de Bastia - Univ Droit
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865 LA SEMAINE DU DROIT EN RÉGION Cour d’appel de Bastia ATELIER RÉGIONAL DE JURISPRUDENCE SUCCESSIONS-PARTAGE 865 Suicide, adultère et révocation de la donation entre époux pour cause d’ingratitude CA Bastia, ch. civ. A, 25 mai 2016, n° 14/00658 : JurisData n° 2016-010699 Guillaume KESSLER, maître de conférences à l’université de Corse, EA Patrimoine et entreprises L es circonstances qui entourent la révocation des donations entre vifs pour cause d’ingratitude sont toujours délicates, mais elles peuvent parfois se révéler dramatiques, notamment lorsque les faits invoqués à l’appui de la demande ont conduit à la mort du donateur. Si le fait d’attenter à la vie de ce dernier est directement visé comme première cause de révocation par l’article 955 du Code civil, celui-ci reste par contre silencieux s’agissant du suicide, qui peut évidemment être lié au comportement du donataire, comme c’était le cas dans l’arrêt en cause. Il s’agissait, en l’espèce, de se prononcer sur la révocation d’une donation entre époux en raison du suicide du mari par pendaison suite à la découverte de la relation extraconjugale de sa femme avec l’un de ses amis proches. Saisi de cette demande par les héritiers du défunt, le tribunal de grande instance de Bastia a estimé qu’il ne pouvait retenir avec certitude la cause d’ingratitude invoquée et surtout que celle-ci aurait été la cause du suicide. Infirmant à juste titre le jugement entrepris, la cour d’appel a pu rappeler à cette occasion que l’adultère constituait bien une cause d’ingratitude au sens de l’article précité (V. en ce sens, Cass. 1re civ., 19 mars 1985, n° 8410.237 : Bull. civ. 1985, I, n° 99 ; D. 1986, jurispr. p. 9, note A. Breton ; RTD civ. 1986, p. 626, obs. J. Patarin ; Defrénois 1986, p. 257, note A. B.) tout en précisant qu’il n’était pas exigé que celui-ci soit la cause du suicide. L’erreur des premiers juges a ainsi été de se focaliser sur les circonstances du décès du donateur : l’infidélité ne justifierait alors la révocation qu’à condition d’avoir été à l’origine du drame. Cette conception, qui pourrait s’inscrire dans le contexte plus large d’un amoindrissement de la portée du devoir de fidélité qui a conduit notamment à valider les donations consenties dans le cadre de relations adultères, conduirait à exclure l’adultère des injures graves expressément visées par l’article 955 précité. Or, que l’on soit favorable ou non à la prise en compte de cette obligation dans le divorce ou le droit des libéralités, il est incontestable qu’un tel fait conduit à une blessure pour celui qui le subit. L’injure était ici d’autant plus violente que les faits avaient été commis dans le contexte d’un petit village dans lequel rumeurs et ragots allaient bon train. Il était donc logique d’accueillir la demande des héritiers sans qu’il y ait lieu de rechercher précisément les raisons qui avaient pu pousser le donataire à son geste fatal : la simple preuve de l’adultère suffisait à justifier la révocation de la donation. Atelier régional de jurisprudence Sous la direction de Guillaume Kessler, maître de conférences, université de Corse Pascal Paoli. L’ARJ exprime sa vive gratitude à M. le premier président F. Rachou et à l’ensemble des magistrats de la cour d’appel de Bastia pour leur présence et leur soutien à l’activité de l’université. Servir pour réussir Claude Saint-Didier, directeur de l’UFR droit, sciences économiques et de gestion otre faculté a accueilli cette année 120 étudiants dans ses masters de droit : Droit notarial, Droit des collectivités territoriales, Juriste d’entreprise et Procès et contentieux. Afin de servir au mieux l’intégration et la réussite professionnelle de ceux-ci, ces formations ont connu ou vont connaître quelques transformations. Un renforcement de l’équipe pédagogique statutaire, tout d’abord. Le confortement d’enseignements techniques comme le droit fiscal, le droit de la concurrence ou généraux comme le droit pénal international, ensuite. Enfin, une internationalisation plus marquée avec dorénavant des enseignants étrangers venant d’universités italienne, espagnole, tunisienne et anglaise et une place plus grande faite aux droits étrangers (droit des contrats anglo-saxon). Un cycle de conférences en droit italien annuel est une source de découverte pour les étudiants. Nous nous sommes efforcés également d’offrir, en collaboration avec les centres de recherche (EA Patrimoine et Entreprises et UMR Lieux, Identités, eSpaces et Activités), un programme important de manifestations scientifiques. Le colloque « Les figures de l’associé » (Dr. sociétés 2016, dossier 1) et la 3e édition des rencontres corses de droit et de contentieux administratifs relative au contentieux des contrats publics ont été deux belles réussites. Un extrait du programme de l’année prochaine souligne le dynamisme de nos structures. N TELEX ➜ Corte, 29 et 30 sept., La conditionnalité économique et financière dans les politiques de l’Union européenne (UMR) ➜ 14 oct., Le contentieux du harcèlement moral dans la fonction publique (EA) ➜ 21 oct., Premiers entretiens de la confiance numériques (EA) ➜ 9 déc., L’évaluation de la prestation contractuelle en droit français et en droit italien (EA). Consulter : ertdroit.univ-corse.fr ou umrlisa.univ-corse.fr £ Votre interlocuteur Lexis 360° : V. Blattner (06.21.98.48.86, [email protected]) et Logiciel : C. Lefebvre (06.15.57.53.15, [email protected]). Page 1484 LA SEMAINE JURIDIQUE - ÉDITION GÉNÉRALE - N° 29 - 18 JUILLET 2016