La Rochotte - La Combe aux Prêtres Samedi 22/12/2007

Transcription

La Rochotte - La Combe aux Prêtres Samedi 22/12/2007
La Rochotte - La Combe
aux Prêtres
Samedi 22/12/2007
Lever (trop) tôt pour un samedi matin (6h) mais c'est pour la bonne cause : aujourd'hui,
Séb et moi avons rendez-vous avec Franck Chauvin du SCCM pour faire la Rochotte, le
nouvel accès au réseau de la Combe aux Prêtres, qu'il avait localisé et désobstrué avec son
club l'an dernier.
C'était Franck lui-même, rencontré au viaduc des Fauvettes il y a quelques mois,
qui nous avait proposé de nous faire visiter le fruit de sa dernière obsession ;
l'ouverture de la Rochotte, c'est en effet le fruit d'une cinquantaine de sorties de
repérages, escalades remontantes de puits et de désobstruction forcenée avec
extraction de blocs de plusieurs centaines de kilos !
On décolle donc vers 8h de Chilly-Mazarin, fief
de Franck, qui nous rejoint après une nuit de
garde. Un de ses amis, Christophe, nous
rejoindra directement là-bas avec l'équipement ;
on pensait échapper aux embouteillages grâce à
ce départ matinal, mais nous sommes tout de
L'entrée de la Combe....
même pris dans le grand piège des départs en
vacances sur l'A6 ; nous décidons de sortir de
l'autoroute et de finir le trajet par des routes secondaires, choix judicieux au vu
des bouchons que nous voyons de loin en loin sur l'A6 que nous longeons un
moment… En cours de route, Franck nous met au parfum des péripéties de la
"désob' à la Combe", maintenant officiellement renommée la Rochotte.
Crazy Francky
Franck avait décidé de reprendre une exploration démarrée dans les années 70, en
poursuivant l'escalade d'un puits remontant au niveau de la cascade terminale,
située au bout du trajet accessible sans plongée du réseau de la Combe. C'est au
terme de deux journées d'escalade sans prise, nécessitant la pose de spits tous les
mètres, que Franck était tombé nez à nez avec… des dizaines de pains de
dynamite non détonnés, résidus peu engageants d'une ancienne tentative de
désobstruction ; les pains une fois évacués dans les règles de l'art par des
artificiers, afin d'éviter ultérieurement toute rencontre malencontreuse avec une
brillante flamme d'acéto, Franck et Daniel Chailloux purent repérer en surface la
position du puits par balisage magnétique. Ensuite, force brute pour une désob'
acharnée en surface pour jonctionner avec le puit remontant. Après l'extraction de
remblais et de blocs jusqu'à 400 kg sur quinze mètres, la jonction est faite à
l'étroiture des Chiroquois le 13 avril 2006 ; c'est le résultat d'un travail acharné et,
disons-le, un peu dingue. Pas le genre de truc que l'on pratique chez Minos !
Séb au bord du gouffre...
Le bout du bout de la Combe aux Prêtres est maintenant
accessible par cette succession de puits, que Christophe, arrivé
avant nous, aura eu le bon goût d'équiper ! Autant dire que cette
fois-ci, nous venons vraiment en touristes ! Première bonne
surprise en nous garant dans la carrière, devant l'entrée de la
Combe, pas d'autres spéléos en vue, bien que la Combe ce soit
LE réseau de Côte d'Or… et donc d'ordinaire sur-fréquenté ;
Franck se rappelle y avoir vu une fois plus de 60 spéléos… pire
que les Galeries Lafayette 3 jours avant Noël !
Le fait qu'on soit -justement- à l'avant-veille de Noël et qu'il gèle dehors doit sans doute
contribuer à garder les lieux déserts ! On s'équipe fissa et on file 600 mètres vers l'Est en
direction de la Rochotte. Christophe descend en premier et finit d'équiper les derniers tronçons,
suivi de Franck ; pour Séb et moi qui suivons, petit baptême de progression sur corde de 8 mm.
Ca parait bien fin, tout de même. Et y a pas de mystère, ça descend mieux que de la 9 ! Les
puits s'enchaînent rapidement, et nous nous retrouvons 90 mètres sous le sol, au bas de la
cheminée du Buste, devant la cascade qui charrie son flot dans une belle gerbe d'écume. Le flot
bruissant parait presque irréel sous les faisceaux de nos LEDs, et on jurerait qu'il est éclairé par
quelque ouverture situé derrière la cascade… Nous laissons une partie des kits sur place,
accrochés à la corde en cas de crue, et remontons vers l'entrée classique de la Combe aux
Prêtres. La progression alterne grandes galeries sèches ou aquatiques, avec de l'eau tantôt aux
genoux, tantôt à la taille. La première immersion est bien désagréable, mais une fois le surplus
d'eau évacué, l'eau chauffe doucement dans la sous-combi et les bottes…
Christophe
La progression est variée et agréable, avec une vire, un pont de singe (qui n'empêche pas de
remplir les bottes !) au dessus d'un petit lac ; au retour, Franck ne résistera pas à la tentation
sadique de secouer la corde jusqu'à mettre Séb à l'horizontale, à 2 doigts de la surface d'une
eau, certes cristalline, mais néanmoins glaciale…
Au niveau d'un très beau passage au dessus de la rivière (R3, Est de la galerie des gours, pour
moi le plus beau passage de la progression), que nous croisons et laissons au rythme de ses
méandres cachés, se trouvent de beaux gours et quelques jolies concrétions et draperies…
Le plafond de la salle de la vire (à la jonction de la Galeries des Gours et de la Galerie des
Merveilles) recèle des centaines de petites fistuleuses translucides ; après une chatière longue
d'une quinzaine de mètres, au sol poli par des dizaines de milliers d'années d'écoulement de
l'eau -et par des milliers de visiteurs ?- nous remontons une faille pour nous retrouver au pied
du puits de la Combe ; la voiture est là -on espère !-, quelques 50 mètres au dessus de nos
têtes, si proche… mais nous allons devoir refaire le trajet et sens inverse, puis remonter les 90
mètres de la Rochotte… Sur le chemin du retour, Franck nous montre les départs du réseau
Ben, ainsi que le siphon jonctionnant avec le Creux du Soucy, et nous entraîne dans une salle
Grappe de fistuleuses
Séb et son aura...
de belles dimensions au plancher irrégulier parsemé de blocs, dans laquelle il
avait remarqué lors d'une de ses précédentes visites une plaque de laiton,
apposée sur une paroi. Celle-ci, entourée ça et là de reste de bougies, porte le
nom de Richard Belmont (1971-2005) ; à la connaissance de Franck, il n'y a pas
eu d'accident mortel à la Combe ; qui est donc Richard Belmont ? Un spéléo
décédé à la Combe, ou ailleurs, et dont les proches on déposé cette plaque dans
cette grande salle silencieuse ? On voit, à droite de la plaque, le départ d'une
petite galerie descendante ébouleuse, assez longue et dangereuse selon Franck ;
serait-ce là que Richard aurait perdu la vie ? Nous quittons cette salle, dont le
plafond semble dangereusement ébouleux. De retour au pied du premier puits de
la Rochotte, nous commençons la remontée. Franck part, tel une fusée, suivi par
Séb et moi (beaucoup moins rapide !) et Christophe, qui déséquipe.
La nuit est déjà tombée quand je mets la tête dehors ; Franck et Séb, sortis depuis belle lurette, ont eu le temps de geler
sur place ; nous retournons dare-dare vers la voiture, où le déshabillage est LE mauvais moment de la journée ; avec les
-5°C ambiants, les gants humides que je laisse 2 minutes au sol craquent de tout leurs cristaux quand je veux les arracher
au sol gelé ! Autant dire qu'on retrouve avec gratitude l'habitacle chaud et douillet avant de remettre le cap sur Chilly.
Ainsi s'achève l'année spéléo 2007 pour Minos, avec la visite de ce beau réseau, meneé par un guide hors pair !
La plaque mystérieuse...
Topo/coordonnées de la Rochotte (site du SCCM) :
http://sccm.karawin.net/files/documents/rochotte.pdf
Topo/coordonnées de la Combe (site du CDS21) :
http://cds21.org/cavites_cotedor/topo/cap.htm
Texte et photos : JeanSéb, pour Minos