Pavana « La Morte della Ragione - Société de Musique la Chaux

Transcription

Pavana « La Morte della Ragione - Société de Musique la Chaux
VE 4 AVRIL 2014, 20H15
THEATRE
LA CHAUX-DE-FONDS
DIXIEME CONCERT GRANDE SERIE
IL GIARDINO ARMONICO
GIOVANNI ANTONINI direction musicale
« La morte della ragione » (la mort de la
raison)
Enregistrement Espace 2
Giovanni Antonini dédicacera ses disques à la fin
du concert dans le hall d’entrée.
ANONYME Italie, XVIème
La Battaglia
THOMAS PRESTON ?-env. 1563
Uppon la mi re
GIORGIO MAINERIO env. 1535-1582
La Billiarda (Primo libro de' balli, Venezia, 1578)
VINCENZO RUFFO 1508-1582
« Dormendo un giorno » (Capricci a tre voci,
Milano 1564)
GIORGIO MAINERIO
Schiarazula marazula, Ungarescha &
Saltarello (Primo libro de' balli, Venezia, 1578)
CLAUDIO MONTEVERDI 1567-1643
Toccata (L'Orfeo, Mantova, 1607)
GIUSEPPE GUAMI 1540-1611/12
Canzone a otto voci (Canzoni per sonare...
Venezia, 1608)
SAMUEL SCHEIDT 1587-1654
Intrada (Ludi Musici, Hamburg, 1621)
Pause
ANONYME Italie XVIème
Pavana « La Morte della Ragione »
GIORGIO MAINERIO 1535-1582
Gagliarda (Primo libro de' balli, Venezia,
1578)
CHRISTOPHER TYE env. 1505 - env. 1573
In nomine « Crye »
ALEXANDER AGRICOLA env. 1446-1506
« De tous bien plaine »
JOSQUIN DESPREZ 1450-1521
« La déploration de la mort de Johannes
Ockegem »
GIOVANNI GABRIELI 1557-1612
Sonata X a 8 (Canzoni e Sonate, Venezia,
1615)
SAMUEL SCHEIDT
Pavana a quattro (Ludi Musici, Hamburg, 1621)
LODOVICO GROSSI DA VIADANA 1560-1627
La Napolitana a 8 (Sinfonie musicali,
Venezia, 1610)
DARIO CASTELLO
sec. XVIème ?-sec. XVIIème ?
Sonata 14 Libro II (Sonate concertate in stil
moderno, Venezia, 1629)
BELLEROFONTE CASTALDI env. 1581-1649
Tasteggio soave per tiorba sola (Capricci a
due strumenti, Modena, 1622)
GESUALDO DA VENOSA 1566-1613
Gagliarda del Principe
CRISTOFORO CARESANA 1640-1709
Tarantella (Duo opera seconda, Napoli, 1693)
GIAN PIETRO DEL BUONO sec. XVIIe
Sonata VII « Stravagante » sull'Ave Maris
Stella (Canoni, Oblighi... Palermo, 1641)
JACOB VAN EYCK 1590-1657
Preludium for solo recorder (Der Fluiten
Lust-hof, Amsterdam, 1649)
SAMUEL SCHEIDT
Battaglia Ludi Musici, Hamburg 1621)
Souvent, dans le cours de l'histoire, les sens
et la raison s'opposèrent, aussi bien en philosophie et en théologie que dans les arts.
Dans son Sonnet CCXI, Francesco Petrarca
(1304-1374) en fit l'écho en quelques mots,
et ceci bien avant l'époque à l'honneur au
programme de ce soir: « Regnano i sensi, e
la ragion è morta » (Les sens règnent et la
raison est morte).
D'époque en époque, on assistait à des
changements de priorité entre les émotions
et le rationalisme. Ainsi, certains mouvements de la Réforme étaient clairement
« anti sensuels », allant jusqu'à bannir la
musique – sauf pour les cantiques d'église –
la danse et le théâtre. Les pays catholiques
méridionaux par contre aimaient fastes et
cérémonies.
Il y eut aussi des phases et des personnalités qui arrivèrent à une symbiose des deux –
solution la plus heureuse, évidemment. Ainsi,
Rousseau, champion des lumières, se plaisaitil à écrire de la musique pleine de joie et de
rythmes de danse. Et on doit à Bach des
œuvres d'une incroyable complexité formelle, qui, en même temps, expriment des
sentiments d'une profondeur insoupçonnée.
Après la Renaissance, où régnait justement
cet équilibre, vers la fin du 16ème siècle, on
assista à l'explosion du geste théâtral et des
« affetti », exprimés souvent à outrance,
surtout dans la peinture, qui devint réaliste,
voire violente (« Judith et Holoferne » de
Caravaggio !).
En musique, ce conflit entre la forme (raison)
et le contenu (émotion) est un élément très
important. Ces deux pans de la création
musicale purent néanmoins coexister même
après la Renaissance, grâce à des musiciens comme Monteverdi, qui alliait l'art du
contrepoint aux émotions fortes de l'opéra,
genre qui en était alors à ses débuts.
Caravaggio, Giudita e Oloferne
Le musicologue anglais Nicholas Kenyon a
déclaré qu'aucun compositeur n'avait été
aussi prolifique que « le maître anonyme ».
Ceci est particulièrement vrai dans la musique ancienne, moins soucieuse de la documentation historique. Il en va de même pour
les dates de naissance et de décès de certains des compositeurs au programme ce
soir. Mais il nous reste leur musique, ce qui
est l'essentiel!
Parmi les compositeurs mieux connus, il y a
bien sûr Claudio Monteverdi, né à Crémone,
fils d'un médecin. Son talent précoce lui
permet de publier à vingt ans son premier
livre de madrigaux – il en composera neuf en
tout. Mais, à côté de ses grandes œuvres
sacrées, il s'est surtout illustré sur la scène
de l'opéra, créant avec grand succès, pour
ne citer qu’eux, Orfeo en 1607 et L'Incoronazione di Poppea en 1642. En 1613,
Monteverdi fut nommé maître de chapelle de
San-Marco. En 1632, il entra dans les ordres;
la raison principale de cette décision fut
probablement la mort de son fils Francesco
lors d'une épidémie de peste à Venise.
Giovanni Gabrieli fut d'abord élève de son
oncle Andrea, musicien lui aussi vénitien,
que Giovanni admirait beaucoup. L'oncle et
le neveu allaient bientôt se partager la charge
d'organiste à l'Eglise San Marco. Giovanni
Gabrieli a bien su utiliser la monumentale
acoustique de cet édifice avec ses Canzoni,
pièces instrumentales à plusieurs cori, les
groupes – cordes, bois, cuivres - étant
placés sur différentes galeries de l'église.
Bellerofonte Castaldi de Modena, joueur
de guitare et de théorbe, poète, graveur,
collectionneur et grand voyageur. Après avoir
tué l'assassin de son frère, il fut banni de
Modena pour de nombreuses années. De
son vivant, on le connaissait mieux pour ses
écrits que pour sa musique; il est d'ailleurs
l'auteur d'une autobiographie en vers.
Le centre d'activité de Samuel Scheidt, descendant d'une famille de musiciens, se trouvait dans la ville de Halle an der Saale (Land
de Sachsen-Anhalt). Il fut élève de Jan Pieterson Sweelinck, qui en fit un des grands
organistes de son époque. La collection Ludi
musici, dont nous entendrons deux extraits,
comportait à l'origine quatre volumes. Le
deuxième est le seul à avoir survécu. L'œuvre sacrée de Scheidt, dont les 39 Cantiones
Sacrae, est d'une grande importance.
Le Néerlandais Jacob van Eyck jouait du
carillon à Utrecht et devint un des experts
dans la construction de cet instrument.
Aujourd’hui, il est surtout connu des joueurs
de flûte à bec soprano pour sa collection Der
fluyten lust-hof, dont les mélodies, toutes
sans accompagnement, consistent en
grande partie en des variations sur des
mélodies populaires de son pays.
Giorgio Mainerio était prêtre et très respecté
dans les cercles ecclésiastiques pour sa
musique sacrée. Ceci ne l'empêchait pas
d'écrire son Primo libro di balli, une des plus
importante collection de danses du XVIème
siècle, qui nous apprend beaucoup de choses sur cet art. Ses mélodies ont souvent un
caractère populaire. Dans le cadre de cette
collection, Mainerio a fortement contribué à
l'évolution de la Suite et des Variations.
Josquin Desprez, d'origine flamande, était
vocaliste dans la Chapelle Papale à Rome.
Ses œuvres religieuses sont empreintes
d'une forte expressivité. Il a aussi écrit de
nombreuses chansons. Comme lui, Alexander
Agricola, grand voyageur, mort de la peste
en Espagne, s'est illustré aussi bien à l'église
qu'avec ses chansons. Il en va de même
pour l'organiste Giuseppe Guami, membre
d'une illustre famille musicienne.
Personnage très excessif que Carlo Gesualdo,
Principe di Venosa, compositeur aussi prolifique dans la musique sacrée que dans les
madrigaux. Son œuvre se détourne des
traditions et recherche un langage harmonique nouveau. Sa vie amoureuse fut tout
aussi excessive: Il fit assassiner son épouse
et l'amant de celle-ci, ce qui ne l'empêcha
pas de se remarier trois ans plus tard...
Autre biographie très « colorée », celle de
Les indications sur Thomas Preston, avant
tout compositeur de pièces pour l'orgue sont
très vagues.
Vincenzo Ruffo était surtout actif dans sa
ville natale de Vérone et à Milan. Après avoir
principalement composé des madrigaux et
une collection de musique instrumentale, il
se consacra, dès 1563, uniquement à la
musique religieuse. Son compatriote
Chritopher Tye présente aussi bien des
mystères pour les historiens de la musique.
On sait que ses activités étaient centrées
dans le sud-est de l'Angleterre et qu'il laisse
un nombre impressionnant d'œuvres
sacrées en latin et en anglais, ainsi que de la
musique pour Consort a 5. Une anecdote –
non authentifiée... – raconte que la Reine
Elizabeth I, l'entendant jouer de l'orgue à la
chapelle royale, s'était plainte de son jeu, qui
« sonnait faux ». Il lui fit répondre que
probablement les oreilles de Sa Majesté
étaient désaccordées...
Cristoforo Caresana était surtout connu
comme chanteur; ses exercices vocaux
étaient encore utilisés au XIXème siècle. On
n’a aucune information biographique sur
Dario Castello et on sait peu de choses sur
le Sicilien Gian Pietro del Buono. Quant à
Ludovico Grossi da Viadana, on trouve
ses traces dans les régions de Venise,
Mantoue et Padoue.
Commentaires : François Lilienfeld
IL GIARDINO ARMONICO
Fondé en 1985 et dirigé par celui qui allait
devenir un des grands chefs actuels, Giovanni
Antonini, l’ensemble milanais Il Giardino
Armonico fut un pionnier de l’interprétation sur
instruments historiques. Dédié à la musique
des XVIIe et XVIIIe siècles, Il Giardino Armonico
est une formation à géométrie variable qui
réunit des musiciens comptant parmi les
meilleurs en Europe.
Après près de 30 ans d’existence, l’ensemble
jouit aujourd’hui d’une réputation non disputée et est l’invité des plus grandes scènes du
monde, du Concertgebouw d’Amsterdam au
Wigmore Hall de Londres, du Konzerthaus
de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées
et au-delà, du Oji Hall de Tokyo au Carnegie
Hall de New York et à l’Opéra de Sydney.
Il est acclamé tant pour ses concerts - qui
célèbrent largement Vivaldi, bien sûr, mais
aussi une multitude de compositeurs connus
et moins connus comme en témoigne le
programme « La morte della ragione » - que
pour ses productions d’opéras, telles que
« Orfeo » de Monteverdi, « Agrippina », « Il
Trionfo del Tempo del Disinganno », « La
Resurrezione » et « Giulio Caesare »
(Festival d’été de Salzbourg en 2012) de
Haendel, ou « Ottone in Villa » de Vivaldi.
L’ensemble collabore régulièrement avec
des solistes tels que le violoniste Giuliano
Carmignola, les violoncellistes Christophe
Coin – disque des concertos pour violoncelle
de Vivaldi récompensé par le Gramophone
Award et un Diapason d’Or - et Giovanni
Sollima, les pianistes Katia et Marielle
Labèque, les mezzo-soprano Cecilia Bartoli
et Bernarda Fink ou la violoniste Viktoria
Mullova.
En matière discographique, le tableau de
chasse d’Il Giardino Armonico est tout aussi
glorieux: gratifié de maintes récompenses
(Diapason d’Or, Choc du Monde de la Musique, 10 de Répertoire, Grammy Award,
Echo-Preis), il fait la part belle à Vivaldi - The
Vivaldi Album avec Cecilia Bartoli, une version historique des Quatre Saisons, l’intégrale
des Concertos de chambre – mais a aussi
gravé J.S. Bach (Concertos brandebourgeois),
Biber, Locke,… Après de nombreuses
années passées sous le label Teldec
Classics, l’ensemble a signé en 2008 un
contrat d’exclusivité avec DECCA / L’OiseauLyre, label avec lequel il a notamment
enregistré les Concerti Grossi op VI et la
Cantata Il Pianto di Maria, avec la mezzosoprano Bernarda Fink. En 2009, une nouvelle collaboration avec Cecilia Bartoli autour
du projet « Sacrificium », qui raconte l’histoire
des castrats dans toute sa complexité et sa
cruauté, a conduit à un enregistrement chez
DECCA - immense enthousiasme auprès de
la critique ! – et à une grande tournée européenne. Son enregistrement de l’opéra de
Vivaldi « Ottone in Villa » (label Naïve) a été
récompensé d’un Diapason d’Or en 2011.
« Alleluja », le dernier enregistrement de
l’ensemble, avec la jeune soprano Julia
Lezhneva (DECCA, mars 2013) a lui aussi
été acclamé par la critique.
Les futurs projets de Il Giardino Armonico
incluent un second enregistrement avec
Julia Lezhneva, une tournée en ExtrêmeOrient, une collaboration avec la violoncelliste Sol Gabetta et des concerts avec les
Magnificats de Bach et Vivaldi et le Bayerische
Rundfunk Chor.
GIOVANNI ANTONINI direction musicale
Né à Milan, Giovanni Antonini a étudié à la
« Civica Scuola di Musica » et au Centre de
Musique Ancienne à Genève. Il est membre
fondateur de l’ensemble baroque « Il Giardino
Armonico » qu’il a créé en 1985 et avec lequel
il a déjà joué, à la direction et comme flûtiste,
à travers l’Europe, les Etats-Unis, le Canada,
l’Amérique du Sud, l’Australie, le Japon et la
Malaisie. La destinée de cet ensemble prestigieux est devenue totalement indissociable
de son créateur !
Comme une consécration, une reconnaissance de la diversité de son immense talent,
Giovanni Antonini est invité à diriger les plus
grands orchestres : Berliner Philharmoniker,
Concertgebouworkest, Tonhalle Orchester,
Orchestre du Mozarteum, Orchestre National
d’Espagne, Orchestre du Gewandhaus de
Leipzig.
Les productions d’opéra qu’il a dirigées incluent « Le Nozze di Figaro » (Mozart) et
« Alcina » de Haendel au Théâtre de la Scala
de Milan et à l’Opéra de Zurich. En 2012, il a
dirigé « Giulio Cesare » avec Cecilia Bartoli
au Festival de Salzburg, et « Norma » de
Bellini en 2013.
A la tête de l’Orchestre de chambre de Bâle,
il enregistre l’intégrale des Symphonies de
Beethoven. Les Symphonies 1 à 6 ont déjà
été publiées, sous les louanges de la critique.
La suite de l’intégrale sera éditée d’ici à
l’automne 2015.
Giovanni Antonini est directeur artistique du
« Wratislavia Cantans Festival » en Pologne
depuis 2013.
Pour « la morte della ragione », Il Giardino
Armonico est formé de :
Giovanni Antonini, flûtes, dulciane
Andrea Inghisciano
Gawain Glenton, cornets
Emiliano Rodolfi, flûtes, bombarde, clavecin
Alberto Guerra, dulciana
Marco Bianchi
Anaïs Chen, violons
Christoph Urbanetz, viole de gambe
Paolo Beschi, violoncelle
Giancarlo De Frenza, violon
Riccardo Doni, orgue positif et clavecin
Maria Evangelina Mascardi, luth
BILLETTERIES
ma-ve: 13h à 18h, sa: 10h à 12h
Av. L.-Robert 27-29, La Chaux-de-Fonds
Tél.: +41 32 967 60 50
Guichet du Théâtre du Passage
Passage Max.-de-Meuron 4, Neuchâtel
Tél.: +41 32 717 79 07
www.musiquecdf.ch
Prix des places : CHF 30.- à CHF 60.Réduction de 5.- sur le prix d’une place pour
les membres de la Société de Musique.
Places à 10.- pour les étudiants et les moins
de 16 ans le jour du concert, dans la mesure
des places disponibles.
Les détenteurs d’un abonnement GRANDE
SERIE bénéficient d’une place à CHF 20.pour chacun des concerts de la SERIE
PARALLELES.
PROCHAINS CONCERTS
MARDI 29 AVRIL 2014, 20H15
Temple Allemand, La Chaux-de-Fonds
5ème concert SERIE PARALLELES
5ème concert SERIE DECOUVERTE
« Madrigali notturni », pour quatre voix,
lumières et structure architecturale résonante
KATHARINA ROSENBERGER
direction artistique
SVEA SCHILDKNECHT et AGNIESZKA
KOWALCZYK soprano léger
SYLVIA NOPPER soprano
LESLIE LEON mezzo-soprano
CHRISTA WENGER création des lumières
RIC SCHACHTEBECK chorégraphie et
costumes
VENDREDI 9 MAI 2014, 20H15
Théâtre, La Chaux-de-Fonds
11ème concert GRANDE SERIE
GENEVA CAMERATA
DAVID GREILSAMMER direction
SIMONE KERMES soprano
Plus d’infos sur www.musiquecdf.ch