Dossier - Dans les pas de Bartók et Stravinsky

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Dossier - Dans les pas de Bartók et Stravinsky
“Dans les pas de Bartók et Stravinsky” Vicente Blanes Quinteto en Miniatura Eurico Carrapatoso Cinco Elegias Op. 11 György Orbán Quintette à vent György Ligeti Six Bagatelles Martine Grandjean, flûte Bruno Luisoni, hautbois Yuji Noguchi, clarinette Stéphane Mooser, cor Nicolas Michel, basson Quinteto en Miniatura (2000) Vicente Blanes 1. Introduction con brio 2. Maestoso 3. Scherzando 4. Calmo 5. Finale. Presto (*1968) Cinco Elegias Op. 11 (1997) Eurico Carrapatoso 1. A Bélà Bartók 2. A Germaine Tailleferre 3. A Anton Webern 4. A Olivier Messiaen 5. A Igor Stravinsky (*1962) -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐ PAUSE -­‐-­‐-­‐-­‐-­‐ Quintette à vent (1985) 1. Poco libero – Allegro deciso 2. Poco libero – l’istesso tempo, ma moderato 3. Veloce Six Bagatelles (1953) 1. Allegro con spirito 2. Rubato. Lamentoso 3. Allegro grazioso 4. Presto ruvido 5. Adagio. Mesto (Bélà Bartók in memoriam) 6. Molto vivace. Capriccioso György Orbán (*1947) György Ligeti (1923 – 2006) Béla Bartók, Igor Stravinsky. Deux figures de proue de la musique du début du XXème siècle, deux modèles dont les œuvres ont ouvert de nouveaux horizons. Au travers de quatre compositeurs de notre temps, le Quintette Eole visite l’héritage laissé par ces deux maîtres. Si l’un est hongrois et l’autre russe, leur musique comme leur parcours ne manquent pas de similitudes. Tous deux nés à la fin du XIXème siècle, ils ont suivi un parcours académique, tout en puisant leurs premières inspirations dans la tradition populaire. Ainsi, Bartók a sillonné la campagne hongroise et roumaine pour y recueillir la musique folklorique. Stravinsky a, de son côté, situé l’Oiseau de Feu et le Sacre du Printemps dans la Russie légendaire. Leur style, construit, extrêmement savant et élaboré, réinvente les grandes formes du passé : symphonies, opéras, ballets, concertos. Notre concert présente, en diptyque, des œuvres composées de part et d’autre du continent européen et profondément imprégnées par la musique de ces deux grands modèles. Né de parents espagnols, Vicente Blanes voit le jour en 1968 au Brésil, et passe son enfance à Almería en Espagne. Il y débute son éducation musicale, puis étudie la composition et l’instrumentation au Conservatoire Supérieur de Musique de Séville auprès de Manuel Castillo et Antonio Flores. Il a profité des conseils de professeurs espagnols et étrangers renommés, tels que Manuel Castillo, Cristóbald Hallfter, George Crumb ou Helmut Lachenmann. Voici comment il présente son œuvre : « Quinteto en Miniatura est une œuvre précoce de mon développement de compositeur. Elle témoigne des premières influences qui ont façonné mon style durant ces années : les ombres de Bartók, Stravinsky, Manuel Castillo et du jeune Ligeti planent sur cette partition conçue comme un pur divertimento musical. Elle se définit par une structure claire, un discours aisément compréhensible et une écriture traditionnelle. Je suis toujours très attaché à cette œuvre, qui fut le véritable point de départ des rêves éveillés et autres spéculations sonores qui m’occupent aujourd’hui encore. » Quinteto en Miniatura connut sa première exécution complète en 2001 grâce au Quintette Eole. Eurico Carrapatoso est né en 1962 à Alvites, dans le Nord du Portugal. Diplômé en histoire de l’Université de Porto, il entame ensuite des études musicales, qu’il couronne en 1993 par un Diplôme Supérieur du Conservatoire National de Lisbonne. Il enseigne aujourd’hui la composition dans cette institution. Il a obtenu de nombreuses reconnaissances dans son pays, notamment les Prix de composition “Lopes-­‐Graça” et “Francisco de Lacerda”, le Prix de l’Identité Nationale, et a été promu “Commendador da Ordem do Infante Dom Henrique” par le Président de la République portugaise. Il note ces quelques mots au sujet de ses Cinco Elegias : « J’ai défini deux lignes conductrices pour mon œuvre. Premièrement, écrire une pièce divisée en cinq courts mouvements, dans lesquels chacun de cinq instruments allait assumer à tour de rôle la partie principale. Deuxièmement, je souhaitais rendre hommage sous forme d’élégies à cinq compositeurs qui, pour des raisons émotionnelles ou formelles, occupaient pour moi une place particulière à cette époque. Les contrastes de styles entre chacun des mouvements, loin de me déranger, étaient un but en soi, dans la plus grande simplicité et sans aucun effet dramatique. » György Orbán est né en 1947 sur le plateau de Transylvanie, région de culture hongroise de l’actuelle Roumanie. Il étudie la composition à l’Académie de Cluj, puis y enseigne jusqu’en 1979, année où il s’installe définitivement en Hongrie. Il collabore dès lors aux Editions Musica Budapest et enseigne la composition à l’Académie Franz Liszt. Lauréat des Prix “Bartók-­‐Pásztory” et “Ferenc Erkel”, il est également distingué lors de la Tribune Internationale des Compositeurs de l’UNESCO à Paris. Si son large catalogue comprend de nombreuses œuvres instrumentales, c’est pour la voix humaine qu’Orbán éprouve le plus profond attachement. Pour preuve, il est l’auteur d’un grand nombre de lieder, oratorios, messes, motets, et d’un opéra : Prince Pikko. Son Quintette à vent témoigne d’une autre facette de ce compositeur. Celle de l’auteur de musiques de film et de théâtre. Malgré son écriture plutôt conventionnelle, cette œuvre n’est ni simpliste ni conservatrice. A l’arrière-­‐plan se trouvent les idéaux d’Orbán : des compositions néo-­‐classiques et inspirées du jazz de Stravinsky et, très nettement, du monde du cirque de Nino Rota et Fellini. Il n’essaie pas de réduire les cinq instruments à vent à un commun dénominateur, mais exploite avec brillance la diversité de leur qualité sonore. Natif lui aussi de Transylvanie, György Ligeti fréquente également les cours de composition à l’Académie de Cluj. Il doit interrompre ses études en 1943 à cause de la persécution nazie. La presque totalité de sa famille, à l’exception de sa mère, disparaît en déportation. Après la guerre, il poursuit ses études de composition à l'Académie Franz Liszt de Budapest, où il enseigne lui-­‐même l'harmonie et le contrepoint entre 1950 et 1956. Il fuit alors la Hongrie suite à la révolution de 1956 et se rend d'abord à Vienne, puis à Cologne où il est accueilli par Karlheinz Stockhausen. Là, il travaille au Studio électronique de la Westdeuscher Rundfunk et rencontre Pierre Boulez, Luciano Berio, Mauricio Kagel. En 1959, il s'installe à Vienne et obtient la nationalité autrichienne. Dès les années 1960, György Ligeti se consacre à la composition et l’enseignement : à Darmstadt, Stockholm, Stanford et Hambourg. Il a été honoré de multiples distinctions, parmi lesquelles le “Berliner Kunstpreis”, le “Prix Bach” de la ville de Hambourg. A l’image de Stravinsky, Ligeti a sans cesse fait évoluer son style. Sa période hongroise témoigne essentiellement de l'influence de Bartók et Kodály. Au cours des années 1970, son écriture polyphonique se fait plus mélodique et plus transparente. Dans les années 1980 enfin, il développe une technique de composition à la polyrythmie complexe influencée à la fois par la polyphonie du XlVe siècle et différentes musiques ethniques. Voici quelques lignes par lesquelles Ligeti décrit son œuvre : « Les Six Bagatelles sont du “Ligeti préhistorique” et sont influencées tout particulièrement par Bartók et Stravinsky. Elles ont été écrites à Budapest, après la guerre, où dominait alors un environnement musical de tradition classique, presque totalement dépourvu de connaissances dans le domaine de la musique du XXe siècle (à l’exception de Debussy, Bartók et Kodály). Elles sont dérivées d’une série de pièces pour piano (Musica ricercata), écrites entre 1951 et 1953. Mon but était de m’éloigner des influences et de définir un style personnel, mais je n’y parvins que partiellement : dans la première pièce, l’empreinte de Stravinsky est évidente tandis que la cinquième évoque délibérément les gestes musicaux de Bartók (la pièce est écrite « Bartók in memoriam »). Il n’y avait alors aucune possibilité de les présenter au public. Durant l’été 1956, grâce à un relâchement temporaire de la dictature communiste, on put les faire jouer sous le titre Cinq Bagatelles. En effet, la sixième pièce était toujours interdite à cause de la profusion de secondes mineures ; les systèmes totalitaires n’aiment pas les dissonances. » Le Quintette Eole est un quintette à vent créé à Fribourg en 1998. Au fil des années, des concerts et des rencontres, il a su trouver son rythme et sa place sur la scène musicale romande. Il s’est également exporté, prenant part au Festival de musique contemporaine de Saint Privat (Haute Loire, France) ou au Festival Credomatic au Costa Rica. Avide de découvertes, il n’a de cesse d’élargir son répertoire. Parmi les projets les plus marquants de ces dernières années, il a interprété une version inédite des "Tableaux d’une Exposition" de Modest Moussorgski et une nouvelle transcription pour quintette à vent et orgue de "L’Oiseau de Feu" d’Igor Stravinski. Il suscite également des créations de compositeurs tels que Laurent Mettraux ou Jean-­‐François Michel. En 2010, son premier disque, "Bohème", consacré à des œuvres de Rejcha, Dvořák, Haas et Janáček, reçoit un accueil enthousiaste de la critique. Née au cœur de la Gruyère, Martine Grandjean accomplit ses études aux Conservatoires de Fribourg et Genève, et suit les cours de maîtres de flûtistes réputés tels que Peter-­‐Lukas Graf, Patrick Gallois, Robert Dick et Emmanuel Pahud. Très attirée par le monde du jazz, elle se perfectionne également auprès de Jérôme Thomas à Lausanne et collabore notamment avec Stefan Aeby et Claude Schneider. Membre fondatrice du Quintette Eole, elle enseigne depuis 1997 au Conservatoire de Fribourg. Bruno Luisoni commence le hautbois au Conservatoire de Fribourg. Il obtient en 2001 un diplôme d’orchestre avec distinction dans la classe de Louise Pellerin à la Haute Ecole de Musique de Zurich-­‐Winterthur, puis poursuit ses études à Munich en classe de perfectionnement chez François Leleux. Membre de l’Orchestre de Jeunes Gustav Mahler, il occupe le poste de cor anglais solo au Konzerthausorchester Berlin entre 2004 et 2006. Il est actif comme premier hautbois de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois et professeur au Conservatoire de Fribourg. Né à Kawasaki au Japon, Yuji Noguchi obtient en 2000 une licence de musique avec 1er prix au Tokyo College of Music. Après avoir étudié auprès de Thomas Friedli à Genève et obtenu un diplôme de soliste dans la classe de Frédéric Rapin à Lausanne en 2004, il se perfectionne en clarinette basse auprès d’Ernesto Molinari à la Haute Ecole des Arts de Berne. Particulièrement intéressé par la musique contemporaine, il participe aux festivals de Darmstadt, Impuls à Graz et joue au sein du Lucerne Festival Academy Orchestra dirigé par Pierre Boulez. Il est membre de l’Ensemble Hic et Nunc et de l’Ensemble Namascae. Elève du Conservatoire de Lausanne, Stéphane Mooser y étudie le cor auprès d’Olivier Alvarez et Olivier Darbellay ainsi que la direction d’orchestre auprès d’Hervé Klopfenstein, puis se perfectionne dans la classe de cor de Bruno Schneider à la Hochschule für Musik de Freiburg im Breisgau. Il collabore fréquemment avec des ensembles renommés, parmi lesquels l’Orchestre de Chambre de Lausanne, le Berner Symphonie Orchester ou le Tafelmusik Baroque Orchestra de Toronto. Outre la musique de chambre, qu’il pratique assidûment, il est premier cor de l’Orchestre de Chambre Fribourgeois et professeur aux Conservatoires de Fribourg et Lausanne. Nicolas Michel a commencé le basson à 16 ans après avoir étudié le piano. Il a suivi l'enseignement de Jean-­‐Claude Montac à Paris, de Ingo Becker à Berne et de Alberto Guerra à Lausanne se formant ainsi auprès des écoles française, allemande et italienne. Sa passion pour cet instrument le pousse vers la voie des instruments historiques, pour lesquels il se spécialise auprès de Lorenzo Alpert (Concerto Köln) au Conservatoire de Musique Ancienne de Genève. Il se produit dans les différents orchestres de Suisse romande et alémanique, parmi lesquels l’Orchestre Symphonique de Bienne et le Sinfonietta de Lausanne. Pour plus d’infos, consultez notre site : http://www.quintette-­‐eole.com/