Une bonne santé du pis est précieuse

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Une bonne santé du pis est précieuse
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CONSEIL
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Une bonne santé du pis est précieuse
Le facteur le plus coûteux qui s’ensuit d’une affection de la mamelle, n’est ni le vétérinaire, ni le prix des médicaments ni le lait qui ne peut être livré après le traitement, mais
la diminution de la production laitière inhérente aux lésions des glandes mammaires.
fhu. Outre les problèmes de fécondité, les maladies du pis constituent les plus fréquents troubles des troupeaux bovins. Une
vache souffrant de mammite
aiguë ou chronique coûte cher.
La principale perte est le manque
à gagner causé par la diminution
de la production laitière, sur
toute la durée de la lactation,
suite aux lésions du pis. C’est
pourquoi il s’agit d’éviter les affections de la mamelle à tout
prix.
Les causes peuvent être réparties
en trois groupes: les causes qui
sont dues à l’animal, celles qui
sont dues à un agent pathogène
et celles qui sont dues à la gestion
(technique et méthode de traite).
avec
le temps, un domaine optimal,
plutôt que de viser un nombre
de cellules somatiques aussi bas
que possible. Lorsque le métabolisme est perturbé en raison
d’erreurs d’affouragement, les
défenses corporelles propres diminuent et les infections sont
plus probables. De nombreux
troubles du métabolisme, en
particulier l’acétonémie (cétose)
endommagent le foie, ce qui
freine la formation d’anticorps.
Un approvisionnement en énergie adapté à la performance avec
suffisamment de vitamine A et E
(accompagné de sélénium) permet de soutenir les défenses immunitaires. De nouvelles analy-
Le test de Schalm permet d’examiner rapidement et simplement l’état de
santé de la mamelle.
également favoriser les infections. Une cause possible est la
sciure qui, lorsqu’elle est utilisée
comme litière, peut avoir un effet
similaire sur la peau que le papier de verre.
Contrôles sur l’animal
Il existe différentes techniques
de surveillance de la santé du pis:
une analyse précise du nombre
de cellules somatiques lors des
contrôles laitiers mensuels met
en évidence les problèmes tant
au niveau du troupeau qu’au
niveau individuel. Les solutions
Internet, tel bovinet, illustrent
les analyses au moyen de graphiques explicites. Le test de
Schalm, s’il est effectué régulièrement, et la prise d’échantillon
de lait en début de traite permettent de détecter rapidement
les changements au niveau de la
Santé du pis du troupeau (12 derniers contrôles laitiers)
Les causes liées à l’animal et
leur prévention
Etant donné que les infections remontent généralement le long
du canal du trayon, les défenses
immunitaires locales, à l’intérieur du canal, sont primordiales.
A ce propos, l’ouverture du canal
(facilité de traite!) constitue un
risque. Les défenses immunitaires du pis, qui se reflètent dans le
nombre de cellules somatiques
du lait, sont également importantes. On se demande actuellement
si, à long terme, une sélection
vers un faible nombre de cellules
somatiques ne pourrait pas avoir
une influence négative. Très probablement, on viendra à définir,
ses démontrent de plus en plus
distinctement dans quelle mesure un sous-approvisionnement
en énergie, un sur-approvisionnement en protéine (valeurs
élevées pour l’urée) ou une suracidification de la panse peuvent
nuire à la santé de la mamelle.
Très souvent, la muqueuse du
canal du trayon peut être endommagée par des erreurs de
traite (voir partie II dans le prochain TORO). La barrière naturelle contre les agents pathogènes est ainsi détériorée et ces
derniers peuvent plus facilement
pénétrer dans le pis.
Mais les blessures au niveau de
la peau de la mamelle peuvent
pas de filtre
moyenne d’exploitation: 7587
Répartition du troupeau dans les différentes
catégories de santé du pis en %
Filtre:
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
Jan.
moins de 150'000
150'000–350'000
Mars
Avril
Mai
Juil.
plus de 350'000
L’analyse mensuelle du nombre de cellules somatiques est illustrée par des
graphiques et tableaux explicites fournis par des solutions Internet tels que
bovinet.
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CONSEIL / PLATE-FORME
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consistance des sécrétions. Le contrôle du pis
et des trayons lors de l’amouillage fournit
aussi des indications concernant un éventuel
début de mammite.
L’agent pathogène et la prophylaxie
Les agents pathogènes qui provoquent des
mammites sont répartis en deux groupes.
Les germes «associés à la vache» sont liés au
pis et sont transmis d’animal à animal. Dans
cette catégorie, on trouve avant tout les staphylocoques (Staph. aureus et autres staphylocoques) ainsi que les Streptococcus agalactiae. Ces germes sont hautement contagieux
et occasionnent actuellement d’importantes
pertes. C’est pourquoi il faut impérativement
éviter la transmission d’une vache à l’autre.
Les mesures d’hygiène sont primordiales: le
trayeur doit se laver les mains; le pis et la
machine à traire doivent également être nettoyés soigneusement. Il convient par ailleurs
de commencer la traite par les animaux sains
et de s’occuper des vaches douteuses à la fin.
Après la traite, le trempage dans un produit
désinfectant autorisé donne de bons résultats. Dans les cas problématiques, une thérapie aux antibiotiques est indiquée.
Les germes «associés à l’environnement»,
qui peuvent également occasionner une infection, sont présents un peu partout. Dans
cette catégorie, on trouve les autres streptocoques et les bactéries E. coli. Ceux-ci sont
le plus aisément combattus par des mesures d’hygiène dans l’étable et la salle de
traite.
Par ailleurs, étant donné que le canal du
trayon reste ouvert (et par conséquent très
perméable aux germes présents dans la litière) pendant une vingtaine de minutes
après la traite encore, il faudrait éviter que
les vaches se couchent directement après la
traite. Il convient en outre aussi de garantir
la propreté des aires de repos. Il faut à ce
propos également penser à nettoyer sous les
tapis en caoutchouc où les germes associés à
l’environnement se multiplient volontiers.
Contrôles
Un contrôle bactériologique permet de reconnaître la majorité des germes mais pas
tous. Lors de la prise d’échantillons, il faut
faire attention à ce que les germes de l’air
(poussière) ou ceux de la peau du pis (souillures) n’arrivent pas dans l’échantillon de lait.
Par ailleurs, si un germe critique est détecté,
un test de résistance est indiqué.
Il est également important d’éviter, lors de l’achat de vaches, que les germes spécifiques (en
particulier Staph. aureus) ne soient pas importés sur l’exploitation. C’est pourquoi un
examen approfondi lors de l’achat est
conseillé: outre la palpation de la mamelle, le
contrôle du nombre de cellules des deux der-
Puisque les germes peuvent être transmis par
contact lors du nettoyage des trayons et du pis,
il convient de changer le matériel de nettoyage
(papier, fibre de bois, chiffons...) après chaque
animal.
nières années ainsi qu’un test de Schalm,
effectué chez le vendeur, sont indiqués. Un
échantillon de lait peut éventuellement être
congelé, pour une analyse ultérieure.
Résistances
Les bactéries peuvent développer des résistances aux antibiotiques usuels. Ces problèmes se rencontrent actuellement surtout
dans la lutte contre les staphylocoques dorés
et autres staphylocoques. Environ la moitié
des staphylocoques sont résistants contre un
ou plusieurs types d’antibiotiques, ce qui
rend difficile le traitement de ces infectionslà. Des difficultés supplémentaires se présentent pour Staph. aureus, car cette bactérie
a la faculté de s’encapsuler dans les cellules
mammaires et l’antibiotique ne peut les atteindre. Lors d’une infection chronique avec
Staph. aureus, l’abattage est la seule solution.
Les streptocoques et les différentes souches
de E. coli sont plus sensibles. Seules environ
20% des infections sont occasionnées par des
germes résistants.
Méthode et technique de traite
Vous trouverez des conseils sur le contrôle
et l’amélioration de la technique de traite dans
le prochain TORO.
Conseils pour la pratique
• Un examen approfondi lors de l’achat permet d’éviter d’importer des germes dangereux
(Staph. aureus) sur l’exploitation.
• Il convient de surveiller constamment la santé du pis (cellules somatiques, test de
Schalm, échantillon en début de traite, bonne préparation à la traite).
• Les antibiotiques ne sont pas des solutions à long terme pour les problèmes de pis
à répétition.
• En cas de fréquents troubles de la santé du pis, il faut analyser les différentes causes
possibles.

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