Base du texte au débat - Collectif des associations citoyennes
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Base du texte au débat - Collectif des associations citoyennes
Approfondir la démocratie participative Encourager l’engagement citoyen Rencontre des Unions, Fédérations et Réseaux, associatifs nationaux Mardi 21 mai 2013 Projet de texte commun à débattre Dans la situation grave qu’il traverse, notre pays a besoin de la mobilisation exceptionnelle de toute la société pour se reconstruire. Ensemble, élus au suffrage universel et responsables associatifs, nous partageons la même conscience et la même conviction : la période très difficile que nous traversons exige la convergence entre la force de l’Etat et l’initiative des collectivités locales. Mais en plus, et avec autant de détermination, un troisième pilier de la République doit impérativement être conforté : celui de la société toute entière à travers la participation et l’engagement des citoyens dans l’accomplissement du bien public. • La société française n’a pas le moral et les propositions publiques pour lui redonner confiance ne paraissent pas à elles seules en capacité d’apporter les réponses à l’ampleur et la profondeur des problèmes. • En même temps qu’une action publique donnant espoir et perspectives, notre République a besoin de toutes les initiatives créatrices de liens, de projets, de solutions. A l’inverse des discours prônant le repli sur soi, le moment est particulièrement propice pour que les gens soient mobilisés non pas sur l’idée qu’on ne peut pas faire autrement parce qu’il y a la crise mais que l’on veut faire autrement parce qu’il y a la crise et que celle-ci s’explique en partie parce que les idées de coopération, de création collective, d’engagement, de participation ont été étouffées par le mouvement de l’individualisme exacerbé et de la compétition à outrance. Les Françaises et les Français sont de plus en plus nombreux à faire le constat des limites de ces critères pour dessiner leur propre avenir et, plus encore, pour projeter celui de leurs enfants. La participation et l’engagement citoyen doivent absolument renforcer, aux côtés de l’Etat et des collectivités, la force créative de la société. C’est pour cette raison que le lien doit être fait avec la loi de décentralisation dont les parlementaires vont prochainement débattre. Cette loi offre l’opportunité de faire progresser la démocratie participative dans l’esprit originel de la décentralisation. Il ne s’agit pas de remettre en cause le pouvoir légitime des élus au suffrage universel mais de conjuguer légitimité républicaine et dynamique citoyenne. Cette participation doit dépasser le niveau de la représentation des citoyens dans l’espace public et leur contrôle de l’action politique pour aller jusqu’à la co-construction permanente de l’action publique par les citoyens et les responsables publics. Ensemble nous affirmons que la participation de la société à l’accomplissement du bien commun et le pouvoir d’agir des citoyens dans l’intérêt général constituent un réservoir immense de forces sur lesquelles le pays peut compter. • En des temps autrement plus périlleux, le Conseil National de la Résistance a su s’appuyer, reconnaître, faire confiance et soutenir des mouvements au cœur de la société et des territoires. • Au-delà d’une réponse à la gravité de la situation, la participation et l’engagement citoyen expriment une conception de la vie en société où personne ne peut s’affranchir d’apporter sa contribution au bien commun. • Dans les communes de nos campagnes comme dans les quartiers de nos villes, dans les domaines des solidarités avec les personnes comme dans ceux du développement local, de l’économie solidaire, du développement durable, de l’éducation populaire, de l’action culturelle et sportive, de la coopération internationale, de l’entraide civile … il existe un potentiel énorme d’énergies, de talents, de compétences, d’intelligences à mobiliser au service du bien commun et du redressement de la France. • Si elle est encouragée et organisée, une telle mobilisation peut permettre de traverser les années difficiles de réduction des déficits publics sans sacrifier les services publics et pénaliser les usagers. Elle peut redonner de l’espoir, du sens et de la cohésion à une société qui semble tétanisée par des horizons bouchés et qui peut trouver des forces à se retrousser les manches. Il ne s’agit pas de faire reproche au gouvernement que la participation et l’engagement citoyen soient insuffisamment présents dans le projet de loi. Il était absolument impérieux et prioritaire que la question des périmètres de compétences entre les niveaux de collectivités soit dans un premier temps clarifiée. La place trop modeste de la participation et de l’engagement citoyen dans ce projet de loi peut devenir une chance si la loi propose d’engager la réflexion de fond et d’ouvrir un chantier avec les nombreux partenaires impliqués au quotidien. Ensemble nous proposons de participer à l’amélioration immédiate de la loi en engageant un travail de rédaction des amendements nécessaires au renforcement de la participation et de l’engagement citoyen dans l‘action publique. • Il n’y a pas fatalité à ce que tout passe par l’Etat et les collectivités. Aucune mobilisation forte à la hauteur des enjeux sociaux, économiques et environnementaux que le pays doit relever ne pourra s’agréger sans initiatives des citoyens. • La loi doit affirmer que sans le citoyen, l’organisation nationale et territoriale de la République ne peut conduire une action publique totalement aboutie. Audelà des nécessaires processus de participation du citoyen à l’action publique, la sphère publique doit favoriser l’engagement citoyen, permettre aux projets de chacune et chacun, comme de leurs organisations, de trouver leur place dans la construction d’une société plus juste et plus attentive à chacun. • Elle doit le rendre possible, le favoriser, l’inciter : > en mobilisant les ressources administratives, universitaires et associatives au service de l’appui à l’engagement citoyen, > en favorisant l’échange de pratiques aux différents niveaux de conduite de l’action publique (national, régional, départemental, intercommunal ou communal) toute proposition apte à encourager l’engagement citoyen, > en régularisant et généralisant la possibilité pour une collectivité territoriale d’avoir recours au bénévolat et au volontariat pour mettre en œuvre ses orientations en complément de ses propres services, et en sécurisant le statut et la protection du bénévole dans l’action publique, ainsi que le statut de l’entraide citoyenne, > en instituant, pour chaque niveau de collectivité doté de la clause de compétence générale, une obligation de disposer, dans des conditions fixées par la collectivité, de lieux accessibles gratuitement à tout groupe de citoyens pour construire ensemble leurs projets collectifs dans les domaines économique, touristique, culturel, sportif, socio culturel, environnemental, humanitaire, des solidarités, de coopération internationale, du développement local ou de l’économie sociale et solidaire, > en instituant, pour chaque niveau de collectivité territoriale, l’obligation d’un compte-rendu annuel de mandat, ouvert à tout citoyen, au travers duquel l’exécutif présente l’avancée des projets de la collectivité, et la liste des politiques publiques et des projets à venir sur lesquels il sollicite le concours de l’engagement citoyen. Si la loi est indispensable pour soutenir la participation et l’engagement, elle ne saurait remplacer la puissance d’un état d’esprit collectif entièrement mobilisé sur la construction d’une société vivifiée par la vitalité des liens réunissant ses membres. Ensemble, nous manifestons notre résolution à engager un mouvement dans lequel se reconnaissent et trouvent leur place tous les réseaux, chacun dans sa spécificité, pour construire des propositions à moyen et long terme, édifiant avant le terme de la mandature présidentielle les bases solides du 3ème pilier de la République. • Plus que le contenu de la loi, c’est l’esprit d’initiative et le souffle de la confiance que la loi pourra impulser auxquels nous voulons accorder de l’importance • Le travail à court terme pour compléter la loi de décentralisation doit être le signal fort et résolu de la confiance de la République dans le pouvoir d’agir des citoyens et l’impulsion d’un élan national démocratique, social et civique dont nous avons besoin. • Une prochaine réunion des réseaux associatifs doit poser les fondements de ce mouvement ainsi que les bases d’un fonctionnement collectif permettant à la fois de proposer des amendements à la loi de décentralisation sur la participation et l’engagement citoyen et engager un chantier de fond sur ces questions pour les deux ou trois ans à venir. • Dans cette perspective, un texte d’appel est à rédiger pour inviter associations et citoyens à dire leurs initiatives, leurs projets et leurs aspirations individuelles et collectives, à dire les formes d’organisation qui leur permettent d’agir comme des citoyens actifs, à dire les valeurs qui les motivent et les mettent en mouvement avec d’autres, à dire comment ils transforment les découpages administratifs en territoires de vie ouverts les uns vers les autres, à dire ce qui les empêche de réaliser leurs projets, à dire les avancées et les innovations qui jalonnent leurs démarches. • Ces initiatives, ces acteurs, ces réflexions et contributions se rassembleront dans un délai d’un an pour faire converger les forces d’innovation citoyenne qui existent dans tout le pays et mettre en scène notre conviction commune. Ensemble, c’est ainsi que nous voulons sortir de la crise, ré-enchanter la démocratie et nous engager dans l’accomplissement d’une République plus fraternelle.