Le bonheur selon Bouddha avec Davina Delor
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Le bonheur selon Bouddha avec Davina Delor
Le bonheur selon Bouddha avec Davina Delor Au départ artiste chorégraphique en passant des scènes d’opéras aux plateaux de télévision, Davina s’est fait connaître dans les années 80 par l'émission « Gym Tonic » qu’elle animait avec sa complice Véronique de Villèle. Après sa rencontre avec le Dalaï Lama en 2002, elle devient moniale bouddhiste. Elle fonde en 2010 le centre monastique Chökhor Ling, dans le Poitou. Davina enseigne le yoga et la méditation. Quelle est votre définition de la méditation ? La méditation n’est pas une recette de bonheur, elle n’agit pas comme un cachet d’aspirine : c’est un chemin intérieur qui n’engage que soi. Aujourd’hui la méditation est un thème dénaturé, on fait miroiter quelque chose qui va servir mais on n’en donne pas les clés. La méditation, ce n’est pas seulement être assis sur son coussin, c’est un état d’être au quotidien ! On peut méditer quand on se promène dans la nature, dans la contemplation d’un lac… ce sont tous les instants de la vie. C’est la transformation de l’esprit qui permet de voir les choses autrement, en faisant place au calme même dans l’agitation ! Méditer, c’est stabiliser son esprit ! Le mot clé est le lâcher prise. Quels sont les bénéfices ? Il y a des bénéfices incroyables évidents pour mieux vieillir, mieux vivre, mieux travailler, avoir de meilleures relations et faire la paix avec soi même ! Mais ce n’est pas en claquant les doigts ni en voulant tout garder, il faut se débarrasser de la colère, prendre du recul, apprendre à regarder la vie différemment. Une fois de plus, il faut faire attention au marketing, à la foire au bien-être et aux mensonges : la pleine conscience comme adjuvant, ça marche très bien pour les malades avec des formules qui apaisent, mais pratiquer la méditation, c’est autre chose. Le corps est un support qui enregistre les états de conscience et inscrit les maladies dans son courant faible. Donc tout ce qui met le corps en mouvements harmonieux yoga, Qi Gong, danse, etc. - permet d’établir un lien bénéfique avec l’esprit, ce qui est essentiel. À chacun de faire le choix de son professeur. Attention, la méditation n’est pas un processus intellectuel mais un ressenti profond dû à l’intériorité. Avec la méditation, c’est tout un univers qui s’ouvre. Peut-on commencer à tout âge ? Il n’est jamais trop tard pour méditer ! L’esprit est malléable comme une guimauve. En outre, l’âge permet d’avoir une certaine sagesse. Quand on a du temps à la retraite, certains s’adonnent parfois à un surcroît d’activité alors que c’est un moment de vacance de l’esprit. Si l’on veut éprouver de la gratitude à l’égard de la vie, ressentir de l’amour, s’ouvrir au partage de l’expérience qu’on peut transmettre, il est important de ne pas se lancer dans trop d’activités débridées. Pour les personnes en cette dernière partie de vie, la période est justement propice à AUDIENS ART DE VIVRE n°54 l’ouverture de l’esprit, à la relativisation, à la détente, c’est l’occasion de porter un regard nouveau sur les épreuves de l’existence au bénéfice d’un nouveau soleil vital. C’est éprouver la joie de s’ouvrir à un regard plus tendre, plus compatissant… Concrètement, comment faire ? Actuellement, il y a un marché aux gourous comme aux seniors. Le meilleur conseil, c’est de prendre le temps d’assister à des cours, à des conférences et de se faire sa propre opinion en allant à la rencontre de personnes nouvelles. Pour exercer son esprit, il faut avoir une guidance dans sa pratique qui ne peut pas seulement être livresque. C’est le choix de chacun, ensuite c’est une question d’entraînement quotidien. Il faut se faire confiance, on a tous un avertisseur intérieur pour reconnaître avec lucidité si c’est bon pour nous ! C’est à chacun de trouver la voie qui lui convient. Propos recueillis par Florence Batisse-Pichet. AUDIENS ART DE VIVRE n°54