Le féminisme : quels combats au 21ème siècle

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Le féminisme : quels combats au 21ème siècle
Le féminisme : quels combats au 21ème siècle ?
par Valérie VERZELE, Vice-Présidente
l’égalité des femmes et des hommes
de
l’Institut
pour
1. Contexte
Se revendiquer féministe au XXIème siècle s’apparente à un comingout, que peu de femmes osent encore assumer tant le terme est
connoté négativement. Le combat féministe est souvent perçu
comme dépassé, voire hors de propos dans nos sociétés
démocratiques occidentales où le principe d’égalité entre les genres
est perçu comme acquis.
Or, au-delà des clichés sur les féministes barbues, lesbiennes, mal
baisées, hystériques ou agressives, être féministe aujourd’hui, c’est
vouloir pour demain une société où les femmes et les hommes sont
égaux, pas seulement dans les textes législatifs mais dans les
pratiques et la vie quotidienne.
Certes, des progrès ont incontestablement été accomplis ces
dernières décennies. Je fais partie d’une génération qui est née
après mai 68, qui a fréquenté une école mixte, qui a toujours connu
la pilule, qui voyait sa mère et son père partir au travail le matin,
qui a vécu la dépénalisation de l’avortement et les listes électorales
paritaires. Je fais partie d’une génération de femmes pour qui
l’égalité n’était pas un problème mais qui, en entrant sur le marché
du travail, a découvert que l’égalité n’allait finalement pas de soi.
En termes statistiques, les inégalités socio-économiques entre
hommes et femmes restent criantes. En Belgique, le taux d’emploi
des femmes en âge de travailler est inférieur à la moyenne
européenne. 56,5% des femmes en âge de travailler ont un emploi
pour 67,4% des hommes. 44,3% des femmes salariées travaillent à
temps partiel pour seulement 9,3% des hommes. Or, un emploi à
temps partiel permet difficilement de subvenir à ses propres besoins
de manière autonome. Plus d’un tiers des femmes dépendent des
revenus des personnes avec laquelle elles vivent alors que ce n’est
le cas que pour 10% des hommes. En moyenne, les femmes
gagnent par an, tous secteurs confondus et indépendamment de la
durée du travail, 23% de moins que les hommes. Cet écart salarial
s’élevait en 2008 à 8,4 milliards d’euros. A l’heure de la retraite,
1
sans tenir compte du régime, l’écart de pension entre les hommes et
les femmes s’élève à 23%1.
Au-delà des chiffres, les discriminations directes liées à la grossesse
et à la maternité restent monnaie courante comme en témoignent
les 140 plaintes reçues en 2011 par l’Institut pour l’égalité des
femmes et des hommes. Les femmes en raison de leur grossesse,
au cours de celle-ci ou à leur retour de congé de maternité sont les
victimes les plus fréquentes et flagrantes de discriminations fondées
sur le sexe. Comme le montre une étude réalisée par l’Institut en
20102, 76,6% des femmes ont été confrontées à, au moins, une
forme de discrimination liée à la grossesse. Si ces discriminations
sont encore si présentes dans notre société, si les victimes ne
déposent pas plainte, c’est en partie parce qu’il leur est encore
difficile de réaliser qu’elles vivent une discrimination directe. Cette
« inconscience » frappe aussi les auteurs. En effet, seules 52,8%
des femmes qui avaient subi au moins une forme de discrimination
considéraient cela comme un problème. Les rôles stéréotypés des
femmes et des hommes, notamment concernant la maternité, sont
tellement ancrés dans notre société que la discrimination y est
prégnante, minimalisée, voire normalisée.
Etre féministe au XXIème siècle, c’est donc dénoncer ce qui est
aujourd’hui plus inhérent à notre
société qu’à notre arsenal
législatif, c’est œuvrer à la mise en place de mécanismes qui
mènent à plus d’égalité.
Le combat féministe ne doit pas seulement être mené sur le terrain
socio-économique. C’est aussi un combat contre le sexisme
ordinaire, contre un machisme ambiant et culturel qui tant chez les
hommes que chez les femmes part du postulat que nous sommes
par essence différents et que ces différences objectives justifient,
dans les faits et les mentalités, l’inégalité des sexes.
Or, pour combattre une culture, légiférer ne suffit pas. Il faut bien
entendu faire la chasse aux discriminations directes dans les
législations et condamner les manquements. Mais un combat de
longue haleine se mène dans la vie quotidienne, à la maison, au
travail, à l’école, dès le plus jeune âge.
1
Chiffres issus de Femmes et hommes en Belgique. Statistiques et indicateurs de genre, Institut
pour l’égalité des femmes et des hommes, 2011.
2
LEMBRECHTS, L et VALGAEREN, E, Grossesse au travail : le vécu et les obstacles rencontrés par
les travailleuses en Belgique, Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, 2010.
2
Le combat est culturel lorsqu’à l’occasion de la Saint Nicolas les
commerces proposent invariablement la dinette pour la petite fille et
le camion de pompier pour le petit garçon. Le combat est culturel à
la maison : les filles âgées de 12 à 18 ans y exécutent un tiers de
tâches ménagères en plus que les garçons. Leurs mères prennent
en charge le double des tâches ménagères accomplies par les pères.
Le combat est culturel à l’école où les filles sont désormais plus
qualifiées que les garçons, même si elles restent moins nombreuses
dans les filières techniques, scientifique ou d’ingénierie, plus
valorisées.
Etre féminisme au XXIème siècle, c’est aussi ne pas fermer les yeux
sur la situation des femmes dans le monde et sur les risques de
« backlash ». C’est être conscient que les droits que l’on prend
aujourd’hui pour acquis peuvent être remis en cause, à l’étranger
mais également en Belgique. Il suffit pour s’en convaincre de
rappeler les difficultés rencontrées par les pays progressistes à la
dernière session de la Commission de la Condition de la femme à
l’ONU pour faire accepter l’idée qu’aucune tradition, culture,
coutume ou religion ne peut justifier un fait de violence à l’égard
d’une femme. La montée du fait religieux dans les pays arabes, mais
également en Europe de l’Est entraînent une dégradation des droits
des femmes, que l’on pense aux femmes tunisiennes, à la
condamnation pour blasphème des Pussy Riots en Russie ou aux
attaques sur les droits sexuels et reproductifs en Pologne. Mais le
retour d’un certain ordre moral touche également la Belgique. Dans
ses formes extrêmes, cette violence faite aux femmes débouche sur
des excisions, des mariages forcés ou des crimes d’honneur. Elle
prend aussi des formes plus insidieuses. Le phénomène récent du
« slut shaming » qui touche les adolescentes jugées un peu trop
sexy ou qui sont assimilées à des « salopes » car sexuellement
actives démontre que des combats restent à mener pour que les
femmes puissent être respectées dans leurs corps.
3
2. Enjeux
La thématique de l’égalité des genres étant transversale, les enjeux
sont nombreux et variés. Nous nous focaliserons ici sur les enjeux
liés à la participation des femmes au marché du travail et aux
menaces et opportunités créées par la crise économique profonde
que connaît l’Europe depuis 2008.
De nombreuses voix s’élèvent tant dans les mouvements de
femmes3 qu’au sein des instances européennes4, pour dénoncer les
répercussions négatives de la crise économique sur l’égalité des
femmes et des hommes.
Le constat est le suivant : de par leur situation précaire sur le
marché du travail, les femmes sont touchées de plein fouet par les
mesures d’austérité prises par le gouvernement belge: la
dégressivité des allocations de chômage, la définition plus sévère de
l’emploi convenable, le durcissement des conditions d’accès aux
prépensions ou au chômage avec complément d’entreprise, la
réforme des pensions, les restrictions sur le crédit temps sont autant
de mesures qui renforcent la discrimination à l’égard des femmes et
affaiblissent leur autonomie financière.
Du fait du recul des prestations sociales et familiales et du
démantèlement progressif des services publics, les femmes risquent
également d’être contraintes d’assurer tout ce qui n’est plus pris en
charge par la collectivité : leur travail invisible dans la sphère privée
augmente et leur rôle traditionnel dans la famille s’en trouve alourdi
au détriment du travail rémunéré, de leur autonomie, voire de leur
santé.
L’enjeu est de taille. Il est urgent de réaliser un screening de genre
sur les mesures budgétaires prises dans l’urgence par le
gouvernement afin de s’assurer qu’elles ne viennent pas nourrir la
spirale de la récession.
Une étude récente de l’OCDE5 conclut au risque de dégradation de
l’égalité des femmes et des hommes suite à la crise économique.
3
Voir notamment la Déclaration du Lobby européen des femmes « Une gouvernance économique
sans prise en compte des droits des femmes et de l’égalité femmes-hommes met en péril les
objectifs d’inclusion de la stratégie Europe 2020 », mars 2011.
4
Résolution du Parlement européen du 17 juin 2010 sur les aspects relatifs à l’égalité entre les
femmes et les hommes dans le contexte de la récession économique et de la crise financière.
5
OECD, Closing the gender gap. Act now, décembre 2012.
4
En effet, si dans un premier temps, l’OCDE estime que l’emploi des
femmes a moins souffert de la crise - notamment du fait que
nombre de femmes mariées ont « étoffé » les revenus du ménages
- l’étude estime que la crise du secteur public mènera, à terme, à
une aggravation de la situation des femmes sur le marché du travail
puisqu’elles représentent 60% de l’emploi public.
Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les restrictions
budgétaires ne mettent pas à mal les progrès accomplis en faveur
de l’égalité hommes-femmes en matière d’emploi conclut l’OCDE. En
effet, lorsque l’égalité avance, c’est toute la population et la société
qui se porte mieux. Une participation plus égale des femmes au
marché du travail a un impact positif sur la productivité et sur la
croissance économique.
Investir dans des mesures de relance qui sont favorables à l’égalité
sur le marché du travail a donc, plus que jamais du sens.
Les carences publiques dans la prise en charge des personnes
dépendantes constituent un obstacle à la participation égale des
hommes et des femmes au monde du travail. Or, les pays ayant le
plus faible écart entre les sexes dans le travail non rémunéré sont
ceux qui ont les meilleurs taux d’emploi féminin. Le défi est donc
d’encourager les hommes à s’investir dans les soins à la famille et
aux tâches ménagères. Mais il est surtout urgent de créer en
suffisance des places d’accueil pour les enfants et des services d’aide
aux personnes dépendantes, de renforcer les services sociaux et de
santé en personnels et en moyens afin de permettre aux hommes et
aux femmes de consacrer le temps nécessaire à leur vie
professionnelle.
La crise actuelle peut également être une opportunité pour prendre
des mesures structurelles, bénéfiques pour le budget de l’Etat et
susceptibles de changer en profondeur notre société.
Un des nombreux pièges à l’emploi qui freinent la participation des
femmes au marché du travail consiste en l’insuffisance du salaire
pour celles qui, en raison de leur situation familiale, bénéficient déjà
des principaux droits sociaux (couverture assurance soins de santé
et droits dérivés en pensions) et d’avantages fiscaux importants
(quotient conjugal, déduction fiscale pour enfant non gardé …). La
crise peut être une opportunité unique d’enclencher le mouvement
pour en finir avec notre conception familialiste de la sécurité sociale
et d’initier une réforme progressive du système visant à terme à
5
l’individualisation des droits sociaux et fiscaux. Cette réforme en
profondeur devra, bien entendu, tenir compte des droits acquis pour
ne pas pénaliser les choix de vie déterminés dans le passé. A terme,
chaque adulte paierait ainsi des cotisations sociales individuelles qui
ouvriraient des droits propres indépendamment de la situation
familiale ou de l’évolution de celle-ci.
Une réforme structurelle de ce type nécessite un important
changement de mentalité. Il suffit pour s’en convaincre de se
rappeler les levées de boucliers lors des changements intervenus
dans le régime des pensions de survie où l’on brandissait comme un
étendard la protection de la pauvre veuve incapable de s’en sortir
sans une aile protectrice masculine.
Et c’est peut-être là avant tout l’enjeu des politiques d’égalité. Un
changement de mentalité dans nos sociétés dont les racines sont
encore et toujours profondément inégalitaires.
Même si l’égalité est avant tout un combat pour un changement
culturel et sociétal, le politique a un rôle important à jouer puisqu’il
met en place les règles qui influent sur l’égalité. Par les mesures
qu’il prend, il peut soit renforcer les inégalités, soit promouvoir une
société plus égalitaire. Les lois sur la parité l’ont montré. Les
candidats et les militants n’ont pas tous été heureux de devoir faire
de la place aux femmes sur les listes électorales. Le machisme
ordinaire est toujours bien présent en politique mais peu à peu, les
femmes ont investi les conseils et les parlements et si la parité n’est
pas encore une réalité, elle est en marche.
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3. Propositions concrètes6
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METTRE FIN AUX DISCRIMINATIONS SUR LE LIEU DU TRAVAIL
Assurer une gestion efficiente des plaintes liées à la grossesse
et la maternité (réflexion à avoir avec les partenaires sociaux
sur les règles de la preuve contenues dans la loi du 16 mars
1971)
Inviter les partenaires sociaux à se pencher sur les remèdes à
apporter aux difficultés organisationnelles rencontrées par les
employeurs lors de la grossesse d’un membre du personnel
Flexibiliser le congé de maternité afin d’éviter que la travailleuse
ne soit écartée trop longtemps du milieu professionnel
Donner à l’Inspection des lois sociales les moyens de lutter
contre les discriminations contrevenant à la CCT 25 sur l’égalité
de rémunération entre les travailleurs masculins et féminins
Interdire l’utilisation des pratiques salariales visant à accorder
des avantages salariaux (doublement du pécule de vacances,
attribution d’une allocation de foyer, ….) aux travailleurs qui
ouvrent le droit aux allocations familiales et qui sont bien
souvent des hommes ce qui revient à accentuer les inégalités
salariales
Mettre en place une politique active visant à réduire
progressivement la proportion d’emplois à temps partiel,
notamment en incitant les employeurs à relever le temps de
travail des personnes occupées à temps partiel
Demander aux organismes régionaux de placement de favoriser
la déségrégation des métiers en termes de genre,
particulièrement lorsqu’il s’agit de répondre aux offres
correspondant à des métiers et fonctions critiques
Accorder une attention particulièrement aux discriminations
multiples : femmes peu scolarisées ou allochtones
Individualiser l’accès au territoire et du droit au droit au travail
pour les migrantes
STIMULER LE TAUX D’EMPLOI DES FEMMES EN INSTAURANT DE
MANIÈRE PROGRESSIVE L’INDIVIDUALISATION DES DROITS
Renoncer aux mesures qui, en dehors des périodes assimilées à
du travail incitent les femmes à se retirer temporairement,
partiellement ou définitivement du marché du travail et
réduisent ainsi leur autonomie sociale et économique (quotient
6
Un grand nombre des propositions reprises sont inspirées du Mémorandum de l’Institut pour
l’égalité des femmes et des hommes à l’attention des partis politiques à l’occasion des élections du
13 juin 2010, du mémorandum au gouvernement du Comité de liaison des femmes de novembre
2011 ainsi que de différentes publications des FPS.
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conjugal, pension au taux ménage, droits dérivés en sécurité
sociale ou en matière de santé, …)
Faire disparaître progressivement le quotient conjugal, en
décidant, par exemple, que les mariages conclus à partir d’une
telle date ne pourront plus bénéficier du transfert fictif de
revenus entre conjoints
Ne plus adopter de nouvelles mesures sociales et fiscales qui
font indirectement référence à la situation familiale ou aux
revenus du ménage
Entamer un processus de « freezing » de certains droits dérivés
et mettre en place une politique d’information destinée aux
générations qui entrent sur le marché du travail ou qui
envisagent de se marier ou de cohabiter afin qu’elles
n’organisent plus leur vie en tenant compte des droits dérivés
du mariage
Réduire l’importance des droits dérivés et mettre à la disposition
des droits directs les économies qui découleraient de la
réduction des droits dérivés tant en matière de taux ménage
que de pension de survie
En matière de droit au chômage, relever toutes les allocations
de cohabitants au niveau des allocations des isolés puis ensuite
calculer toutes les allocations octroyées sur la base du travail
antérieur ou de périodes assimilées sur une base individuelle
S’attaquer aux pièges du chômage, notamment pour les
partenaires des personnes qui vivent d’un revenu de
remplacement
FACILITER LA CONCILIATION TRAVAIL – VIE PRIVEE
Offrir aux parents des structures d’accueil de qualité en nombre
suffisant et à un coût raisonnable pour la petite enfance (crèche
avec accueil en journée, en cas de maladie et pour les
personnes avec des horaires irréguliers) et pour les écoliers (en
dehors des heures scolaires)
Allonger le congé de paternité et le porter, dans une première
phase à 4 semaines (plus grande flexibilité – avant et après la
naissance) pour tendre ensuite vers un partage plus équilibré du
congé d’accueil de l’enfant entre les pères et les mères
Instaurer le congé de paternité pour les travailleurs
indépendants et pour les pères au chômage
Faire en sorte que le SECAL (Service des créances alimentaires
du SPF Finances) soit chargé de l’exécution complète des
jugements concernant les créances alimentaires (en ce compris
le paiement des rentes dues aux bénéficiaires)
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LUTTER CONTRE LES STEREOTYPES DES L’ECOLE
Former de manière structurelle les enseignements au genre lors
de la formation initiale et de la formation continuée
Mener une campagne de sensibilisation contre les stéréotypes
sexistes et sensibiliser le personnel enseignant
Poursuivre la labellisation des manuels scolaires neutres en
termes de genre
RENFORCER
LES
STRUCTURES
ET
INSTRUMENTS
DE
PROMOTION DE L’EGALITE DE GENRE
Appliquer à toutes les mesures socioéconomiques les techniques
du « gender mainstreaming » permettant de mesurer l’impact
différencié des décisions gouvernementales sur les femmes et
les hommes et de prendre, au besoin, les mesures correctrices
Généraliser la collecte sexuée des données par l’ensemble des
acteurs institutionnels afin de faciliter les analyses d’impact des
mesures en fonction du genre
Mettre en place un test de genre pour l’ensemble des dossiers
proposés à la délibération du gouvernement
Prendre les arrêtés royaux d’exécution de la loi du 12 janvier
2007 sur le « gender mainstreaming » (détermination des
situations pour lesquelles une caractéristique déterminée
constitue
une
exigence
professionnelle
essentielle
et
déterminante, hypothèses et conditions dans lesquelles une
mesure d’action positive peut être prise, modalités d’évaluation
de la loi)
Définir, dans chaque accord de gouvernement, les dossiers pour
lesquels le « gender mainstreaming » sera appliqué en priorité
Légiférer sur le sexisme et renforcer les instruments à
disposition de l’Institut pour intervenir tant au pénal qu’au civil
Lutter contre la propagation de la haine des femmes sur internet
(législation contre le sexisme, le harcèlement et le « slut
shaming »).
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4. Synthèse
Etre féministe aujourd’hui, c’est vouloir pour demain une société où
les femmes et les hommes sont égaux, pas seulement dans les
textes législatifs mais dans les pratiques et la vie quotidienne.
En termes statistiques, les inégalités socio-économiques entre
hommes et femmes sont criantes. Les discriminations directes liées
à la grossesse et à la maternité restent monnaie courante. Les rôles
stéréotypés des femmes et des hommes sont tellement ancrés dans
notre société que la discrimination y est prégnante, minimalisée,
voire normalisée.
Le combat féministe d’aujourd’hui est un combat contre le sexisme
ordinaire et culturel qui part du postulat que nous sommes par
essence différents et que ces différences objectives justifient
l’inégalité des sexes. Etre féministe au XXIème siècle, c’est aussi
être conscient que les droits que l’on prend aujourd’hui pour acquis
peuvent être remis en cause, tant à l’étranger qu’en Belgique.
De par leur situation précaire sur le marché du travail, les femmes
sont touchées de plein fouet par les mesures d’austérité prises en
Europe. Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que les restrictions
budgétaires ne mettent pas à mal les progrès accomplis en faveur
de l’égalité hommes-femmes en matière d’emploi. S’engager dans
des mesures de relance, via l’investissement dans des services
d’assistance aux personnes dépendantes pour permettre aux
femmes de renforcer leur présence sur le marché du travail, a du
sens. La crise actuelle est aussi une opportunité pour prendre des
mesures structurelles, bénéfiques pour les finances des états et
susceptibles de changer en profondeur notre société, comme
l’individualisation des droits sociaux et fiscaux.
Différentes propositions concrètes sont soumises au débat. Elles
visent à :
- mettre fin aux discriminations sur le lieu de travail (via des
mesures visant à lutter contre les discriminations liées à la
grossesse et la maternité, à garantir l’égalité de rémunération, à
favoriser l’emploi à temps plein, à lutter contre la ségrégation
professionnelle et les discriminations multiples) ;
- stimuler le taux d’emploi des femmes en instaurant de
manière progressive l’individualisation des droits pour les
nouvelles générations ;
- faciliter la conciliation travail – vie privée (via l’investissement
dans des structures d’accueil de qualité pour la petite enfance et
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les écoliers, l’élargissement des droits des pères au congé de
paternité ;
- lutter contre les stéréotypes de genre dès l’école ;
- renforcer les structures et les instruments de promotion de
l’égalité (par le biais de législations punissant le sexisme et la
systématisation de l’analyse de genre dans les politiques
publiques).
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