »
A lire
- « La plaisanterie » de Milan Kundera
A visionner
-
« Le soleil assassiné » de Abdelkrim BAHLOUL, Algérie 2003.
-
« Amici Miei » de Mario MONICELLI, Italie 2003.
Pour aller plus loin :
-
Campagne d’Amnesty International sur la liberté d’expression
-
Soutien des actions de Reporters sans frontières
-
Le site de la LDH "Paroles Libres!", un cycle d'activités sur les désirs et
délits d'expression
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