Pieter ZEEMAN (1865-)
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Pieter ZEEMAN (1865-)
- 216 -- PIETER Par W. J. • ZEEMAN DE HAAS. Pieter Zeeman naquit le 25 mai 1865 à Zohnemaire, peti~ . village situé dans l'île de Schouwen, Zélande, où son père était pasteur. Cette pl'ovince est pour la plus grande 'partie formée par quatre îles; c'était alors un des coins les plus isolés des. Pays-Eas. . Là, Zeeman a eu une jeunesse extrêmement tranquille et plutôt contemplative, Aussi il avait déjà étudié plusieurs ouvrages de physique avant .même de commencer ses études de physique éxpérimentale à l'Université, études qui le plàceront au premiel' rang des physiciens hollandais. En outre - ce'qui ne se produit pas souvent"- avant d'êtré nom~é professeur de physique expérimentale à J'Université d'Amsterdam, notre compatriote avait déjà fait une découverte scÎ(mtilique de tout premier ordre, Je célèbre effet Zeeman. Cette découverte date de 1896. Zeeman travaillait alors au laborato'ire de Kamerlingh Onnes, a Leyde, dans des conditions i.tJ.éales .. Lorentz, professeur de physique théorique à la même Université, était en train de développer sa théorie des électrons et 'pouvait assiste~ Zeeman d'une manière efficace. Il prédit la polaJ'Ïsation des raies spectrales, qui dans les. premières expériences n'étaient pas encore séparées en' doublets' et triplèts. Elles n'étaient qu'élargies, comme l'avait déjà trouvé quelques années plus tôt -M. Fiéver à Louvain, qui attribua cet élargissement à une cause banale .. Cette collaboration idéale du théoricien Lorentz et de l'expérimentateur Zeeman aboutit en octobre I896 à une détermination préljrr:inaire du rappol'te/m des particules, qui étaient nommées. dans ce temps-là des «ions ,). D'après Lorèntz, ces ions étaient liés à l'atome par une force quasi élastique. De la détermination préliminaire de eJm, ils purent déduire une masse de l'ordre de \ - 217- grandeur d'un millième de celle d'un atome d,'hydrogène et le , signe négatif de la charge. L'électr'on était né, Je me souviens très bien que Lorentz me dit qu'il ne s'attendait pas à une particule aussi petite et d'une nature.tout à fait nouvelle. Il est intéressant de 'remarquer, qu',une année plus tard, au mois d'octobre I8g7, J.-J. Thomson publia les valeurs de e/m des particules dans les rayons cathodiques. Et encore un peu plus tard \Viechert donna des valeurs analogues à celles de Thomson. Ces valeurs de Thomson étaient du même ordre de grandeu'J. que celles mesurées par Zee!llan et calculées par LOl·entz. L'éleetron libre était trouvé par Thomson. La découverte de l'électron et cellè de l'effet Zeeman donnaient une grande impulsion à la physique et devenaient en même temps des guides pour débrouiller les' spectres lumineux. Le prix Nobel accordé aux deux savants fut la récompense très mÛitee de leur découverte. De la collaboration de Lorentz e.t Zeeman naquit une amitié prof~nde. Zeeman avait yne grande ~dmiration pOUl' Lorentz et celui-ci, quoique beaucoup plus âgé, était grand ami de Zeeman. En_Igoo, ce derniel' devint professeur à l'Université d'Amsterdam. Chose remarquable: Zeeman à Amsterdam fut influencé pendant toute sa vie par le travail de Lorentz, tandis ,qu'ipversement Kamerlingh O!,Ines à Leyde tira son inspiration du travail théoriq~e de, van der Waals à Amsterdam. La découverte de l'influenc( du.champ magnétiqlle sur la fréquence des raies spectrales est incontestablement l'œuvre la plus importante de Zeeman. Mais on~peut 'dire que tout son travail ultérieur témoigne d'un esprit inventi(, d'une, critique approfondie, d'une ténaci té ex traordinaire dans J'e'xécution, dé's projets.' r}ic;lentité de la masse pesante et de la masse inerte, le coefficient d'entraîIiement de la lumière par la matière en mouvement d'après les calculs relativistes de Lorentz, le spectrographe de masse, toutes ces expéI"Ïences démontrent une habileté rare de l'auteur. Zeeman, homme tenace et entêté dans ses recherches scienti- fiques, était, dans la vie, un homme d'une grande douceur, parfois même timide. On ne le voyait aux assemblées que dans les cas absolument nécessaires et inévitables. Il n'avait pas d'ennemis et se montrait d'esprit large et bienveillant envers autrvi. Paisible à j'extrême, il détestait les discussions et préférait rester silencieux plutôt que de se mêler aux petites querelles q\li de temps à autre s'~lèvent aussi dans le royaume de la science et de l'esprit. / - 218- Il n'est pas étonnant que cet homme courtois et' aimable ait' " eu de nombreux amis dans son pays natal comme àl'étranger. Il avait beaucoup voyagé et partout il était bien reçu. La plupart de ses déplacements étaient la suite d'invitations. Citons seulement sa visite à Stockholm" pour recevoir le prix Nobel, à Philadelphie où lui fut remise la médaille Franklin, sa présence à la commémoration de Fresnel à Paris et à celle de Volta à Como. " En 1930, il accepta d'aller en Roumanie. Il en revint épuisé et tomba malade. Il se rétablit pourtant, mais sans j~màis retrouver, sa santé et son énergie antérieures. Comme Lorentz, Zeeman était un grand ami de la France. Membre du Comité International des Poids et Me.sures, et plus tard, à la mort de Volterra, président par intérim de ce Comité, ,il venait régulièrement à. Paris assister aux sessions. Il jouissait toujours de ces visites, heureux de rencontrer ses collègues venus de toutes les parties du monde et spécialement ses amis français. Assurément, les membres du Comité n'oublieront pas l'homme droit, aimable, d'un savoir solide, ni l'expérimentateur réellement grand. Ils garderont dans leur cœur_l'image de Zeeman, calme et" réservé, vrai fils de la nation tranquille et douce dont il était un représentant caractéristique et noble. Zeeman, "le Néerlandais, qui appartenait au monde entier. '.