La voix des enseignants: notre principal outil de travail - Sgen
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La voix des enseignants: notre principal outil de travail - Sgen
La voix des enseignants: notre principal outil de travail Selon les rares études officielles concernant la voix des enseignants, il ressort que sur une journée, un enseignant parle en moyenne 6,3 heures/jour, dont 2 heures dans un brouhaha de fond et 2h20 en parlant normalement. C’est pourquoi, nous précise Mme Annie Cédat-Fricheteau (orthophoniste spécialiste de la voix à Cahors dans le cadre d’une journée spéciale du Sgen-CFDT 46), si nous ne prenons pas garde à observer une hygiène posturale correcte, nous ferons partie des 75% d’enseignants qui ont besoin de consulter un ORL ou un orthophoniste au cours de leur carrière. D’abord, il faut bien repérer tout signal que le corps nous envoie: voix rauque, voix changée, reflux gastro-œsophagien, , tiraillement de la gorge, brûlures, difficultés à monter dans les aigus etc… Ensuite, il faut être attentif, à des moments précis de sa carrière, à des zones temporelles à risque: - les premières années car le corps n’est pas habitué à être ainsi sollicité et on force sa voix, - en toute fin de carrière (quand le métier nous a usés), - en milieu de carrière car c’est là qu’on néglige les toux, rhinites ; on laisse alors s’installer de mauvaises habitudes de placement de la voix (dysphonies). Quels conseils pour sa voix? Voici les conseils qu’elle a pu nous donner pour préserver au maximum notre voix. Avoir une bonne hygiène posturale et respiratoire signifie: - boire une fois toutes les heures - ne jamais serrer la mâchoire (dans ce cas, masser les mâchoires pendant 10 secondes chaque fois que c’est possible) - relâcher sa mâchoire toutes les 30 minutes (cela donne l’air idiot mais c’est absolument indispensable: rester quelques instants bouche ouverte, la langue posée contre le palais au milieu, les lèvres détendues, en respirant par le nez !) - penser à relâcher les épaules et à marcher dans la classe, le dos droit - tenir son cou (c’est le siège du larynx) et faire de petits exercices de rotation latérale avec le regard qui suit, en expirant à chaque fois que le cou se baisse « On respire comme l’on se tient » insistent les spécialistes. Par exemple les enseignants de maternelle qui se baissent exagérément pour parler à leurs élèves, bloquent la respiration et provoquent une pression contreproductive sur les cordes vocales. Enfin, penser à travailler son souffle; faire attention à ne jamais parler en apnée (en retenant son souffle). Une respiration abdominale est nécessaire pour avoir une voix efficace, qui porte sans forcer. Il ne faut pas appuyer ses bras sur une table pour parler, car ce geste bloque l’arrivée d’air, et on s’essouffle plus vite. Pour le Sgen-CFDT46, la prévention semble donc être primordiale et les différentes études confirment que les difficultés rencontrées par les enseignants trouvent des réponses. N’oublions pas que la législation européenne préconise officiellement des actions de prévention. Qu’est-ce que propose le Sgen-CFDT? Il est évident que notre Administration doit jouer un rôle accru dans la prévention des troubles de la voix. Les militants du Sgen-CFDT 46 demandent depuis 2008 qu’un module spécifique à la voix (avec l’intervention d’une spécialiste de la voix) lors d’animations pédagogiques sur toutes les circonscriptions de notre département. Mais allons plus loin… Pourquoi ne pas proposer un stage court (comme c’est le cas pour l’AFPS), également avec la participation d’un spécialiste. Ce stage pourrait donner de véritables conseils pratico-pratiques, des exemples d’exercices pour travailler sa respiration… dans un premier temps pour les collègues concernés par des arrêts de travail liés à leur voix puis stage généralisé à tous les volontaires... Et pourquoi ne pas proposer des animations pédagogiques spécifiques à la santé des enseignants… ou bien coupler la question de la voix avec les domaines du chant, de la chorale ou bien du théâtre (puisqu’une étude montre que les enseignants qui font du théâtre sont moins touchés en général que les autres collègues). Prévention… et prévention! Il est primordial de comprendre les mécanismes physiologiques de la voix pour en saisir les dysfonctionnements… mais ne pas négliger la part psychologique de certains troubles vocaux, car certains relèvent d’un problème mécanique. Corriger les mauvaises postures, dénouer les raideurs, réapprendre à respirer dans le confort, à ne pas avoir peur du silence… Tout ceci se travaille et s’entretient avec des exercices et des techniques proches de celles développées au théâtre. Des aménagements dans les classes ont également des incidences positives… Une amélioration efficace des conditions acoustiques dans les salles de classe est possible dans la plupart des cas, à des coûts abordables, afin d’accroître le confort auditif et donc diminuer l’effort vocal pour le professeur, et d’améliorer la compréhension et les aptitudes de concentration des élèves. Pour cela, il faut axer les travaux sur l’isolation phonique, de poser des panneaux acoustiques semi-absorbants: ces aménagements p ermettent d e dimin uer l’effort vocal d es en seign ants. Autres techniques moins couteuses: rideaux, patins (balles de tennis) sous les pieds des chaises et des tables, estrades… Ne pas oublier d’inscrire cette problématique dans le prochain Document Unique... Si un problème s’installe, il faut consulter sans tarder, car une mauvaise habitude est vite prise et plus difficile à corriger.