Dis à ma fille que je pars en voyage

Transcription

Dis à ma fille que je pars en voyage
DOSSIER PEDAGOGIQUE
Dis à ma fille que je pars en voyage
Denise Chalem
Distribution
Mise en scène : Denise Chalem
Avec
Denise Chalem (Caroline)
Christine Guerdon (les surveillantes de la prison)
Christine Murillo (Dominique)
Une production des Tournées du Théâtre de l’œuvre G. M. Spectacles
Dates : du 24 octobre au 12 novembre 2006
Lieu : Théâtre Jean Vilar
Durée du spectacle : 1 h 50 sans entracte
Réservations : 0800/25 325
Contact écoles:
Adrienne Gérard
0473/936.976 – 010/47.07.11 – [email protected]
I. Denise Chalem, auteur, metteur en scène et comédienne
Née en 1952 au Caire, émigrée en France et éduquée loin de ses parents dans une
pension, Denise Chalem s’est vue formée comme comédienne à Censier par Jacques
Lassalle, puis à Reims par Robert Hossein, pour enfin aboutir au Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique de Paris dans la classe d’Antoine Vitez.
A partir de là, elle enfile les multiples casquettes de comédienne, auteur, metteur en
scène et réalisatrice.
Comédienne, elle a travaillé notamment sous la direction de Jacques Rosner, Gabriel
Garran, Jean-Pierre Vincent (Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Molière du meilleur
spectacle 1988, rôle : la Comtesse), Bernard Murat (La Double Inconstance de Marivaux.
Nomination pour le rôle de Flaminia aux Molières) ou encore de Marcel Bluwal (Conversation
avec mon père d’H. Gardner. Nomination pour le rôle de Gusta, Molières 2002).
Parallèlement, elle mène avec succès une carrière d’auteur et de metteur en scène.
Début des années ‘80, elle écrit sa première pièce de théâtre A cinquante ans, elle
découvrait la mer (prix des Nouveaux Talents S.A.C.D.), mise en scène par Gabriel Garran
au Petit Odéon et traduite et jouée dans de nombreuses langues, dans plus d’une dizaine de
pays. Elle crée sa seconde pièce en 1986 Selon toute ressemblance qu’elle met en scène et
interprète. La même année, elle reçoit le prix de la Fondation de la Vocation pour La Nuit de
Cristal et écrit Couki et Louki sont sur un bateau.
Mais Denise Chalem ne s’arrête pas là. En plus du théâtre, elle est présente aussi
bien à la télévision avec Les sept jours du marié et Nés de la Mère du Monde (son premier
long métrage de fiction en tant que réalisatrice) ; qu’au cinéma avec entre autres La Côte
d’amour de Charlotte Dubreuil et Camille Claudel de Bruno Nuytten
Denise Chalem a également reçu le prix Arletty pour l'ensemble de son œuvre
dramatique et a été professeur d’art dramatique à l'E.N.S.A.T.T.
En novembre 2004, elle crée son nouveau spectacle Dis à ma fille que je pars en
voyage au Théâtre du Rond-Point à Paris. Il sera repris en avril 2005 au Théâtre de
l’Oeuvre. A la création, Elisabeth Vitali tient le rôle de Caroline, mais la comédienne étant
retenue sur un autre projet, c’est Denise Chalem elle-même qui reprendra le rôle. Le
spectacle obtient en 2005 le Molière du meilleur spectacle de création française et le Molière
de la meilleure comédienne pour Christine Murillo.
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Le mot de Denise Chalem
Deux femmes, Dominique et Caroline partagent la même cellule. Deux femmes qui
ne se seraient jamais rencontrées autrement. Leurs rapports passeront de l’indifférence à la
violence pour finir par une amitié profonde. Pas une amitié démonstrative mais une amitié
faite de pudeur et de non-dits. Dans ce genre de lieu, on ne se laisse pas facilement aller, ni
à parler de soi, ni à évoquer ce qu’on peut ressentir envers l’autre.
C’est pourquoi des pans entiers de la pièce se raconteront à travers le langage des
corps. Il faut raconter le corps soumis, ses secrets, ses manies, ses obsessions. L’écriture
sur la gestuelle sera donc aussi importante que celle des dialogues.
Paradoxalement, tout cela n’exclut pas l’humour. L’humour derrière lequel elles se
cachent pour survivre et pour supporter l’absurdité de certaines règles.
Dans l’univers carcéral, le temps est un personnage important. Comment le tuer ?
Comment aussi donner l’idée de l’extérieur ? Du froid ? De la chaleur ? Des saisons et de la
vie qui passe ?
Seule ouverture : une fenêtre qui laisse entrevoir un coin de ciel. C’est à travers cette
fenêtre qu’il faudra traiter l’éclairage, passer de la lumière électrique de la journée à des
nuits qui n’en finissent pas.
En prison, le silence n’existe pas. C’est pourquoi la partie sonore est un personnage
à part entière. Des coups donnés contre un mur, des cris étouffés, des chants, des bruits de
pas, de portes, de chariots, de clefs… Tout cela doit aider à comprendre que si elles sont
deux en cellule, un monde grouille autour d’elles et vit. Il n’est pas question d’enfermer la
pièce dans un cadre trop intimiste.
Avec ce lieu qui a ses lois, pour ne pas dire ses rites, j’ai envie de raconter la vie de
ces deux femmes qui ressemblent à des milliers d’autres, de m’arrêter un moment avec
elles, de partager leur courage quotidiennement mis à l’épreuve.
Denise Chalem
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II. La pièce
Deux femmes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Une cellule de prison et deux
intimités confrontées à quelques mètres carrés… Leurs seules ouvertures sur le monde :
une fenêtre à travers laquelle elles entrevoient un coin de ciel et des avions, et les intrusions
des surveillantes. Face à nous, la promiscuité qui dévoile sans ménagement les jardins
secrets de ces femmes, pas toujours fleuris ; le premier temps de l’indifférence, de
l’apprivoisement, puis petit à petit la naissance d’une amitié. Un huis clos à la fois réaliste et
cocasse.
Lorsque Caroline arrive en prison, Dominique y a déjà passé sept ans et prétend « se
plaire en taule ». Pas question donc que qui que ce soit vienne la perturber ou changer ses
habitudes. Ces deux femmes n’ont apparemment rien en commun ; les raisons de leur
emprisonnement, le milieu social dont elles sont issues, tout les sépare. Dominique a les
manières rudes d’une mère de famille dont l’existence a toujours été pénible. Elle purge ses
douze années de taule pour avoir tué son mari alors qu’il violait leur fille. Grande gueule,
gouaille et physique de camionneuse, colères explosives et spontanéité de midinette, c’est
l’exact opposé de Caroline. Cette jolie bourgeoise montée sur talons aiguilles a de
l’éducation et de l’instruction ; elle est en prison pour avoir falsifié des comptes par amour
pour son patron.
La prison les réunira, pour le meilleur, et souvent pour le pire. C’est là qu’elles
s’apercevront qu’entre quatre murs, les barrières sociales n’ont plus de raison d’être. Dans
un décor où rien ne manque – ni la cuvette sale, ni la télé qui braille, ni les bruits d’eau, ni les
cliquetis de verrous –, les deux femmes devront apprendre à vivre ensemble. Sous l’œil
terrible et sadique de la matonne, elles seront à égalité pour se taire et trimer. Ce contexte
empreint de violence pure les mènera petit à petit à s’épauler, donnant envers et contre tout
une humanité à cet univers carcéral sordide et impitoyable, où harcèlement et mépris sont
monnaie courante.
C’est au hasard d’un tournage que Denise Chalem rencontre un technicien qui
cachait chez lui un ami responsable d’un meurtre. Résultat, le technicien a pris vingt ans de
prison alors que le jeune garçon a été rapidement libéré. Pour l’auteur, cette histoire a été
l’objet d’un véritable détonateur, la raison qui l’a poussée à écrire sur l’univers carcéral. Elle
s’est alors gavée de documentaires et de livres sur cette vie de réclusion, et ce, afin que
personne ne puisse lui faire remarquer que ses mots n’étaient pas crédibles :
« Je craignais surtout que, sur un sujet pareil, on ne me dise : " Non, ça ce n’est pas
crédible. Ce que vous écrivez n’a pas pu arriver. " Je me suis documentée… Saviez-vous
qu’il existe autant de règlements intérieurs que de prisons ? Qu’un ticket de cantine coûte
une fortune ? Que certaines prisonnières se sentent si meurtries dans leur corps qu’elles
n’ont plus de règles ? Que lorsque vous êtes incarcérée mais encore considérée comme
innocente, vous n’avez aucun droit – ni lettre, ni téléphone, ni visite – alors que, lorsque
votre culpabilité est établie, tout va bien ? C’est pour cela que j’ai voulu que Dominique
cumule sept ans de taule. Sur scène, ça me donnait le droit de la montrer en train de vivre
des choses. »
(Denise Chalem - Le Journal du Dimanche,
17/04/2005)
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C’est donc au moyen de son texte fort, direct et crédible que Denise Chalem nous
plonge au cœur de cette violence carcérale, nous confrontant ainsi à la question des droits
fondamentaux lorsque la dignité humaine est en jeu.
III. Les comédiennes
Christine Murillo, Dominique
Sociétaire de la Comédie Française jusqu'en 1988, Christine Murillo a joué dans de
nombreuses pièces de théâtre. Elle a travaillé notamment sous la direction de Jean-Paul
Roussillon, Jean-Luc Boutté, Jacques Weber, Laurent Pelly et Jean-Pierre Vincent.
Elle s’est vue récompensée pour son rôle de Macha dans La Mouette d’Anton Techkov en
recevant en 1989 le Molière du Second Rôle et en 1991 le prix Arletty (prix qui n’existe plus
aujourd’hui). En 2005, elle reçut un deuxième Molière mais cette fois-ci pour la meilleure
comédienne pour son rôle de Dominique dans Dis à ma fille que je pars en voyage.
Au cinéma, elle a joué entre autres dans Rosine, aux côtés de Mathilde Seigner,
dans La vie de Marianne de Benoît Jacquot, avec Melvil Poupaud et Virginie Ledoyen et a
tourné également pour Coline Serreau, Gérard Oury et Ariane Mnouchkine.
Comme pour le théâtre, elle fut aussi très régulièrement récompensée pour ses rôles au
cinéma. Elle obtint le prix d'interprétation au Festival du court-métrage de Brest 1992 pour
son rôle dans Reste de Marie Vermillard, et le Lutin 2001 du court-métrage pour son rôle
dans La Pomme, la figue et l'amande de Joëlle Brisse.
Enfin, en collaboration avec Grégoire Oestermann et Jean-Claude Leguay, elle a écrit
un dictionnaire des tracas, Le Baleinié, paru en novembre 2003.
Christine Guerdon, les surveillantes
Après sa formation à l’Ecole Nationale Supérieure de la Rue Blanche et au
Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris dans la classe de Jean-Paul Roussillon,
Christine Guerdon intégra la Compagnie Renaud-Barrault de 1975 à 1987 où elle joua, entre
autres, dans Harold et Maud, Madame de Sade, Equus, Christophe Colomb, Rhinocéros, Le
Soulier de Satin, Zadig, Antigone…
Puis, elle travailla notamment sous la direction de Philippe Le Mercier dans Carnaval
des animaux et autres, de Régis Santon dans Mort d’un commis voyageur, de Gilles Guillot
dans L’éventail et dans Au bord du lit, de Denis Llorca dans Les Misérables, et de bien
d’autres encore.
Comme ses deux comparses, Christine Guerdon est également présente au cinéma
et à la télévision. Sur grand écran, nous avons pu la voir dans La Dame des Folies Bergères
de Denis Llorca, dans Les Trottoirs de Saturne de Hugo Santiago, dans L’Indic de Serge
Leroy ainsi que dans Le Chaud Lapin de Pascal Thomas. Quant au petit écran, elle apparaît
dans Caméra Café, Tribunal, Confulences et L’Homme au képi noir.
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