Mesure de la qualité organoleptique des tomates
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Mesure de la qualité organoleptique des tomates
fédérale de recherches en production végétale RAC deStation Changins Directeur: André Stäubli www.racchangins.ch Mesure de la qualité organoleptique des tomates A. GRANGES, V. GUNTHER1, A. DEPREZ2, J. DALIN3 et E. VERZAUX4, Station fédérale de recherches en production végétale de Changins, Centre d’arboriculture et d’horticulture des Fougères, CH-1964 Conthey @ E-mail: [email protected] Tél. (+41) 27 34 53 511. Résumé Afin de valider une grille de qualité organoleptique proposée par le programme COST 915, cinq variétés de tomate à grappes ont été soumises à quatre tests de consommateurs en 2001 puis en 2002, ainsi qu’à des analyses et mesures physico-chimiques. Les variétés ont été appréciées dans l’ordre décroissant suivant par les consommateurs: – en 2001: Cadance > Durinta, Cloé > Clarion, Cedrico – en 2002: Verin > Cadance > Durinta, Clarion, Jabot. Toutes sont des variétés à grappes à fruits moyens excepté Verin qui appartient au type cocktail à fruits plus petits et ovales. Les corrélations les plus significatives entre les notes des consommateurs et les mesures physico-chimiques ont été obtenues avec l’indice de réfraction (°Brix) (r = 0,68 en 2001 et r = 0,79 en 2002) mais également avec l’acidité totale du jus (r = 0,74 en 2001 et r = 0,68 en 2002). Les mesures des composés volatils totaux (arômes) n’ont pas permis de confirmer les résultats positifs de COST 915. Sur la base des résultats de COST 915 et de deux années de validation, des valeurs guides pouvant servir à définir un seuil de qualité organoleptique chez la tomate sont proposées. Introduction Une étude concernant la qualité des fruits et légumes (COST 915) fut réalisée de 1997 à 2000 au Centre d’arboriculture et d’horticulture des Fougères de la RAC à Conthey avec la collaboration de l’Ecole d’ingénieurs du Valais à Sion (HES) et des partenaires associés (Fédération des coopératives Migros FCM et Office cantonal de l’arboriculture du Valais OCAVs). Elle avait pour objectif principal de développer une méthodologie d’étude de la qualité organoleptique pour les fruits et les légumes, en prenant en compte les besoins des consommateurs. 1 Service de l’agriculture, Office cantonal de l’arboriculture et de l’horticulture, CH-1951 Châteauneuf. 2 Institut national d’horticulture, F-49045 Angers (stagiaire 2001). 3 Institut universitaire de technologie, Option agronomie, F-69622 Villeurbanne (stagiaire 2002). 4 Institut supérieur d’agriculture, F-59046 Lille (stagiaire 2002). Revue suisse Vitic. Arboric. Hortic. Vol. 35 (5): 000-000, 2003 Fig. 1. Préparation de la purée de tomate à l’aide du presse-tomates à vis sans fin (Tomato Testarossa®). Ce type de presse-tomates permet de réduire les pertes en gel placentaire et d’obtenir des résultats d’analyses supérieurs à ceux des centrifugeurs de ménage. Cette étude a montré qu’un panel semi-entraîné (10 à 12 personnes) permettait d’obtenir les données sensorielles explicatives de la qualité, alors que le test de consommateurs (100 à 120 personnes) était le seul moyen fiable pour évaluer globalement la qualité hédoniste de la tomate. Il est apparu que la note d’appréciation du consommateur était liée positivement à l’indice de réfraction (°Brix) des tomates (GRANGES et al., 2000 et 2002). L’étude et le développement d’un instrument de mesure des arômes et l’emploi d’une fibre particulière adaptée au piégeage des composés volatils contenus dans les tomates (AZODANLOU et al., 1999; AZODANLOU, 2001) ont permis d’étudier les composants volatils globaux de la tomate et de lier cette teneur à l’appréciation des consommateurs. Ces résultats ont conduit à proposer une grille provisoire de qualité COST 915. Le seuil de qualité a été défini par un indice de réfraction supérieur à 4,5 °Brix, une teneur en composés volatils globaux supérieure à 0,261 mg/kg de jus de tomate et une fermeté du fruit inférieure à 80 (indice Durofel), la teneur en acides totaux n’ayant pas 1 été retenue comme critère discriminant de la qualité gustative de ce fruit. Afin de valider la grille de qualité proposée dans le projet COST 915, cinq variétés de tomate à grappes à fruits moyens et petits ont été soumises à quatre tests de consommateurs successivement en 2001 et 2002. Ils ont été conduits de début juin à fin août dans quatre importants centres de distribution en Valais. Différentes analyses physico-chimiques ont été effectuées à la suite des tests de consommateurs et les liens existants entre les notations des consommateurs et les résultats d’analyses ont été établis. Matériel et méthodes Les tomates analysées et dégustées en 2001 et 2002 ont été cultivées hors sol dans une serre chauffée du Centre des Fougères de la RAC à Conthey. Les cultures ont été mises en place les deux années à la mi-mars et conduites selon les normes du Manuel suisse des légumes (ANONYME, 2001 et 2002). Les méthodes de dégustation et d’analyse utiles à la compréhension du présent article sont rappelées ci-dessous. L’ensemble des méthodes développées et utilisées dans le projet COST 915 a été décrit antérieurement (GRANGES et al., 2001). Prélèvement des échantillons de tomates Les tomates sont récoltées au stade de coloration 8-10 (charte CBT1) et maintenues à 18 °C durant 3 à 4 jours afin de préparer un échantillon uniforme quant à la coloration et au calibre représentatifs de la variété. L’échantillon est définitivement choisi au stade de coloration 11-12, la veille de son utilisation. Les fruits sont placés à température ambiante durant 6 à 8 heures avant d’être dégustés puis analysés. La moitié de chacun des fruits dégustés est renvoyée au laboratoire pour analyses, immédiatement après la dégustation. 1 Codes de maturité définis par le Bureau central des Veilings néerlandais (CBT), et adoptés par l’OCDE. Codes d’après la coloration de 1 (tomate verte) à 12 (tomate rouge). Préparation des jus pour les différentes mesures La procédure de préparation des jus utilisée lors du projet COST 915 a subi quelques améliorations en 2001, puis en 2002, décrites dans le tableau 1. Le choix de la procédure 2002 a eu lieu après un test comparant trois différents presse-tomates: 1. Rotel, à centrifugeur de ménage; 2. Vitamat, à centrifugeur de ménage; 3. Tomato Testarossa®, à vis sans fin (fig. 1). Les résultats obtenus (non publiés) ont montré la supériorité significative de la dernière variante sur les deux autres en ce qui concerne les indices de réfraction et les teneurs en acides totaux mesurés. La procédure retenue dès le début de la campagne 2002 est alors la suivante: – Mettre en purée 15 tomates représentatives du lot (maturité 11-12 CBT) à l’aide du presse-tomates à vis sans fin Tomato Testarossa® (Fiseldem, I-20092 Cinisello). – Homogénéiser la purée par brassage durant environ 60 secondes. – Prélever la purée pour les mesures des acides totaux et des teneurs en arômes globaux. – Pour la mesure de l’indice de réfraction (°Brix), prélever 5 cuillères à soupe de purée dans un papier filtre (Schleicher & Schuell, diamètre 240 mm), puis fermer le filtre en le pressant légèrement à la main afin de recueillir 4 à 5 gouttes sur le réfractomètre digital. Instruments d’analyses La fermeté des fruits est mesurée à l’aide d’un dynamomètre électronique (Durofel 25, Copa Technologie, Saint-Etienne-duGrès, France), qui indique le retrait superficiel sous l’action d’une force localisée sur un embout de 0,25 cm2 (mesures effectuées en 2001 seulement). L’indice de réfraction (°Brix) est donné par réfractométrie (Atago PR-1). L’acidité totale est mesurée par titration à 0,1 M NaOH (titrator Mettler DL25) et exprimée en g d’acide citrique/l de purée. La mesure des composés volatils met en œuvre un instrument développé au cours du projet COST 915. La méthode de mesure a été décrite par AZODANLOU (1999). La fibre absorbante SPME (Solid Phase Micro Ex- traxtion) recueillant les arômes était de type CAR/PDMS (Carboxen Polydiméthylsiloxane). Test de consommateurs Il est constitué de 100 à 120 personnes prises au hasard dans un important centre de distribution. Les fruits de cinq variétés de tomate par dégustation sont coupés en secteurs avant d’être présentés aux consommateurs. L’appréciation globale (hédoniste) est notée sur un formulaire simple, selon une échelle progressive de 1 à 9. Quatre tests de consommateurs ont été réalisés en 2001 et quatre en 2002 entre le début de juin et la fin d’août, dans quatre centres commerciaux importants en Valais (Placette Sierre et Monthey en 2001 et Migros Sion et Monthey en 2002). Méthode d’analyse par catégorisation La méthode d’analyse par catégorisation se pratique sur un quartier du fruit qui a été dégusté par le consommateur, échantillon préalablement classé en fonction de la note (entre 1 et 9) reçue par le dégustateur. Neuf sous-échantillons sont ainsi formés de quartiers de fruits (toutes variétés confondues) ayant reçu la même note, avant d’être analysés séparément en laboratoire. Méthode d’analyse par variété Cette méthode consiste à analyser les échantillons de tomates par variété séparée. Ces échantillons sont préparés lors du découpage des tomates sur le stand même de dégustation. Cette méthode se différencie de la précédente par le fait que l’analyse ne s’applique qu’aux variétés prises individuellement. Variétés dégustées En 2001: Cadance (De Ruiter); Cedrico (Rijk Zwaan); Clarion (Sygenta); Cloé (Sygenta); Durinta (Western Seeds). En 2002: Cadance (De Ruiter); Clarion (Sygenta); Durinta (Western Seeds); Jabot (Bruinsma); Verin (Enza Zaden). Toutes sont des variétés à grappes à fruits moyens ronds, sauf Verin qui est de type cocktail à petits fruits ovales. Tableau 1. Amélioration de la procédure de préparation des purées (non filtrées) ou jus (filtrés) pour les différentes mesures. Procédure COST 915 2002 15 tomates représentatives sont broyées à l’aide d’un presse-tomates à vis sans fin (Solenio, Fiseldem, Italie) excluant peau et graines à centrifugeur (de ménage, Vitamat) excluant peau, graines et fraction du gel placentaire à vis sans fin (Tomato Testarossa ®, Fiseldem, Italie) excluant peau et graines Substance utilisée pour les mesures La purée est directement utilisée pour les mesures de l’indice de réfraction, de l’acidité totale et des arômes globaux La purée est directement utilisée pour les mesures de l’indice de réfraction, de l’acidité totale et des arômes globaux La purée est directement utilisée pour les mesures de l’acidité totale et des arômes globaux. Elle est filtrée au papier filtre* afin d’obtenir un jus pour la mesure de l’indice de réfraction *Schleicher & Schuell, diamètre 240 mm. 2 2001 5,5 7 5,0 4,5 4,0 6 5,8 (a) 5,3 (b) 5,4 (ab) 3,5 4,7 (c) 4,9 (c) 3,0 5 4 2,5 2,0 3 1,5 1,0 2 1 0,0 Cadance Durinta Cloé Clarion Cedrico 7,0 Indice de réfraction (°Brix), acidité totale (g d'acide citrique/l) Les résultats des quatre tests de consommateurs de 2001 et 2002 permettent d’établir une comparaison des variétés à l’aide de la note d’appréciation globale (note moyenne) des consommateurs (fig. 2 et 3). En 2001, les variétés Cadance et Durinta sont les mieux appréciées tandis que les variétés Clarion et Cedrico sont les moins bien notées. Cloé occupe une position intermédiaire (fig.2). Toutes ces variétés appartiennent aux tomates à grappes à fruits ronds de calibre moyen. En 2002, c’est la variété Verin (fig. 4), 8 6,0 0,5 Résultats Comparaison de la qualité organoleptique des différentes variétés Note moyenne Note moyenne des consommateurs Le logiciel Sigmastat 2.0 est utilisé pour les analyses de variance (ANOVA); lorsque le test de normalité échoue, on introduit le test non paramétrique de Fisher PLSD (Protected Least Significant Difference). L’analyse des corrélations de Pearson a été choisie afin d’identifier les interdépendances entre les variables. g ac. citrique/l 9 ° Brix 6,5 g ac. citrique/l Note moyenne 8 6,0 5,5 5,0 7 6,9 (a) 4,5 6 5,7 (b) 4,0 5,1 (c) 3,5 5,1 (c) 5,0 (c) 5 3,0 4 2,5 2,0 3 1,5 1,0 2 Note moyenne des consommateurs Analyses statistiques des données 9 °Brix 6,5 0,5 0,0 1 Verin Cadance Clarion Durinta Jabot Fig. 3. Lien entre la note d’appréciation des consommateurs, l’indice de réfraction et l’acidité totale des fruits de cinq variétés de tomate. Moyenne de quatre tests de consommateurs en 2002. Les notes moyennes des consommateurs (sur la courbe) suivies par une même lettre ne sont pas significativement différentes (P = 0,05). Fig. 4. La variété cocktail Verin à petits fruits, de forme ovale, a été la mieux appréciée par les consommateurs en 2002. Elle est suivie des variétés à grappes, à fruits moyens, Cadance puis Clarion, Durinta et Jabot. 6,50 6,00 Notes des consommateurs Les notes moyennes des consommateurs (sur la courbe) suivies par une même lettre ne sont pas significativement différentes (P = 0,05). 7,0 Indice de réfraction (°Brix), acidité totale (g d'acide citrique/l) Fig. 2. Lien entre la note d’appréciation des consommateurs, l’indice de réfraction et l’acidité totale des fruits de cinq variétés de tomate. Moyenne de quatre tests de consommateurs en 2001. 5,50 5,00 4,50 Cadance Cedrico Clarion Cloé Durinta moyenne 2001 4,00 3,50 3,00 20.06 11.07 2.08 22.08 Dates des tests de consommateurs Fig. 5. Notes d’appréciation des cinq variétés de tomate en cours de saison en fonction des quatre tests de consommateurs en 2001. 3 de type cocktail à petits fruits de forme ovale, qui prend la tête du classement devant Cadance, puis Clarion, Durinta et Jabot, les trois dernières n’étant pas significativement différentes l’une de l’autre (fig. 3). Tableau 2. Coefficients de corrélations (Pearson) entre les notes moyennes d’appréciation des consommateurs et les différents critères d’analyses au cours des quatre tests consommateurs entre 2001 et en 2002 (chaque test consommateurs de 100 personnes comprend cinq variétés de tomate). TESTS CONSOMMATEURS 2001 Analyses 2001 Sierre 20 juin Monthey 11 juillet Sierre 2 août Monthey 22 août Année 2001 Effet de la saison sur la qualité organoleptique Indice de réfraction 0,93* (0,65) (0,69) (0,85) 0,67* Acidité totale (g ac. citrique) 0,95* (0,73) (0,72) 0,96* 0,74* Comme le montre la figure 5, l’appréciation des différentes variétés par les consommateurs varie au cours de la saison. Les différences qualitatives des variétés sont perçues de manière forte au cours du premier test le 20 juin 2001. Elles sont moins évidentes ensuite. De plus, on peut noter une augmentation de la note d’appréciation globale donnée par les consommateurs lors de la dégustation la plus tardive, le 22 août 2001. Pour l’année 2001, la variété Cadance est la mieux appréciée tout au long de la saison. Composés volatils totaux (arômes) (0,63) 0,97* (0,60) (0,85) 0,65* 0,87 0,87 0,87 0,51 rseuil (P = 0,05) 0,87 TESTS CONSOMMATEURS 2002 Analyses 2002 Sion 12 juin Monthey 26 juin Sion 17 juillet Monthey 7 août Année 2002 Indice de réfraction 0,95* (0,86) 0,91* (0,70) 0,79* Acidité totale (en ac. citrique) (0,64) (0,73) (0,86) (0,64) 0,68* n.s n.s n.s n.s n.s 0,87 0,87 0,87 0,87 0,51 Composés volatils totaux (arômes) rseuil (P = 0,05) *Significatif à P = 0,05; ( ) significatif à P = 0,10. Relations entre note d’appréciation globale des consommateurs et résultats d’analyses physico-chimiques (r = 0,86) et du 17 juillet (r = 0,91), mais plus faiblement au cours du test du 7 août. Globalement, pour l’année 2002, la note moyenne des consommateurs est corrélée significativement (r = 0,79) avec la teneur en sucre du jus. Note des consommateurs et méthode d’analyse par variété Contrairement aux résultats obtenus lors du projet COST 915, la méthode d’analyse par catégorisation ne nous a pas permis d’obtenir de corrélations significatives entre la note des consommateurs et les résultats d’analyses au cours des deux années de validation. Ces valeurs ne sont pas rapportées ici. La méthode d’analyse par variété, au contraire, nous a permis d’établir des corrélations intéressantes rapportées cidessous. Acidité totale (g ac. citrique/l) En 2001, on observe une corrélation élevée entre la note des consommateurs et les teneurs en acides des différentes variétés (resp. r = 0,95; r = 0,96); globalement, la corrélation est significative (r = 0,74) pour toute l’année (tabl. 2). En 2002, contrairement à l’année précédente, la note des consommateurs est plus faiblement corrélée avec l’acidité totale du jus des différentes variétés. Mais, globalement pour l’année 2002, cette corrélation est significative (r = 0,68) (tabl. 2 et 3). Indice de réfraction (°Brix) En 2001, la note des consommateurs est fortement corrélée (tabl. 2 et 3) avec l’indice de réfraction (°Brix), lors du premier (20 juin, r = 0,93) et du dernier test (22 août, r = 0,85), mais plus faiblement au cours des tests du 11 juillet et du 2 août. Globalement, pour l’année 2001, la note moyenne des consommateurs est corrélée significativement (r = 0,67) avec la teneur en sucre du jus. En 2002, la note des consommateurs est fortement corrélée (tabl. 2 et 3) avec l’indice de réfraction (°Brix) lors des tests du 12 juin (r = 0,95), du 26 juin Composés volatils totaux (arômes) En 2001, la note du consommateur est fortement corrélée avec la teneur en arômes des tomates le 20 juillet (r = 0,97) et le 22 août (r = 0,85), mais elle ne l’est pas le 20 juin ou le 2 août. Globalement, pour l’année 2001, la note moyenne des consommateurs est corrélée significativement (r = 0,65) avec la teneur en arômes du jus (tabl. 2 et 3). En 2002, la note des consommateurs n’est pas corrélée avec la teneur en arômes des différentes variétés au cours des quatre tests (tabl. 2 et 3). 4 Fermeté des fruits (indice Durofel) La note des consommateurs était corrélée négativement (r = –0,87) avec la fermeté des fruits au cours d’un seul test de consommateurs, le 22 août 2001. Sur l’ensemble de l’année, ce critère n’a pas permis d’établir de corrélation avec la note des consommateurs. Discussion Les notes données par les consommateurs aux différentes variétés ont montré que seule la tomate cocktail Verin (fig. 4) à petits fruits ovales a obtenu une note supérieure à Cadance variété à fruits moyens ronds, la mieux appréciée des consommateurs parmi les tomates examinées. L’appréciation des différentes variétés et leur classement peuvent varier en cours de saison et d’une année à l’autre. Toutefois, comme on a pu le montrer dans un travail antérieur (GRANGES et al., 2002), le millésime n’a pas d’incidence sur la fiabilité du jugement du consommateur. C’est la teneur en sucres de la tomate, exprimée par l’indice de réfraction du jus (°Brix), qui influence le plus l’appréciation globale du consommateur. Les corrélations établies entre la note des consommateurs et les analyses physico-chimiques par variété informent sur la fiabilité des différents critères de mesure de la qualité organoleptique. Tableau 3. Note moyenne d’appréciation des consommateurs de cinq variétés de tomate à grappe au cours de quatre tests (TC:100 personnes) en 2001 et quatre en 2002. Analyse du jus des tomates pour l’indice de réfraction (°Brix) et l’acidité totale (g ac. citrique/l). ANALYSES 2001 Date TC 2001 ANALYSES 2002 Variété Date °Brix g ac. citr./l Note moyenne TC 2002 Variété °Brix g ac. citr./l Note moyenne 20 juin 2001 Cadance Durinta Cloé Clarion Cedrico 4,6 4,4 4,5 3,8 3,9 3,3 3,4 3,3 2,8 2,7 5,9 5,8 5,4 4,6 4,3 12 juin 2002 Verin Cadance Clarion Durinta Jabot 6,3 5,1 4,6 4,7 4,6 4,7 4,0 4,6 4,4 3,8 6,7 5,0 4,9 5,3 4,8 11 juillet 2001 Cadance Durinta Cloé Clarion Cedrico 4,8 4,3 4,9 4,4 4,6 3,3 3,4 3,3 3,0 3,0 5,6 5,1 5,6 4,8 4,7 26 juin 2002 Verin Cadance Clarion Durinta Jabot 6,4 5,3 5,0 5,1 5,1 5,4 4,6 4,5 4,7 4,7 6,8 6,2 4,9 4,9 4,8 2 août 2001 Cadance Durinta Cloé Clarion Cedrico 5,0 4,5 4,8 4,3 4,4 3,0 3,1 3,1 2,9 2,7 5,5 5,2 5,1 5,0 4,7 17 juillet 2002 Verin Cadance Clarion Durinta Jabot 6,8 5,5 5,1 5,3 5,6 5,6 4,3 4,3 4,5 4,5 6,9 5,6 5,4 4,9 5,3 22 août 2001 Cadance Durinta Cloé Clarion Cedrico 4,9 4,8 4,6 4,2 4,2 3,7 3,5 2,7 2,6 2,5 6,0 5,6 5,2 5,0 5,1 7 août 2002 Verin Cadance Clarion Durinta Jabot 6,8 6,2 5,5 5,9 6,5 5,5 4,8 4,8 4,6 5,3 7,0 6,1 5,3 5,2 5,3 TC: Test de consommateurs (note moyenne de 100-120 personnes). Chez la tomate, les sucres représentent environ 48% de la matière sèche totale. Ils sont essentiellement constitués de fructose et de glucose en parts égales et d’une quantité très faible de saccharose (DAVIES et al.,1981): selon GRASSELLY et al. (2000), les concentrations moyennes pour la tomate rouge sont de 14 g/l de fructose, 13 g/l de glucose et 0,5 g/l de saccharose. Comme on l’a montré dans un travail préliminaire au projet COST 915, la mesure de l’indice de réfraction exprimé en °Brix (indice de la matière sèche soluble) se révèle un bon indicateur de la teneur en sucres de la tomate (r = 0,80) (GRANGES et al., 2000). L’indice de réfraction évolue relativement peu dans les tomates récoltées en serre de juin à septembre. Toutes variétés confondues (fruits ronds moyens), les mesures faites entre 1997 et 2002 (excepté 2001) ont montré des variations annuelles de °Brix moyen allant généralement de 4,5 à 5,2 entre le début de juin et la fin d’août; en 2001, ces valeurs ont été plus basses et oscillaient entre 4,2 et 4,8 °Brix. La note des consommateurs est fortement corrélée avec le °Brix du jus des tomates au cours de deux des quatre tests consommateurs 2001 et de trois des quatre tests 2002. Globalement, pour chacune des deux années, la note moyenne des consommateurs est corrélée significativement avec le °Brix du jus selon la méthode d’analyse par variété: r = 0,68 en 2001 et r = 0,79 en 2002 (fig. 6). Lors du projet COST 915, avec l’utilisation de la méthode d’analyse par catégorisation, la corrélation obtenue était plus élevée (r = 0,98) (GRANGES et al., 2000). Cette dernière méthode ne s’est toutefois pas révélée intéressante au cours des deux années de validation. La grande diversité des personnes ayant participé aux tests de consommateurs et le faible écart gustatif observé entre les différentes variétés proposées expliquent en partie le manque de succès de la catégorisation au cours des deux années concernées. 7,0 r = 0,79 6,5 6,0 °Brix Indice de réfraction (°Brix) 5,5 r = 0,68 5,0 4,5 4,0 3,5 4,0 4,5 5,0 5,5 6,0 6,5 7,0 7,5 Note des consommateurs Note des consommateurs vs. °Brix en 2001 Note des consommateurs vs. °Brix en 2002 Droite de régression 2001 et 2002 Fig. 6. Relations entre la note d’appréciation des consommateurs donnée au cours de quatre tests de consommateurs en 2001 et en 2002 et l’indice de réfraction (°Brix) mesuré selon la méthode d’analyse par variété. 5 Acidité totale (g ac. citrique/l) L’acide citrique représente 9% et l’acide malique 4% de la matière sèche de la tomate (DAVIES et al., 1981). D’après OSVALD (2001), les concentrations moyennes sont de 7,8 g/l pour l’acide citrique et de 0,7 g/l pour l’acide malique. Selon le projet COST 915 (GRANGES et al., 2000), la teneur en acides totaux mesurée par titration, exprimée en g d’acide citrique/litre, est un bon estimateur de la teneur en acides organiques de la tomate. Elle est fortement corrélée avec la teneur en acide citrique (r = 0,69) mais elle ne l’est pas avec le pH du jus. La teneur en acides de la tomate évolue peu dans les tomates récoltées en serre de juin à septembre. Toutes variétés confondues (fruits ronds), les mesures faites entre 1997 et 2002 (excepté 2001) ont montré des variations d’acidité totale moyenne (g d’acide citrique par litre de jus) allant de 4,0 à 5,3 entre le début de juin et la fin d’août. En 2001, où ces valeurs étaient les plus faibles, elles se situaient entre 2,5 et 3,7. L’utilisation d’un presse-tomates à centrifugeur Vitamat (cf. tabl. 1) permet d’expliquer en partie les plus faibles teneurs d’acidité enregistrées au cours de cette année. Ce presse-tomates conduit à une évacuation excessive du gel placentaire des tomates dans les déchets et réduit l’acidité totale du jus. Le gel placentaire de la tomate présente des teneurs en acides plus élevées que la chair (NAVEZ, 2002). Contrairement aux résultats obtenus lors du projet COST 915, la note des consommateurs est fortement corrélée avec l’acidité totale lors de deux des quatre tests en 2001 et au cours d’un des quatre tests seulement en 2002. Globalement, pour chacune des deux années, la note moyenne des consommateurs est corrélée significativement avec l’acidité totale: r = 0,74 en 2001 et r = 0,68 en 2002. Cela indique que l’acidité des tomates peut apparaître plus discriminante chez les consommateurs lorsque les teneurs en sucres (°Brix) sont faibles, comme c’est le cas en 2001. Composés volatils totaux (arômes) Des 400 substances volatiles identifiées chez la tomate et ses produits dérivés (PETRO-TURZA, 1987), seules trente-ont été considérées comme des constituants importants de l’arôme de tomate fraîche par BUTTERY et al. (1988). 6 Conclusions ❏ Les liens entre la note d’appréciation globale des consommateurs et les différents critères d’analyses informent sur la fiabilité de ces derniers lorsqu’ils sont utilisés pour déterminer la qualité organoleptique de la tomate. ❏ Les corrélations les plus élevées ont été obtenues entre la note d’appréciation globale des consommateurs et la teneur en sucre, exprimée par l’indice de réfraction du jus (°Brix ): r = 0,68 en 2001 et r = 0,79 en 2002 (P < 0,001). ❏ L’acidité totale est également un critère discriminant de la qualité gustative chez la tomate: r = 0,74 en 2001 et r = 0,68 en 2002 (P < 0,001). ❏ La mesure des composés volatils totaux (arômes) n’a pas permis de confirmer les résultats obtenus dans le cadre du projet COST 915. ❏ Sur la base des données du projet COST 915 (1997-1999) et des deux années de validation, les valeurs guides suivantes sont proposées pour un seuil de qualité organoleptique de la tomate: Indice de réfraction > 4,0-4,5 °Brix Acidité totale > 3,0-3,5 g d’acide citrique/l de purée Fermeté du fruit (indice Durofel) < 85 ❏ Les variétés examinées ont été appréciées dans l’ordre décroissant suivant par les consommateurs: En 2001: Cadance > Durinta, Cloé > Clarion, Cedrico En 2002: Verin > Cadance > Durinta, Clarion, Jabot Toutes étant des variétés à grappes à fruits moyens, excepté Verin qui appartient au type cocktail à fruits petits et ovales. Lors du projet COST 915, différentes mesures des arômes volatils totaux effectuées conjointement à des tests organoleptiques avaient montré l’intérêt des fibres CAR/PDMS pour la mesure de la teneur des composants de la tomate. Or, les mesures effectuées en 2001 et 2002 n’ont pas permis de confirmer les résultats obtenus antérieurement. Fermeté des fruits (Durofel) Comme il avait été montré dans l’étude COST 915, la mesure de la fermeté du fruit entier à l’aide d’un appareil Durofel 25 était corrélée (r = 0,72) avec la perception de la fermeté des dégustateurs. En 2001, la note des consommateurs n’a été corrélée négativement avec la fermeté des fruits (r = –0,87) que lors du test du 22 août. Compte tenu des trop faibles écarts de fermeté existant entre les différentes tomates examinées en 2001 et 2002, ce critère n’a pas permis d’établir de relations avec la note des consommateurs. On rappellera toutefois qu’une fermeté du fruit excessive (supérieure à un indice Durofel 85) ainsi qu’une texture farineuse sont des facteurs de dépréciation de la tomate. Remerciements Nous remercions les collaborateurs des cultures en serres (RAC) pour la réalisation et le suivi des cultures de tomate destinées à ces expérimentations ainsi que M. P.-Y. Cotter (RAC) pour son aide et la supervision des analyses de laboratoire. Les directions des Centres commerciaux de Placette Sierre et Monthey (2001) et Migros Sion et Monthey (2002) sont remerciées pour leur collaboration aux différents tests de consommateurs. Nous remercions également M. Ch. Carlen (RAC) pour la relecture critique du manuscrit. Bibliographie ANONYME, 2001 et 2002. Manuel suisse des légumes. Union maraîchère suisse, 3001 Berne. AZODANLOU R., DARBELLAY C., LUISIER J. L., VILLETTAZ J. C., AMADO R., 1999. A new concept for the measurement of total volatile compounds of food. Z. Lebensm. Unters. Forsch. 208, 254-258. AZODANLOU R., 2001. A methodology for assessing the quality of fruit and vegetable. Swiss federal Institute of technology, ETH-Zürich. Diss. ETH Nr. 14180. BUTTERY R. G., TERANISHI R., LING L. C., 1988. Fresh tomato aroma volatile: quantitative study. Flavor Chemistry, Trends and Developments, ACS Symposium Series Nr 388, Eds. Teranishi, 000-000. DAVIES J., HOBSON G., 1981. The constituents of tomato fruit – The influence of environment, nutrition and genotype. CRC Critical Rev. Food Sci. Nutrit. 15, 205-280. GRANGES A., AZODANLOU R, COTTER P.-Y., DORSAZ A., MERCIER A., TSCHABOLD J. L., 2000. Action COST 915: Amélioration de la qualité des fruits et des légumes, adaptée aux besoins du consommateur. Module l: Tomate. Station fédérale de recherches en production végétale de Changins, Centre d’arboriculture et d’horticulture des Fougères, 1964 Conthey, 90 p. (disponible également sur Internet sous COST 915). GRANGES A., AZODANLOU R., TSCHABOLD J. L., 2001. Le goût de la tomate: influence de la variété sur la qualité organoleptique. Revue suisse Vitic., Arboric., Hortic. 32 (3), 175-180. GRANGES A., DEPREZ A., 2002. Variations annuelles de la qualité organoleptique de la tomate: appréciation des consommateurs. Revue suisse Vitic., Arboric., Hortic. 34 (4), 219-222. GRASSELLY D., NAVEZ B., LETARD M., 2000. Tomate: Pour un produit de qualité. CTIFL, Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes. 22, rue Bergère, Paris, 222 p. NAVEZ B., JOST M., BOUCHER H., 2002. Tomate. Caractérisation de lots issus d’essais techniques culturaux. Analyse physico-chimique. (Rapport Actions Qualité Tomate 2002, Paris octobre 2002). CTIFL, Centre de Saint-Rémyde-Provence, France. OSVALD J., PETROVIC N., DEMSAR J., 2000. Sugar and organic acid content of tomato fruits grown on aeroponics at different plant density. Acta Alimentaria 30 (1), 53-61. PETRO-TURZA M., 1987. Flavor of tomato and tomato products. Food Rev. Intl. 2, 309-351. Summary Measurement of the sensory quality of tomatoes The aim of this research was to confirm the quality scale defined in the Cost-Action 915 by comparing the sensory quality of 5 on the vine tomato cultivars in 2001 and 4 on the vine tomato cultivars and 1 cocktail cultivar (Verin) in 2002 through 4 consumer tests each year. The results of these consumer tests were related to analytical measurements such as sugar content, content of total volatile compounds, total acidity and firmness. The following appreciation of these cultivars resulted in these tests (decreasing sensory quality): in 2001: Cadance > Durinta, Cloé > Clarion, Cedrico; in 2002: Verin > Cadance > Durinta, Cloé, Jabot. The relationship between consumer’s appreciation and the analytical measurements showed that the sensory quality of the different tomato cultivars were related with the sugar content (°Brix) of the fruits (r = 0,68 in 2001 und r = 0,79 in 2002), as well as their acidity content (r = 0,74 in 2001 und r = 0,68 in 2002). However, the measurements of the content of total volatile compounds were not correlated to the consumers’ opinion, in contrast to the results obtained in the Cost-Action 915. The results of this study in combination with the results in the Cost-Action 915 allow to define threshold values for the sensory quality of tomatoes. Key words: acidity, consumer test, sensory quality, tomato, sugar content, total volatile compounds. Zusammenfassung Riassunto Bestimmung der Essqualität von Tomaten Misura della qualità organolettica del pomodoro Mit dem Ziel die im COST-Projekt 915 aufgestellte Qualitätsskala für Tomaten zu überprüfen, wurden 5 Rispentomatensorten im Jahr 2001, sowie 4 Rispentomatensorten und 1 Cocktailtomate (Verin) im Jahr 2002 in je vier Konsumententests geprüft. Die Resultate dieser Tests wurden dann in Beziehung zu verschiedenen Laboranalysen wie die Bestimmung des Zuckergehaltes (°Brix), der Aromastoffe, der Gesamtsäure und der Festigkeit gesetzt. Die Sorten wurden von den Konsumenten wie folgt beurteilt (abnehmende geschmackliche Qualität): im Jahr 2001: Cadance > Durinta, Cloé > Clarion, Cedrico; im Jahr 2002: Verin > Cadance > Durinta, Cloé, Jabot. Die Beziehungen zwischen der Konsumentenbeurteilung der verschiedenen Tomatensorten und den Analysemethoden zeigte, dass die Essqualität dieser Tomaten am besten ihrem Zuckergehalt (°Brix) (r = 0,68 in 2001 und r = 0,79 in 2002), sowie ihrem Säuregehalt (r = 0,74 in 2001 und r = 0,68 in 2002) entsprach. Die Aromastoffgehalt der Früchte waren hingegen nicht mit der Einschätzung der Konsumenten korreliert im Gegensatz zu den Resultaten im COST-Projektes 915. Anhand dieser Resultate und derjenigen des COST-Projektes 915 können Grenzwerte für die Essqualität von Tomaten definiert werden. Allo scopo di convalidare una griglia di qualità organolettica proposta da COST 915, cinque varietà di pomodori a grappoli sono state sottoposte a quattro test di consumatori successivamente nel 2001 e nel 2002 nonché ad analisi e misure fisicochimiche. Le varietà sono state valuate dai consumatori secondo il seguente ordine decrescente: nel 2001: Cadance > Durinta, Cloé > Clarion, Cedrico; nel 2002: Verin > Cadance > Durinta, Clarion, Jabot. Si tratta di varietà a grappoli con frutti medi, ad eccezione di Verin che appartienne al tipo coktail con frutti più piccoli e ovali. Le correlazioni più significative tra le note dei consumatori e le misure fisico-chimiche sono state ottenute con l’indice di refrazione (°Brix) (r = 0,68 nel 2001 e r = 0,79 nel 2002) e anche con l’acidità totale del succo (r = 0,74 nel 2001 e r = 0,68 nel 2002). Le misure dei componenti volatili totali (aromi) nel 2001 e nel 2002 non hanno permesso di confermare i risultati positivi di COST 915. Sulla base dei risultati di COST 915 e di due anni di convalida, valori guida-limite di qualità sono proposti in quanto possono servire a definire una soglia di qualità organolettica del pomodoro. 7