POUR L`EGALITE REELLE, LES MOTS SONT IMPORTANTS …

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POUR L`EGALITE REELLE, LES MOTS SONT IMPORTANTS …
 POUR L’EGALITE REELLE, LES MOTS SONT IMPORTANTS …
« L’omission du féminin dans le dictionnaire
contribue, plus qu’on le croit, à l’omission du
féminin dans le code (côté des droits).
L’émancipation par le langage ne doit pas être
dédaignée. N’est-ce pas à force de prononcer
certains mots qu’on finit par en accepter le sens
qui tout d’abord heurtait ? La féminisation de la
langue est urgente, puisque, pour exprimer la
qualité que quelques droits conquis donnent à
la femme, il n’y a pas de mots […] En mettant
au point la langue, on rectifie les usages dans
le sens de l’égalité des deux sexes. […] »
Hubertine Auclert, 1899
Hubertine Auclert, (1848‐1914) est une militante féministe française en faveur du droit des femmes à l'éligibilité et du droit de vote des femmes.
De nombreux combats sont encore à mener pour rendre effective l’égalité femmes-hommes. Le
langage et la communication sont des vecteurs essentiels en la matière. En effet, trop souvent les
femmes sont rendues invisibles par l’emploi de termes épicènes (les jeunes, les enfants, etc.) voire
totalement oubliées (on parle de lecteurs bénévoles pour le programme Lire et faire lire par
exemple alors qu’il s’agit, en grande majorité, de lectrices !).
Le langage fixe les représentations du monde et, par-là, la hiérarchie entre les sexes.
Il l’entretient mais peut aussi l’amplifier.
La LIGUE de l’enseignement s’est déjà investie sur cette thématique. En effet, L'égalité, ce n’est
pas sorcier, la LIGUE de l’enseignement, Le monde selon les femmes et Femmes solidaires ont
lancé, en 2012, une pétition –« Que les hommes et les femmes soient belles ! »-, qui demande à
l'Académie française de réformer l'accord de l'adjectif. La LIGUE de l’enseignement est
coproducteur du DVD « La Française doit voter ! ».
Afin de mettre en pratique des revendications portées sur la sphère publique,
voici quelques propositions pour œuvrer, à travers les mots et dans nos
communications internes comme externes, pour l’égalité femmes-hommes.
1 Penser à utiliser des déterminants et pronoms féminins : le/la, ceux et celles, ils/elles,
certain.e.s, etc.
Exemple : En fin de contrat, on peut écrire « le/la signataire ».
Pour les noms se terminant en –e (architecte, capitaine…) : la féminisation est difficilement
réalisable. Il faut donc passer par un déterminant ou pronom féminin pour marquer la présence
de femmes.
Toutefois, certaines exceptions sont à noter : hôte/hôtesse, poète/poétesse, maître/maitresse,
etc.
Pour les noms terminant par –e ou –i, il est possible d’ajouter un « e » final.
Exemple : chargée de projets, apprentie, etc.
S’il y a des hommes et des femmes regroupé.e.s sous un même nom, il est important de
marquer cette diversité. Plusieurs options s’offrent à vous :
L’emploi d’une conjonction ou d’une virgule:
Exemple : « chères amies, chers amis »
L’inclusion du féminin et du masculin dans la graphie d’un mot.
Exemple : le mot « ami » : les parenthèses: les ami(e)s ; les tirets: les ami-e-s ; les
points médians: les ami.e.s ; les majuscules: les amiEs ; la barre oblique: les ami/e/s.
Les parenthèses et les tirets ne sont pas des solutions idéales car ils « mettent de côté » (« entre
parenthèse ») les femmes. La barre oblique quant à elle alourdie la lecture, elle est cependant la
solution la plus claire pour des formes comme « lecteur/trice », « ils/elles », « le/la », etc.
L’utilisation des points est donc la meilleure solution.
Exemple : « L’assemblée est composée de député.e.s ».
« Tou.te.s les élèves ont fait leurs devoirs ».
De la même manière, il faut penser à accorder.
Exemple : Les étudiant.e.s sont investi.e.s dans leurs travaux
Pour les noms se terminant par –eur, la forme féminine correspondante sera l’utilisation de :
« trice », « euse » ou « esse » :
Exemple : tuteur/tutrice, acteur/actrice, annonceur/annonceuse,
demandeur/demanderesse, chercheur/chercheuse.
Parfois, on retrouve deux orthographes possibles :
Exemple : « Chercheure universitaire »/ « Chercheuse universitaire ».
Il convient de retenir qu’il est préférable de choisir une féminisation qui puisse s’entendre dans
le cadre d’une conversation orale. Ainsi, on préférera « chercheuse » à « chercheure ». Il ne
s’agit bien entendu pas d’une règle, de nombreux/ses sociologues ont d’ailleurs mis à jour des
particularités tenant à la féminisation des noms, mais c’est sans doute, ici, celle qui est la plus
facile à retenir.
A noter, les cas particuliers : lorsqu’est désignée explicitement une personne de sexe
masculin, il faut employer son équivalent féminin :
Exemple : un confrère/une consœur ; garçon de café / serveuse ;
barman/barmaid ; rugbyman/rugbywoman, etc.
« Mademoiselle » est un terme à exclure au profit de « Madame » (Madame/Monsieur).
Dans la mesure du possible, utilisez le terme « humain », « êtres humains » plutôt que
« Hommes » (avec un « grand H »).
2 Ces différentes règles peuvent s’appliquer à l’ensemble de nos supports de communication (à
destination des bénévoles, des adhérent.e.s, etc.) mais aussi et surtout dans les procédures de
ressources humaines. Il est indispensable de féminiser les postes, noms de métiers, de fonction
ou offres de service civique.
Ainsi, il est préférable d’écrire : « Chargé.e de projets », La/le volontaire aura pour mission… ».
Les candidat.e.s pourront ainsi d’autant plus se projeter dans un poste : les phénomènes
d’autocensure étant déjà importants, féminiser les termes permet de ne pas les renforcer.
POUR ALLER PLUS LOIN
HCEfh, Guide pratique pour une communication publique sans stéréotypes de sexe, octobre
2015, 36 p.
Un site internet qui renvoie aux débats très actuels et qui témoigne des combats encore à
accomplir à l’Académie Française. A ce sujet, voir notamment le récent article d’Eliane
Viennot, Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin!, Petite histoire des résistances de la
langue française, L’Harmatan, 2014, 128 pp.
Un guide d’aide à la féminisation des noms : CNRS, Institut national de la langue française,
Femmes, j’écris ton nom, La Documentation Française, 1999, 119 pp.
Le DVD « La Française doit voter » : A l’occasion de la Journée des droits des Femmes, le 8
mars 2007, le CIDEM s’est associé à la Ligue de l’enseignement, France 3, France 5, LCP
Assemblée nationale, TV5 Monde et le Scéren CNDP pour produire un film sur la
reconnaissance du droit de vote des femmes. Ce film « La Française doit voter » constitue un
excellent outil pédagogique permettant de revivre l’histoire mouvementée de cette proposition
de loi et d’enrichir les débats et réflexions sur l’égalité homme – femme. Ce film contient
également beaucoup d’images d’archives.
Quelques articles sur les enjeux de la féminisation :
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Baider Fabienne, Khaznadar Edwige, Moreau Thérèse, « Les enjeux de la parité
linguistique », Nouvelles Questions Féministes 3/2007 (Vol. 26), p. 4-12
- Lenoble-Pinson Michèle, « Chercheuse? chercheur? chercheure? Mettre au féminin les
noms de métier et les titres de fonction », Revue belge de philologie et d'histoire,
Année 2006, Volume 84, Numéro 84-3, pp. 637-652.
Paveau Marie-Anne, « La féminisation des noms de métiers : résistances sociales et
solutions linguistiques », Le français aujourd'hui 1/2002 (n° 136), p. 121-128
Houdebine-Gravaud Anne-Marie, « Des femmes dans la langue et les discours », Cahier
des Annales de Normandie, Année 1995, Volume 26, Numéro 26, pp. 385-398.
Féminisme matérialiste et enjeux de l’écriture autour de Wittig Monique, deux
références clés Le chantier littéraire et L’Opoponax. 3