Vendre un immeuble - Test
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Vendre un immeuble - Test
Vendre un immeuble Les clés pour une vente réussie Vendre une maison ou un appartement ne s’improvise pas. Nous vous aidons à bien préparer l’opération. O n ne vend pas un immeuble aujourd’hui comme il y a vingt ans. Le vendeur doit ainsi donner de plus en plus d’informations aux candidats-acheteurs, comme l’existence d’une infraction urbanistique ou une attestation prouvant que la cuve de mazout est contrôlée. Et, dans un avenir probablement proche, tout vendeur devra également remettre un certificat de performance énergétique (déjà obligatoire en Flandre). Indépendamment de cela, vous vous posez sans doute une série de questions si vous comptez mettre un bien en vente. Nous les passons en revue. La méthode de vente Vente publique ou de gré à gré ? La vente publique présente plusieurs avantages. D’une part, la transpartence : vous obtenez le "vrai" prix du marché. La rapidité, aussi, puisque l’ensemble de la procédure est bouclé en à peine 6 à 8 semaines. A noter que, depuis le 1er janvier de cette année, la vente publique est bouclée en une seule séance, contre, souvent, deux précédemment. Enfi n, les frais pour le vendeur sont plus limités (de l’ordre de 3 500 €) qu’en cas de vente par agence. Ils sont néanmoins plus élevés que si vous vendez de gré à gré sans passer par une agence, et le système est moins souple, plus formel qu’une vente de gré à gré. Vendre moi-même ou par agence ? > Faire appel à une agence peut être intéressant à certains égards. C’est 14 BUDGET&DROITS mai /juin 2010 – n° 210 pratique, puisque l’agence s’occupe des visites. Un atout indéniable si vous habitez loin du bien à vendre. L’agent s’occupe aussi d’établir le compromis de vente et effectue les recherches nécessaires (attestations etc…). D’autre part, l’agence connaît bien le marché et propose en principe un prix réaliste. Par ailleurs, l’agence vous évite de vous retrouver seul(e) face à un acheteur, devant qui vous risqueriez peut-être de diminuer trop facilement le prix. > Passer par une agence présente néanmoins des inconvénients. Il y a bien sûr la commission à payer (généralement 3 à 4 % du prix de vente). Mais aussi l’exclusivité que les agents réclament souvent et qui vous empêche de trouver vous-même un acquéreur. Par ailleurs, si la vente traîne, l’agent risque de vous pousser à diminuer le prix, histoire de boucler la vente et d’empocher sa commission. Notons que, plutôt que de faire appel à un agent immobilier, vous pouvez confier la mission de mise en vente à un notaire. La commission de celuici ne peut pas dépasser 2 % du prix de vente. Le prix Il est impossible d’estimer la valeur précise de votre habitation. La "vraie" valeur est le prix le plus élevé que les amateurs sont prêts à mettre pour l’acquérir ! Pour viser au plus juste, consultez avant tout les annonces relatives à des biens similaires à vendre dans les environs. Si tous les appartements similaires de votre quartier sont affichés à moins de 200 000 €, inutile de demander 250 000 € pour le vôtre. Si vous confiez la mission de vente à un agent immobilier ou à un notaire, il procédera lui-même à une estimation du bien. Rien ne vous empêche toutefois de vous écarter du prix qu’il propose. Vous pouvez aussi faire appel à un expert indépendant (un géomètre-expert), mais il n’a pas davantage de bou- le de cristal. Et une telle expertise est payante (comptez au moins 200 €); le cas échéant, informez-vous à l’avance des honoraires de l’expert. Vente par agence Quel est le rôle de l’agent Il agit comme intermédiaire : il doit vous mettre en contact avec un acheteur et préparer la vente. Concrètement, il fait une estimation du bien, il place des annonces, reçoit et informe les acheteurs potentiels et vous fait régulièrement rapport sur l’évolution de sa mission. Il doit également effectuer des recherches concernant, notamment, les titres de propriété, les éventuelles servitudes, la nature du sol, la situation urbanistique, etc. Il ne peut rédiger et signer un compromis de vente à votre place ou recevoir des acomptes que si vous lui en avez donné explicitement l’autorisation. Vous déterminez de commun accord la durée de sa mission. S’il a l’exclusivité, ce qui est le plus souvent le cas, la durée ne peut en aucun cas dépasser six mois. Le contrat peut être renouvelé tacitement mais, une fois la première échéance passée, vous pouvez le résilier à tout moment et sans frais, moyennant préavis d’un mois. On pense rarement à mettre son bien en vente publique. Pourtant, cette méthode de vente est transparente, rapide et moins chère qu’une vente par agence immobilière. L’agent me demande l’exclusivité. Qu’est-ce que cela implique ? Cela signifie que lui seul a le droit de chercher un candidat-acheteur et de négocier avec lui. Vous ne pouvez donc pas chercher vous-même d’acheteur, ni faire appel en même temps à un autre agent immobilier ou à un notaire. Cette exclusivité est parfaitement légale. Mais vous êtes libre de la refuser : vous pouvez convenir avec l’agent que vous pourrez chercher des Documents à rassembler Lors d’une vente d’un immeuble, une série de documents devront être remis à l’acheteur. Rassemblez-les donc à temps (votre notaire peut en réunir certains de son côté, puisqu’il effectue d’office certaines recherches). √ copie de l’acte de propriété √ extrait d’urbanisme (à demander à la commune) et du cadastre (à demander à l’administration cadastre du SPF Finances) √ si construction ou travaux effectués par un entrepreneur après le 1/05/2001 : dossier d’intervention ultérieure (plans avec indication des canalisations, consignes d’entretien, etc.) √ si installation électrique antérieure au 01/10/1981 : rapport de contrôle √ si chauffage au mazout : attestation de contrôle de la citerne √ si habitation louée : copie du contrat de location √ pour les biens situés en Flandre : "bodemattest" (attestation de sol) et certificat de performance énergétique. Ce dernier devrait prochainement devenir obligatoire aussi à Bruxelles et en Wallonie. Ainsi que, pour un appartement : √ acte de base √ règlement de copropriété √ (pas obligatoires mais bien utiles pour l’acheteur) : règlement d’ordre intérieur et PV de la dernière assemblée générale. acheteurs de votre côté et que vous ne serez redevable d’aucune indemnité si vous en trouvez un. Notre contrat type pour l’intermédiation immobilière stipule que vous pouvez procéder vous-même à la vente après quatre mois. Puis-je revenir sur ma décision une fois que j’ai confié une mission à un agent immobilier ? Oui. Mais vous devrez alors parfois lui verser une indemnité de préavis. > Si vous résiliez le contrat dans les 7jours ouvrables suivant la signature, il n’y a pas de frais, sauf si l’agent a déjà trouvé un acheteur et si vous aviez, à l’avance, renoncé au délai de réflexion en cas de vente dans les 7 jours. > Si vous résiliez le contrat après sept jours ouvrables, vous devrez payer une indemnité. Celle-ci ne peut dépasser 50 % de la commission convenue. Mais l’agent peut stipuler dans le contrat que vous serez redevable de dommages et intérêts plus élevés s’il apparaît que vous avez par la suite vendu vous-même le bien dans les six mois. Dois-je payer une commission à l’agent s’il ne trouve pas d’acheteur ? En général, non. Pas plus que si le candidat-acheteur a conclu l’achat avec une condition suspensive (octroi de prêt, par exemple) et que cette condition n’est pas remplie. Si le contrat signé avec l’agence le prévoit, une commission sera néanmoins due si vous signez dans les six mois BUDGET&DROITS mai /juin 2010 – n° 210 15 Vendre un immeuble après l’expiration de sa mission un compromis de vente avec un candidat apporté par ses soins. L’agent devra alors démontrer que l’acheteur figurait sur la liste des personnes contactées comme candidats pendant la durée de la mission. Il devra vous avoir remis cette liste au plus tard sept jours ouvrables après la fi n de sa mission. Puis-je chercher moi-même un acheteur si l’agent n’est pas efficace ? Faites attention car vous risquez de devoir payer des dommages et intérêts (jusqu’à 75 % de la commission). Sauf si vous pouvez prouver que l’agent n’a pas respecté ses obligations : il n’a pas placé suffi samment d’annonces, n’a pas fait visiter suffisamment la maison, a communiqué de fausses informations,…. Le cas échéant, vous avez le droit de faire résilier le contrat et d’exiger des dommages et intérêts. Vous devrez toutefois avoir, dans un premier temps, mis l’agent en demeure pour ses négligences. Sachez que de telles négligences ne sont absolument pas faciles à prouver. Mieux vaut dès lors essayer de mettre un terme au contrat à l’amiable. Cela dit, vous pouvez aussi simplement laisser expirer le délai et rechercher vous-même entre-temps, en toute discrétion, un acheteur avec lequel vous conclurez un compromis de vente après expiration du délai... Vente par vous-même Y a-t-il des mentions obligatoires dans les petites annonces ? Pour les biens situés à Bruxelles ou en Flandre, oui : – si un permis d’urbanisme a été délivré ainsi que la destination urbanistique actuelle (zone d’habitat, p.ex.); – les charges et conditions imposées lors du permis de lotir éventuel; – l’existence éventuelle d’un droit de préemption; – si une citation pour infraction urbanistique a été émise ainsi que la décision prise le cas échéant (obligation de détruire une annexe, p. ex.) ; – (en Flandre) : le label énergétique du bien (à trouver sur le certificat de performance énergétique). Le compromis de vente A quoi dois-je faire attention dans le compromis de vente ? Ce document, qui doit être signé par les deux parties, est essentiel. Il décrit l’ensemble des droits et devoirs de l’acheteur et du vendeur. Il est défi nitif et ne peut pas être révoqué. Il est donc capital de le rédiger de manière complète et exacte. Vous pouvez confier cette mission à un notaire ou à l’agent immobilier, mais vous pouvez aussi le rédiger vous-même. Dans ce cas, nous vous recommandons d’utiliser notre compromis type, qui comporte toutes les mentions obligatoires et utiles. Il est accompagné d’un feuillet donnant des explications claires sur la description du bien, les conditions de paiement, etc. Un autre avantage est qu’il contient une clause d’arbitrage : en cas de litige entre l’acheteur et vous, vous ne devez pas automatiquement vous tourner vers les tribunaux. Vous pouvez demander un arbitrage, ce qui est moins cher et plus rapide. Vous devez alors désigner ensemble une personne qui interviendra en tant qu’arbitre, par ex. un notaire. Et si on me demande une option ? En accordant une option, vous vous engagez à ne pas vendre votre bien à Il est important d’annoncer d’emblée les informations urbanistiques importantes telles que l’existence d’une infraction urbanistique ou d’un droit de préemption. 16 BUDGET&DROITS mai /juin 2010 – n° 210 quelqu’un d’autre dans un délai déterminé, par ex. une semaine ou quinze jours. Si le candidat décide d’acheter dans ce délai (de "lever" l’option, comme on dit), la vente est défi nitive. Sinon, vous serez à nouveau libre de vendre à qui vous voulez. Rien ne vous empêche de faire payer l’option. Si l’acheteur ne lève pas l’option, vous pourrez alors conserver cette somme à titre d’indemnité. S’il la lève, par contre, la somme versée vaudra comme acompte. Dois-je tenir compte du locataire actuel ? Si le contrat de location mentionne un droit de préemption pour le locataire, vous devez d’abord demander à celui-ci s’il est intéressé par l’achat du bien. Le cas échéant, il a priorité pour acheter le bien, à condition toutefois qu’il soit prêt à payer le même prix que celui proposé par un autre candidatacheteur. Entre le compromis et le passage chez le notaire Et si l’acheteur se désiste après la signature du compromis? Dans ce cas, il commet une rupture de contrat. Cela vous donne le droit d’exiger des dommages et intérêts ou l’exécution forcée du compromis. > Vous opterez peut-être pour les dommages et intérêts dans la mesure où cela n’a pas de sens de forcer une vente dont le paiement est incertain. Les dommages et intérêts correspondent le plus souvent à l’amende fi xée dans le compromis de vente et sont souvent compris entre 10 et 15 % du prix d’achat convenu. > Attention : les droits d’enregistrement (10 à 12 %) sont dus même si la vente est fi nalement annulée. L’obligation d’enregistrement commence en effet à courir à partir de la signature du compromis. L’acheteur devra donc payer les droits d’enregistrement dans les quatre mois. Ensuite, il aura en principe un an pour faire constater l’annulation dans un jugement et il pourra alors demander le remboursement des droits grâce à ce jugement. Pas une mince affaire donc. En Wallonie et en Flandre (mais pas à Bruxelles), on peut toutefois échapper de manière légale à ces formalités. Il suffit en effet de présenter au bureau d’enregistrement le compro- Le compromis est un véritable contrat de vente. L’acheteur ne peut donc pas se rétracter. mis de vente ainsi qu’une convention réciproque de dissolution; l’acheteur ne doit alors s’acquitter que de 10 € (Flandre) ou 20 € (Wallonie) de droits d’enregistrement. En pratique, les parties se contentent souvent de déchirer le compromis sans déclarer la vente ni payer de droits, mais elles agissent ainsi dans l’illégalité. L’acheteur demande les clés avant le passage de l’acte notarié. Que faire ? S’il s’agit simplement de lui laisser prendre quelques mesures, pas de problème. Mais évitez de le laisser entreprendre des travaux ou de s’installer car, si l’acte notarié n’est fi nalement pas signé chez le notaire, vous serez bien embêté. De toute manière, si vous remettez les clés avant le passage de l’acte notarié, ajoutez la phrase suivante dans le compromis de vente existant : "La remise des clés aura lieu le (date), ce qui impliquera également le transfert du risque" – et faites signer cet ajout pour accord par l’acheteur. Et établissez un état des lieux à ses frais. Et si la maison est endommagée avant le passage de l’acte notarié ? Selon le Code civil, l’acheteur devient propriétaire du bien et supporte les risques dès qu’il a signé le compromis de vente. Mais, en pratique, la plupart des compromis y dérogent et prévoient que le transfert de la propriété – et donc des risques – aura lieu lors du paiement intégral du prix de la maison. Autrement dit, le jour de la signature de l’acte notarié. Si c’est bien ce qui est prévu dans le compromis et que la maison est détruite par un incendie ou gravement endommagée entre la signature du compromis et le passage de l’acte notarié, ce sera à vous de procéder aux réparations ou de rembourser à l’acheteur les sommes déjà payées. Concrètement : conservez l’assurance habitation du bien jusqu’au jour de la signature de l’acte notarié. Chez le notaire Quand l’acte doit-il être passé ? Aucun délai n’est imposé mais, en pratique, l’acte notarié est le plus souvent signé dans les quatre mois de la signature du compromis. D’une part, parce que le compromis doit être enregistré dans les quatre mois, sauf si l’acte notarié est passé dans ce délai. D’autre part, parce que les droits d’enregistrement doivent être payés dans les quatre mois de la signature du compromis. Or, l’acheteur les règle le plus souvent avec le prix d’achat, lors du passage chez le notaire. En quoi consiste le rôle du notaire ? > Avant de couler le compromis de vente sous seing privé dans un acte notarié, le notaire doit rassembler tou- tes sortes d’informations auprès de différentes instances : sur le cadastre, la situation hypothécaire, le respect des prescriptions urbanistiques, etc. Il doit reprendre les résultats de ses recherches dans l’acte. S’il écrit par ex. que le vendeur dispose de tous les permis de bâtir et attestations, il devra s’en être assuré au préalable. Il conférera ainsi son authenticité à l’acte de vente. Il doit également informer les parties sur la portée de l’acte (signaler par ex. que le vendeur sera responsable des vices cachés) et donner des conseils impartiaux. > Nous conseillons à l’acheteur de choisir son propre notaire; cela ne lui coûte pas un euro de plus. Certes, il peut se contenter du notaire du vendeur, mais ses intérêts ne seront peutêtre alors pas totalement défendus. Un notaire a beau devoir être impartial, il est normal qu’il défende mieux les intérêts de son client que ceux de la partie qu’il ne connaît pas. De même, un notaire qui passe des dizaines d’actes chaque année pour un promoteur immobilier sera plutôt de son côté en cas de confl it. Voilà pourquoi ▲ Geert Coene et Isabelle Nauwelaers CONTRATS TYPES ET REDUCTIONS Vous trouverez sur notre site différents contrats types qui équilibrent bien les droits et les obligations du vendeur, de l’acheteur, et, le cas échéant, de l’agent immobilier : > compromis type pour la vente d’une maison > compromis type pour la vente d’un appartement > contrat type pour l’intermédiation immobilière. www.test-achats.be/contrat Nos abonnés bénéficient par ailleurs d’une réduction : > sur le coût des annonces placées via PAP ("De particulier à particulier") > sur la commission de certaines agences immobilières www.test-achats.be/avantage Enfin, notre dossier "Vous voulez acheter ou vendre un logement ?" répond, de manière plus exhaustive que le présent article, aux nombreuses questions qui se posent lorsque l’on veut vendre ou acheter une habitation. www.test-achats.be/dossier BUDGET&DROITS mai /juin 2010 – n° 210 17