Texte de l`hommage rendu par M. Georges Delabroy, maire de Saint
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Texte de l`hommage rendu par M. Georges Delabroy, maire de Saint
HOMMAGE A RENEE HURTAU Chers Pierre et Marie-Claude, chère famille en deuil, et vous, Monsieur le Député, Monsieur le Vice-Président du Conseil Général, Madame la Conseillère Générale, qui représentez tous deux le Président Madrelle, vous Mesdames et Messieurs les Vice-Présidents représentant le Président de la CALI Philippe Buisson, Mesdames et Messieurs les maires et les élus venus des quatre coins de notre communauté d’agglomération et singulièrement du canton de Coutras, Mesdames et Messieurs chers tous, amis de notre ancienne maire, ici rassemblés auprès de Renée, en ce dernier jour du mois de février 2015, pour lui rendre collectivement un ultime hommage, je vous demande indulgence si je commets quelque impair protocolaire ou si mon discours se révèle pour certains un peu trop succinct. Mais je sais que Renée Hurtau ne se souciait guère des questions de protocole ; je sais aussi que sa modestie se serait mal accommodée de longs discours à son propos. Ce qu’elle appréciait pardessus tout, c’était la sobriété et la simplicité. Elle aurait pu pleinement reprendre à son compte ces mots du poète Paul Eluard : « Ce sont les choses les plus simples qui donnent à l’existence tout son sens… Il nous faut peu de mots pour exprimer l’essentiel. » Si vous le voulez bien, à mon tour je vais donc m’y essayer et tâcher en peu de mots d’exprimer l’essentiel. Mesdames, messieurs, chers amis, oui notre village est en deuil. Nos drapeaux ont été mis en berne mardi matin, dès que la famille nous a fait part de la disparition de celle qui fut à la tête de notre commune pendant 19 ans, en continu, trois mandats d’élue, un sacré challenge, 19 ans au service officiel de Saint-Christophe-deDouble, mais plus que cela encore, en fait toute une vie consacrée à sa commune de naissance, puisque née à Pinceguère le 16 juin 1936 elle vient seulement voici une heure de quitter son domicile de Pinceguère pour son dernier voyage. Toute une vie d’engagement dans la proximité, symboliquement résumée de Pinceguère à Pinceguère ! Aussi, vous le comprendrez, en ce jour de deuil j’ai le sentiment profond de ne pas m’exprimer seulement en mon nom propre, mais véritablement de parler au nom de tous les citoyens de notre commune et des environs, en celui des anciens élus, des nouveaux élus qui m’entourent depuis mars dernier, du personnel municipal aussi, tous confondus, et en tout premier lieu de notre secrétaire de mairie, Martine Lecouleux, avec qui Renée a partagé pendant ces 19 années le même bureau, quasiment au quotidien, sans le moindre accès d’humeur, toujours en parfaite entente et je dirais même en parfaite complicité. Complicité, complicité de bon aloi est-il besoin de le préciser, c’est le mot qui me vient à l’esprit quand je passe en revue les moments où, en tête à tête, nous évoquions le passé de la commune, ces permanences où l’on reçoit les confidences, où l’on touche du doigt les souffrances de nos concitoyens, plus généralement la difficulté d’être maire, et autant que possible un bon maire, devant les sujets qui fâchent, la lourdeur et la complexité des dossiers à monter, le plaisir aussi d’être maire, il faut le dire, quand les dossiers aboutissent enfin. Complicité qu’elle savait tisser également au-delà du cercle municipal, dans ses relations avec les maires des communes proches. Je revois encore, à l’annonce du décès de Renée, la tristesse terrible dans les yeux de Jacques Mesplède, mon collègue des Peintures ou de David Redon, maire de Porchères, apparenté lui-même à la famille Hurtau, je revois les pleurs mal contenus dans les yeux de Michel Vacher, mon collègue du Fieu qu’elle nommait affectueusement « son voisin ». C’est en compagnie de Michel précisément que voici quelques semaines à peine j’ai rendu ma dernière visite à la grande dame de Pinceguère ; c’est depuis cette visite que j’ai décidé dans une belle continuité d’amitié de t’appeler à mon tour, cher Michel, « mon voisin ». Et voilà, ils sont tous là aujourd’hui les Michel, les David, les Jacques, à mes côtés, à nos côtés, à partager notre peine collective, à pleurer une femme de caractère qui savait faire preuve d’autorité, mais savait rester toujours discrète et humble, une femme de conviction aussi et d’engagement qui lui valait d’être appréciée de tous. Son parcours montre bien qu’elle avait su faire son miel du savoir et de la culture, car avant d’être maire elle fut enseignante, je dirais même qu’elle fut enseignante avant tout. On peut la suivre tout au long de sa carrière, depuis ses débuts de jeune institutrice stagiaire à l’Ecole Normale de Bordeaux-Caudéran dans les années 57-58 jusqu’à sa retraite en juillet 93, après 7 années passées à l’école de Monfourat et près de 30 à celle des Eglisottes. Belle stabilité dans les communes riveraines. Mais rien, me direz-vous, dans sa propre commune ? Elle avait coutume de s’en expliquer en s’abritant derrière le dicton « Nul n’est prophète en son pays ! » Il est possible en effet que nul ne soit prophète en son pays, mais aujourd’hui je vous sais en nombre dans cette assistance, Mesdames et Messieurs, vous qui un demi-siècle en amont avez été ses jeunes élèves, vous qui gardez le souvenir pieux de « Mademoiselle Hurtau », votre « maîtresse » d’école, et me parlez toujours d’elle avec une émotion particulière et un infini respect, n’est-ce pas Jean-Luc, n’est-ce pas Alain, pour ne citer que vous, et vous vous reconnaîtrez assurément. Les Palmes Académiques que j’avais sollicitées pour elle dès l’été dernier arriveront trop tard. Cette distinction qu’elle méritait amplement et qui, je le sais, lui aurait fait tant plaisir ne lui sera délivrée, hélas, qu’à titre posthume. A titre personnel, enseignant de formation moi-même, je suis particulièrement sensible à cet aspect de la carrière de Renée, comme vous l’êtes sans nul doute vous-même, Monsieur le Député, et vous aussi Monsieur le Vice-Président du Conseil Général, cher Alain Marois, qui partagez pleinement tous deux ce parcours de fidélité à des valeurs fortes, cette exigence d’ouverture toujours plus large à une démocratie vivante, confiante envers la capacité de notre pays. Il était dans la logique des choses qu’après avoir gravi marche après marche l’escalier du savoir, Renée finisse par consacrer sa retraite à l’action municipale. Fidèle à elle-même, elle a fait montre dans ses mandats de maire d’une parfaite intégrité qui lui a valu respect et crédibilité. Dans ses 19 années d’exercice à la tête de la commune, elle a été constamment attentive à défendre les intérêts de Saint-Christophe-de-Double et de ses concitoyens, dans un esprit de solidarité et de justice. Elle aura illustré à merveille cette génération d’élus particulièrement municipaux préparés à qui, bien que des fonctions n'ayant d'une pas été complexité croissante, ont su néanmoins administrer efficacement leur commune au cours d’une période marquée par de profondes évolutions. Femme du terroir, empreinte d’un bon sens à toute épreuve et d’une rigoureuse conscience des responsabilités, à mon sens les marques nobles de la ruralité, elle nous laissera le souvenir d’une modestie vraie et d’un esprit de tolérance rare. Même la cruelle maladie qui l’a emportée n’aura pas réussi, et jusqu’au dernier moment, à altérer sa gentillesse naturelle. Lors de la cérémonie des vœux début janvier, j’avais fait mention de la pointe malicieuse et porteuse d’encouragement à mon égard que, l’œil vif, elle m’avait lancée : « Je vous ai laissé un peu de travail ! » Du travail elle en avait fait pourtant, avec le souci qu’elle avait notamment de veiller à l’embellissement du bourg, de donner une orientation touristique à notre commune. Avec l’aide de l’ensemble de l’équipe municipale, et, au-delà, avec l’aide de l’ensemble de nos concitoyens, je veillerai à m’inscrire dans la continuité de son action et à placer au premier plan de nos préoccupations ce double chantier, à titre d’héritage en quelque sorte. J’arrive à présent au terme de ce discours auquel j’associe et auquel s’associent mes adjoints et conseillers, les personnels municipaux, les bénévoles, les représentants des associations. Que Renée Hurtau soit ici remerciée pour tous les services qu’elle a rendus, pour tous les soins qu’elle a pris à préparer l'avenir de sa commune, de notre commune. Même si dans de telles circonstances les mots n’ont guère d’importance, car l’essentiel se trouve ailleurs, dans l’émotion collective, que ses proches sachent combien la disparition de Renée attriste tous ceux qui l’ont connue et combien leur peine est partagée. Car avec sa disparition, c’est une page de l’histoire de notre communauté qui se tourne, à jamais. Pour ma part, je suis fier d’avoir connu une telle femme, fier aussi non pas de la remplacer, mais de lui succéder. L’assistance si nombreuse dans cette église et en dehors de cette église, les marques d’estime qui nous parviennent de la part de Monsieur le Sous-Préfet de Libourne Monsieur Eric de Wispelaere, qui est d’astreinte girondine pour ce week-end et m’a dit regretter de ne pouvoir se joindre à nous, de Madame Françoise Cartron, Première Vice-Présidente du Sénat, actuellement à l’étranger, de son collègue le Sénateur Gérard César, du Sénateur Président du Conseil Général, Monsieur Philippe Madrelle, ici représenté, cet ensemble de témoignages qui ne cessent de nous parvenir, tout ceci montre bien à quel point, sous une discrétion qui les voilait mal, les qualités profondes de Renée avaient été perçues de chacun. Oui, vous Pierre, son frère, et vous Marie-Claude, sa bellesœur, vous Philippe et Christine, les parents de ces deux adorables petites filles Apolline et Bérénice dont Renée parlait comme de ses « rayons de soleil », vous pouvez à juste titre vous sentir fiers de « Mademoiselle Renée Hurtau ». Considérez que nous tous rassemblés, ici physiquement ou à distance par la pensée, par ma voix nous vous présentons nos plus vives condoléances et nous nous associons à votre peine. Je vous emprunterai, si vous le permettez, chère Christine, le mot de la fin. Jadis en d’autres circonstances familiales, il vous est arrivé de dire : « Plus belle sera la fête, moins nous aurons de peine ». En cet instant, nous n’avons certes pas le cœur à la fête, mais du moins dirons-nous en pensant à Renée qui, comme on dit, avait la foi, et pour tenter d’estomper notre peine commune : « Ouvrons largement les portes de l’espérance ».