Comment la reconnaître et prévenir une
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Comment la reconnaître et prévenir une
Patricia Lapointe, B. Pharm., Pharmacie Mélissa Pilote et Dominique Bond, Québec. Triade asthme-polypes nasaux-AINS Comment la reconnaître et prévenir une exacerbation des symptômes Révision scientifique : Julie Racicot, B. Pharm., M.Sc. Objectifs pédagogiques ✓ Connaître la relation entre l’asthme, les polypes nasaux et les AINS. ✓ Connaître les principaux médicaments en vente libre pouvant être impliqués dans l’exacerbation de l’asthme. ✓ Déterminer les anti-inflammatoires recommandés dans le cas d’asthme induit par l’AspirinMD. ✓ Discuter des traitements de l’asthme induit par l’Aspirine et de la rhinosinusite chronique. Publié grâce à une subvention sans restrictions de Le pharmacien a le devoir de dépister les interactions potentielles, notamment celles entre les médicaments et les diverses affections de chaque patient. Parmi celles-ci, l’asthme fait partie de sa pratique quotidienne. Pourtant, l’association entre asthme atopique, rhinosinusite chronique et prise d’anti-inflammatoires passe souvent inaperçue, lors de l’analyse du dossier pharmacologique. Le présent article fera donc la lumière sur cette affection parfois négligée. récurrentes et l’asthme. L’AIA peut, dans certains cas, être associé à de l’urticaire et à des réactions anaphylactiques2. Certaines comorbidités ont également été associées à ce trouble, dont des complications oculaires, de même que des ischémies du myocarde4. Cette triade est aussi nommée « maladies respiratoires exacerbées par l’AAS », « syndrome de Samter » ou « triade de Widal »2,3. L’AAS et les autres AINS constituent les facteurs déclencheurs de l’apparition de l’asthme et de la rhinosinusite, mais ils ne sont pas considérés comme responsables de l’AIA3,5. Par conséquent, l’inflammation du tissu muqueux peut débuter et se poursuivre sans qu’il y ait exposition à un AINS ou à l’AAS, et elle peut aussi se développer lors d’une prise intermittente. Les difficultés respiratoires des patients atteints demeurent souvent réfractaires au traitement conventionnel et se manifestent de façon agressive. Ainsi, malgré la cessation des AINS ou de l’AAS, l’inflammation de la muqueuse des voies respiratoires supérieures et inférieures persiste, et les patients peuvent avoir besoin de doses de corticostéroïdes systémiques pendant quelques jours pour que les symptômes soient bien maîtrisés. De même, un bon contrôle de l’asthme sera généralement tributaire d’une bonne maîtrise de la RSC3. Asthme induit par l’AAS Bien que la physiopathologie de l’AIA ne soit pas complètement élucidée, quelques hypothèses ont été soulevées. Le mécanisme principal serait en fait un dérèglement du métabolisme de l’acide arachidonique (AA)5. Le lecteur peut se référer à la figure 1 pour mieux comprendre les mécanismes impliqués. L’AA est notamment métabolisé par l’enzyme cyclo-oxygénase (COX) qui existe sous trois isoformes, dont deux ont été étudiées plus en détail, soit la COX-1 et la COX-2. La COX-1 est présente constitutivement dans la plupart des tissus sains, alors que la COX-2 se retrouve principalement au niveau des reins, du cerveau, des os et dans les tissus œdématiés, où elle est produite par des cytokines et différents médiateurs de l’inflammation. La COX-1 a pour rôle d’assurer le maintien de l’homéostasie et le bon fonctionnement des activités physiologiques. Quant à la COX-2, elle est associée à la douleur, à la fièvre et à l’inflammation3,5,6. Ainsi, l’AA est métabolisé par la COX en thromboxanes et en prostaglandines. L’une de celles-ci, la PGD2, agit comme bronchoconstricteur, alors que la PGE2 a un effet anti-inflammatoire et favorise la bronchodilatation. Dans le cas de l’AIA, les mastocytes produiraient une quantité anormalement élevée de PGD2, et cette L’asthme allergique est la forme d’asthme la plus commune. En effet, elle touche plus de 50 % des 20 millions d’Américains asthmatiques. Chez les jeunes de moins de 18 ans, plus de 2,5 millions d’entre eux sont aux prises avec ce type d’asthme. Celui-ci peut se déclencher à la suite de l’inhalation de substances allergènes, telles que des poils d’animaux, du pollen et des acariens, mais aussi après l’ingestion de médicaments tels que l’AspirinMD et les antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS)1. La prévalence de l’hypersensibilité à l’acide acétylsalicylique (AAS) dans la population en général se situe aux environs de 0,6 % à 2,5 %, alors que 3 % à 21 % de la population adulte asthmatique serait atteinte d’asthme induit par l’AspirinMD (AIA) ou d’autres AINS2,3,4. Figure 1 Mécanismes possiblement impliqués dans l’inflammation des voies respiratoires lors d’AIA. Inflammation Physiopathologie Arbre bronchique L’asthme induit par l’AspirinMD (AIA) se définit comme une inflammation chronique sévère des voies respiratoires supérieures et inférieures. À cette inflammation sont associés la rhinosinusite chronique (RSC), des polyposes nasales (PN) Schéma traduit et adapté de : Hamad AM, Sutcliffe AM et Knox AJ. Aspirin-induced asthma : Clinical aspects, pathogenesis and management. Drugs 2004; 64 (21): 2417-32. Présentation clinique Acide arachidonique 5-Lipoxygénase Cyclooxygénase Leucotriènes LTA4 PGE2 LTC4 Mastocytes Éosinophiles Histamine tryptase PCE Endothélium vasculaire Recrutement éosinophiles cys-LTs Prostaglandines AINS, AAS Thromboxanes Prostacyclines Glandes muqueuses En inhibant la cyclo-oxygénase, l’AAS et les autres AINS empêchent la formation de PGE2 protectrices. L’équilibre entre les PGE2 anti-inflammatoires et les cystéinyles leucotriènes (cys-LTs) proinflammatoires est alors rompu puisque les PGE2 ne peuvent bloquer la dégranulation des mastocytes, la libération de la protéine cationique éosinophilique (PCE) par les éosinophiles, ainsi que l’activité de la 5-lipoxygénase. Cette cascade se solde par la formation accrue de cyst-LTs. www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | décembre 2011 – janvier 2012 1 Figure 2 Sinus paranasaux À gauche : patient en santé. À droite : opacification totale chez un patient atteint d’asthme induit par l’AAS. Figure provenant de : Szczeklik A et Sanak M. The broken balance in aspirin hypersensitivity. Review. European Journal of Pharmacology 2006; 533: 145–55. Figure 3 Évolution naturelle de l’asthme induit par l’AAS Rhinite 30 Rhinosinusite et Asthme polypes nasaux 32 32 Intolérance à l’AAS 35 Temps (âge) Figure traduite de : Szczeklik A et Sanak M. The broken balance in aspirin hypersensitivity. Review. European Journal of Pharmacology 2006; 533: 145–55. surproduction s’amplifierait après l’ingestion d’AAS. Qui plus est, le niveau basal de PGE2 serait inférieur à la normale dans les tissus des polypes nasaux et dans les fibroblastes des voies respiratoires inférieures. De plus, les récepteurs EP-2, l’une des isoformes des récepteurs PGE, se retrouveraient en plus petit nombre dans les cellules inflammatoires et dans les tissus nasaux chez les patients atteints d’AIA5. La deuxième voie métabolique de l’AA implique l’enzyme 5-lipoxygénase. Celle-ci permet la transformation de l’AA en leucotriènes (LT), comme le cystéinyl-leucotriène (cys-LT), le LTC4, le LTD4 et le LTE4, qui induisent la production de mucus, la bronchoconstriction, de même que l’inflammation de la muqueuse des voies nasales et respiratoires. Lors d’AIA, il se crée une réaction en chaîne, alors que les leucocytes de la muqueuse nasale engendrent une surexpression des récepteurs des LT et que ces derniers attirent dans les voies respiratoires les mastocytes ainsi que les éosinophiles. En retour, ces derniers contribuent à une production accrue des différentes isoformes des LT5. Rhinosinusite chronique Pour ce qui est de la RSC, elle se caractérise par une inflammation de la muqueuse de la cavité nasale et des sinus paranasaux, avec une persistance des symptômes pendant plus de 12 semaines. Cliniquement, on distingue la RSC avec ou sans PN. La prévalence des polypes nasaux s’élève à près de 70 % et ceux-ci atteignent non seulement les cavités nasales, mais ils peuvent aussi envahir l’ensemble des sinus4. À cet effet, le lecteur peut se reporter à la figure 2 pour voir une représentation radiologique de polypes nasaux. La physiopathologie de la RSC n’est pas clairement établie dans la littérature médicale, mais des facteurs génétiques, la présence d’une infection, des anomalies anatomiques et un déséquilibre 2 immunologique local pourraient être en cause. Selon de récentes études, la présence de médiateurs de l’inflammation comme les éosinophiles, de même que des cellules très caractéristiques auraient été trouvées au niveau du tissu muqueux, dans les cas de RSC et de PN. Plusieurs études confirment d'ailleurs que les éosinophiles et autres produits inflammatoires dérivés constituent des marqueurs inflammatoires importants lors de PN7. Dans plus de 34 % à 50 % des cas, l’asthme et la RSC coexistent. En fait, 84 % des tomodensitogrammes des sinus se sont révélés anormaux chez des patients asthmatiques. Ces données corroborent la relation entre les changements dans les tomodensitogrammes des sinus, l’altération de la fonction pulmonaire et la présence d’éosinophiles dans les expectorations. L’asthme et la RSC ont également en commun leur physiopathologie. En effet, l’inflammation de la muqueuse des voies respiratoires et le remodelage du tissu occupent deux rôles prépondérants dans le développement de ces deux maladies. Des cellules inflammatoires, telles que des éosinophiles et l’interleukine-5, ont été retrouvées dans la muqueuse sinusale, tout comme dans la muqueuse des bronches des patients asthmatiques. D’ailleurs, un plus grand nombre d’éosinophiles confirme souvent un asthme plus sérieux, et les patients asthmatiques tendent à avoir des PN plus importantes7. Population affectée D’une part, il est possible que plusieurs patients ayant reçu un diagnostic d’asthme ne se soient jamais rendu compte que l’AAS ou les AINS sont responsables de l’aggravation de leur état3. D’autre part, une étude de Vally et coll8. a permis de constater que certains patients présentant des symptômes respiratoires secondaires à la prise d’AAS ou d’AINS n’avaient jamais reçu de diagnostic d’asthme auparavant8. cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | décembre 2011 – janvier 2012 | www.ProfessionSante.ca Les patients souffrant d’AIA noteraient le plus souvent l’apparition des premières manifestations au cours de l’âge adulte, plus précisément durant la troisième ou quatrième décennie. Ce syndrome toucherait davantage les femmes que les hommes et l’intensité des symptômes d’asthme serait généralement modérée à intense. Dans la majorité des cas, ceux-ci se révéleraient sous la forme d’une rhinosinusite réfractaire secondaire à une infection virale des voies respiratoires. Par la suite, la rhinosinusite se chroniciserait et évoluerait vers une RSC avec PN, ayant pour conséquence l’anosmie, soit la diminution ou la perte d’odorat. Au cours de l’évolution de la RSC, un asthme persistant se développera. Enfin, l’exposition à l’AAS ou à un AINS aura pour effet de précipiter une maladie respiratoire aiguë chez ces patients2,3. Il est possible de visualiser les principales étapes de l’évolution de l’AIA, sous forme de schéma, à la figure 3. Dans les 30 minutes à 3 heures suivant la prise d’un AINS ou de l’AAS, les patients voient apparaître une congestion nasale importante avec rhinorrhée, ainsi qu’un bronchospasme typique avec serrement à la poitrine, toux et respiration sifflante. Des symptômes tels que de l’œdème périorbitaire et une rougeur dans la région de la conjonctive peuvent également se manifester, en plus d’érythème au visage. L’intensité des symptômes varie en fonction de la dose ingérée5. Dans la plupart des cas, les patients aux prises avec l’AIA le demeurent toute leur vie2,3. Allergies croisées Acide acétylsalicylique (AAS) L’ingestion d’AAS peut avoir de graves conséquences chez les patients souffrant d’AIA. Elle peut même être fatale. Évidemment, l’absorption d’AAS sous toutes ses formes doit être évitée, incluant les dérivés salicylés, comme les crèmes analgésiques (MyoflexMD, Antiphlogis tineMD), et le sous-salicylate de bismuth (PeptoBismolMD)9. Quant au Voltaren EmulgelMD, il est indiqué dans la monographie que l’asthme a rarement été rapporté à la suite de son application, mais le fabricant suggère d’éviter son utilisation chez les patients atteints d’AIA, étant donné son absorption systémique partielle10. Le tableau I présente une liste non exhaustive des médicaments en vente libre susceptibles d’aggraver l’AIA. Célécoxib La plupart des patients tolèrent des inhibiteurs, comme le célécoxib (CelebrexMD), 200 à 300 fois plus sélectifs pour l’enzyme COX-2 que pour la COX-1, car celle-ci, présente dans les tissus sains, synthétisera des prostaglandines (PGE2) protectrices. Dans une étude randomisée avec placebo portant sur 60 sujets souffrant d’AIA, aucun bronchospasme n’a été rapporté à la suite de l’administration de 100 à 200 mg de célécoxib3,5,9. La vigilance reste toutefois de mise dans la mesure où quelques rares rapports de cas signalent la présence d’urticaire, d’angiœdème, de rhinorrhée, de dyspnée et de bronchospasme à la suite de l’administration de célécoxib chez des patients souffrant d’asthme sévère ou d’AIA.11 Méloxicam Pour cette même raison, l’administration de méloxicam (MobicoxMD) devrait être évitée lorsque d’autres options s’offrent au patient. En fait, bien que le méloxicam soit 10 fois plus sélectif pour la COX-2 que pour la COX-1, il perd cette sélectivité à haute dose6,9,12. Cependant, des doses aussi faibles que 7,5 mg par jour ne devraient pas entraîner de réactions et pourraient être envisagées avec une étroite supervision médicale12. Acétaminophène Puisque l’acétaminophène est un faible inhibiteur de la COX-1 et de la COX-2, le risque d’allergie croisée avec l’AAS est faible et dépend des doses utilisées 2,3. Ainsi, des doses de 650 mg seraient habituellement bien tolérées, alors que 20 % des patients souffrant d’AIA réagiront à des doses de 1000 mg. Par contre, la réaction allergique sera généralement moins importante et de plus courte durée, comparativement à celle induite par un AINS3,5. Autres AINS Les AINS possédant de faibles propriétés inhibitrices pour la COX-1 pourraient être envisagés à de faibles doses. Or, plusieurs d’entre eux ne sont plus disponibles au Canada5,9. Une seule référence9 fait mention du diflunisal, qui pourrait être utilisé à des doses de 1000 mg par jour, réparties en deux ou trois prises, bien que ce soit un inhibiteur sélectif de la COX-15,9. Lors de la première ingestion, il importe que le patient soit sous supervision médicale pendant trois heures minimum, dans le cas où une réaction allergique se produirait. À cet effet, il est important de rappeler que certains patients très sensibles ne toléreront pas les faibles inhibiteurs de la COX19. D'ailleurs, la monographie du produit ne recommande pas l’administration du diflunisal chez les patients souffrant d’AIA et rapporte même des cas de réactions anaphylactiques13. Le lecteur peut consulter à titre informatif le tableau II qui répertorie les inhibiteurs de la COX-I considérés comme relativement sécuritaires chez les patients asthmatiques présentant une sensibilité aux AINS et à l’AAS. Traitement de l’AIA La rhinosinusite chronique Les antihistaminiques ainsi que les décongestionnants nasaux font partie des options de traitement de la rhinosinusite chronique. Ils sont toutefois utilisés transitoirement vu leur efficacité de courte durée. Quant aux corticostéroïdes nasaux, ils constituent un traitement de maintien de première ligne puisqu’ils s’avèrent efficaces pour soulager les symptômes de RSC chez la plupart des patients souffrant d’AIA2,11. Ils contribueraient également à prévenir la croissance des PN à la suite d’une chirurgie. Cependant, dans le cas où une réduction rapide de la taille des PN est souhaitable, les cortico stéroïdes oraux seront privilégiés en traitement intensif de quelques jours11. Les antagonistes des récepteurs des leucotriènes (ARLT) pourraient apporter des bénéfices chez certains patients, en association avec les corticostéroïdes nasaux. En effet, quelques études rapportent que les ARLT, comme le montélukast (SingulairMD), entraîneraient une amélioration suffisante des PN et de la RSC pour éviter le recours à la chirurgie2,11. Selon une récente étude, le montélukast permettrait de réduire les symptômes nasaux et pulmonaires, et d’améliorer le débit respiratoire au niveau des bronches et des voies nasales chez les patients souffrant d’asthme et de PN, avec ou sans intolérance à l’AAS. Cette amélioration serait notamment due à sa capacité de maîtriser l’inflammation dans la PN et de diminuer l’accroissement des polypes nasaux. De plus, il diminuerait le nombre d’éosinophiles et de médiateurs de l’inflammation, tels que les leucotriènes, et réduirait la migration des cellules vers les voies nasales. Son effet optimal apparaîtrait après six semaines de traitement14. Enfin, l’omalizumab (XolairMD) pourrait être utilisé lors de RSC réfractaires et de PN récurrentes. Il s’agit des dernières indications non officielles du produit. En effet, l’omalizumab, anticorps monoclonal humanisé recombinant anti-immunoglobulines E (IgE), est habituelle- Tableau 1 Médicaments en vente libre pouvant exacerber l’AIA5,9,24 (liste non exhaustive) Nom commun Acide acétylsalicylique Noms commerciaux AspirinMD, EntrophenMD Sous-salicylate de bismuth Pepto-BismolMD Ibuprofène AdvilMD, MotrinMD Naproxène sodique AleveMD Diclofénac diéthylamine Voltaren ÉmulgelMD Salicylate de triéthanolamine Myoflex RégulierMD, Antiphlogistine Rub A-535 Sans OdeurMD Salicylate de diéthanolamine PhysiogesicMD Salicylate de méthyle Tiger linimentMD, Antiphlogistine Rub A-535 Extra-fortMD, Absorbine Analgésic CrèmeMD Tableau 2 Inhibiteurs de la COX-1 pouvant être utilisés lors d’AIA2,3,5,9,12 Nom commun (noms commerciaux) Acétaminophène (AtasolMD,TylenolMD) Doses maximales recommandées 650 mg q 4-6 h Célécoxib (CelebrexMD) 100 à 200 mg die Méloxicam (MobicoxMD)† 7,5 mg die † Chez certains patients sous supervision médicale seulement. ment indiqué dans le traitement de l’asthme allergique modéré à sévère, non maîtrisé par les corticostéroïdes inhalés (CSI). Les doses utilisées et la fréquence d’administration dépendent du poids et des concentrations sériques totales IgE (UI/ml) mesurées en début de traitement. Ainsi, les doses injectées par voie souscutanée varient entre 150 mg et 375 mg toutes les deux à quatre semaines15,16. Un rapport de cas de Bobolea et coll. a démontré qu’après moins d’un mois de traitement l’omalizumab avait diminué la congestion nasale, la rhinorrhée et l’hyposmie chez une jeune patiente de 18 ans. Deux mois plus tard, cette dernière avait normalisé son volume expiratoire par seconde (VEMS) à 90 % de la valeur prédite et obtenu une maîtrise adéquate de ses symptômes d’asthme. À la suite d’un traitement de quatre mois incluant l’omalizumab et le montélukast, la jeune fille a bien toléré des doses occasionnelles d’ibuprofène 600 mg, sans présenter de symptômes d’asthme16. D’ailleurs, deux autres rapports de cas, de même qu’une étude randomisée multicentrique menée à double insu avec placebo, ont obtenu des résultats similaires avec l’omalizumab quant à l’amélioration des symptômes d’asthme et de RSC réfractaire.17,18,19 L’asthme La prise en charge de l’asthme chez l’adulte atteint d’un syndrome de Samter s’amorce par l’application des mesures non pharmacologiques. L’évitement de tous les facteurs déclencheurs, plus particulièrement de l’AAS et des autres AINS fortement inhibiteurs de la COX-1 dans le cas de l’AIA, sera évidemment une condition sine qua non du contrôle optimal de l’asthme3,20. La pharmacothérapie correspond aux lignes directrices actuelles de la Société canadienne de thoracologie. En premier lieu, elle consiste à introduire un bêta2-agoniste à courte durée d’action (BACA) en prise au besoin, puis à ajouter un CSI dès le diagnostic, ou à tout le moins lorsque les symptômes diurnes se manifestent plus de trois fois par semaine ou que le patient a recours à son BACA plus de trois fois par semaine3,20. Lorsque la maîtrise de l’asthme n’est pas optimale malgré la prise régulière d’un CSI, il faut envisager l’ajout d’une thérapie d’appoint, telle qu’un bêta2-agoniste à longue durée d’action (BALA), ce dernier ayant été davantage étudié et, en règle générale, s’étant avéré supérieur à l’ajout d’un ARLT chez l’adulte asthmatique20. Les BALA auraient démontré des bienfaits dans l’AIA, que l’on ne retrouve pas dans les autres cas d’asthme. En effet, le sal- métérol (SereventMD) permettrait non seulement de prévenir l’hyperactivité des bronches à la suite de l’inhalation d’AAS, mais aussi de limiter l’excrétion urinaire de LTE4 et de PGD-M, le métabolite urinaire principal de la PGD221,22. Les rôles de stabilisateur des mastocytes et d’inhibiteur direct des leucotriènes contribueraient à l’efficacité du salmétérol dans l’AIA, mais ils n’auraient aucun impact dans les autres cas d’asthme3. En troisième ligne de traitement, un ARLT pourra être associé au BACA en prise au besoin, au CSI et au BALA. Les ARLT se sont avérés efficaces non seulement dans la RSC, mais aussi dans l’AIA. En effet, une étude sur le montélukast a démontré une amélioration du VEMS, du débit expiratoire de pointe (DEP) et de la qualité de vie lors d’AIA, en plus d’une réduction des exacerbations et de l’utilisation d’un BACA de 54 % par rapport au placebo23. Étant donné l’efficacité des ARLT dans la thérapie de maintien à long terme de l’AIA, la plupart des patients pourraient bénéficier de l’ajout de montélukast au CSI, en dépit de la gravité de leur asthme3. En dernier lieu, l’utilisation des stabilisateurs des mastocytes en inhalation, tels que le cromolyn sodique disponible en solution de 1 % (10 mg/ml), pourrait être envisagée. Ces derniers protégeraient contre les exacerbations d’AIA en diminuant l’hyperréactivité des bronches. Après une semaine de traitement, ils permettraient de diminuer de façon significative les symptômes des patients, de même que la quantité d’éosinophiles retrouvée dans le sang et les expectorations3. Enfin, les cas d’asthme plus sévère nécessiteront le recours à des corticostéroïdes systémiques et à la théophylline20. Désensibilisation à l’AAS La technique de désensibilisation à l’AAS sera prise en considération pour les patients atteints d’AIA et nécessitant une prise quotidienne d’AAS ou d’AINS pour d’autres affections, comme ceux atteints d’arthrite chronique ou de maladies cardiovasculaires. Cette technique sera aussi réservée aux patients asthmatiques corticodépendants ou à ceux qui sont aux prises avec une RSC qui s’aggrave, malgré une médication adéquate2,5. Il s’agit en fait du seul traitement permettant d’arrêter la progression de la maladie. Cette procédure assure une meilleure maîtrise de l’asthme ainsi que la prévention de la prolifération des polypes nasaux, et elle permet au patient d’utiliser tout type d’inhibiteur de la COX-115. Le mécanisme d’action de la désensibilisation demeure mal connu, mais une baisse des leucotriènes E4 et des thromboxanes E4 à des niveaux normaux dans des cellules de culture expliquerait en partie l’amélioration des symptômes et la manifestation d’une tolérance à l’AAS2,5. Cependant, les patients ayant recours à cette technique devront poursuivre indéfiniment la prise d’AAS dans la mesure où la sensibilité à ce médicament réapparaîtra quelques jours après sa cessation12. Conclusion L’AIA est une maladie inflammatoire chronique dans laquelle les voies respiratoires, incluant les bronches et les voies nasales, sont hyperactives en présence de facteurs environnementaux. Il est possible de maîtriser l’asthme et la rhinosinusite en appliquant des mesures visant à assainir l’environnement, en utilisant régulièrement des médicaments et en évitant les antiinflammatoires. Cette forme d’asthme se développe généralement à l’âge adulte et touche 3 % à 21 % des adultes asthmatiques. Plusieurs patients peuvent souffrir d’AIA sans jamais avoir reçu de diagnostic, et ils ne mesurent pas nécessairement le tort que peut leur causer l’AAS, le médicament le plus utilisé dans le monde4. Il importe pour le pharmacien de porter une attention particulière aux patients présentant des symptômes concomitants de rhinosinusite et d’asthme. Un questionnaire adéquat s’avérera tout aussi essentiel lors de la suggestion d’un anti-inflammatoire en vente libre, afin de prévenir une exacerbation des symptômes d’asthme et de rhinosinusite. La persistance des symptômes ou leur soulagement partiel, malgré une médication jugée adéquate, témoignera de la nécessité de diriger le patient vers son médecin traitant.❰ Entrevue-conseil Voici quelques questions importantes à poser afin d’être en mesure de dépister un asthme induit par l’AAS : • Quel est l’âge du patient ? • Quelle est l’intensité de ses symptômes ? • Souffre-t-il d’anosmie partielle ou complète ? • A-t-il présenté une infection virale des voies respiratoires au cours des derniers mois ? • A-t-il déjà pris de l’AAS ou d’autres AINS ? Si oui, a-t-il noté une aggravation des symptômes suivant la prise de ces médicaments (congestion, rhinorrhée, bronchospasme, rougeur de la conjonctive, érythème facial, œdème périorbitaire, urticaire) ? • Depuis quand les symptômes de rhinosinusite persistent-ils ? • Quel traitement a été essayé jusqu’à présent ? • Adresser le patient au médecin si les symptômes de rhinosinusite persistent malgré un traitement sur ordonnance jugé adéquat. • Déconseiller l’utilisation d’AAS et autres AINS chez les asthmatiques ayant des polypes nasaux ou chez les asthmatiques ayant déjà eu une réaction à la suite de la prise d’AAS ou autres AINS. • Recommander au patient de consulter un médecin si la maîtrise de son asthme n’est pas optimale malgré l’utilisation régulière de corticostéroïdes inhalés et l’évitement des facteurs déclencheurs (utilisation plus de trois fois par semaine d’un bronchodilatateur à action rapide, incluant des doses avant l’exercice). Recommandations aux patients Recommandations aux patients atteints d’AIA5,9,20,24 • L’asthme induit par l’AspirinMD ou d’autres anti-inflammatoires est une maladie inflammatoire chronique dans laquelle les voies respiratoires, incluant les bronches et les voies nasales, sont hyperréactives (sensibles) à des facteurs environnementaux (allergènes, irritants, virus, médicaments). • Il est possible de maîtriser l’asthme et la rhinosinusite en appliquant des mesures visant à assainir l’environnement, en utilisant régulièrement des médicaments et en évitant les anti-inflammatoires et l’AspirinMD. • Il existe deux types de thérapie pour l’asthme : la médication pour soulager les symptômes et la médication d’entretien pour maîtriser la maladie et prévenir une aggravation. Ces médicaments sont généralement bien tolérés et efficaces. • Le contrôle des symptômes de rhinite et de sinusite favorisera la maîtrise de l’asthme. Pour ce faire, le recours à certains médicaments s’avère souvent indispensable. • Consultez votre pharmacien lorsque vous désirez utiliser des médicaments en vente libre ou des produits de santé naturels. Certains d’entre eux pourraient aggraver vos symptômes. • Vous devez éviter tous les produits contenant de l’AspirinMD et autres antiinflammatoires, comme l’ibuprofène ou le naproxène sodique. Vous pouvez retrouver ces médicaments sous forme de comprimés, mais ils peuvent aussi être présents dans des crèmes analgésiques, comme le MyoflexMD, dans des produits pour les brûlures d’estomac, tels que le Pepto-BismolMD, ainsi que dans plusieurs produits contre le rhume et la grippe (tableau I). • Consultez votre médecin ou contactez votre pharmacien lorsque l’asthme n’est pas maîtrisé, c'est-à-dire dès que l’un des critères de maîtrise n’est pas respecté, à savoir : utilisation du médicament de secours < 4 fois/semaine, aucune absence au travail ou à l’école due à l’asthme, exacerbations légères ou peu fréquentes, activité physique normale, débit expiratoire de pointe (DEP) ≥ à 90 % du meilleur résultat personnel, variation diurne du DEP < 10 %-15 %, symptômes nocturnes présents < 1 nuit/semaine, et diurnes < 4 jours/semaine. www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | décembre 2011 – janvier 2012 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Références Allergies Triade asthme-polypes nasaux-AINS Comment la reconnaître et prévenir une exacerbation des symptômes Question 1 Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai ? a) L’AIA est causé en partie par un dérèglement de la voie métabolique impliquant l’enzyme cyclo-oxygénase nécessaire à la conversion de l’acide arachidonique en prostaglandines et en thromboxanes. b) Un excès de PGE2 serait l’une des causes de l’AIA. c) Dans les cas d’AIA, on remarque une diminution importante des éosinophiles au niveau des muqueuses des voies respiratoires supérieures et inférieures. d) Les leucotriènes, comme le cystéinylleucotriène (cys-LT), le LTC4, le LTD4 et le LTE4 sont responsables de la viscosité du mucus des voies respiratoires et de la bronchodilatation. Question 2 b) L’AIA se manifeste toujours à la suite de l’ingestion d’aspirine ou autres AINS. c) L’AIA peut se résorber si le patient cesse complètement l’utilisation d’AAS ou d’AINS. d) Les premiers symptômes d’AIA se manifestent généralement sous la forme d’une rhinosinusite chronique réfractaire aux traitements habituels. Question 6 Quel(s) symptôme(s) parmi les suivants peuvent être une manifestation de l’exacerbation de l’AIA ? a) Œdème périorbitaire b) Urticaire c) Hyperhémie de la conjonctive d) Rhinorrhée e) Toutes ces réponses Question 7 Dans quel organe du corps humain retrouve-t-on la COX-2 ? a) Cœur b) Reins c) Foie d) La plupart des tissus sains Question 3 Dans quelle proportion l’asthme et la rhinosinusite coexistent-ils ? a) 84 % b) 50 % c) 10,9 % d) 2,5 % Question 4 L’AIA est habituellement diagnostiqué durant l’enfance. Vrai ou faux ? a) Vrai b) Faux Question 5 Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai ? a) L’AIA touche plus souvent les hommes que les femmes. Parmi les médicaments suivants, lesquels sont généralement considérés comme sécuritaires chez les patients souffrant d’AIA ? a) Voltaren EmulgelMD b) MéloxicamMD c) CelebrexMD d) Voltaren Emulgel et CelebrexMD e) Méloxicam et CelebrexMD Question 8 Quel énoncé est faux ? a) Les patients souffrant d’asthme induit par l’aspirine ne peuvent prendre aucun anti-inflammatoire. b) La prise d’acétaminophène est généralement sécuritaire chez les patients atteints d’AIA. c) Le montélukast constitue un traitement de choix dans l’AIA pour atténuer les symptômes liés à l’asthme et à la rhinosinusite. d) La désensibilisation à l’aspirine est généralement considérée comme un traitement de dernier recours ou réservé à des cas particuliers. Veuillez noter que les articles de formation continue sont dorénavant valides pendant un an après leur publication ou mise en ligne. 1. American Academy of Allergy. Allergic asthma. [En ligne. Page consultée le 28/03/2011.] www.aafa.org. 2. 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Vous devez d’abord le faire en vous rendant au www.professionsante.ca Une fois votre inscription confirmée et activée, vous pourrez faire votre formation continue en cliquant sur l’onglet «Formation continue», puis sur «FC en ligne». Pour toute question, veuillez communiquer avec : Francine Beauchamp, coordonnatrice de formation continue, par téléphone : 514 843-2595, ou par courriel : [email protected] 4 cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | décembre 2011 – janvier 2012 | www.ProfessionSante.ca Publié grâce à une subvention sans restrictions de