Pfetterhouse Émouvantes cérémonies trinationales au Km 0
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Pfetterhouse Émouvantes cérémonies trinationales au Km 0
Sundgau MARDI 22 JUILLET 2014 19 Les cavaliers ont fait sensation. Les fantassins des trois pays rassemblés devant la borne du Km 0. Pfetterhouse Émouvantes cérémonies trinationales au Km 0 La commémoration de la déclaration de la Grande Guerre et l’inauguration de la borne du Km 0, près de la ferme du Largin, ont drainé une foule d’invités, officiels et associations patriotiques représentant les trois pays en présence sur le site, la France, l’Allemagne et la Suisse, et les trois villages concernés : Pfetterhouse, Mooslargue et Bonfol. Les trois maires Jean-Rodolphe Frisch, pour Pfetterhouse, Pascal Sommerhalter, pour Mooslargue, et Fernand Gasser, pour Bonfol, les bénévoles de l’association binationale des Amis du Km 0, présidée par André Dubail, et le maître du protocole, le vétérinaire-colonel honoraire Michel Buecher, ont eu le plaisir d’accueillir dimanche, à Pfetterhouse, le sous-préfet Sébastien Cecchi, les sénateurs Jean-Marie Bockel, Patricia Schillinger et Catherine Troendlé, Philippe Richert et René Danesi, président et vice président de la Région Alsace, les conseillers généraux Rémy Witt et Dominique Dirrig, les maires des environs dont François Cohendet, président de l’office du tourisme, partie prenante de l’opération, les associations patriotiques et leurs drapeaux. La Suisse était représentée par Charles Juillard, président de la République et Canton du Jura, le président du parlement en tenue folklorique, le colonel Hervé De Signature de la charte. Weck, une dizaine de fantassins à pied et une dizaine de cavaliershussards et leurs montures. L’Allemagne, pour sa part, était représentée par le consul général de Strasbourg, Hubertus Leege, et deux fantassins en tenue d’époque et casque à pointe. La messe commémorative a été célébrée par le curé Frédéric Martin en présence des 55 portedrapeaux et bannières, qui avaient pris place dans le chœur. Elle a été embellie par la chorale Sainte-Cécile et s’est terminée par le chant symbolique : Domine salvam fac Rempublicam et exaudi nos in die qua invocavérismuste (Seigneur sauve la République) et la prière pour la paix. La cérémonie s’est poursuivie au Largin où les invités ont été emmenés par navette. La pluie matinale de ce dimanche ayant cessé le temps de la cérémonie, les officiels ont été accueillis au son de la musique municipale, puis les représentants des trois pays ont prononcé leur discours avant de procéder à la signature de la charte trinationale et l’alliance de paix. Le Km 0 nous apprend combien la séparation est fine entre guerre et paix Philippe Richert a rappelé l’importance du Km 0. « Nous avions déjà en Alsace des hauts lieux chargés de mémoire comme le Hartmannswillerkopf. Le Km 0 est, quant à lui, un site particulier où, pendant quatre ans, trois armées se sont fait face, l’allemande, la française et la suisse chargée de veiller à la neutralité de la Confédération. Le Km 0 n’est ni Verdun, ni Douaumont, ni les Dardanelles, ni le Chemin des Dames, mais il nous apprend combien la séparation est fine entre guerre et paix. Ici, pen- Cinquante-cinq porte-drapeaux dans le chœur de l’église. dant quatre ans, elle n’était séparée que par cette frontière fragile, conventionnelle, imaginaire, tracée par les hommes dans le paysage. Aucune frontière n’est naturelle, elle est arbitraire et toujours humaine. » Charles Juillard a développé ses arguments en faveur de la position pacifique de la Suisse en Europe. « Notre canton n’existait pas à cette époque meurtrière puisqu’il ne date que de trente ans. Aujourd’hui, la mémoire collective nous incite à préserver la paix au détriment de la folie guerrière et meurtrière. Et de se poser la question : Mais est-ce vraiment d’un autre temps ? » Tous deux historiens, André Dubail, pour le côté français, et le colonel De Weck, pour le côté suisse, ont retracé les épopées des deux armées avec la visite notamment de Clemenceau sur le front. Aujourd’hui, la mémoire collective nous incite à préserver la paix au détriment de la folie guerrière Le consul allemand a évoqué, en français, les vertus de la paix retrouvée et les bienfaits de l’enten- Les trois historiens, Michel Buecher, Hervé De Weck et André Dubail. Photos C.H. te franco-allemande. Le souspréfet a abondé dans le même sens, déclarant : « Le Comité français de célébration du centenaire ne s’est pas trompé en attribuant et en labellisant les cérémonies de commémoration et d’inauguration de la borne du Km 0. » Revenus au monument aux morts au centre du village pour le troisième volet de la commémoration, les participants ont rendu hommage aux 20 millions de morts, toutes nationalités confondues, de la Grande Guerre. Le colonel Michel Buecher et Alain Biegel ont récité le poème J’avais un camarade, la chorale a chanté la Marseillaise, les autorités ont déposé deux gerbes et le maire Jean-Rodolphe Frisch, au nom des trois communes, a salué ce moment historique, évoquant le devoir de mémoire pour que de tels conflits ne se reproduisent plus. Le verre de l’amitié offert par les trois communes a rassemblé les protagonistes de cette longue et remarquable matinée de commémoration sous l’auvent de la salle des fêtes. Tout l’après-midi, les fantassins de Noël Bardot ont bivouaqué et les amis du Km 0 ont fait visiter le sentier commémoratif aux nombreux visiteurs. Clément Heinis