Folies Bowers

Transcription

Folies Bowers
Folies Bowers
un ciné-concert interactif
Hommage musical et interactif à
Charley Bowers, qui prenait un malin
plaisir à gommer les frontières entre
burlesque, dessin animé, animation
d’objet et truquages impossibles.
Loué par André Breton, il fut
redécouvert dans les années 1960 par
Raymond Borde, fondateur de la
Cinémathèque de Toulouse.
« On entre, on choisit un instrument,
on
découvre
les
trésors
cinématographiques de cet hyper
créatif, adulé par le poète surréaliste
André Breton, et on les habille de
sons divers au gré du boniment et des
compositions originales de Flóra
Kapitány et Bertrand Mahé ».
La Cie Arniphone crée depuis 2007 des spectacles interdisciplinaires interculturels et
interactifs. Avec Flóra Kapitány (violoncelle), Bertrand Mahé (boniment, piano, tuba,
accordéon…).
Ce spectacle est co-produit par la Cie Arniphone et la Cinémathèque de Toulouse en collaboration avec
Lobster Films.
Au programme...
Le Roi du charleston (Fatal Footsteps) (1926. US)
Prince du burlesque, Charley s’entraîne pour le
grand concours de charleston qui lui permettra de
gagner la main de sa belle.
Une Nuit
(1940.US)
sans
sommeil
(Sleepless
Night)
Une nuit particulière chez des souris un peu trop
coquines…
Invisible Revenge (1925.US)
Non tu exagères! (Now you tell one!) (1926. US)
Bricolo, inventeur de la greffe universelle, a toutes les chances de remporter le
concours de l’histoire la plus invraisemblable. Ou comment le mensonge devient une
astucieuse mise en abîme du cinéma de Bowers : croire en l’incroyable.
« Les trucages sont très bien faits mais ceux de la séquence où le policier entre dans
le plancher et ceux de la plante à chats sont d'une habilité stupéfiante. […] l'acteur
s'efface devant un comique d'objets, un enchainement de gestes et de choses qui
obéissent à une autre logique, celle du rêve et du poème ».
Louise Beaudet et Raymond Borde in Charley Bowers.
Charley Bowers (1889-1946)
Pionnier du cinéma de l'animation américaine, Charley Bowers a été producteur de
dessins animés de 1915 à 1921. Il réalise et interprète une vingtaine de chefsd’œuvre burlesques à la fin des années 1920, mêlant prises de vues réelles et
animations de marionnettes image par image.
La redécouverte tardive des films
En voyant aujourd'hui les films de Charley Bowers, on peut se demander pourquoi ce
créateur a été oublié pendant d'aussi longues années. Ce n'est en effet que dans les
années 1960 que Raymond Borde, fondateur de la Cinémathèque de Toulouse,
retrouve quelques vieilles bobines de films auprès des forains. « Bricolo », personnage
principal joué par Charley Bowers lui-même, est enfin redécouvert (ce surnom a été
donné à l'époque par un distributeur français).
La première projection publique se déroule au festival « Confrontations » de
Perpignan, en 1968. Deux autres suivront à la fin des années 1970, permettant de
faire connaître ce bricoleur de génie au public. La collaboration entre la Cinémathèque
de Toulouse et la Cinémathèque québécoise a été déterminante pour rendre vie à ces
trésors oubliés et les inscrire dans la grande histoire du cinéma.
L'œuvre originale de Charley Bowers
« Ses films témoignent d'une invention poétique assez délirante. [...] C'est la logique
surréaliste de « l'un dans l'autre », où l'objet s'identifie à un autre objet dont il
assume le rôle en superposant deux réalités. Ou bien Bowers invente des machines
naïves et compliquées qui tournent en dérision l'âge industriel. Il enlève à la
mécanique son usage fonctionnel pour l'entrainer dans une dérive imaginaire. Dans
les deux cas, il utilise des trucages fabuleux qu'il obtient à la prise de vues image par
image » (Raymond Borde in Archives n° 3).
A Wild Roomer (Un original locataire), Now You Tell One (Non, tu exagères), Egged on
(Pour épater les poules) ont pour héros un être fantasque, inventeur de machines
aussi délirantes les unes que les autres, incarné par Bowers lui-même. Né en 1889
dans l'Iowa, il fut tour à tour funambule, caricature de presse, créateur d'une centaine
de dessins animés (dont le fameux Pim Pam Poum) avant de passer à la réalisation de
ses premières comédies en 1924, mêlant souvent personnages vivants et objets
animés. Il meurt en 1946, à l'âge de 57 ans.
Après la découverte de Borde en 1967, André Breton s'intéressa vivement au cas
Bowers, et notamment à son premier film sonore, It's a bird, qu'il classa parmi ses
films favoris. On peut dire effectivement que l'univers de Bowers est complètement
absurde et surréaliste. On y croise des oiseaux mangeurs de métal qui pondent des
voitures tous les cent ans (It's a Bird), un panier d’œufs frais donnant naissance à une
multitude de voitures (Egged On), et de doux dingues inventant des peaux de banane
antidérapantes (Many A Slip, Bricolo inventeur).
Le cinéma burlesque
Comme la comédie, le burlesque cherche à amuser le public, à déclencher le rire ou le
sourire, mais il s’en distingue par des effets comiques inattendus et fulgurants (gags)
qui font entrer le spectateur dans un univers dominé par l’absurde et le non-sens.
Les films burlesques sont généralement fondés sur une succession de péripéties qui
déclenche invariablement un cataclysme visuel volontairement absurde. Les effets
comiques les plus appréciés sont les batailles à grand renfort de tartes à la crème
ainsi que les poursuites ininterrompues en voiture, en vélo ou en moto lancés à toute
vitesse, indifférents aux panneaux de signalisation comme aux passants. Ce chaos
joyeux provoque inévitablement des collisions, des chutes, des manœuvres
inattendues et des catastrophes en chaîne, essence même du burlesque.
Le slapstick
De slap (« baffe ») et stick (« bâton »), le terme désigne les bruiteurs utilisant le son
de deux bouts de bois s'entrechoquant pour imiter l'effet de baffes sonores au théâtre
puis au cinéma. Il a été employé pour caractériser l'une des tendances du cinéma
burlesque américain (1912-1940) notamment popularisé par les studios Keystone à
Edendale près de Los Angeles (Californie).
Pour aller plus loin...
Sur le burlesque en général
- Michel Bouvier et Jean-Louis Leutrat, « Retour au burlesque », Cahiers du cinéma,
n° 296, janvier 1979.
- Jean-Jacques Couderc, Les Petits Maîtres du Burlesque Américain 1909-1929,
C.N.R.S. Éditions, 2000.
- François Mars, « Autopsie du gag », Cahiers du cinéma, n° 113, novembre 1960.
Sur Charley Bowers
- Louise Beaubet et Raymond Borde, « Charles R. Bowers ou le mariage du Slapstick
et de l'animation », in Les dossiers de la Cinémathèque, n° 8, La Cinémathèque
québécoise/La Cinémathèque de Toulouse, 1980.
- Louise Beaubet et Raymond Borde, « Du nouveau sur Charley Bowers », in Archives,
n° 3, Cinémathèque de Toulouse, janvier/février 1987.