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IMPACT DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE LA CULTURE DE NIEBE SUR LE REVENU ET
LES DEPENSES DES MENAGES AGRICOLES AU BENIN.
W.N. Allogni1; O.N. Coulibaly1; A.N. Honlonkou2
1
International Institute of Tropical Agriculture (IITA), 08BP: 0932 tripostal Cotonou, Bénin
2
Facultés des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG), Université d’Abomey-Calavi (UAC), Cotonou, Bénin.
Publié dans : Bulletin de la Recherche Agronomique du Bénin. Numéro 44 - Juin 2004
_________________________________________________________________________
1
Résumé
Le niébé est l’une des principales légumineuses produites et consommées au Bénin. Son importance économique, son
taux élevé de protéine et son importance dans le régime alimentaire des populations, font de cette culture un élément
important de la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Cette étude a pour but d’évaluer l’impact des
nouvelles technologies du niébé sur l’accroissement du revenu des ménages agricoles et la contribution aux dépenses
des producteurs. Elle a été réalisée dans les bas-fonds de l’Ouémé en zone soudano guinéenne sud. Cette zone a été
choisie à cause de sa situation géographique qui lui permet de recevoir les eaux fluviales des départements du nord et
du centre du pays et dispose d’importante production de niébé. Un échantillon de 120 ménages a été sélectionné de
façon stratifiée et aléatoire dans trois villages à raison de 40 ménages par village. Le modèle du budget partiel a été
utilisé pour la comparaison des rendements et la détermination des revenus des différents systèmes de culture.
L’analyse de régression multiple a permis d’évaluer les facteurs qui influencent l’utilisation des revenus. Les résultats
ont montré que l’adoption des nouvelles technologies a augmenté le rendement de 20% par hectare . L’adoption des
nouvelles technologies contribue à l’accroissement de 13% des revenus nets des producteurs du niébé. Les facteurs
comme le revenu net le nombre d’épouses, le nombre de personnes en charge et celui des superficies affectent les
dépenses des ménages agricoles au seuil de 5%. Les analyses d’utilisation des revenus nets issus du niébé, indiquent
que les nouvelles technologies du niébé ont contribué à l’amélioration des conditions de vie des adoptants.
Mots clés : Impact ; Sécurité alimentaire ; Production ; Revenu ; Autoconsommation.
IMPACT OF NEW TECHNOLOGIES OF COWPEA PRODUCTION ON THE INCOME AND THE
AGRICULTURAL HOUSEHOLD EXPENSES IN BENIN.
Abstract
Cowpea is a key leguminous crops produced and consumed in Benin. Its economic contribution food protein content
and its importance in the diet of the populations, make it a major factor toward food security and the reduction of
poverty. The purpose of this study is to evaluate the contribution of new cowpea technologies rural household income
and expenditures. It was carried out in the Oueme Valley (South soudano Guinean Zone).The zone was selected
because of its geographical setting as a basin to receive rivers water from the north and the center parts of the country.
The area out importantes acreages in cowpea. Three villages were selected. A sample of 120 households has been
selected according to stratified random sampling framework with units (UP) 40 households per village. Partial budget
model is used to compare yield increase and incomes from cropping systems. Multiple regressions have been used to
evaluate the factors cowpea-bared affected expenditures from incomes generated. The results show that the adoption
of new technologies has increased yield by 20%/ha noted. Increase in incomes resulting from cowpea; indicate that
new technologies generated a extra incomes of 13%. The factors like the net incomes, the number of wives, the
number of dependent and areas cropping affect the threshold of 5%. New technologies contribute to the improvement
of the well-being of the agricultural households.
Keywords: impact; food security; production; income; consumption.
2
Introduction
L’une des préoccupations de la recherche agricole est le développement et la diffusion de technologies en
vue d’une croissance de la production agricole pour assurer la sécurité alimentaire et la réduction de la
pauvreté. Ces préoccupations sont importantes pour relever les défis de malnutrition et de sous-alimentation
conduisant à des pertes en vies humaines et de baisse de productivité de travail (CTA 1998). Le niébé est
l’une des principales légumineuses produites et consommées au Bénin. Il représente une source substantielle
de protéines végétales et contribue dans la sécurité alimentaire pour répondre à la demande alimentaire et la
réduction de la pauvreté. Au Bénin, le niébé est cultivé dans toutes les zones agroécologiques. Il occupe 7%
des superficies emblavées pour les cultures annuelles (MDR, 1993). Différentes contraintes affectent sa
production. Afin de promouvoir cette culture dans un environnement sain, de nouvelles technologies de
production de niébé ont été introduites et diffusées en milieu paysan. Elles comptent les variétés améliorées
de niébé, les pesticides botaniques (extraits aqueux de neem et de papayer), et les techniques de
conservation et de stockage de niébé (technique de séchage solaire). D’autres technologies telles que
l’utilisation rationnelle des insecticides recommandés Kinikini (Cyflutrine 9,6g et du Malathion 400g) par
litre; Décis (Deltamétrine 12g/l); Orthène (Acéphate + Diméthyl acéthyl phosphoramidothiate); Primex
(Perméthine+Malathion); Sherlone (Superméthine 30g/l + Malathion 40g/l) ont été vulgarisées.
Six ans après l’introduction de ces technologies, il est important d’évaluer l’impact de ces technologies sur
les revenus des ménages. Il est également important d’évaluer la contribution des revenus dans
l’amélioration de leur alimentation et d’accès aux biens et services de base.
Le présent article expose dans la section I, la méthodologie
pour évaluer l’impact des
nouvelles
technologies de la culture de niébé sur la production et les revenus agricoles.
La deuxième section évalue l’impact des nouvelles technologies sur le bien-être des ménages agricoles.
I- Objectifs et hypothèses
1- Objectifs
L’objectif principal de cette étude est d’évaluer l’impact des nouvelles technologies de la culture de niébé
sur l’accès des ménages agricoles à une alimentation adéquate et aux biens et services de base (santé,
scolarisation, etc…).
De façon spécifique, il s’agira de:
- Evaluer l’effet des nouvelles technologies sur les revenus des producteurs à travers l’augmentation de
rendement et de production.
- Evaluer l’effet des nouvelles technologies sur l’accès aux produits alimentaires, la santé et la scolarisation
des enfants.
3
2- Hypothèses
L’hypothèse générale de recherche est la suivante:
Les systèmes de production du niébé à base des nouvelles technologies présentent un meilleur rendement,
une production et un revenu accrus comparés aux systèmes de production du niébé traditionnels. De façon
spécifique, il s’agira de:
H1: Les nouvelles technologies ont des rendements plus élevés par rapport aux technologies locales.
H2: L’adoption des nouvelles technologies permet d’augmenter les revenus des adoptants.
H3: Les nouvelles technologies de la culture de niébé contribuent à l’amélioration de l’alimentation et à
l’accès aux biens et services (équipements ménagers, santé et l’éducation des enfants).
II- Méthodologie
1- Zone d’étude
La présente étude a été menée dans les bas-fonds du département de l’Ouémé (zone soudano guinéenne sud)
caractérisée par une pluviométrie moyenne de 1100 à 1500 mm et une variation de température de 25 à
30oC. Cette zone agroécologique a été choisie pour plusieurs raisons. Située au sud-est du Bénin, elle reçoit
les eaux fluviales des départements du nord et du centre du pays et une
production des quantités
importantes de niébé. Cependant, des contraintes majeures à l’augmentation de rendement subsistent. La
culture de niébé est faite à grande échelle, et représente une source de revenus substantiels en période de
décrue. Cette zone bénéficie des activités de recherche du Projet Niébé pour l’Afrique (PRONAF) qui met
en contact les producteurs et les nouvelles technologies. L’existence de marchés régionaux de produits
vivriers (Azowlissè, Dangbo) qui permet aux producteurs un écoulement des produits vers le Nigéria.
2- Collecte des données et échantillonnage.
Cette étude est menée dans trois villages Agonguê, Agbonou et Wozoumey. Un échantillon de 120 ménages
a été constitué de façon stratifiée aléatoire et raisonnée dans trois villages à raison de 40 ménages par
village.
Les données collectées en 2002 sont de type socio-démographiques (âge, genre, expérience…), agricoles
(nombre de parcelles, superficies, production totale de niébé, prix, revenu…).
Les données collectées sont qualitatives et quantitatives. Les techniques incluent les entretiens semi
structurés avec des guides d’entretien, des observations participatives et le questionnaire qui ont été testés
pour une validité à prendre en compte les réalités du milieu.
4
III- Evaluation de l’impact des nouvelles technologies de la culture de niébé sur les revenus agricoles.
L'objectif principal de la sécurité alimentaire est d'atteindre et de garantir un état nutritionnel convenable
pour tous. L’état nutritionnel, est lié à la quantité et à la qualité de nourriture. Les risques de morbidité et de
mortalité sont plus élevés avec les problèmes nutritionnels.
Les revenus des ménages permettent d’accéder aux services sociaux tels la santé, la scolarisation des
enfants, et l’accès à des biens durables.
- Modèle théorique
Le modèle de budget partiel est utilisé pour la détermination des revenus des différents systèmes de culture.
L’analyse de régression multiple a permis dévaluer les facteurs qui déterminent l’utilisation des revenus.
Le revenu net est présenté mathématiquement comme:
Revenu monétaire net = Revenu Brut – Charges de production. (Harsh, al, 1981).
n
∏
=
k
∑
( Qt × Pt − Qct
× Pt −
i=1
∑
Xj × Pj )
(1)
j =1
∏ = Revenu monétaire net
n = nombre de ménages constituant un système de culture.
Qt = quantité de niébé produit par période (t)
Pt = prix (FCFA) d’une unité de mesure de niébé à la période (t)
Qct = quantité de niébé consommée par ménage agricole
Xj = quantité des facteurs de production utilisée par le producteur
Pj = prix (FCFA) unitaire des facteurs de production
k = nombre de facteurs de production
L’estimation des dépenses affectées à chaque domaine du bien être du ménage est définie par une fonction
de dépense (D) qui se présente comme suit :
(D) = f (RT1, RT2, RT3, RT4, NPERC, GENRE, EXPECON, SUPER1, SUPER2, SUPER3, SUPER4, EDUC,
NFEM)
(2) où ;
(D), désigne le pourcentage de dépenses liées aux facteurs du bien-être du ménage ; (Rti) le revenu net
dégagé par le système de culture i en franc CFA ; ( NPERC), le nombre de personnes en charge dans le
ménage ; (GENRE), le genre du chef de ménage qui est égale à 1 si le chef de ménage est homme et 0 dans
le cas contraire ; ( EXPECON), est l’expérience du producteur en culture de niébé (en années) ; (EDUC), est
le niveau d’éducation du producteur. Ce niveau d’éducation est égal à 1 si le producteur a reçu une
éducation formelle (6 ans à l’école au moins) et 0 si non ; (SUPER), la superficie de niébé emblavée par le
producteur ; (NFEM), le nombre d’épouse dans le ménage.
5
La régression multiple de la fonction de dépense se présente comme suit:
(D) = ß0 + ß1Log (RT1) + ß2 Log (RT2) + ß3 Log (RT3) + ß4 Log (RT4) + ß1Log (SUPER1) +
ß2 Log (SUPER2) + ß3 Log (SUPER3) + ß4 Log (SUPER4) + ß5 (NPERC) + ß6 (GENRE) +
ß7 (EXPECON) + ß8 (EDUC) + ß9 (NFEM) + е1.
(3)
Où ß0 est la constante et e1, l’erreur. Les ßi sont des coefficients à estimer et peuvent être interprétés
directement comme coefficients des dépenses par rapport aux facteurs correspondants.
Si ßi < 0, le facteur i contribue négativement aux dépenses.
Si 0< ßi < 1, le facteur i contribue peu aux dépenses.
Si ßi > 1, les facteurs i contribuent plus aux dépenses.
L’estimation du paramètre ßi est faite par étape qui consiste à sélectionner les variables d’une certaine
importance (S.A.S. Institude Inc 1997).
IV- Résultats et discussions
1- Analyse de l'impact des nouvelles technologies sur la production du niébé.
Figure2 : Etude comparative des rendements moyens des systèmes de culture de niébé
Figure2: Comparaison des rendements des systèmes
99
9
12
41
11
52
1200
11
44
1400
Rendements
1000
800
600
400
200
0
VLIC
VLIR
VAIC
VAIR
Systèmes de culture
VLIC= Variété Locale + Insecticide coton
VLIR= Variété Locale + Insecticide Recommandé
VAIC = Variété Améliorée + Insecticide coton
VAIR = Variété Améliorée + Insecticide Recommandé.
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Les résultats montrent que pour l’ensemble de la zone d’étude, l’adoption des nouvelles technologies a
augmenté le rendement de 20%. Le rendement le plus élevé est au niveau des adoptants. Les nouvelles
technologies permettent une amélioration du rendement de la culture du niébé.
2- Evaluation des coûts de production de niébé.
Les coûts de production comprennent les coûts de semence, d'insecticides, de la terre, les amortissements
des équipements, les coûts de stockage et de la main-d’oeuvre. L’adoption des nouvelles technologies
augmente le coût de production au niveau des producteurs du niébé. Le coût élevé est dû à l’utilisation
abusive des insecticides recommandés car les producteurs dépassent parfois la dose recommandée. Cette
différence de coût de production peut atteindre 8,6% F CFA/ha. Ce qui est significatif pour un producteur
qui cherchait déjà à minimiser son coût de production. Il est à remarquer que le niébé traité avec les
insecticides recommandés est plus consommé par rapport au niébé traité avec les insecticides coton. Ceci est
dû à la sensibilisation par rapport aux effets néfastes des insecticides coton.
3- Evaluation de revenu net des systèmes de culture de niébé
Le revenu net du producteur est le revenu du producteur après déduction des coûts de production. Le revenu
net permet au producteur de s'approvisionner en d’autres aliments et de pouvoir faire face aux dépenses du
ménage telles que celles de la santé, de l'éducation et des équipements ménagers et agricoles. La
détermination de ce revenu net se présente comme suit :
Tableau 1: Détermination du revenu net moyen de chaque système
Systèmes de cultures
Production
(kg)
(1)
Revenu
brut/ha=(cfa)
(2)
Coût de
Production
(cfa)
(3)
Revenu
Autoconsommation (cfa)
(4)
Revenu net
(cfa)
(5)=(2)-(3)-(4)
Variété locale +
Insecticide Coton
Variété locale +
Insecticide recommandé
991
339 544
98 543
90 025
150 976
1199
426 846
105 134
167 674
154 038
Variété Améliorée+
insecticide Coton
1209
416 471
100 528
130 958
148 269
Variété Améliorée+
Insecticide recommandé
1267
465 086
107 823
183 041
174 222
La comparaison des moyennes est faite en colonne et les moyennes précédées d’un même nombre d’étoiles
ne sont pas significativement différentes. Les adoptants des nouvelles technologies ont un revenu brut plus
élevé. De même, ces systèmes de culture avec les nouvelles technologies dégagent un revenu net plus élevé.
7
L’adoption des nouvelles technologies contribue à l’accroissement des revenus des producteurs du niébé de
la zone d’étude.
V- Evaluation de l’impact du revenu monétaire au niveau des ménages agricoles.
1- Les facteurs déterminant l’utilisation du revenu net du niébé.
Comme précédemment signalé, l’utilisation du revenu net au sein du ménage dépend de plusieurs facteurs.
L’utilisation des revenus du ménage agricole dépend des facteurs socioéconomiques (genre, niveau
d’éducation, expérience en culture de niébé, taille du ménage, nombre de femmes, âge du chef de ménage)
et les facteurs liés à la technologie (type de variété, type de traitement, revenu).
Tableau 2 : Dépenses en produits alimentaires, santé, équipement et scolarisation des enfants selon les
critères socio-économiques.
Facteurs
Revenu1
Revenu4
Taille du
Age4
ménage
Nombre
Niveau
Super-
Super-
d’épouse
éducation
ficie2
ficie3
ß0
Domaines
Produits
alimentaires
Santé
équipements
+ 2,49
+ 8,48
0,95
+4,44
- 4,61
+2,07
+0,64
+0,17
-2,56
-2,15
- 27,76
+19,90
38,77
-21,44
-31,00
0,19
Scolarisation
des enfants
+ 16,87
- 8,83
-63,77
1= technologies locales ; 2 = variétés locales et insecticides recommandés ; 3 = variétés améliorées et insecticides
coton ; 4 = nouvelles technologies.
Les résultats présentés dans ce modèle nous révèlent que les coefficients des facteurs comme le revenu net
le nombre d’épouses, le nombre de personnes en charge et celui des superficies de niébé sont significatifs au
seuil de 5%. Par contre les coefficients des autres variables ne le sont pas.
2- Impact du revenu net sur la demande en produits alimentaires.
Les ménages agricoles de la vallée de l'Ouémé pratiquent trois cultures principales ; le maïs, le niébé et les
cultures maraîchères. Ils consomment d’autres produits tels le riz, le blé et les tubercules. La satisfaction de
ces biens alimentaires est liée au niveau de revenu issu des activités agricoles.
8
Le coefficient élevé + 2,49 du nombre d’épouses des adoptants signifie que plus les producteurs ont de
femmes dans le ménage plus la demande en produits alimentaires est élevée. Le revenu généré par
l’adoption des nouvelles technologies contribue à l’augmentation de la consommation alimentaire.
3- Impact du revenu net sur la santé des producteurs.
L'utilisation des insecticides coton a des effets négatifs sur la santé des producteurs. Les maladies évoquées
par les paysans ainsi que les pertes en vies humaines, réduisent le nombre de journées de travail et
conduisent à une baisse de productivité, de production et de revenu. Les producteurs soulignent que
l’utilisation des insecticides coton entraîne des affections (grippe, gastro-intestinales, des troubles de
vision), ceci engendre des dépenses additionnelles en soins de santé. Les adoptants des nouvelles
technologies investissent moins dans la santé comme atteste le faible coefficient du revenu des adoptants
(0,95) comparé à celui des non adoptants (8,48). Les insecticides recommandés permettent aux adoptants de
réduire leurs dépenses de santé par rapport aux non adoptants. L’utilisation des insecticides recommandés
qui ont moins d’effets négatifs sur la santé humaine diminue les risques liés à l’utilisation abusive ou mal
contrôlée des insecticides coton. Les adoptants affirment que les insecticides recommandés, bien que moins
efficaces (effet instantané), permettent de préserver par ailleurs la santé et par conséquent le revenu net.
4- Revenu net et investissement en équipement agricole.
L'analyse montre que le revenu net des adoptants contribue plus à l'acquisition d’équipements ménagers et
agricoles. Le coefficient de contribution des dépenses en équipement ménager et agricole au niveau des
adoptants est élevé soit +4,45 par rapport aux non adoptants. Cet écart de coefficient nous amène à conclure
que l'adoption des nouvelles technologies du niébé a permis d’investir en équipement ménager et agricole.
Cet investissement varie suivant la taille du ménage, l’âge du producteur et la superficie emblavée. Les
nouvelles technologies accroissent
la production, augmente un investissement dans l’acquisition
d’équipements ménager et agricole.
5- Impact du revenu net sur la scolarisation des enfants.
On reconnaît largement, aujourd’hui, l’importance de l’éducation comme facteur déterminant du succès des
innovations technologiques.
Les priorités d’investissements des agriculteurs dans les zones de culture incluent l’éducation. Les parents
d’élèves investissent en frais de scolarisation, achats de fournitures, uniforme scolaire et transport. Le
coefficient de dépenses des adoptants pour la scolarisation des enfants est de +16,87 comparé à celui des
non adoptants (-8,83). Le faible niveau d’éducation du chef de ménage est négativement corrélé les
9
dépenses de scolarisation des enfants. Plus ce coefficient est élevé plus la contribution des nouvelles
technologies de la culture de niébé à la scolarisation des enfants. Les nouvelles technologies permettent
ainsi d'améliorer l’accès à la scolarisation. Les non adoptants investissent moins dans l'éducation des enfants
comparé aux adoptants.
Conclusion
Cette étude a analysé la contribution des nouvelles technologies agricoles de niébé dans les ménages
agricoles. Les nouvelles technologies ou système (variétés améliorées du niébé plus insecticides
recommandés) ont augmenté les rendements du niébé.
L’étude d’impact sur le revenu indique que
l’adoption des nouvelles technologies a engendré un surplus de revenus nets au niveau des producteurs du
niébé. L’effet des nouvelles technologies sur l’accroissement des revenus ne sera donc perceptible que
lorsque les paysans adopteront les paquets technologiques.
Ces nouvelles technologies augmentent l’autoconsommation en niébé et l’acquisition de l’équipement
ménager et agricole et d’accéder aux autres produits agricoles. Enfin sur le plan social, il faut retenir que
l’adoption des nouvelles technologies du niébé contribue à l’amélioration de la situation sanitaire des
producteurs en réduisant la fréquence des maladies causées par l’utilisation des insecticides coton.
Toutefois, les principaux problèmes évoqués par les adoptants sont les difficultés d’accès aux variétés
améliorées et insecticides recommandés par la vulgarisation agricole.
Recommandations
Pour une meilleure diffusion des nouvelles technologies du niébé, une étude de qualité des produits
insecticides s’avère nécessaire. Entreprendre des études d’impact des insecticides sur l’environnement (la
santé, la faune).
Un renforcement de la capacité des producteurs à travers la sensibilisation pour une utilisation plus
rationnelle des insecticides chimiques de synthèse.
Remerciement
Cette étude a été réalisée grâce au soutien financier et matériel du Projet Niébé pour l’Afrique (PRONAF)
de l’Institut International d’Agriculture Tropical (IITA-Bénin) que nous tenons à remercier.
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Références bibliographiques
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11
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(SECAL) ONC/ GTZ. Cotonou Bénin.
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Annexes
La formulation générale du budget partiel s’établie suivant trois étapes (Manyong et al.
2000).
I- Le revenu des cultures
1 Maïs
x
2 Manioc
x
3 Niébé
x
4 Cultures maraîchères
x
.
.
.
.
n cultures
∑ (1....n)
Total de Revenu des cultures
II- Les coûts des intrants variables
x
n+1 Engrais
x
n+2 Semence
x
n+3 Insecticide
x
n+4 Labour
x
n+5 Sarclage
x
n+6 Défrichage
x
n+7 Semis
x
n+8 Pulvérisation
x
n+9 Récolte
x
.
.
.
.
k intrants variables
13
∑(n+1....k
Total coût des intrants variables
III- Les coûts fixes
k+1 Charge de la terre
x
k+2 Intérêt des crédits
x
k+3 Amortissement du matériel agricole
x
k+4 Assurance
x
.
.
.
.
p coûts fixes
Total coûts fixes
∑(k +1....p
Coûts totaux = coûts des intrants variables + coûts fixes
Source : Guide d’Analyse du Budget Partiel pour les recherches agricoles (IITA 2000).
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