Identification des problèmes liés à l`ergonomie des postes de travail

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Identification des problèmes liés à l`ergonomie des postes de travail
Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec 1 Révisé en mai 2012
Identification des problèmes liés à l’ergonomie des postes de travail Votre entreprise est‐elle aux prises avec un certain nombre de problèmes comme une fréquence élevée des lésions musculo‐squelettiques, de nombreuses plaintes des employés, un taux de roulement élevé, etc. ? Ces signes peuvent indiquer des problèmes reliés à l’ergonomie des postes de travail. Que faire ? Nous vous suggérons d’identifier le plus précisément possible le ou les problèmes pour ensuite les analyser et, surtout, en déterminer les causes. Identification et analyse des problèmes L’identification des problèmes peut se faire de deux façons : 1. Par la cueillette et l’analyse de données passives. Il s’agit de la compilation des données existantes dans l’entreprise. Les statistiques de lésions, les rapports d’enquête et analyse d’accidents, les données sur les bris matériels, les différents registres (accident, absentéisme, premiers soins et premiers secours), sont autant d’outils facilement accessibles qui permettent d’avoir un portrait de la situation. Il est recommandé de porter une attention particulière aux deux symptômes‐clés en ergonomie : les maux de dos et les lésions inflammatoires aux membres supérieurs (ex. : tendinites). Quand on compile des statistiques, il est de mise de les segmenter par unité (postes, départements) afin qu’elles soient plus révélatrices. On peut comparer les taux fragmentés à l’ensemble de l’entreprise afin de « mettre le doigt sur le bobo ». 2. Par compilation de données actives. Il s’agit alors de recueillir de l’information sur des problèmes potentiels avant l’apparition des lésions. Par exemple, un employé qui se plaint d’une douleur au poignet ou de fatigue extrême après une journée de travail. Comme il y a rarement de la fumée sans feu, cette information peut vous permettre d’identifier un problème. Ces deux types d’informations peuvent identifier plusieurs problèmes. Il faut alors choisir les priorités de l’entreprise en fonction de plusieurs facteurs dont les coûts, les ressources disponibles, l’impact, etc. Après l’identification des sources des problèmes ‐ souvent appelés « facteurs de risques » ‐ il faut entreprendre une analyse plus approfondie pour s'attaquer à leur cause. Les causes de certains problèmes peuvent être très faciles à découvrir. Prenons l’exemple d’employés qui devaient peindre, à l’aide de pistolets à peinture, des pièces de différentes tailles. Quand l’objet était plus haut qu’eux, ils devaient tenir à bout de bras leur outil de travail. Plusieurs employés en venaient à se plaindre de maux de dos et de douleurs aux épaules causés Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec 2 Révisé en mai 2012
par cette posture anormale. Une plateforme se réglant à différentes hauteurs et sur laquelle l’employé pouvait alors prendre place, a permis de corriger ce problème. L’entreprise n’a pas eu à faire une très longue analyse. Mais les cas ne sont pas toujours aussi simples. Plusieurs sont tentés de réduire l’analyse au minimum parce qu’ils croient avoir LA solution. Dans bien des cas, cette solution ne s’attaque pas aux causes profondes des problèmes et ne règle pas le problème entièrement. Toute solution qui n’est pas basée sur une analyse sérieuse et objective risque de ne rien résoudre. L’analyse doit tenir compte des limites physiologiques des employés (portée des bras, capacité à lever des charges lourdes, etc.), des caractéristiques du travail (aménagement, cadence, etc.), mais aussi d’autres facteurs plus subjectifs. Parmi ceux‐ci, on retrouve les relations de travail et la culture de l’entreprise. Les techniques d’analyse L’analyse permet de préciser le problème et surtout d’identifier sa cause. Cette analyse comprend des observations, des questionnaires et des entrevues. Certains éléments doivent être connus avant l’analyse du travail : le plan d’aménagement de l’entreprise, le procédé de production, la séquence des opérations, la structure organisationnelle. Il existe différentes méthodes d’analyse. Elles ont été développées pour évaluer les conditions de travail et leurs contraintes. Par ailleurs, l’utilisation d’une grille d’analyse permet de ne pas oublier des aspects importants du travail. Une échelle d’évaluation permet ensuite de mesurer chacun des éléments de la grille et un profil du poste peut être défini. Les grilles d’analyse permettent surtout d’identifier des problèmes, tout comme les statistiques d’accident. Bien qu’elles n’expliquent pas les causes des problèmes, elles sont un outil de base dans l’analyse ergonomique du travail. L’entreprise peut choisir la technique d’analyse répondant le plus à ses besoins. Plutôt que de vous présenter plusieurs techniques, nous avons préféré retenir les principales caractéristiques de chacune d’elles. Les facteurs considérés dans les grilles d’analyse peuvent se diviser en sept catégories principales. Les différentes techniques d’analyse utilisent ces catégories en tout ou en partie. 1re catégorie : la conception ou la description du poste Les éléments contenus dans cette catégorie touchent à la conception ergonomique des postes de travail. Le questionnement porte sur la hauteur et l’éloignement du plan de travail, l’accès aux objets, l’organisation des commandes et des signaux visuels. Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec 3 Révisé en mai 2012
2e catégorie : la sécurité physique Permet d’évaluer le degré de gravité et la probabilité de risque en fonction de la nature du travail et des produits ou équipements utilisés. Il s’agit d’un critère d’évaluation globale de la situation, à partir des statistiques sur différents risques. 3e catégorie : l’environnement physique L’attention de l’observateur porte sur les facteurs de l’environnement qui peuvent affecter l’employé : bruit, éclairage, température, vibrations, contaminants chimiques. Ces facteurs sont généralement mesurés afin d’être objectifs. 4e catégorie : la charge physique Cette catégorie fait référence au confort des différentes postures de travail et aux efforts physiques nécessaires. On y évalue la présence de charges excessives, de postures difficiles à maintenir, etc. Cette catégorie est très indicatrice de la pénibilité de la tâche. 5e catégorie : la charge intellectuelle Le travail doit aussi être évalué en fonction des efforts intellectuels exigés. Ces efforts sont reliés à plusieurs facteurs dont les capacités individuelles, l’âge, les connaissances, la formation. Il faudra en tenir compte dans l’analyse. On se retrouve donc souvent avec une évaluation subjective d’éléments, entre autres : •
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les contraintes de temps ; la compexité et la vitesse de la tâche ; l’attention ; la minutie. 6e catégorie : les aspects psychosociologiques Cette analyse vise à déterminer dans quelle mesure l’employé peut faire preuve d’initiative et d’autonomie. Cela permet aussi d’évaluer la possibilité de communication et de relations interpersonnelles avec les autres employés. Comme dans la précédente catégorie, cette évaluation est souvent subjective. 7e catégorie : l’organisation du travail Cette catégorie fait référence aux conséquences des horaires de travail sur la santé, la vie sociale et familiale de l’employé. Cela comprend : •
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les alternances travail‐repos ; le travail de nuit ; les horaires variables ou irréguliers. Il faut donc tenir compte d’une foule d’éléments lors d’une analyse du travail. Il n’est pas nécessaire d’être ergonome pour faire une analyse. Un professionnel en SST, un ingénieur ou Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec 4 Révisé en mai 2012
une infirmière peut, avec une formation minimale et quelques outils, faire ce travail. La méthode choisie doit également tenir compte des besoins de l’entreprise. Pour pallier au manque d’expertise dans l’évaluation de ces différents éléments et pour être des plus objectives, l’entreprise peut se référer à des normes (ex. : norme d’éclairage) et des guides (ex. : guide sur l’ergonomie au bureau). Les facteurs des différentes catégories peuvent être énumérés dans une liste de contrôle (checklist) ou dans un questionnaire d’observation. FACTEURS À ANALYSER • La conception du poste • L’espace de travail • Les sieges • Les exigences posturales • Les types de movement • La fréquence des levages • Les exigences physiques : o poids à soulever o fréquence des soulèvements o positions anormales o position debout o besoin de grimper o efforts musculaires statiques o besoin de tirer ou de pousser o dépense énergétique o cycle travail/repos • Le fardeau perçu • La conception du tableau de bord, des éléments de contrôle et d’affichage • La conception de la machinerie, de l’équipement • La charge intellectuelle • La conception des outils manuels • L’environnement ambiant (bruit, éclairage, vibration, température) • La cadence de travail • Les horaires de travail • Les risques mécaniques • L’entretien des lieux et la maintenance • La formation Avantages et limites des techniques d’analyse L’utilisation d’une méthode d’analyse structurée comporte plusieurs avantages : Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec 5 Révisé en mai 2012
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Évite de privilégier ce qui semble le plus défavorable, le plus visible ou le plus facile à modifier. Permet de ne rien oublier. Permet de comparer les différents postes. Offre une standardisation de l’analyse d’où une consistance des résultats indépendamment de l’analyste. Par contre, il existe aussi des limites dans cette approche. •
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Les techniques d’analyse peuvent être insuffisantes dans certains cas particuliers parce que non‐adaptés à l’entreprise. L’évaluation de certains critères est subjective. Les techniques ne tiennent pas toujours compte de l’interaction entre les différents facteurs. Les techniques d’analyse facilitent votre démarche ergonomique. Toutefois n’oubliez pas que l’analyse doit inclure autant les éléments techniques que les autres aspects reliés au travail.