sixieme dimanche de careme c - rameaux
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sixieme dimanche de careme c - rameaux
SIXIEME DIMANCHE DE CAREME C - RAMEAUX 1ere lecture : Isaïe 50, 4-7 2eme lecture : Philippiens 2,6-11 Evangile : d'abord celui de la procession, Luc 19,28-40 ; puis celui de la messe, Luc 22,14 à 23,56 Tout d'abord lire Lire plusieurs fois paisiblement. L'idéal serait, comme les moines depuis des siècles, de recopier les textes, à la main bien sûr, pour les faire entrer jusque dans notre corps. Mais bon!...nous n'avons pas toujours le temps. Puis se poser quelques questions, à propos des textes d'abord Dans l'Evangile des Rameaux, celui de la procession avant l'Eucharistie, pourquoi l'évangéliste insiste-t-il sur cette histoire d'ânon ? Que veut-il nous indiquer ? Passons maintenant aux deux premières lectures de l'Eucharistie. Leurs liens avec l'Evangile de la Passion sont évidents, et nous n'en parlerons pas. Mais qu'est-ce qui, dans les deux premières lectures, Isaïe et saint Paul, permet d'aller déjà au-delà du récit de la Passion, jusqu'au matin de Pâques ? L'Evangile de la Passion selon saint Luc. Cela dépasse le cadre de notre petite rubrique. A chacun de méditer avec le Saint-Esprit sur la Passion du Seigneur. Nous nous contenterons de regarder quelques éléments qui sont propres au récit de Luc. L'idéal serait que vous cherchiez vous-mêmes ces éléments, en comparant avec les autres Evangiles. Mais vous n'avez peut-être pas le temps, et puis il ne s'agit pas de tout voir. Donc voici quelques versets sur lesquels réfléchir : - les versets 24-30, à partir de la question : "lequel d'entre eux, à leur avis, était le plus grand ?" Luc a déjà écrit quelque chose de très proche au chapitre 6 de son Evangile, en parallèle avec les autres évangélistes, qui, eux, n'en parlent pas au moment de la Passion. Pourquoi Luc le redit-il ici ? Dans la même ligne, pourquoi répète-t-il, en 22, 46 : "Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation." On peut ajouter aussi, sur le chemin du Calvaire, les paroles aux "Femmes de Jérusalem". - à Gethsémani, versets 39 à 46: "Alors, du ciel, lui apparut un Ange qui le réconfortait" . Et aussi : "ses disciples qu'il trouva endormis à force de tristesse." Puis : "...touchant l'oreille de l'homme, il le guérit" . Sur la Croix, "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" ; puis tout l'épisode du bon larron, et la dernière parole de Jésus : "Père, entre tes mains, je remets mon esprit". Ajoutons la description des gens qui "s'en retournaient en se frappant la poitrine" Tous ces éléments, chacun significatif en lui-même évidemment, ont en commun de créer une certaine atmosphère, particulière à Luc. Laquelle ? Enfin, s'interroger soi-même, avec l'Esprit Saint. PROPOSITIONS DE LECTURE Le petit âne des Rameaux D'où vient-il ? En droite ligne de chez le Prophète Zacharie : "Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie, fille de Jérusalem !Voici que ton roi vient vers toi, il est juste et vistorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse." (Za 9,9) Jésus veut bien être acclamé comme roi par les habitants de Jérusalem, mais comme un roi humble, doux, au "triomphe" pacifique, comme le Messie qu'annonçait Zacharie. Jésus ne fait jamais de "tours de magie", il fait des miracles qui révèlent son amour pour nous, alors pourquoi soudain manifeste-t-il un "don de double vue" : "Allez au village qui est en face. A l'entrée vous trouverez un petit âne attaché ; personne ne l'a encore monté..." Ce qu'il veut montrer ici sans doute, c'est qu'il veut accomplir volontairement la prophétie de Zacharie d'un Messie humble, ce que symbolise cette humble monture prévue et choisie de loin - et il veut montrer plus encore : qu'il entre librement et en toute connaissance de cause dans sa Passion, en entrant à Jérusalem, et que celle-ci fait mystérieusement partie du plan de salut que Dieu veut pour les hommes. Les deux premières lectures de l'Eucharistie La première, le passage d'Isaïe, s'achève par cette affirmation de foi et de confiance : "je sais que je ne serai pas confondu". Elle exprime la certitude que l'épreuve ne débouche pas sur un plongeon au plus profond de la honte et du malheur, mais que Dieu va venir en aide au malheureux qui s'est laissé instruire par lui, réveillé par sa Parole, et qui ne s'est pas dérobé devant la souffrance infligée par les hommes. Réconforté par Dieu (au sens fort), il saura à son tour "réconforter celui qui n'en peut plus." Ce message d'espérance est explicité et amplifié par l'hymne de la Lettre aux Philippiens, dans la 2ème lecture. Celui-ci décrit la "trajectoire de Jésus" : - égal à Dieu, Fils du Père, "dans la condition de Dieu" - il vient dans la chair de notre humanité, "prenant la conditon de serviteur...reconnu comme un homme..." - et il s'abaisse "jusqu'à mourir et à mourir sur une croix" , - alors se renverse ce mouvement de descente : "C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout..." ; ressuscité, il est glorifié, il est "Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père." Ainsi, par cet hymne qui rythme toute la liturgie de la Semaine Sainte, est évoquée la totalité du Mystère Pascal, et même du Mystère du Christ. Nous allons rappeler la Passion de Jésus, entrer dans le mémorial de ses souffrances, dans le mystère du mal et du péché, qui l'atteint jusqu'aux profondeurs de son être d'Homme-Dieu - mais la liturgie ne nous convie pas à nous complaire dans une contemplation morbide, elle met sous nos yeux la totalité de l'oeuvre de salut accomplie par le Père et le Fils dans l'Esprit, elle nous rappelle déjà qu'au plus noir de la mort va jaillir la Vie, parce qu'au plus creux de nos ténèbres est venu l'Amour. Aujourd'hui le Crucifié est déjà le Ressuscité. La Passion selon saint Luc - Jésus redonne à ses Apôtres la leçon qu'il avait déjà donnée au chapitre 6 de Luc : " ...le plus grand d'entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert." Leçon d'humilité et de dévouement désintéressé donnée à ces hommes qui seront les "chefs" des futures premières communautés chrétiennes. Pourquoi le redire ici ? Sans doute pour qu'ils comprennent que Jésus va, le premier, vivre ce qu'il leur demande, et qu'eux devront le faire à son exemple et avec son aide. Comme saint Jean avec le lavement des pieds, il leur explique que, dans sa Passion qui commence, il sera parmi nous "comme celui qui sert" , et qu'ils devront le suivre sur ce chemin d'humilité, y compris jusqu'à donner leur vie : ainsi ils pourront entrer dans son "Royaume". Ce même désir du Jésus de Luc d'enseigner les disciples à vivre selon son exemple, se reflète dans la répétition, juste avant l'arrestation à Gethsémani : "Levez-vous et priez pour ne pas entrer en tentation." C'est la prière seule, le lien avec le Père et la force de Dieu, qui permettent à Jésus de vivre sa Passion et qui permettra aux disciples, dont nous sommes, de vivre les épreuves. La rencontre avec les femmes sur le chemin du Calvaire montre aussi cette disposition de Jésus, non préoccuppé de lui-même mais entièrement tourné vers les autres, et attentif à ce que devront affronter ses disciples : " Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !..." - Les autres notations propres à Luc ont en commun une sorte d'"adoucissement" par rapport à la "dureté" des récits de la Passion dans les autres Evangiles. Luc, l'évangéliste de la miséricorde, celui des pauvres et des doux, nous apprend que, dans le Jardin des Oliviers, "du ciel, lui apparut un Ange qui le réconfortait..." : Jésus n'est pas seul avec son angoisse mortelle, le Père manifeste sa tendresse. Ses apôtres ne parviennent pas à veiller avec lui, à l'accompagner dans son agonie, mais s'ils dorment, ce n'est pas parce qu'ils sont fatigués et un peu bornés, c'est "à force de tristesse" : on peut s'interroger sur le réalisme psychologique de ce motif, mais il montre le désir de Luc de n'accabler personne. Jésus, jusqu'au bout, est le Seigneur de miséricorde qui guérit : lors de l'arrestation, il touche "l'oreille de l'homme" qu'un apôtre intempestif a coupée. Sur la Croix, Jésus ne crie pas son abandon, mais il implore le pardon de ses bourreaux : "Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font" Luc est le seul à raconter l'épisode du "bon larron", qui reconnaît Jésus comme le Roi d'Israël, au moment même où celui-ci meurt de manière ignominieuse, comme lui-même ; et Jésus lui ouvre la porte du "Paradis", manifestant sa totale confiance dans la miséricorde du Père. Enfin, la dernière parole du Christ en croix chez Luc, n'est pas un terrible cri de déréliction, comme chez Marc et Matthieu, mais une tendre parole d'abandon confiant, elle aussi tirée d'un psaume : "Père, entre tes mains, je remets mon esprit" Et les foules qui regardaient s'en vont "en se frappant la poitrine", c'est-à-dire en reconnaissant leur péché, celui de n'avoir pas cru en Jésus : ouverture sur la foi qui va naître après la Résurrection, ouverture sur les Actes des Apôtres, comme cette petite formule si discrète : "ses amis se tenaient à distance..." Ils sont partis, mais ils sont là, pas trop près mais pas loin. Rien n'est perdu, et le message de l'Evangile va pouvoir prendre son essor. Avec l'aide du Saint-Esprit, se poser des questions sur soi en face de ces textes Du silence. Un regard sur Jésus en croix. Pas pour pleurer sur lui, mais pour "pleurer sur moi", femme de Jérusalem d'aujourd'hui, et sur les douleurs de ce monde. Mais sans oublier d'exulter, fille de Jérusalem, car mon Roi est venu à moi, humble et victorieux de tout mal, et par sa croix, il a apporté le salut.