Radiologie interventionnelle Enjeux et responsabilités

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Radiologie interventionnelle Enjeux et responsabilités
Radiologie interventionnelle
Enjeux et responsabilités
Témoignage d’un chef d’établissement
Dr Bernard LECLERCQ
Directeur général, Centre Oscar LAMBRET
Séminaire ASN/Conseil Régional de l'Ordre des médecins/SFR, Lille 18 septembre 2014
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Avertissement
• Il serait présomptueux pour un chef d’établissement d’affirmer qu’il a
trouvé la recette miracle du management idéal de la qualité et des
risques.
• Il serait certainement encore plus risqué, pour lui, d’affirmer disposer
d’une organisation modèle de la radioprotection dans son hôpital.
• Cette présentation est le témoignage d’un directeur de Centre de lutte
contre le cancer, c’est-à-dire d’un établissement particulièrement
concerné par la radioprotection en général et la radioprotection en
radiologie interventionnelle en particulier, qui n’a pu constater, - avec
l’ASN -, d’éléments tangibles d’amélioration de la radioprotection dans son
établissement…
• …qu’au prix d’une implication significative et coordonnée de son équipe
de direction avec l’ensemble de l’encadrement médical, infirmier,
médicotechnique et administratif pour soutenir le travail des PCR.
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des médecins/SFR, Lille 18 septembre 2014
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Pour mémoire……
Le chef d’établissement est tenu de mettre à disposition des personnes
autorisées à utiliser les installations de rayonnement ionisants les moyens
nécessaires pour atteindre et maintenir un niveau optimal de radioprotection
de la population, dans le respect des prescriptions règlementaires qui lui sont
applicables. En outre, il met en œuvre un contrôle interne visant à assurer le
respect des mesures en matière de radioprotection (article R.1333-7 du code
de la santé publique).
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• En pratique, le chef d’établissement doit :
– Prendre toutes les mesure d’ordre technique et administratif, afin d’assurer la
prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles pouvant
être causées par les rayonnements ionisants sur le personnel
– Veiller à ce que les niveaux d’exposition professionnelle aux rayonnements
ionisants soient en deçà des limites définies par la réglementation
– Désigner une Personne Compétente en Radioprotection
– Déterminer une organisation de la physique médicale adaptée prenant en
compte les pratiques médicales mises en œuvre, le nombre de patients et les
contraintes découlant de techniques particulières.
• Il s’appuie sur la (les) PCR de son établissement et sur le médecin du
travail afin de traiter les aspects techniques de sa responsabilité
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• La radioprotection en radiologie interventionnelle constitue un sujet « de
choix » pour parler des difficultés rencontrées dans la mise en place d’une
radioprotection « irréprochable » dans un établissement de santé en
raison :
– De la méconnaissance de cette discipline en dehors d’un public averti,
– Du grand nombre de professionnels directement ou indirectement concernés et dont
la participation active est essentielle à la qualité du résultat produit en matière de
sécurité,
– De l’essor certain de la radiologie interventionnelle dans les années à venir et de la
multiplication inéluctable des situations nouvelle rencontrées,
– De la sous-estimation du risque d’irradiation pour le personnel en comparaison de
celui rencontré en radiothérapie, en curiethérapie ou en médecine nucléaire du fait
d’une représentation mentale très souvent erronée de la dangerosité pour le personnel
de pratiques mini ou pauci invasives pour le malade.
• Mais le chemin institutionnel à parcourir à partir du « prescrit théorique »
pour obtenir« un réalisé simplement correct » s’avère souvent long et
difficile……
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• Pourquoi ?
– Ce qui va de soi n’est pas forcément au rendez-vous à l’hôpital…
– La radioprotection n’est qu’un des nombreux chantiers de la sécurité
sanitaire…
– Le personnel « croule » sous d’innombrables tâches supplémentaires, souvent
simples, mais dont l’accumulation est à l’origine d’une charge de travail réelle
qui n’est que rarement prise en compte et intégrée dans l’organisation…
– Ces tâches ne sont pas valorisées et ne sont pas financées…
– Elles sont souvent vécues comme administratives et imposées alors qu’elles
devraient être considérées par tous comme faisant partie de l’emploi et des
responsabilités de chacun des personnels concernés….
– Enfin, ces tâches relèvent quasiment toute d’un management transversal
assuré par des cadres habituellement peu ou pas soutenus par leur hiérarchie
et souvent en difficulté…
• Alors, est-il possible d’obtenir (et à quel prix en matière de
radioprotection?)…..
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Des études de postes informatives…..
Lieux
Mammotome
Scanner
Scan RTH
0 µSv
0,084 µSv
4 µSv
99,2 µSv
Radiologue 1
0
2,18
0
0
2,18
Radiologue 2
0
0
0
0
0
Radiologue 3
0
0,84
0
0
0,84
Radiologue 4
0
0
0
2083
2083
Radiologue 5
0
0,5
40
248
288,5
Radiologue 6
0
0,5
24
50
74,1
Radiologue 7
0
2,18
0
0
2,18
Radiologue 8
0
0
0
0
0
Radiologue 9
0
0
0
0
0
Radiologue 10
0
0,5
40
198
238,9
Radiologue 11
0
0,5
0
0
0,5
Radiologue 12
0
0,5
0
0
0,5
Radiologue 13
0
0
0
0
0
Radiologue 14
0
0,5
0
0
0,5
Radiologue 15
0
0,5
0
0
0,5
Radiologue 16
0
0
0
0
0
Dose efficace
jour
Radio
par
GPR
Dose efficace annuelle (µSv) *
* Les radiologues travaillent 5 jours par semaine, 42 semaines par an, soit au maximum 210 jours par an
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Une maîtrise de l’exposition des personnels,
notamment des personnels médicaux…
Dose équivalente
extrémités sur 12 mois en
msv
2011 - 2012
2013- 2014
Radiologue 4
110
16
Radiologue 5
250
46
Radiologue 6
340
8
Radiologue 10
276
2
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Leur participation à leur propre sécurité…
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Sans trop rechigner …….
…..et si possible avec bonne humeur ??????
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Témoignage
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Le Centre Oscar Lambret en quelques chiffres
Plateau technique
•
6 accélérateurs
–
–
–
•
1 CyberKnife,
3 Tomothérapie,
2 Accélérateurs linéaires
18 générateurs X
–
Dont
•
•
•
1 TEP
gamma caméra couplée
Démographie
•
•
•
•
•
•
•
•
850 salariés COL
63 internes
500 stagiaires par an ( moyenne 115 /J)
44 sociétés intervenant en zone contrôlée
308 dosimétries passives dont 67 au bloc
951 dosimétrie opérationnelle
25 salariés en catégorie A
283 salariés en catégorie B
•
Formation RP 2013
–
–
–
3 projecteurs de sources
–
–
1 haut débit
2 débit pulsé
•
•
129 externes
105 internes
82 salariés du COL
> 20 000 malades accueillis chaque année
Visiteurs
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Ontogénèse de l’organisation actuelle
Historique : Physicien – PCR
2008 : Physicien PCR + radio-pharmacien PCR
2009 : Coordonnateur Radioprotection + Physicien
PCR + radio-pharmacien PCR
2011 : Formation PCR de 2 MER
2012 : Coordonnatrice Radioprotection + radiopharmacien PCR + 2 MER PCR
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Organisation de la radioprotection depuis 2012
Directeur Général
Médecin du travail
DMQR
Comité Radioprotection
CHSCT
Coordonnatrice de la radioprotection PCR 1
RAQ Rx-ther
Radiothérapie Curiethérapie
Radio pharmacien PCR 2
Med Nucléaire
MER PCR 3
MER PCR 4
Bloc imagerie
Rx ther /curie
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Composition du comité de radioprotection
•
Direction
–
–
DG, DGA,DRH, Directrice des soins, Responsable département hôtelier et service techniques
Directrice qualité gestion des risques
•
Médecin du travail
•
4 PCR
•
Chefs et cadres médicotechniques de département
–
DARA- bloc, radiothérapie, Médecine nucléaire, Imagerie
•
Chef du service de physique médicale
•
Responsable biomédical
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Réunions régulières
• Hebdomadaires
– de travail des 4 PCR, sous la responsabilité de la coordonnatrice
– de formation (coordonnatrice), secondairement abandonnées, pour être remplacées par
du « sur mesure »
• Bimensuelles
– De suivi des dossier, de management et d’appui : DG, Coordinatrice, PCR 2 et 3
• Semestrielles
– Comité de radioprotection
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Bénéfices observés de l’organisation mise en place
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Clarification de l’organisation, soutien et valorisation des PCR, amélioration de leurs conditions de
travail,
Réactivité sur les dossiers,
Priorisation facilitée,
Accélération de la prise et de la mise en œuvre de certaines décisions (commandes, devis etc…),
Bonne connaissance par le DG des dossiers,
Découverte…..par le DG de problèmes récurrents qui ne lui avaient jamais été signalés,
Meilleure communication entre les nombreux intervenants,
Triangle Radioprotection/médecine du travail / DRH plus efficient,
Sensibilisation des services techniques, de la sécurité et de l’ensemble des services à la
problématique des intervenants occasionnels,
•  Amélioration globale et très sensible de la qualité de la
protection des travailleurs
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Conclusions
Dans notre expérience :
L’accomplissement des obligations règlementaires du chef d’établissement en
matière radioprotection suppose la mise en œuvre d’une véritable stratégie
de « conquête culturelle » de nombreux secteurs d’un hôpital.
L’implication du DG, visible par les services du DG et concrète pour les PCR est
une condition nécessaire (mais pas suffisante !) au bon fonctionnement de la
radioprotection.
L’appui, la valorisation et le soutien du DG dans le temps donne du sens et du
poids à l’action des PCR.
 Il est tout à fait illusoire de penser que leur action puisse reposer de façon
performante et durable sur leurs seules qualités et compétences, - si grandes
fussent-elles -, d’une ou plusieurs PCR « lâchées dans l’établissement ».
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