Briefing hebdomadaire sur le processus électoral en RDC (12 à 16
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Briefing hebdomadaire sur le processus électoral en RDC (12 à 16
Briefing hebdomadaire sur le processus électoral en RDC (12 à 16 Septembre 2011) Introduction Quatre événements majeurs sont signalés pour la période considérée: les activités de Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI); le discours d'évaluation de son mandat par Joseph Kabila ; le lancement de la visite d'information à OSISA principaux partenaires électoraux et des organisations. Publication de la liste finale des candidats à la présidentielle Le Jeudi 15 septembre 2011 la CENI a tenu une conférence de presse où son président Daniel Ngoyi Mulunda publiait la liste définitive des 11 candidats à l'élection présidentielle à savoir: Andeka Djamba, Bombole Intole Adam, Joseph Kabila Kabange, Kakese Malela, Vital Kamerhe, Kashala Oscar, Léon Kengo Wa Ndondo, Mbusa Nyamwisi Antipas, François Nzanga Mobutu, Mukendi Kamama et Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Cette liste est actuellement passée de 12 à 11 candidats après le retrait de la seule femme candidate, qui se serait retirée pour rejoindre le camp de Léon Kengo wa Dondo. Matériel électoral reçu par la CENI Le vendredi 16 septembre 2011, la CENI annoncait la réception du premier lot de kits électoraux le 14 septembre et le 15 septembre 2011. Le Président de la CENI disait entre autres attendre désormais le soutien de la MONUSCO pour faciliter le transport de ce matériel vers les bureaux de vote rependus à travers le territoire national. Il n'est pas encore clair si cette annonce pourra mettre fin aux spéculations de plus en plus croissantes sur la possibilité que les élections soient reportée pour des raisons liées aux difficultés logistiques. Car tout d'abord, aucun détail n'a été fourni quant à la teneur et la quantité des matériaux reçus. Il n’est en outre pas clair s’agissant de la quantité de matériels restant à livrer à la CENI, ainsi que le moment des dites livraisons. Deuxièmement, la provenance variée de ces matériaux (Allemagne, Liban, Chine, Afrique du Sud, etc.) ajoute aux difficultés logistiques, et contribue à alimenter les débats sur le manque de transparence de la CENI. Enfin, les défis logistiques posés par la taille du pays et le mauvais état des infrastructures vont augmenter à mesure que les élections se rapprochent. Une faible capacité à livrer et déployer ces kits 1 pourrait faire dérailler tout le processus ou priver de leurs droits de vote une frange importante de l’électorat. Evaluation de son mandat par Joseph Kabila Mercredi 14 juillet 2011, Joseph Kabila évaluait son mandat pendant une heure et demie dans un discours de sa ferme privée à Kingakati, à l'est de Kinshasa. En bref, Kabila a déclaré que son bilan comme président de la RDC est positif. Pour lui, il n'y a plus d’incendies à l’est du pays, mais des petits feux. En outre, il a déclaré que son administration a amélioré la situation sociale des congolais, en particulier pour les fonctionnaires, y compris, médecins, magistrats et professeurs d'université. Le discours de Kabila a suscité des protestations immédiates en particulier des magistrats ; ceux-ci exigent de Kabila des clarifications s’agissant du montant réel de leurs émoluments. En effet, Kabila avait déclaré dans son discours que les magistrats touchaient désormais 1600 USD et ce, depuis plus d’une année, alors que les concernés déclarent qu’en vérité le magistrat de basse échelle toucherait environs 536 USD par mois. Activités OSISA Le bureau d’OSISA a entrepris une série de réunions avec les principaux partenaires, individus et organisations impliqués dans la gestion et la participation du processus électoral. Il s'agit notamment des représentants de la CENI, de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, principal parti d'opposition, qui n'est pas représenté dans CENI), l'Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique australe (EISA), ainsi que des experts de la Division Electorale de la MONUSCO détachés au sein du projet PACE du PNUD (Projet d'Appui au Cycle Electoral), unité qui fournit un soutien technique à la CENI. Le but principal de ces visites était d'obtenir le sens des différents acteurs autour de la principale demande de l'opposition, à savoir, l’audit du fichier électoral. Le processus d'enregistrement des électeurs a été entaché d'un certain nombre de problèmes logistiques, ainsi que de graves lacunes entrainant un impact négatif sur la crédibilité du fichier électoral. Des organisations de la société civile, ainsi que des partis d'opposition ont montré des preuves d'inscriptions multiples, d'enregistrement dans les centres d’enrôlement fantômes, inexistantes ou inconnus, l'enregistrement des mineurs d'âge, celui des membres des forces armées (interdit de voter par la loi), ainsi que celui de personnes déjà décédées. Les partis d'opposition s’appuient sur ces preuves - pour la plupart anecdotiques - pour soutenir leur affirmation selon laquelle le fichier électoral a été délibérément corrompu en vue de préparer la tricherie. Ils ont donc systématiquement demandé un audit approfondi du fichier électoral. La dite revendication fut la raison principale d’une manifestation de l'UDPS le 1er Septembre 2011 qui a été brutalement réprimée par la police, avec la perte d'un partisan de l'UDPS et des dommages aux biens de particuliers. L’UDPS et d'autres partis plus petits qui soutiennent Tshisekedi ont également conditionné leur signature du Code de bonne conduite électorale à un audit indépendant du fichier électoral. C'est donc une demande clé de l'opposition qui peut avoir des conséquences néfastes sur la qualité et la crédibilité du processus électoral dans son ensemble. Par ailleurs, il n'y a aucun argument déniant la nécessité d’un tel audit. Néanmoins, le différend semble être sur la portée de cet audit, le degré d'implication de l'opposition, et les 2 conséquences de cet exercice sur l'ensemble du processus. Selon les experts d'EISA et MONUSCO / PNUD, toute vérification approfondie du fichier électoral ne prendrait pas moins de trois mois, entraînant un retard important de l'élection (et des complications juridiques sur le respect des délais constitutionnels). Pour la MONUSCO / PNUD/PACE certains acteurs ont tendance à épouser l'idée que la nécessité de tenir des élections sur le temps devrait l'emporter sur la nécessité d’auditer le fichier électoral de manière à ce qu'il génère la confiance dans le processus. Cependant, la confiance du public (et l'opposition en particulier) dans la CENI et son Président a été tellement effritée que permettre l'accès illimité au fichier électoral à l'opposition et la société civile est absolument crucial pour restaurer la confiance dans le processus. Mais le manque de transparence et une culture du secret au sein de la CENI sont des causes qui élargissent encore plus l'écart confiance. Par exemple, nous avons appris que la CENI a contracté une société privée appelée "OLOGRAM" pour procéder au nettoyage du fichier électoral. Toutefois, le processus de sélection de cette entreprise et l'accomplissement des travaux ont été fait dans une totale opacité, puisque aucun appel d'offres public a été fait et personne ne semble avoir vu le rapport de la société. Toutefois, les partenaires et personnalités consultées conviennent que les travaux d’OLOGRAM auraient aboutis à la suppression de près de 2.000.000 de noms de la liste électorale. Un tel écart (2.000.000 électeurs) aboutirait à réduire le nombre total d'électeurs à 30.000.000 au lieu de 32.000.000 annoncé précédemment par la CENI. La CENI semble être perplexe sur la nécessité de rendre publique la dite information. Du côté de l’UDPS, qui décrie l’attitude non-transparente de la CENI, elle estime que la coalition au pouvoir prépare une fraude massive avec la complicité de la CENI. Ils estiment avoir fait savoir connaitre leurs désidératas à la MONUSCO, ainsi qu’aux chancelleries, et par conséquent le silence de ces derniers sur cette question les oblige à se préparer à faire face à toute tentative de hold-up du résultat électoral par la majorité. L’hypothèse d’un nombre inférieur d’électeurs sur la liste électorale implique d’autres conséquences majeures, notamment sur le nombre de sièges parlementaires par circonscriptions électorales. En effet, ce nombre a été calculé sur la base du nombre d’électeurs inscrits sur les listes avant le toilettage, ni un quelconque audit. Or le Parlement a déjà adopté la loi électorale, ainsi que ses annexes fixant la répartition du nombre de siège par circonscriptions électorales en fonction de ce nombre. Si l’information susmentionnée est confirmée, il faudrait donc modifier la dispensation de nombre de sièges par circonscriptions électorales. Dans ces conditions, le Parlement devrait idéalement adopter des amendements aux annexes de la loi électorale fixant le nombre de sièges par circonscription électorale (circonscriptions électorales), au motif que les premiers calculs étaient basés sur des chiffres erronés. Mais avec la campagne officielle dont le coup d'envoi est prévu dans un mois, ce serait un miracle si le Parlement parvenait à le faire de la façon la plus transparente qui inspire la confiance. Ce qui est peut-être le plus préoccupant c’est l’absence de débats sur ces questions dans le cadre d’un forum public, comme il aurait dû en être le cas. Avec l'EISA, nous avons discuté l'idée de mettre sur pied un mémo conjoint (ou un communiqué) pour relever certains de ces problèmes et de susciter de surcroit un débat public sur la question. 3