POURQUOI PRODUIRE ET VALORISER DU BOIS ÉNERGIE ?

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POURQUOI PRODUIRE ET VALORISER DU BOIS ÉNERGIE ?
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MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE
POURQUOI PRODUIRE ET VALORISER DU BOIS ÉNERGIE ?
Parce que le bois énergie répond aux grands enjeux sociétaux liés au changement climatique, il bénéficie
d’atouts écologiques qu’il faut valoriser en atouts économiques, complément du juste prix des produits.
DES ATOUTS TECHNIQUES
POUR MIEUX GÉRER SA FORÊT
La production de biomasse peut permettre au propriétaire de valoriser
son patrimoine forestier en tirant de meilleures ressources de zones
défavorisées. C’est le cas des parcelles dépérissantes : taillis de
châtaignier en Dordogne ou chênes dans le massif Adour Pyrénées.
Autre intérêt : la rentabilisation des coupes d’amélioration.
Enfin, la production de bois énergie ouvre la voie à de nouveaux
itinéraires sylvicoles innovants, tels que les taillis à courte rotation, les
peuplements semi-dédiés…
Opportunités techniques également si la législation permet un jour que
les cendres nées de la combustion du bois en chaudière et constituées
de minéraux, soient épandues en forêt comme amendement.
Perches de taillis de châtaignier pour une valorisation de plaquette et broyat de
souches de châtaignier (Dordogne).
Les stratégies politiques, européenne, française et régionale fixent des
objectifs chiffrés ambitieux pour réussir cette transition énergétique,
indispensable pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le
bois, dont la combustion est neutre en terme de rejet de gaz à effet de
serre, s’inscrit tout naturellement dans le peloton de tête des alternatives
aux énergies fossiles.
Pour atténuer les effets du changement climatique, les décideurs misent
sur la biomasse, agricole et forestière. Le bois, en particulier, a une
palette d’atouts à jouer.
LES ATOUTS ÉCOLOGIQUES
D’UN MATÉRIAU DURABLE
La gestion durable des forêts aquitaines, majoritairement cultivées,
garantit la fourniture d’une ressource à long terme. A contrario, les
énergies fossiles sont appelées à se raréfier.
Autre élément fort, le bois énergie est majoritairement un produit local,
inscrit dans des logiques de développement des territoires encouragées
par les pouvoirs publics. De l’abattage à la livraison, il fait fonctionner un
ensemble d’activités génératrices d’emplois et de richesse.
DES OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES
La valorisation des rémanents, souches ou bois de qualité médiocre est
une voie ouverte par la filière bois énergie.
Au delà, la valorisation énergétique des souches de coupes rases de pin
maritime pourrait venir en diminution des coûts de reboisement.
Pour le propriétaire, le bois énergie est un débouché complémentaire qui
peut alimenter sa trésorerie, au fur et à mesure des coupes d’éclaircie,
de nettoyage, de cloisonnement et des élagages.
Le bilan énergétique du bois est intéressant au regard de celui des énergies fossiles.
L’exemple des mesures ci-dessus, réalisées dans le cas d’un réseau de chaleur, illustre ce
différentiel techniquement et économiquement favorable au bois énergie.
POUR EN SAVOIR PLUS… POURQUOI PRODUIRE ET VALORISER DU BOIS-ÉNERGIE
http://www.crpfaquitaine.fr/docs/files/Bois-Energie/Synthese_1_PourquoiProduireDuBE_20130415.pdf
Fiche 1
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MEMENTO AQUITAIN DU BOIS ÉNERGIE
PROPOS RECUEILLIS EN 2014.
XAVIER ROLAND-BILLECART
Directeur Régional de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC)
«Nous sommes des accompagnateurs des territoires»
A partir de 2017, le plan d’approvisionnement s’appuiera sur des
plantations dédiées ou semi-dédiées, ce qui implique de développer et
structurer la filière bois énergie sur le massif Aquitain et notamment dans
les Landes.
La centrale de Vielle Saint Girons consommera 135 000 tonnes de
plaquettes chaque année. La CDC a financé une étude sur le niveau de
la ressource bois énergie du massif Aquitain. Celle-ci est en adéquation
avec les besoins des différents consommateurs du massif (centrale
cogénération, chaudière…) mais il est nécessaire de structurer une
véritable filière bois énergie tout en replantant le massif.
Dans ce sens, la CDC a étudié plusieurs projets de montage de plateformes
bois énergie.
Vue aérienne du site du projet de la DRT à vielle-saint-girons (Landes).
La Caisse des Dépôts est un acteur du développement économique des
territoires. À ce titre, elle investit, en appui des politiques publiques, dans
des projets d’intérêt général dont les énergies renouvelables.
«Nous travaillons à développer un modèle économique propre à rassurer
l’ensemble des acteurs de la filière. Le caractère innovant de cette filière
nécessite d’organiser une communication professionnelle. C’est pour
cela que nous cofinançons l’édition des fiches du Mémento bois énergie
aquitain. Notre démarche est la suivante : comprendre, définir le modèle
économique, comment faire, trouver des solutions et les faire partager»,
souligne le Directeur Régional. Le but de ce Mémento est de présenter
aux sylviculteurs de nouveaux débouchés et de nouvelles perspectives
via un nouveau modèle économique rentable permettant également de
replanter le massif.
«Le positionnement de la CDC en tant qu’investisseur dans les projets
ENR repose sur des sociétés de projet qui portent les actifs industriels»,
explique Xavier Roland-Billecart. «La CDC y est minoritaire, elle investit
dans ces sociétés avec des partenaires aux côtés de l’industriel pour
lui permettre de conserver sa capacité
d’investissement et de se développer sur son
cœur de métier». Dans les Landes, c’est le cas
DRT IMPLANTE UNE CHAUDIÈRE BIOMASSE
à Vielle Saint-Girons avec le projet de centrale
de cogénération sur le site du chimiste DRT,
SUR SON SITE DE VIELLE-SAINT-GIRONS (40)
un des leaders mondiaux de la valorisation de
Le projet de Vielle-Saint-Girons est porté par Biomass Energy Solutions VSG, réunissant DRT,
la colophane et de l’essence de térébenthine
Cofely Services (Groupe GDF SUEZ), Solarezo, acteur dans les nouvelles énergies (solaire
extraites de la résine du pin. La CDC a pris
photovoltaïque et biomasse) et la Caisse des Dépôts. Il vise à substituer l’énergie fossile
12% de la société de projet BES-VSG (COFELY
consommée actuellement par les chaudières de DRT.
SERVICES 51%, DRT/SOLAREZO 37%).
Le site devrait aussi valoriser, in situ, 16 000 tonnes de co-produits. L’approvisionnement se
fera en plaquettes forestières « issues d’une filière bois-énergie structurée et respectueuse
«Cela fait trois ans que nous travaillons à
des filières traditionnelles d’exploitation du bois ».
ce projet issu de l’appel à projets CRE* 4,
La société de projet BES-VSG annonce 50 millions d’euros d’investissement, plus de 50
avec COFELY SERVICES, SOLAREZO et DRT»,
emplois directs et indirects créés, 150 000 t/an de biomasse valorisées, 8 M€/an dans la filière
rappelle Xavier Roland-Billecart. La société
bois énergie locale, 90 GWh d’électricité et 184 GWh de vapeur sans carbone fossile produits
de projet «Biomass Energy Solutions - VSG»
chaque année avec plus de 60 % d’efficacité énergétique contre 30% pour une centrale
a été créée fin 2012 et la mise en service
électrique classique et 20 000 t de CO2 évités par an.
industrielle de la centrale est prévue début
2015.
Fiche 1
* Commission de régulation de l’énergie
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BERTRAND MATHAT
Chargé de mission, SIPHEM
(Syndicat mixte inter-territorial du Pays du Haut Entre deux Mers)
«Quand il n’y a pas d’animation, il n’y a pas de projet»
Taillis de robinier en courte rotation. Tournée SIPHEM /CRPF/ Alliance (Gironde).
Les collectivités du territoire du Haut Entre Deux Mers sont à l’origine du
premier réseau de fourniture de chaleur à vocation de service public en
Gironde, à Gironde sur Dropt.
Bertrand Mathat, chargé de mission au SIPHEM (Syndicat mixte interterritorial du Pays du Haut Entre deux Mers) qui s’occupe d’un service
dédié aux collectivités, accompagne celles-ci dans leur réflexion sur les
moyens d’alimenter en énergie les bâtiments en rénovation.
Pourquoi ce choix du bois énergie ? «Parce qu’il permet d’atteindre les
objectifs recherchés, d’un point de vue économique, aménagement du
territoire, environnemental, avec aussi une vocation sociale : plusieurs
réseaux de chaleur alimentent des particuliers et des logements sociaux,
à un coût moindre que les énergies habituelles (gaz, fioul, électricité)»,
résume Bertrand Mathat.
Le réseau de Gironde sur Dropt constitue «une sorte de vitrine, pour
montrer que c’est possible». Il a fallu 5 ans pour le monter. «Aujourd’hui,
on est plutôt à deux à trois ans pour une collectivité. Obtenir des
financements est devenu moins long. Chaque collectivité a acquis de
l’expérience», observe le chargé de mission.
«L’essentiel, c’est d’avoir un plan d’animation local, voire départemental :
Le territoire du SIPHEM compte aujourd’hui 5 réseaux de chaleur. Ils sont
de tailles et de typologies différentes, réalisés par des communes, ou la
régie autonome de la Réole, sur les bâtiments publics et dans certains cas,
ils desservent des entreprises et des particuliers. Suivant la définition
«administrative», un réseau compte toujours au moins deux abonnés
distincts. «La TVA est réduite à 5,5% sur l’énergie vendue et le réseau n’est
pas soumis au code des marchés publics pour son approvisionnement en
combustible, ce qui permet de privilégier le territoire. C’est un Service
public industriel et commercial à budget autonome qui doit s’équilibrer en
recettes et en dépenses. Jusqu’à présent, tous nos réseaux de chaleur se
situent dans ce cadre-là», explique Bertrand Mathat.
Les 5 réseaux consomment aujourd’hui 2500 t de bois par an à un taux
d’humidité inférieur à 35%, contre 600 t au démarrage pour le premier
réseau.
En 2003/2004, le SIPHEM avait étudié la filière d’approvisionnement local,
rencontré les sylviculteurs, les exploitants forestiers et les représentants
de la première et de la deuxième transformation du bois. Il avait fait appel
à un syndicat des ordures ménagères pour mutualiser les transports de
combustible, livré broyé en plaquettes selon un cahier des charges, après
un stockage 6 mois.
La chaufferie de la Réole a multiplié les besoins par deux de sorte qu’une
nouvelle réflexion sur l’approvisionnement a été lancée en 2012. «Il va
falloir investir, qui va investir ? Les communes ont la volonté de garder la
main» rappelle Bertrand Mathat qui évoque la piste de partenariats public
- privé, à l’exemple de la SEM du Fumelois.
Le SIPHEM attend beaucoup du PDM mis en place avec le CRPF, en
principe sur trois ans, pour redynamiser la filière bois. «On espère à terme
arriver à se rendre attractif auprès des propriétaires. À l’horizon 2018,
nous pensons avoir besoin de 5000 tonnes sur les réseaux de chaleur. Ce
qui représente un nouveau doublement d’ici 5 ans».
Fiche 1
CRPF AQUITAINE 2015. CRÉDIT PHOTO : CRPF AQUITAINE.
animer, communiquer. Quand il n’y a pas d’animation, il n’y a pas de
projet. Dans notre cas, cette animation a permis de faire avancer plus
vite le projet. En apportant une aide technique, en facilitant le travail des
porteurs de projet et des financeurs».
«Tous les départements d’Aquitaine – mise à part la Gironde – ont des
animateurs bois énergie. Ici, au SIPHEM, nous avons une animation
territoriale : 50 000 habitants pour 108 communes, donc dans un
contexte d’habitat diffus».