Une bonne santé du pis est précieuse
Transcription
Une bonne santé du pis est précieuse
26 CONSEIL 09 / 04 Une bonne santé du pis est précieuse Le facteur le plus coûteux qui s’ensuit d’une affection de la mamelle, n’est ni le vétérinaire, ni le prix des médicaments ni le lait qui ne peut être livré après le traitement, mais la diminution de la production laitière inhérente aux lésions des glandes mammaires. fhu. Outre les problèmes de fécondité, les maladies du pis constituent les plus fréquents troubles des troupeaux bovins. Une vache souffrant de mammite aiguë ou chronique coûte cher. La principale perte est le manque à gagner causé par la diminution de la production laitière, sur toute la durée de la lactation, suite aux lésions du pis. C’est pourquoi il s’agit d’éviter les affections de la mamelle à tout prix. Les causes peuvent être réparties en trois groupes: les causes qui sont dues à l’animal, celles qui sont dues à un agent pathogène et celles qui sont dues à la gestion (technique et méthode de traite). avec le temps, un domaine optimal, plutôt que de viser un nombre de cellules somatiques aussi bas que possible. Lorsque le métabolisme est perturbé en raison d’erreurs d’affouragement, les défenses corporelles propres diminuent et les infections sont plus probables. De nombreux troubles du métabolisme, en particulier l’acétonémie (cétose) endommagent le foie, ce qui freine la formation d’anticorps. Un approvisionnement en énergie adapté à la performance avec suffisamment de vitamine A et E (accompagné de sélénium) permet de soutenir les défenses immunitaires. De nouvelles analy- Le test de Schalm permet d’examiner rapidement et simplement l’état de santé de la mamelle. également favoriser les infections. Une cause possible est la sciure qui, lorsqu’elle est utilisée comme litière, peut avoir un effet similaire sur la peau que le papier de verre. Contrôles sur l’animal Il existe différentes techniques de surveillance de la santé du pis: une analyse précise du nombre de cellules somatiques lors des contrôles laitiers mensuels met en évidence les problèmes tant au niveau du troupeau qu’au niveau individuel. Les solutions Internet, tel bovinet, illustrent les analyses au moyen de graphiques explicites. Le test de Schalm, s’il est effectué régulièrement, et la prise d’échantillon de lait en début de traite permettent de détecter rapidement les changements au niveau de la Santé du pis du troupeau (12 derniers contrôles laitiers) Les causes liées à l’animal et leur prévention Etant donné que les infections remontent généralement le long du canal du trayon, les défenses immunitaires locales, à l’intérieur du canal, sont primordiales. A ce propos, l’ouverture du canal (facilité de traite!) constitue un risque. Les défenses immunitaires du pis, qui se reflètent dans le nombre de cellules somatiques du lait, sont également importantes. On se demande actuellement si, à long terme, une sélection vers un faible nombre de cellules somatiques ne pourrait pas avoir une influence négative. Très probablement, on viendra à définir, ses démontrent de plus en plus distinctement dans quelle mesure un sous-approvisionnement en énergie, un sur-approvisionnement en protéine (valeurs élevées pour l’urée) ou une suracidification de la panse peuvent nuire à la santé de la mamelle. Très souvent, la muqueuse du canal du trayon peut être endommagée par des erreurs de traite (voir partie II dans le prochain TORO). La barrière naturelle contre les agents pathogènes est ainsi détériorée et ces derniers peuvent plus facilement pénétrer dans le pis. Mais les blessures au niveau de la peau de la mamelle peuvent pas de filtre moyenne d’exploitation: 7587 Répartition du troupeau dans les différentes catégories de santé du pis en % Filtre: Août Sept. Oct. Nov. Déc. Jan. moins de 150'000 150'000–350'000 Mars Avril Mai Juil. plus de 350'000 L’analyse mensuelle du nombre de cellules somatiques est illustrée par des graphiques et tableaux explicites fournis par des solutions Internet tels que bovinet. 27 CONSEIL / PLATE-FORME 09 / 04 consistance des sécrétions. Le contrôle du pis et des trayons lors de l’amouillage fournit aussi des indications concernant un éventuel début de mammite. L’agent pathogène et la prophylaxie Les agents pathogènes qui provoquent des mammites sont répartis en deux groupes. Les germes «associés à la vache» sont liés au pis et sont transmis d’animal à animal. Dans cette catégorie, on trouve avant tout les staphylocoques (Staph. aureus et autres staphylocoques) ainsi que les Streptococcus agalactiae. Ces germes sont hautement contagieux et occasionnent actuellement d’importantes pertes. C’est pourquoi il faut impérativement éviter la transmission d’une vache à l’autre. Les mesures d’hygiène sont primordiales: le trayeur doit se laver les mains; le pis et la machine à traire doivent également être nettoyés soigneusement. Il convient par ailleurs de commencer la traite par les animaux sains et de s’occuper des vaches douteuses à la fin. Après la traite, le trempage dans un produit désinfectant autorisé donne de bons résultats. Dans les cas problématiques, une thérapie aux antibiotiques est indiquée. Les germes «associés à l’environnement», qui peuvent également occasionner une infection, sont présents un peu partout. Dans cette catégorie, on trouve les autres streptocoques et les bactéries E. coli. Ceux-ci sont le plus aisément combattus par des mesures d’hygiène dans l’étable et la salle de traite. Par ailleurs, étant donné que le canal du trayon reste ouvert (et par conséquent très perméable aux germes présents dans la litière) pendant une vingtaine de minutes après la traite encore, il faudrait éviter que les vaches se couchent directement après la traite. Il convient en outre aussi de garantir la propreté des aires de repos. Il faut à ce propos également penser à nettoyer sous les tapis en caoutchouc où les germes associés à l’environnement se multiplient volontiers. Contrôles Un contrôle bactériologique permet de reconnaître la majorité des germes mais pas tous. Lors de la prise d’échantillons, il faut faire attention à ce que les germes de l’air (poussière) ou ceux de la peau du pis (souillures) n’arrivent pas dans l’échantillon de lait. Par ailleurs, si un germe critique est détecté, un test de résistance est indiqué. Il est également important d’éviter, lors de l’achat de vaches, que les germes spécifiques (en particulier Staph. aureus) ne soient pas importés sur l’exploitation. C’est pourquoi un examen approfondi lors de l’achat est conseillé: outre la palpation de la mamelle, le contrôle du nombre de cellules des deux der- Puisque les germes peuvent être transmis par contact lors du nettoyage des trayons et du pis, il convient de changer le matériel de nettoyage (papier, fibre de bois, chiffons...) après chaque animal. nières années ainsi qu’un test de Schalm, effectué chez le vendeur, sont indiqués. Un échantillon de lait peut éventuellement être congelé, pour une analyse ultérieure. Résistances Les bactéries peuvent développer des résistances aux antibiotiques usuels. Ces problèmes se rencontrent actuellement surtout dans la lutte contre les staphylocoques dorés et autres staphylocoques. Environ la moitié des staphylocoques sont résistants contre un ou plusieurs types d’antibiotiques, ce qui rend difficile le traitement de ces infectionslà. Des difficultés supplémentaires se présentent pour Staph. aureus, car cette bactérie a la faculté de s’encapsuler dans les cellules mammaires et l’antibiotique ne peut les atteindre. Lors d’une infection chronique avec Staph. aureus, l’abattage est la seule solution. Les streptocoques et les différentes souches de E. coli sont plus sensibles. Seules environ 20% des infections sont occasionnées par des germes résistants. Méthode et technique de traite Vous trouverez des conseils sur le contrôle et l’amélioration de la technique de traite dans le prochain TORO. Conseils pour la pratique • Un examen approfondi lors de l’achat permet d’éviter d’importer des germes dangereux (Staph. aureus) sur l’exploitation. • Il convient de surveiller constamment la santé du pis (cellules somatiques, test de Schalm, échantillon en début de traite, bonne préparation à la traite). • Les antibiotiques ne sont pas des solutions à long terme pour les problèmes de pis à répétition. • En cas de fréquents troubles de la santé du pis, il faut analyser les différentes causes possibles.