CENTRE EUROPÉEN D`ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIV e
Transcription
CENTRE EUROPÉEN D`ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIV e
CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION Publication semestrielle no 63 — Février 2012 Éditeur responsable — Jean-Marie Cauchies [email protected] Contact : Facultés universitaires Saint-Louis — Bd du Jardin botanique, 43 – B-1000 Bruxelles RENCONTRES DE CALAIS (20-23 SEPTEMBRE 2012) N os prochaines rencontres se dérouleront à Calais, à l’invitation des Amis du Vieux Calais, avec la collaboration de centres de recherche des Universités d’Artois, du Littoral et Charles de Gaulle – Lille III. Le thème en sera : Négociations, traités et diplomatie dans l’espace bourguignon (XIVe – XVIe siècles). Le programme devrait comporter aussi réceptions (ville de Calais) et soirée musicale, ainsi qu’un « repas médiéval » dans les salons de l’hôtel de ville. Les séances se tiendront du jeudi matin au samedi après-midi. La journée du dimanche 23 septembre sera consacrée à une excursion à Saint-Omer, avec visite de la ville et du Musée Sandelin. Ces informations sont à substituer à celles qui figuraient en tête de notre bulletin d’octobre dernier (no 62). Le renvoi du formulaire ci-joint (par courrier postal ou électronique) est INDISPENSABLE pour obtenir les informations ultérieures (liste d’hôtels, modalités d’inscription et – fin août – programme). Voici la liste des communications (par ordre alphabétique des orateurs) : Andrea BERLIN, Die schützende Hand des Herzogs von Burgund. Zur Unterdrückung des Zaubereifalles des Grafen von Etampes durch Philipp den Guten (1463) Georges BISCHOFF, Un « faiseur de roi » : Paul d’Arnstorff († 1521), de Maximilien à Charles Quint Nils BOCK, Henri SIMONNEAU et Bastian WALTER, L’information et la diplomatie dans l’espace bourguignon à la fin du Moyen Âge Jean-Marie CAUCHIES, Un épisode tragi-comique ? Repenser l’entrevue de Péronne entre le roi Louis et le duc Charles (1468) Loïc COLELLA-DENIS, Les réconciliations entre Philippe le Bon et ses sujets révoltés dans les « Mémoires » de Jacques du Clercq (1448-1467) Stéphane CURVEILLER et Philippe CASSEZ, Calais et les ducs de Bourgogne (1384-1477) Michael DEPRETER, Le prince et les États de Flandre wallonne : des diplomaties concurrentes ? Modalités et enjeux du traité de Wavrin (14 décembre 1488) CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 Jean DEVAUX, Entre neutralité et guerre larvée : grandeur et misère de la diplomatie tournaisienne dans le « Journal » de Jean Nicolay (1477-1479) Gilles DOCQUIER, Les traités de Calais (1507) : « Pour le bien de nostre trés redoubté seigneur et prince et nous tous » ? Laetitia GORTER-VAN ROYEN et Jean-Paul HOYOIS, De la paix de Cambrai (1529) à la trêve de Bomy (1537) : négociations diplomatiques officielles et officieuses entre les Pays-Bas et la France Alexandre GROSJEAN, Action diplomatique et relation historiographique : les missions anglaises de Toison d’or dans ses « Mémoires » (1430-1435) Gaël GUIHARD, Les moyens de la diplomatie : l’exemple des relations diplomatiques entre deux principautés alliées, la Bourgogne et la Bretagne (1465-1475) Benoît LETHENET, Recrutement et carrière des plénipotentiaires d’une petite ville de Bourgogne du sud, Mâcon, à la fin de la guerre de Cent ans Samuël LUCAS, L’Ordre teutonique et ses faucons : un moyen pour servir la diplomatie Christophe MASSON, Des ambassadeurs entre Liège et Bourgogne. Pour une étude des relations diplomatiques des ducs Valois et des pouvoirs liégeois Gisela NAEGLE, Ecrire au père, écrire au prince : relations diplomatiques et familiales dans la correspondance de Maximilien Ier et Marguerite d’Autriche Jean-Baptiste SANTAMARIA, Chantage maternel, patriotisme capétien ou réalisme diplomatique ? Le rôle de Marguerite de France, comtesse d’Artois et de Bourgogne, dans le mariage de Marguerite de Male et Philippe le Hardi Alain WIJFFELS, Le déclin de la Hanse au fil de ses négociations avec l’Angleterre (1474-1604) COTISATIONS U ne trentaine de nos membres n’ont pas encore acquitté le montant de la cotisation pour 2011. Nous les invitons à le faire sans retard et à tenir compte (ce que plusieurs n’ont pas fait...) du NOUVEAU MONTANT fixé avec l’accord de l’assemblée générale de septembre dernier Les cotisations demeurent la ressource principale du centre, en ces temps où les subventions se font de plus en rares et difficiles à obtenir. Des moyens insuffisants ne pourraient, à terme, que compromettre la continuité de nos publications : ce risque n’a rien de « virtuel »… A LIRE AVEC ATTENTION ! Notre trésorière, Myriam Cheyns-Condé, invite tous nos membres de la zone Euro à verser leur cotisation (20 € pour 2011, 25 €/35CHF pour 2012) sur le compte belge du Centre, par virement européen électronique ou papier. Prière de l’utiliser quel que soit le pays de résidence. Il suffit de le remplir, de le signer et de le déposer auprès de son organisme financier habituel. Cette invitation s’adresse tout particulièrement à nos nombreux membres français qui risquent, sans cela, de subir les conséquences fâcheuses des difficultés que nous rencontrons malgré nous dans la gestion des paiements de cotisations en provenance de France. - Centre européen d’études bourguignonnes - UBS, CH 2001 Neuchâtel - 290-F0142567.0 (BIC = UBSWCHZH80A / IBAN = CH98 0029 0290 F014 2567 0) (0=zéro et pas lettre O). 2 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 - Centre européen d’études bourguignonnes – rue des Postes, 106, B 7090 Braine-le-Comte – 370-1178782-28 (BIC = BBRUBEBB / IBAN = BE37 3701 1787 8228). - Compte postal du Centre européen d’études bourguignonnes - Dijon 04 745 45 Y 025 rue Pelletier de Chambure, 12, F 21000 Dijon (BIC = PSSTFRPPDIJ / IBAN = FR80 2004 1010 0404 7454 5Y02 555). (ATTENTION ! À ne plus utiliser actuellement sauf nécessité.) - Mw ten Raa - van Dijk t.g.v. Centre européen d'études bourguignonnes - n° 615866 (postrekening) - Söderblomplaats, 684, NL 3069 ST Rotterdam. En cas de paiement par mandat de poste international, indiquer seulement : Centre européen d’études bourguignonnes - Jean-Marie Cauchies. NOUVEAUX MEMBRES Dra Julia Crispin (Münster) Mme Laurence Delobette (Besançon) M. Theo Van Roy (Hever, B) Dr Bastian Walter (Wuppertal) PROMOTIONS Ludovic Nys, 25 novembre 2011, Université Paris IV – Sorbonne : habilitation à diriger des recherches « Art et vie de cour en Hainaut sous les Avesnes et les Bavière (1280-1417) ». Renaud Adam, 23 juin 2011, Université de Liège : thèse de doctorat « Imprimeurs et société dans les Pays-Bas méridionaux et en principauté de Liège (1473-ca 1520) ». Florence Berland, 26 novembre 2011, Université Charles-de-Gaulle – Lille III : thèse de doctorat « La cour des ducs de Bourgogne à Paris ». Céline Berry, 12 décembre 2011, Université Paris-Est : « Les Luxembourg-Ligny, un grand lignage noble de la fin du moyen âge ». CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE Auteurs des recensions : J.-M.C. = Jean-Marie Cauchies ; M.C.-C. = Myriam Cheyns-Condé ; J.D. = Jean Devaux ; E.F. = Emmanuël Falzone ; J.-D.M. = Jean-Daniel Morerod ; B.S. = Bertrand Schnerb ; M.S. = Monique Sommé. J. RAUZIER, La Bourgogne au XIVe siècle. Fiscalité, population, économie, Dijon, EUD, 2009, 464 p. (collection Sociétés). Ingénieur, l’auteur a entamé une formation de médiéviste à sa retraite. Docteur en Sorbonne sous la direction d’Henri Dubois, il avait publié sa thèse en 1998 sous le titre de Gestion et finances d’une principauté au XIVe siècle : le duché de Bourgogne de Philippe le Hardi. Ce second livre recouvre la même période, avec une technicité bien plus grande. Il analyse les résultats de l’imposition de 12 deniers la livre introduite par l’administration valois à la 3 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 faveur de l’extinction de la dynastie locale (1361) ; l’imposition du vin vendu offre des données de comparaison et de complément. L’auteur, qui présente certes les limites et les lacunes de sa documentation (par exemple, les données pour le Chalonnais manquent, alors que les foires jouent un rôle majeur dans l’économie régionale), ne se trouve pas moins en mesure de suivre l’évolution économique du duché jusqu’à la mort de Philippe le Hardi, d’abord lieutenant général (1363-1364), puis duc de Bourgogne (1364-1404). Cette imposition qui touche tous les produits objet de transactions (mis en ferme) permet d’en suivre le rapport et donc le destin, qu’il s’agisse de l’habillement, des matériaux de construction, de la nourriture, etc. L’A. met notamment en évidence les éléments constitutifs d’une période de déflation ; ainsi, le marasme économique et démographique de ces temps de peste trouve ici une mise en chiffres précise et se révèle très variable d’une région à l’autre. Des événements locaux peuvent agir, Dijon, par exemple, connaissant un déclin accéléré par la peste de 1400. Mais, à l’échelle du duché, « quelque chose » s’est cassé vers 1390. On peut relever également l’intérêt des analyses comparées des économies rurale et urbaine, la modestie démographique des villes n’empêchant pas leur activisme. L’auteur use à ce propos d’un outil d’analyse révélateur, le rapport volume des transactions/nombre de feux. Le vingtième taxant les transactions, son montant révèle l’activité économique totale, qui peut ensuite être divisée par le nombre de feux, donnant ainsi un tableau de la vitalité relative des régions étudiées. J.-D.M. Women at the Burgundian Court : Presence and Influence. Femmes à la cour de Bourgogne : Présence et influence, éd. par D. EICHBERGER, A.-M. LEGARÉ et W. HÜSKEN. Turnhout, Brepols, 2010, XXI-182 p., 26 pl., ill. (Burgundica, XVII). Parmi les onze communications présentées lors de ce colloque tenu à Malines en 2005, six sont l’œuvre de nos membres : Bertrand SCHNERB (p. 3-9) livre quelques réflexions historiographiques sur la présence et l’influence des femmes à la cour de Bourgogne. Un apport partiel mais non négligeable est constitué par les monographies des grandes dames, d’abord essentiellement axées sur les événements puis, plus récemment, orientées davantage vers la personne de la princesse elle-même. Différentes études et colloques permettent de mieux évaluer la place tenue par ces grandes dames et l’influence qu’elles exercent dans les domaines tant politique qu’intellectuel, familial, religieux et artistique. D’autres questions méritent aussi d’être posées, même si une plus grande discrétion des sources rend les réponses plus difficiles : elles concernent l’identité des femmes de la cour, leur mode de recrutement, leur organisation, leur influence secrète, les liens affectifs qu’elles tissaient entre elles aux différents niveaux, supérieurs et subalternes, de la hiérarchie de l’hôtel ducal. Monique SOMMÉ (p. 27-36) voit dans la correspondance d’Isabelle de Portugal le reflet du pouvoir d’une duchesse de Bourgogne au XVe s. Des 42 années qui s’écoulent entre son mariage avec Philippe le Bon et son décès en 1471, sont conservées 255 lettres closes – c’est peu en comparaison de ce qui fut écrit – échangées avec près de 80 correspondants. Sont d’abord étudiées la nature et les caractéristiques de ces lettres. Puis leur contenu nous dévoile la personnalité d’Isabelle, à l’esprit parfois soupçonneux, et le rôle influent qu’elle exerça, avec ou sans délégation de pouvoir, du vivant de son époux, dont elle avait la confiance, puis seule, pendant son veuvage, aussi bien dans les domaines politique, diplomatique, militaire, administratif et financier que dans la sphère religieuse et familiale, spécialement ici avec son époux et son fils Charles. 4 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 Anne-Marie LEGARÉ (p. 43-55) analyse le programme iconographique au féminin que fut l’entrée de Jeanne de Castille à Bruxelles. Sont en effet considérés ici les aspects iconographiques de miniatures illustrant un manuscrit sur papier conservé aujourd’hui à Berlin, et témoignant de cet événement. Après un bref résumé des moments principaux de cette Entrée du 9 décembre 1496, l’accent est mis sur la féminisation du programme. Celleci transparaît dans les thèmes abordés, comme le Jugement de Pâris (tendant à voir en Jeanne la princesse idéale et universelle, puiqu’elle possédait à elle seule les dons que les trois déesses possédaient séparément), dans les personnages choisis (comme ces huit femmes héroïques de l’Ancien Testament ou les Neuf Preuses ici représentées en Amazones, et sans leurs pendants masculins habituels) et enfin dans les décors, telle cette maison des délices et des jeux à l’art de vivre bien féminin. Mario DAMEN (p. 57-71) se penche sur les relations entre Marguerite d’York et l’île de Voorne entre 1477 et 1503. Voorne est constituée en fait de quatre petites îles au sol fertile, situées dans l’estuaire de la Meuse, qui faisaient partie du douaire de la duchesse. Les relations entre Marguerite d’York et Voorne concernent surtout des activités économiques : Voorne était notamment un réservoir inépuisable de harengs salés pour les besoins de la maison ducale. Mais elles comprennent également un soutien moral et une grande générosité à l’égard des institutions religieuses, plus spécialement les Pauvres Claires et les Brigittines, et perpétuent la tradition, instaurée par les seigneurs de Voorne, d’offrir des vitraux aux églises nouvellement édifiées ou reconstruites. Jacqueline KERKHOFF (p. 109-121) évoque Marie de Hongrie et son train en 1531. Le train de Marie, nouvelle régente des Pays-Bas, débute officiellement le 1er octobre 1531 ; il comptait près de 300 personnes et avait été composé avec plus de liberté qu’on ne le pensait à l’origine. Il prolonge essentiellement les traditions bourguignonne et habsbourgeoise à travers la structure et le fonctionnement des différents offices, principaux et subordonnés. Après la description de ces différents offices, une première annexe présente un tableau comparatif des trains de Marguerite d’Autriche et de Marie de Hongrie ; elle est suivie d’une seconde annexe, qui détaille la composition des offices du train de Marie. Dagmar EICHBERGER (p. 123-139) s’intéresse aux jeux de société, et plus particulièrement au trictrac réalisé par Hans Kels le Vieux pour le roi Ferdinand Ier (15031564) et son épouse Anne de Hongrie. Cette œuvre, signée et datée de 1537, témoigne de l’art renaissant germanique par la décoration extérieure de son tablier aux motifs à caractère dynastique et héraldique relevant de la sphère masculine (force et puissance), et par le programme iconographique de ses pions, qui met à l’honneur, dans des miniscènes réalistes d’inspiration littéraire, la gent féminine dans ses rencontres intimes (charme des dames et dangers de l’amour). M.C.-C. Le Prince en son « miroir ». Littérature et politique sous les premiers Valois, édit. J. DEVAUX et A. MARCHANDISSE, Le Moyen Âge . Revue d’histoire et de philologie, t. CXVI, 3-4, 2010, pp. 531-705. Cinq membres du Centre européen d’études bourguignonnes, à côté d’autres auteurs, ont collaboré à ce numéro thématique, livrant les actes d’une journée d’étude organisée à Dunkerque. Les « miroirs » sont des reflets du savoir et quand ils concernent les princes, ils en reflètent les devoirs et les vertus. Ils s’inscrivent dans une littérature destinée à servir le « bon gouvernement », à laquelle le temps de Charles V et Charles VI de France donne 5 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 une impulsion et qu’il incite à faire usage d’une théorie du pouvoir pour encourager au redressement, à la manière de Christine de Pizan (Jean DEVAUX, Introduction. Littérature et politique sous les premiers Valois, pp. 533-541). Bertrand SCHNERB (Charles V au miroir du « Songe du Vergier », pp. 545-559) se penche sur une œuvre de commande royale (1376/78) due à Evrart de Trémaugon, professeur de droit et prélat. Y sont envisagées les relations entre les pouvoirs de l’Eglise et de la royauté, à travers un débat entre un clerc et un chevalier, arbitré par le roi siégeant en majesté. Il s’agit ici d’exalter l’œuvre de paix et de défense d’un monarque, dont le caractère sacré est affirmé à travers la dualité des pouvoirs en cause : droits royaux imprescriptibles, aide divine. Christine de Pizan est présente à travers deux de ses écrits (vers 1404-1405). Alexandra VELISSARIOU (« Discrete dissimulacion et prudent cautele » : les stratégies comportementales de la princesse dans le « Livre des Trois Vertus » de Christine de Pizan, pp. 577-590) la montre s’adressant à un public féminin de toutes conditions, autour du thème du comportement de la femme, dans des pages commandées par Jean sans Peur pour sa fille Marguerite, épouse du dauphin Louis. Dans un souci didactique, Christine consacre aux reines et duchesses, dans leurs sphères politique et familiale, la moitié des chapitres de l’ouvrage, prônant en tout, notamment en paroles, la mesure et la prudence, non sans exclure une certaine dose de ruse tout en gardant toujours la soumission, en vue de s’assurer la double affection du prince et du peuple. L’œuvre de commande, elle aussi, émanée personnellement de Philippe le Hardi en hommage à son père, qu’analyse Jean Devaux (De la biographie au miroir du prince : le « Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V » de Christine de Pizan, pp. 591-604), combine le genre biographique et le traité de « bon gouvernement » tout en ancrant dans le vécu réflexion théorique et morale : il est vrai qu’en incitant ici encore à la sagesse et à la modération au quotidien (« ordenence »), la célèbre femme de lettres atteste une intention d’apaiser les tensions imprégnant la cour, autour des partis de Bourgogne et d’Orléans. Place ensuite à une autre plume productive : Philippe de Mézières. Avec Alain MARCHANDISSE (Philippe de Mézières et son « Epistre au roi Richart », pp. 605-623), on le voit, en 1395, encourager Richard II d’Angleterre à assurer la paix avec la France, prôner une union matrimoniale entre les deux monarchies, sans négliger la déploration du Grand Schisme et la nécessité de la croisade. Miroir à part entière, exposant les vertus du bon souverain à l’adresse d’un roi auquel cette « lettre » a été réellement offerte par son auteur, l’écrit, agrémenté de la double métaphore du verger de paix et du jardin de guerre, laisse deviner en arrière-fond le rêve persistant de Philippe de Mézières : la fondation d’un ordre de chevalerie. Son célèbre Songe du Vieil Pelerin (entre 1386 et 1389) fait l’objet d’un examen par Gisela NAEGLE (« Resveillier ceulx qui dorment en pechié » : Philippe de Mézières et la tradition des miroirs du prince, pp. 625-643). Le troisième livre de ce tour du monde imaginaire lié à la situation politique française relève spécifiquement du genre du miroir, adressé en l’occurrence à Charles VI et à son frère Orléans : le poids des fautes d’un roi surpasse celui de toutes les autres. C’est là un appel à la réformation du royaume, de l’Eglise, voire du monde entier sous l’égide du christianisme ; une dimension théologique bien présente tend même à concilier messianisme et pragmatisme. J.-M.C. 6 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 E. FALZONE, Juger et gérer à Cambrai : le compte de la chapelle de l’officialité pour l’année 1435/36, dans Commission Royale pour la publication des anciennes lois et ordonnances de Belgique, Bulletin, t. XLIX , 2008, pp. 11-92. Ce compte, conservé à Lille aux Archives départementales du Nord, est le seul document de la période médiévale concernant la chapelle de l’officialité de Cambrai. Une analyse critique de ce cahier de 12 folios, publié en annexe, est d’abord présentée : auteur, fonction et destinataire, rédaction, structure, balance des recettes et des dépenses (négative). La chapelle apparaît comme un auxiliaire de l’officialité, avec des recettes constituées de dons pour le renoncement à une instance en cour [concernant des femmes qualifiées de « veuves »], et des livraisons de cire, forme originale de peine pécuniaire en nature. La principale source de revenus provenait du patrimoine immobilier : rentes et cens sur des maisons, un moulin et quelques terres, parfois payés avec retard en raison d’une situation économique difficile dans le Cambrésis durant les années 1430. L’édition du compte met en relief l’existence d’une institution peu connue. M.S. E. FALZONE, Ut peccata sua deflere et amplius talia non committat. L’emprisonnement dans la pratique des officialités du diocèse de Cambrai et la réception de la doctrine canonique au XVe siècle : châtier et sauver ?, dans Histoire du droit et de la justice. Une nouvelle génération de recherches, Actes des dix-neuvièmes journées belgo-néerlandaises d’histoire du droit et de la justice (10-11-12 décembre 2008, UCL, Louvain-la-Neuve), éd. D. HEIRBAUT, X. ROUSSEAUX et A. WIJFFELS, Louvain, 2009, pp. 273-284. La nature juridique de l’emprisonnement, condamnation prononcée par les juges ecclésiastiques, est définie en dégageant deux dimensions complémentaires : punitive et pénitentielle. L’analyse porte d’abord sur la signification de l’emprisonnement en tant que peine infligée aux clercs gravement délinquants. Ensuite est envisagée la dimension pénitentielle de la peine en considérant les conditions de l’emprisonnement, avec notamment la contrainte du jeûne. M.S. M. NEJEDLY, Le projet d’union entre pays européens conçu en Bohême dans les années 1463-1464 : un projet de croisade contre les Turcs ?, dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de l’année 2009 avril-juin, 2009, pp. 877-899. Les guerres hussites (ca 1419-1434) ont entraîné en Bohême une coexistence de deux confessions appuyée par le roi hussite élu Georges Podebrady (1458-1471), entouré de conseillers catholiques, au nombre desquels le français Antoine Marini. Celui-ci est l’auteur d’un Mémorandum sur une croisade anti-turque dont le roi aurait pu prendre l’initiative. L’intérêt du projet résulte surtout des visées plus larges qu’il comporte : une paix entre les Etats européens chrétiens, associée à une guerre contre les infidèles, autour d’un mot clef répété à satiété, l’« union », fondée sur un véritable traité, des structures institutionnelles et administratives, une assemblée de délégués (congregatio), une cour de justice (parlamentum), des armoiries, un sceau, une monnaie communs, une régulation des prix...., bref un droit universel respectant l’égalité entre tous les membres, empereur inclus. Certes ce grand dessein ne se concrétisera-t-il pas, mais il n’en sortira pas moins une forme de postérité intellectuelle, à travers certains principes de règlement des conflits. 7 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 J.-M.C. H. WIJSMAN, Images between stories and history : Late medieval miniatures showing travelling women, dans Itineraria, 8-9, 2009-2010, pp. 329-382. Après avoir rappelé les problèmes méthodologiques posés au médiéviste pour l’utilisation des images, l’A. justifie l’emploi des miniatures dont une liste classée de 175 figure en fin d’article. Seule la Fuite en Egypte (trois exemples) montre un âne par tradition iconographique. Après une comparaison entre le texte de la chronique de Froissart et les miniatures représentant l’entrée d’Isabeau de Bavière à Paris en 1389, il décrit deux miniatures de Dreux Jean qui reproduisent le même modèle. Une attention particulière est portée sur les images, plus rares, où figurent un homme et une femme sur le même cheval, et leurs significations. Des voyages en bateau sont également répertoriés. Quatre images allégoriques, représentant les paraboles du charretier et de la pauvre femme, tirées du Mortifiement de vaine plaisance (René d’Anjou), sont finalement analysées. Ces 16 images, reproduites en noir et blanc, montrent la nécessité de les replacer dans leur contexte iconographique et textuel pour interpréter leur valeur historique. M.S. J.-M. CAUCHIES, État bourguignon ou états bourguignons ? De la singularité d’un pluriel, dans P. HOPPENBROUWERS, A. JANSE et R. STEIN (éd.), Power and Persuasion. Essays on the Art of State Building in Honour of W. P. Blockmans, Turnhout, 2010, pp. 49-58. Établissant un bilan historiographique sur la question des vocables utilisés pour désigner l’édifice politique et institutionnel érigé par les ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, l’A. souligne que l’œuvre de ces princes fut surtout le rassemblement de territoires, de seigneuries et de principautés diverses sous un régime d’union personnelle, la personne du duc y étant donc le principal facteur d’unité. Ce caractère essentiel l’engage à préférer au singulier « Etat bourguignon », le pluriel « principautés bourguignonnes » ou « états bourguignons », expressions qui rendent mieux compte des caractères « fédératifs » de cette construction politique, certes plurielle, mais aussi bien singulière. B.S. J. BRAEKEVELT, Jean Coustain en de hoge rechtsmacht te Lovendegem en Zomergem. Favoritisme, schenkingen en afgunst aan het hof van Filips de Goede, dans Handelingen der Maatschappij voor geschiedenis en oudheidkunde te Gent, t. LXIV, 2010, pp. 87-128. A travers un dossier bien documenté, l’A. veut illustrer les conflits surgis à la cour et dans l’administration ducales bourguignonnes entre proches du prince détenteurs de seigneuries et avides de droits et fonctionnaires gardiens de l’inaliénabilité du domaine. Les faits se déroulent dans une seigneurie flamande ressortissant à la châtellenie du Vieuxbourg de Gand et se rapportent aux prétentions à la haute justice de plusieurs détenteurs successifs. Bien que le Conseil de Flandre se soit prononcé à cet égard en faveur des prérogatives ducales contre les agissements d’un seigneur défunt (1459), le premier valet de chambre de Philippe le Bon Jean Coustain, un parvenu, acquéreur des lieux, parvient à se faire octroyer la haute justice par des lettres du prince... qu’il a peutêtre fait fabriquer lui-même grâce à sa position et ses relations curiales. Il n’en tirera guère profit puisque, accusé d’avoir conspiré contre Charles de Charolais, il périra sur l’échafaud 8 CENTRE EUROPÉEN D’ÉTUDES BOURGUIGNONNES (XIVe-XVIe SIÈCLE) BULLETIN D’INFORMATION no 63 ― FÉVRIER 2012 en 1462. Cet article, qui illustre particulièrement aussi le poids des clans et des clientèles à la cour, comporte l’édition d’un corpus de sept textes (mars 1459-octobre 1462). J.-M.C. J.-M. CAUCHIES, L’hommage de Philippe le Beau à Louis XII pour la Flandre et l’Artois (5 juillet 1499) : tradition, paix et bravade, dans Relations, échanges, transferts en Occident au cours des derniers siècles du Moyen Âge. Hommage à Werner Paravicini. Actes du colloque de Paris (4-6 décembre 2008), éd. B. GUENÉE et J.-M. MOEGLIN, Paris, 2010, pp. 407-426. L’A. se propose de réévaluer la portée politique et symbolique de cet hommage à la lumière du contexte international de l’événement, des tractations diplomatiques et des échanges épistolaires qui y présidèrent, mais aussi du déroulement exact de la cérémonie, où les gestes et paroles des protagonistes furent en tous points conformes aux pratiques féodales issues de la tradition. Philippe le Beau entend par là se désolidariser, en sa qualité de duc de Bourgogne, de l’attitude belliciste adoptée par son père Maximilien de Habsbourg et s’engage résolument sur la voie de l’alliance française, affirmant publiquement « le poids du lien de vassalité ». L’A. souligne à cet égard le rôle déterminant joué par Philippe de Clèves, qui, dans deux missives capitales adressées à Philippe et à son proche conseiller, François de Busleyden, souligne tout le profit que l’archiduc, ses pays et subgetz pourront à coup sûr tirer d’un tel hommage. Le choix de la ville d’Arras, haut lieu de la diplomatie franco-bourguignonne, la prestigieuse assemblée réunie pour la circonstance, le rôle dévolu au chancelier de France, dépositaire du grand sceau royal, « symbole même de la souveraineté », la teneur des lettres patentes établies, en son absence, au nom de Louis XII, tout concourt à la solennité de cette « prestation féodale ». Si pareille cérémonie fut pour Maximilien une grave atteinte à la solidarité dynastique qu’il prétendait imposer à son seul fils, elle représenta par là même une étape décisive dans la politique de concorde du jeune archiduc. J.D. J.-D. MOREROD, Le Grand Pardon de Lausanne, une reconstitution, dans Le Grand Pardon de Chaumont et les Pardons dans la vie religieuse, XIVe-XXIe siècles, Actes du colloque international d’histoire, Chaumont, Haute-Marne, 24-26 mai 2007, éd. P. CORBET, Fr. PETRAZOLLER et V. TABBAGH, [Chaumont], 2011, pp. 133-154. Souffrant du sinistre provoqué par l’invasion bernoise de 1536 et de la destruction d’une part importante des archives ecclésiastiques de la ville, le Grand Pardon de Lausanne est demeuré assez méconnu. Proposant une réinterprétation critique des sources internes (à l’Église) et augmentant son corpus des sources externes (émanant de la ville), essentiellement comptables, l’A. propose une reconstitution du cycle du Grand Pardon de Lausanne entre 1450 et 1534. L’étude porte tant sur la critique de l’historiographie et la problématique des sources que sur la définition de l’institution (dénomination, origine, consolidation, durée, préparatifs, déroulement, impact) ; l’A. donne à la suite une édition avec traduction des pièces du dossier qu’il a pu reconstituer. E.F. 9