Pourquoi étudier et faire de la philosophie - Jean
Transcription
Pourquoi étudier et faire de la philosophie - Jean
Université de Fribourg (Suisse) Philosophie Moderne et Contemporaine Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? Quelques éléments de réflexion >> Premier essai << Yves KLEIN (1962) : « MG 8 » Version 2 © Jean-Roch Lauper, Mars 2006 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? Sommaire 1. La question ............................................................................................................ 2 2. Première réponse possible .................................................................................... 3 3. Première difficulté : qu’est-ce que la philosophie ? ................................................ 3 3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie ........................... 4 3.2. La philosophie comme l’activité du donneur de conseils (voire de leçons) et/ou de l’homme perdu dans les nuages et autres conceptions erronées .......... 5 3.3. Conception de la philosophie admise, présupposée et défendue dans le cadre de mon enseignement : la philosophie, une démarche essentiellement argumentative............................................................................. 7 3.4. Autres conceptions de la philosophie .................................................................. 8 4. Deuxième difficulté : comment comprendre la question ? ..................................... 9 4.1. Pourquoi étudiez-vous et faites-vous de la philosophie ? .................................. 10 4.2. L’utilité de la philosophie ................................................................................... 11 4.3. Valeur et utilité de la philosophie ....................................................................... 12 4.4. La valeur de la philosophie ................................................................................ 14 5. La philosophie a de la valeur : Montrez-le ! ......................................................... 15 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 1 1. La question « Quoi ?! On paie des impôts pour ça ?! [c'est-à-dire, pour que des personnes étudient et fassent de la philosophie à l’université] » (1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? Cette question est très fréquemment posée aux étudiants en philosophie et également aux personnes continuant à travailler et à faire de la recherche en philosophie après leurs études. Parfois, cette question est une question authentique : la personne qui la pose trouve surprenant ou incompréhensible que l’on puisse consacrer du temps et de l’énergie afin d’étudier et de faire de la philosophie, mais pose sérieusement et sincèrement cette question en pensant que, puisqu’il existe des gens qui consacrent du temps et de l’énergie afin d’étudier et de faire de la philosophie, il doit finalement y avoir une réponse satisfaisante à cette question. Lorsqu’elle est posée, cette question est également parfois, voire souvent, une « fausse » question, une question non-authentique : les personnes qui la posent, la posent en pensant d’ores et déjà posséder la réponse : il n’y a aucune raison valable d’étudier et de faire de la philosophie. En effet, ces personnes pensent en général quelque chose qui peut être présenté de la manière suivante : (2) [après réflexion et observation] La philosophie (et donc, étudier et faire de la philosophie) ne sert à rien. Puisque (2), alors : (3) La philosophie (et donc, étudier et faire de la philosophie) n’a aucune valeur. Et donc : (4) [de (3)] Il n’y a aucune raison valable d’étudier et de faire de la philosophie. Par conséquent : (5) [de (4)] Toute réponse qui peut être donnée à (1) sera insatisfaisante. (6) [de (4)] L’étude et la pratique de la philosophie est quelque chose qui ne devrait pas être fait et qui devrait même être évité autant que faire se peut. Et : Ajoutons également que, la personne qui pose non-authentiquement cette question le fait parfois avec une intention claire de dénigrement et/ou de mépris. La question (1) est souvent posée à une personne se consacrant à la pratique de la philosophie. Cependant, l’intérêt, la pertinence et l’importance de cette question dépassent ces situations. En effet, au-delà de ces situations où un tiers la questionne, une personne faisant de la philosophie ne peut normalement pas écarter cette question et la traiter comme 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 2 une chose sans importance. Ainsi, l’étudiant ou le « professionnel » de la philosophie ne peut pas ne pas sentir une urgence : une urgence de trouver, avant tout pour lui-même, mais également pour les autres, une réponse satisfaisante à cette question. Dans les lignes qui suivent, je ne prétends, ni donner la réponse à cette question (que je trouve aussi difficile qu’importante), ni fournir une réponse qui serait complètement satisfaisante et définitive. Je souhaite simplement partager avec le lecteur de ce document et soumettre à son esprit critique quelques éléments de réflexions qui, je l’espère, nourriront quelque peu sa propre réflexion. 2. Première réponse possible La première réponse qui peut être donnée à la question (1) est une réponse qui peut paraître naïve, voire un peu « simplette », ou également une boutade : « Il faut étudier la philosophie pour pouvoir répondre à la question (1). » « J’étudie la philosophie afin de pouvoir répondre à la question (1). » Nous laisserons de côté cette réponse car elle laissera généralement (peut-être à tort ?) insatisfaite la personne posant ou se posant la question (1). 3. Première difficulté : qu’est-ce que la philosophie ? (1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? Afin de répondre à cette question de manière satisfaisante, il semble qu’il faille tout d’abord répondre à la question suivante : (7) Qu’est-ce que la philosophie ? En effet, comment peut-on chercher à répondre à la question (1) tant que l’on ne sait pas ce qu’est la philosophie ? 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 3 Cependant, la question (7) est elle-même une question philosophique problématique et il n’existe (donc) pas parmi les philosophes eux-mêmes un consensus concernant la réponse qui devrait y être donnée. Ainsi, on pourrait dire : Pour le moment la question (1) ne peut pas être traitée. En effet, afin de pouvoir le faire, il faudrait d’abord répondre à la question (7) qui n’a, pour le moment, pas reçu de réponse définitive et satisfaisante. De ce fait, la question (1) doit, pour le moment, rester en suspens. Néanmoins, une telle réponse est, à plus d’un titre, insatisfaisante : insatisfaisante pour celui qui se pose à lui-même la question (1) et qui ressent un besoin, une urgence d’y répondre, aussi bien que pour celui qui doute fortement de la valeur et de l’utilité de la philosophie et qui ne se trouve, par une telle réponse, que conforter dans ses doutes. Il est peut-être vrai que pour répondre de manière véritablement satisfaisante à la question (1), il faudrait déjà avoir répondu à (7). Cependant, afin de chercher tout de même à répondre à la question (1) et d’éviter l’ « écueil » exprimé par la réponse que nous venons de considérer, nous pouvons affirmer, plus modestement, que, afin de répondre à (1), il faut d’abord que nous intéressions à : (8) Qu’est-ce qu’une personne qui pose la question (1) (« pourquoi étudier et faire de la philosophie ? ») entend généralement par le terme « philosophie » ? Une chose est sûre, toute personne qui pose la question (1) n’entend pas forcément le terme « philosophie » de la même manière. Ainsi, une première chose à faire, lorsqu’une personne vous demande « pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », est de lui demander ce qu’elle entend par « philosophie », ce qu’est la philosophie selon et pour elle (Cela est aussi valable pour vous-mêmes : si vous vous demandez « pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », la première chose à faire est de vous demander ce que vous entendez par ce terme, ce qu’est la philosophie pour vous). Parmi les choses qu’une personne qui pose la question (1) peut entendre par le terme « philosophie », j’aimerais retenir et examiner les possibilités suivantes : 3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie. 3.2. La philosophie comme l’activité du donneur de conseils (voire de leçons) et/ou de l’homme perdu dans les nuages et autres conceptions erronées. 3.3. La philosophie une démarche essentiellement argumentative 3.4. Autres conceptions de la philosophie 3.1. Ignorance ou conception très floue de ce qu’est la philosophie La personne qui pose la question (1) à une personne étudiant ou faisant de la philosophie peut n’avoir pratiquement aucune idée de ce qu’est la philosophie. Cela est tout de même très fréquemment le cas, puisque beaucoup de personnes n’ont eu ni la chance de connaître cette discipline dans le cadre de leurs études, ni l’occasion et/ou l’envie de s’intéresser de plus prêt à cette discipline par eux-mêmes. Le plus fréquemment, une telle personne possède alors une conception très lacunaire et assez floue de ce qu’est la philosophie : cette conception repose alors essentiellement sur l’usage du mot « philosophie » dans différentes expressions courantes telles que : « Il faut savoir prendre la vie avec philosophie. » 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 4 « Il faut savoir être philosophe. » « Je le trouve très philosophe dans sa manière d’aborder les choses. » « Lorsqu’il s’exprime, on comprend très vite qu’il a une certaine philosophie du sport. » … Le sens du terme « philosophie » se confond alors souvent un peu avec celui du terme « psychologie ». Le fait que le terme « philosophie » se retrouve dans ces expressions du langage courant n’est pas complètement aberrant et arbitraire. Mais, le sens que ce terme possède dans ces expressions est malheureusement très éloigné de ce qu’est véritablement la philosophie ou, en tout cas, de ce en quoi consiste le fait d’étudier et de faire de la philosophie. De ce fait, il n’est pas acceptable que la question (1) soit posée en entendant le terme « philosophie » tel qu’il est compris dans ces expressions du langage courant. Par conséquent, si quelqu’un vous pose la question (1) et qu’il s’avère que cette personne comprend le terme « philosophie » dans le sens que je viens d’exprimer, il faudra commencer par lui expliquer qu’elle se trompe ou n’a pas réellement conscience de ce en quoi consiste le fait d’étudier et de faire de la philosophie. Cela clarifie déjà les choses et permet d’avancer avec votre interlocuteur en vue de répondre à la question (1), mais cela ne règle bien évidemment pas cette question, puisque, une fois expliqué que la philosophie n’est pas ce que la personne qui posait la question croyait qu’elle était, la question (1) demeure. 3.2. La philosophie comme l’activité du donneur de conseils (voire de leçons) et/ou de l’homme perdu dans les nuages et autres conceptions erronées De part les médias, ses études, son parcours de vie ou autre chose encore, il est possible qu’une personne qui pose la question (1) (qui peut être vous-même, je vous le rappelle) ait une certaine conception de ce qu’est la philosophie et de celui qui la pratique, le philosophe, mais que cette conception soit incorrecte et erronée. Parmi ces conceptions, citons les suivantes : 1. « La philosophie c’est un peu comme la religion » Il arrive que certaines personnes aient cette conception de la philosophie. Ces personnes ont souvent assisté à des cours de philosophie donnés par des religieux (ou d’autres personnes impliquées religieusement) qui considéraient celle-ci avant tout comme une « servante » de la théologie. Or, la philosophie s’intéresse bien sûr à des questions liées à l’existence de Dieu et au religieux. Mais elle ne saurait s’y limiter ! 2. « Le philosophe est une personne, souvent prétentieuse, qui a un avis sur tout et surtout sur les questions d’ordre politique et éthique » Cette vision du philosophe fortement présente en France et en Suisse Romande trouve sa source dans le fait que les philosophes sont très peu présents dans les médias de ces régions et que, lorsque certaines personnes se présentent ou sont présentées comme telles dans les médias de ces régions, ces personnes ne sont, soit pas du tout des philosophes, soit sont des philosophes, mais n’interviennent pas du tout en tant que tels (qu’ils en 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 5 soient eux-mêmes conscients ou non). Des philosophes importants tels que Sartre, des penseurs tels qu’Alain Finkielkraut, aussi bien que les interventions médiatiques de personnes telles que Bernard-Henri Lévy ont contribué à forger cette conception erronée de la philosophie dans la pensée d’une majorité des gens de la sphère francophone. (A noter que le fait qu’une personne qui prétend faire de la philosophie ou est présentée comme telle ne fasse pas de la philosophie n’implique en rien que ce qu’elle fait ou dit n’a aucune valeur !) Cette conception de la philosophie est erronée à plus d’un titre. Pour dire les choses brièvement : une telle conception de la philosophie la présente comme l’activité de personnes avant tout soucieuses de présenter (voire d’imposer) leur point de vue sur différents sujets et beaucoup moins soucieuses de présenter et d’examiner les arguments pouvant être avancés afin de soutenir ou de rejeter leur point de vue ; or, une telle pratique ne correspond pas du tout à la pratique philosophique telle qu’elle se manifeste tout au long de son histoire et encore à l’heure actuelle dans la pratique de la plupart des personnes faisant de la philosophie ; de plus, étymologiquement, le philosophe, ami de la sagesse, la recherche et ne prétend en rien la posséder ; or, la pratique de la philosophie décrite par la conception évoquée ne semble guère compatible avec cela. Je renvois le lecteur au texte suivant pour plus détail concernant cette conception et son caractère erroné : RECANATI, François (1988) : « Présentation ». In : RECANATI, François (1988) : Ethique et philosophie politique. Paris : Odile Jacob (L’âge de la science. Lectures philosophiques. 1), p.7-11. → Document 3. de ma page Web. 3. « Le philosophe est une personne, souvent inadaptée, qui a constamment la tête perdue dans les nuages, pensant à des questions très profondes et abstraites, mais de peu d’intérêt pour la plupart des autres hommes, et s’exprimant dans un langage obscur et/parce que profond. » Cette image du philosophe est également fortement présente en France et en Suisse Romande. Elle trouve probablement sa source dans l’obscurité réelle ou seulement apparente des écrits de certains philosophes et de personnes se présentant comme tels. Elle trouve également probablement sa source dans l’aspect étrange et bizarre que peut revêtir les questions philosophiques et la pratique philosophique « de l’extérieur ». Cependant, même si parfois certains textes philosophiques sont effectivement obscurs et semblent s’intéresser à des sujets fort abstraits et de peu d’importance, la pratique de la philosophie, à travers son histoire, s’est toujours (ou presque toujours) caractérisée par un désir de clarté : un désir de clarté afin de progresser vers la vérité. De plus, les sujets abordés, même si ils semblent parfois abscons et fort éloignés de nos préoccupations habituelles, s’inscrivent toujours dans un désir de mieux comprendre la réalité : le philosophe s’intéresse à la réalité dans laquelle nous vivons et non pas à d’autres réalités ou à un autre monde plus profonds ou plus éloignés. Or, la vision présentée sous ce point est incompatible avec cette pratique de la philosophie. D’où son caractère incorrect. Je renvois le lecteur au texte suivant pour plus détail concernant cette conception et son caractère erroné : RECANATI, François (1988) : « Présentation ». In : RECANATI, François (1988) : Ethique et philosophie politique. Paris : Odile Jacob (L’âge de la science. Lectures philosophiques. 1), p.7-11. 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 6 → Document 3. de ma page Web. 4. « Faire de la philosophie, c’est uniquement penser à des grandes questions telles que : « quel est le sens de la vie ? », « suis-je libre ? », « Dieu existe-t-il ? », « qu’est-ce que la justice ? ». » Cette vision des choses manifeste en général déjà une meilleure connaissance et compréhension de ce qu’est la philosophie. Cependant, elle est bien trop limitative car elle ampute la philosophie de sa dimension argumentative. Or, sans cette dimension argumentative, nul progrès vers la vérité n’est possible, et la pratique de la philosophie se résume alors à l’expression par des auteurs plus ou moins géniaux de grandes pensées et de grandes opinions concernant le monde et notre vie en son sein, des pensées et des opinions peut-être très intéressantes, mais mal ou non-fondées et difficilement discutables et évaluables. Si vous partagez l’une de ces conceptions et que vous êtes vous-mêmes étudiant en philosophie, il est peut-être bien que vous vous demandiez si elle est fondée et si elle est satisfaisante en dépit des éléments évoqués. Si vous ne partagez vous-mêmes pas l’une de ces conceptions, mais que la personne qui pose la question (1), elle, partage l’une de ces conceptions, il faudra que vous lui expliquiez que étudier et faire de la philosophie ne correspond pas à ce qu’elle croit et que vous lui montriez peut-être en quoi sa conception est erronée. Cependant, après avoir dit à la personne qui pose la question (1) que sa conception de la philosophie est erronée, vous n’aurez pas pour autant répondu à la question (1). Vous aurez même une double tâche : dire ce qu’est la philosophie (avec toutes les difficultés que cela comporte) et répondre à la question (1). De plus, la personne posant la question (1) pourrait vous faire l’objection suivante : Comment pouvez-vous affirmer que la conception que j’ai de la philosophie est incorrecte étant donné que, comme vous le reconnaissez, il n’y a pas de consensus parmi les philosophes concernant la question « qu’est-ce que la philosophie ? » ? Le fait que la question « qu’est-ce que la philosophie ? » ne possède pas de réponse définitive et satisfaisante et qu’il n’y ait pas de consensus parmi les philosophes la concernant ne signifie pas que nous ne possédons aucun élément de réponse par rapport à elle ! En effet, il n’y a pas de consensus et d’accord complet entre les philosophes présents et passés concernant ce qu’est la philosophie. Cependant, d’une part, la plupart des philosophes arriveraient à se mettre tout de même d’accord sur quelques grandes caractéristiques essentielles de la philosophie et, d’autre part, la plupart d’entre eux sont d’accord par rapport à ce que n’est pas la philosophie et rejetteraient les positions mentionnées ci-dessus comme des conceptions inadéquates de la philosophie. 3.3. Conception de la philosophie admise, présupposée et défendue dans le cadre de mon enseignement : la philosophie, une démarche essentiellement argumentative Je ne vais pas chercher ici à répondre de manière complète et satisfaisante à la question « qu’est-ce que la philosophie ? ». Cependant, j’affirme que, si beaucoup de conceptions de 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 7 la philosophie présentes aussi bien dans « le grand public » que dans certains milieux universitaires sont erronées, c’est avant tout parce qu’elles oublient une des caractéristiques essentielles de la philosophie liée à sa méthode : la démarche argumentative. En effet, comme je l’ai déjà affirmé dans le document 3., selon moi (et en cela, je suis, je crois, dans le courant actuel majoritaire), la philosophie se distingue par trois caractéristiques essentielles : - une histoire constituée d’ uvres et d’auteurs particuliers qui sert de référence commune et d’ « arrière-fond » commun aux personnes pratiquant la philosophie ; - un type de questions et de sujets particuliers qu’elle examine (il faudrait encore préciser ce qu’est une question philosophique et ce qu’est un sujet philosophique (je ne le fais pas ici par souci de concision ; cependant, vous devriez, vous-mêmes, avec le temps, être capables de le faire)) ; - une méthode particulière : la méthode argumentative. Si la philosophie ne saurait ni se résumer ni se limiter à l’usage d’une méthode argumentative, il n’y a cependant pas d’authentique philosophie sans argumentation. Par rapport à ce qu’est l’argumentation, je renvoie mon lecteur au document 5. de ma page Web. Cependant, pour rappeler en très très bref ce qu’est la méthode argumentative, on pourrait dire qu’elle consiste, face à une question particulière, à ne pas se contenter d’affirmations et d’opinions seules, mais à exiger que soient fournies en plus de fortes raisons afin d’accepter ces affirmations et ces opinions. 3.4. Autres conceptions de la philosophie Comme il n’y a pas de véritable consensus parmi les philosophes concernant la question (7) « Qu’est-ce que la philosophie ? », il se peut qu’une personne défende une conception de la philosophie différente de celle adoptée dans le cadre de mon enseignement et qui pourtant ne lui semble pas erronée. Cependant, qu’importe la conception de la philosophie que vous pensez être la bonne, il est toujours important, lorsque quelqu’un (ou vous-mêmes) vous pose la question (1) (« Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? ») de d’abord vous mettre d’accord avec lui concernant ce dont vous parler lorsque vous parlez d’étudier et de faire de la philosophie. Sinon, la discussion va assez rapidement se résumer à un dialogue de sourds ! Qui plus est, si la personne qui pose la question (1) possède une conception de la philosophie qui vous semble erronée et si, de plus, cette personne affirme qu’il n’y a aucune raison satisfaisante d’étudier la philosophie en s’appuyant sur cette conception, vous pouvez lui dire que ses propos ne sont pas valables puisqu’ils s’appuient sur une conception erronée de la philosophie (en fait, ses propos s’appuient sur une prémisse implicite fausse : « la philosophie est … »). 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 8 Ainsi, en bref : Etape n°1 : Clarifier le sens attribué à « philosophie » Lorsque quelqu’un vous demande (ou lorsque vous vous demandez à vousmêmes) : « Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », commencez par examiner ce que la personne qui pose la question entend par le terme « philosophie », puis déterminez si la conception de la philosophie possédée par la personne qui pose la question est acceptable ou non. Si sa conception n’est pas acceptable et si vous êtes capable d’expliquer pourquoi, alors vous pouvez rejeter comme non-fondées et non-valables, toutes les affirmations que la personne qui pose la question avance en s’appuyant sur cette conception erronée : par exemple, l’affirmation selon laquelle il n’y a aucune raison valable d’étudier la philosophie. 4. Deuxième difficulté : comment comprendre la question ? Lorsque vous vous êtes mis d’accord avec la personne qui pose la question (1) (qui peut très bien être vous-mêmes) sur ce qu’elle entend par « philosophie » et que vous avez pu vérifier que sa compréhension de ce terme paraît acceptable, vous avez déjà fait tout un travail d’éclaircissement : vous avez bien délimité les « contours » de la question (1). Cependant, la question (1) demeure : (1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? La difficulté qui se présente alors à vous est de déterminer, indépendamment des différentes significations attribuables au terme « philosophie », quel est véritablement le sens de cette question pour la personne qui vous la pose : qu’est-ce que la personne qui pose cette question veut-elle vraiment dire en la posant ? Vous vous trouvez alors face à une difficulté car il est possible de comprendre cette question de différentes manières, ce qui entraîne, à chaque fois, un autre type de réponse. En simplifiant un peu les choses, on peut affirmer que cette question peut être comprise principalement des trois manières suivantes : 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 9 (1’) Pourquoi les personnes qui étudient et font de la philosophie, étudient-elles et font-elles de la philosophie ? Pourquoi étudiez-vous et faites-vous de la philosophie ? (1’’) Quelle est l’utilité de la philosophie, de son étude et de sa pratique ? A quoi sert le fait d’étudier et de faire de la philosophie ? (1’’’) Quelle est la valeur de la philosophie, de son étude et de sa pratique ? Examinons successivement ces trois possibilités. 4.1. Pourquoi étudiez-vous et faites-vous de la philosophie ? Supposons que la personne qui pose la question (1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? veuille en réalité poser la question suivante : (1’) Pourquoi les personnes qui étudient et font de la philosophie, étudient-elles et font-elles de la philosophie ? Pourquoi étudiez-vous et faites-vous de la philosophie ? Cette question ne sera alors pas spécialement problématique ! En effet, je pense que la plupart des personnes qui étudient et font de la philosophie s’accorderont pour dire que si elles font de la philosophie, c’est avant tout par plaisir, par passion et/ou par intérêt : une personne fait généralement de la philosophie avant tout parce qu’elle aime cela (et ce, même si l’étude et la pratique de cette discipline peuvent parfois s’avérer difficiles, exigeantes et/ou décourageantes !). Ensuite, au-delà du plaisir et de l’intérêt qu’elle peut éprouver dans l’étude et la pratique de la philosophie, je pense qu’une personne étudie et fait de la philosophie également parce que - cette personne ne peut pas s’empêcher de se poser tout un tas de questions d’un certain type particulier, des questions auxquelles elle ne peut pas s’empêcher de chercher à répondre : dans un sens, c’est plus fort qu’elle (ces questions d’un type particulier sont des questions philosophiques du type : quel est le sens de la vie ? qu’est-ce qu’une vie bonne ? qu’est-ce que le temps ? que puis-je réellement connaître ? suis-je véritablement libre ? que suis-je ?...) ; et parce que - cette personne considère que le fait de s’intéresser à de telles questions est une des choses qui confèrent de l’intérêt, voire de la valeur, à son existence. Les éléments évoqués donnent généralement une réponse tout à fait satisfaisante à la question (1’) et expliquent, en tout cas en grande partie, que des personnes décident de consacrer quelques (ou beaucoup d’) années de leur vie à l’étude et à la pratique de cette discipline. Cependant, malheureusement, la plupart du temps, lorsque qu’une personne (qui peut être vous-mêmes, je le rappelle) vous pose la question (1), ce n’est pas à la question (1’) qu’elle songe ! Ceci explique qu’une réponse du type de celle qui vient d’être évoquée (plaisir et intérêt dans l’étude et la pratique de la philosophie), bien qu’elle puisse être une réponse tout à fait satisfaisante à (1’) et donc à une des façons possibles de comprendre (1), laisse en général la personne qui pose la question (1) totalement insatisfaite. 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 10 En bref : Etape n°2 : D’un point de vue subjectif, la question n’est pas problématique Expliquez à la personne qui pose la question « Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », que si l’on considère cette question d'un point de vue subjectif, c'est-à-dire que si, par cette question, on comprend « Pourquoi les personnes qui étudient et font de la philosophie étudientelles et font-elles de la philosophie ? », alors cette question possède une réponse non-problématique et tout à fait acceptable : en général, la plupart des personnes qui étudient et pratiquent la philosophie le font par plaisir, intérêt et/ou passion. 4.2. L’utilité de la philosophie Une autre manière de comprendre (1) Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? (1’’) Quelle est l’utilité de la philosophie, de son étude et de sa pratique ? A quoi sert le fait d’étudier et de faire de la philosophie ? est Or, une personne qui pose la question (1) veut souvent, en réalité, poser la question (1’’). L’idée sous-jacente à sa question est alors que, si la philosophie a une quelconque utilité, alors cette utilité justifie son étude et sa pratique. La philosophie est-elle utile ? La philosophie sert-elle à quelque chose ? Certains affirmeront que oui. Afin de justifier cette affirmation, ils évoqueront alors peut-être différents résultats positifs pouvant être engendrés par l’étude et la pratique de la philosophie : le développement des capacités argumentatives, le développement de la culture générale, le développement de l’esprit critique face aux opinions des autres et de soimême, … Certains affirmeront que non. Personnellement, je pense que, comme bien d’autres domaines (j’y reviendrai plus tard), la philosophie ne sert pas directement à quelque chose, qu’elle n’a pas d’utilité directe. Au risque de choquer, j’affirmerai peut-être même tout simplement que la philosophie, dans un sens, ne sert à rien. Imaginez un moment l’expression du visage d’une personne qui vous pose la question (1), puis la question (1’’) et à qui vous répondez : « Je ne sais pas vraiment si la philosophie sert à quelque chose ou à rien. Mais, je pense plutôt qu’elle ne sert à rien ! » La personne sera alors probablement très surprise : ne venez-vous pas d’avouer ce que vous aviez le plus à redouter : la philosophie ne sert à rien ?! De plus, si la philosophie ne 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 11 sert à rien, alors il ne semble y avoir vraiment aucune raison valable de l’étudier et de la pratiquer !!! 4.3. Valeur et utilité de la philosophie Cependant, la personne qui pense qu’affirmer que la philosophie ne sert à rien revient à avouer qu’il n’y a aucune raison valable d’étudier et de pratiquer la philosophie se trompe. En effet, peut-être sans s’en rendre compte, cette personne se comporte en fait comme si l’affirmation suivante était toujours vraie : (9) Une chose (un objet, une action, une personne, …) a de la valeur (de façon générale ou pour une personne en particulier) uniquement si elle est utile, uniquement si elle sert à autre chose qui a de la valeur (de façon générale ou pour une personne en particulier). Autrement dit : si une chose n’est pas utile, ne sert pas à autre chose qui a de la valeur, alors cette chose n’a aucune valeur. Cette affirmation (9) est, dans un sens, souvent partiellement vraie. En effet, très souvent (peut-être la plupart du temps), une chose tire sa valeur de son utilité. Par exemple : Un marteau a de la valeur parce qu’il sert à quelque chose : clouer. Ainsi, si je désire clouer un clou, un marteau a de la valeur pour moi, puisque celui-ci sert à clouer un clou et que clouer un clou a de valeur pour moi. Un marteau qui ne permet plus de clouer parce qu’il est abîmé perd une bonne part de sa valeur initiale. Cependant, (9) ne peut pas être toujours vraie. Pourquoi ? Parce que si l’affirmation (9) est toujours vraie, alors on obtient une régression à l’infini et plus rien n’a finalement de valeur ! Pour le voir, considérons le raisonnement suivant : (10) Si (9) est vraie, alors, pour toute chose A, A a de la valeur uniquement si il existe une autre chose B telle que • A est utile à B et • B a de la valeur. (11) [de (9) et (10)] Si (9) est vraie, alors, pour toute chose A, A a de la valeur uniquement si il existe une autre chose B et une autre chose C telles que • A est utile à B et • B est utile à C et • C a de la valeur. (12) [de (9) et (11)] Si (9) est vraie, alors, pour toute chose A, A a de la valeur uniquement si il existe une autre chose B, une autre chose C et une autre chose D telles que • A est utile à B et • B est utile à C et • C est utile à D et • D a de la valeur. 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 12 En répétant le même type de raisonnement, on obtient le résultat suivant : (13) Si (9) est vraie, alors, pour toute chose A, A a de la valeur uniquement si il existe une série d’autres choses Bi telles que • A est utile à B1 et • B1 est utile à B2 et • B2 est utile à B3 et • B3 est utile à B4 et • B4 est utile à B5 et • … Or, face à l’assertion (13), il y a seulement deux possibilités : 1. Nombre fini d’éléments La série des Bi est une série constituée d’un nombre fini d’éléments (n est un nombre entier positif). Il existe alors une certaine chose Bn telle que : • Bn-1 est utile à Bn et • Bn a de la valeur, bien qu’il n’existe pas d’autre chose qui ait de la valeur et qui soit telle que Bn soit utile à cette autre chose. Cependant, ce résultat est en contradiction avec l’assertion (9), dont la vérité est pourtant supposée dans l’assertion (13) ! Ainsi, il n’est pas possible que la série des Bi de l’assertion (13) soit constituée d’un nombre fini d’éléments. 2. Nombre infini d’éléments La série des Bi est une série constituée d’une infinité d’éléments. On obtient alors une infinité de conditions (→ régression à l’infini). Or, si tel est le cas, plus rien ne semble finalement avoir de valeur puisque l’on ne pourra jamais satisfaire l’infinité de conditions engendrées par l’assertion (9) et devant être satisfaites afin qu’une chose ait de la valeur. En effet, si (9) est vraie, alors on peut toujours ajouter un nouvel élément à la série des Bi et ainsi ajouter une nouvelle condition à satisfaire. Qu’importe la possibilité choisie, on arrive à la même conclusion : il semble que l’affirmation (9) soit fausse et puisse et doive être rejetée. De ce fait, nous pouvons affirmer : (14) [du rejet de (9)] Il existe des choses (au moins une) qui ont de la valeur même si elles ne sont pas utiles à autre chose ou ne servent à rien. La question n’est pas ici de déterminer quelles sont ces choses (qui ont de la valeur sans être utiles), mais de savoir qu’il est possible que de telles choses existent. Quant à savoir ce que peuvent être ces choses, les opinions divergent, mais le plaisir et le bonheur semblent être par exemple d’assez bons candidats. Or, s’il existe des choses qui possèdent de la valeur même si elles ne sont utiles à rien, alors nous pouvons affirmer la chose suivante : (15) Il est possible que la philosophie, son étude et sa pratique aient de la valeur, même si la philosophie, son étude et sa pratique ne servent strictement à rien. 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 13 En bref : Etape n°3 : La valeur et l’utilité de la philosophie Expliquez et montrez à la personne qui pose la question « Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? » que, si par cette question l’on s’interroge sur l’utilité et la valeur de la philosophie, on peut affirmer que il est possible que la philosophie possède une valeur même si elle ne sert à rien. 4.4. La valeur de la philosophie Nous avons maintenant essayé de montrer qu’il est possible que la philosophie ait de la valeur indépendamment de son utilité ou de son inutilité. Mais alors, en quoi la philosophie possède-t-elle de la valeur ? L’étude et la pratique de la philosophie, tout comme l’étude et la pratique d’autres domaines de connaissance (comme par exemple les sciences), consiste essentiellement à chercher à mieux comprendre la réalité. Or, bien que cette recherche puisse parfois déboucher sur certains résultats utiles, la valeur de cette recherche semble résider dans cette recherchemême : pourquoi chercher à mieux comprendre la réalité ? Afin de mieux comprendre la réalité. D’ailleurs, la philosophie ne semble pas être la seule des choses qui possèdent une valeur sans posséder une utilité (directe) : - La plupart des gens sont d’accord pour dire que les créations artistiques (ou certaines en tout cas) (peintures, uvres musicales, uvres littéraires,…) ont de la valeur et ce, indépendamment de leur utilité ou de leur non-utilité (cela n’exclut bien sûr pas que ces créations possèdent parfois une utilité ! mais cela implique que leur valeur ne dépend pas de cette utilité !). - La plupart des gens accordent de la valeur aux sciences bien que de nombreux domaines des sciences n’offrent et n’offriront peut-être jamais d’utilité directe. Pensez par exemple à des domaines de recherche de la physique théorique ou à des développements mathématiques très complexes… - Dans la vie de tous les jours également, il y a toute une série de choses que certaines personnes reconnaissent comme possédant de la valeur bien que n’ayant pas une utilité directe : être amoureux, être heureux, donner la vie, vivre… Les propos qui précèdent pourraient et devraient probablement encore être complétés. Cependant, ils fournissent déjà quelques éléments de réflexion de base permettant de défendre la position suivante : Il est possible que la philosophie, son étude et sa pratique possèdent une valeur même si elles ne servent à rien. De ce fait, nous pouvons répondre à la question (1) : 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 14 Il est tout à fait possible qu’il y ait une raison valable d’étudier et de faire de la philosophie. En effet, il est tout à fait possible que la philosophie, son étude et sa pratique possèdent de la valeur même si elles ne servent à rien. Selon nous, leur valeur se trouve dans le fait que la pratique et l’étude de la philosophie consiste en une tentative de mieux comprendre la réalité (tentative qu’elles partagent avec l’étude et la pratique d’autres domaines de connaissance). Il incombe donc à celui qui pense qu’il n’y a aucune raison valable d’étudier et de faire de la philosophie de montrer, d’une part, qu’il n’est pas possible que la philosophie possède une valeur si elle n’est pas utile et, d’autre part, que la philosophie est inutile. En bref : Etape n°4 : Valeur de la philosophie Expliquez et montrez à la personne qui pose la question « Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? » qu’il existe bien des domaines et aspects de la vie, autres que la philosophie, qui semblent posséder de la valeur bien que n’étant pas directement utiles (ou qui, en tout cas, ne sont pas pratiqués ou vécus premièrement en raison de leur utilité). 5. La philosophie a de la valeur : Montrez-le ! Afin de montrer que la philosophie a de la valeur, il est également parfois bien de : 1. Susciter l’intérêt de celui-là même qui pose la question (1) en lui désignant plusieurs questions traitées par la philosophie et en en cherchant une qui retient son attention : - Quel est le sens de la vie ? - Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le mal ? Pourquoi devrions-nous faire le bien et éviter de faire le mal ? Pourquoi est-ce mal de tuer un homme ?... - Qu’est-ce qu’une société juste ? - Quels liens existent-ils entre mes pensées, mes émotions et mon cerveau ? Mes pensées et mes émotions sont-ils uniquement des états de mon cerveau ? - Suis-je vraiment libre de faire ce que je fais ou suis-je complètement déterminé ? - Que puis-je connaître ? Que veut dire « connaître quelque chose » ? 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 15 - Est-ce qu’une personne qui n’a plus de mémoire continue d’exister ? - ... Le but est alors de faire comprendre à la personne qui pose la question (1) que, même si elle n’a pas ou peu d’utilité directe, la philosophie peut être quelque chose de grande valeur car s’intéressant à des questions très importantes pour l’homme, questions qui ne peuvent pas être traitées de manière satisfaisante par des domaines autres que la philosophie. 2. Monter que faire de la philosophie ne se limite pas à penser à des questions du type de celles évoquées juste ci-dessus, comme ça, sans plus, mais que faire de la philosophie consiste à véritablement chercher à répondre à ces questions en prenant la raison pour guide et en entrant en dialogue avec d’autres personnes susceptibles de s’intéresser philosophiquement à ces questions (ces personnes peuvent très bien ne pas étudier ou pratiquer la philosophie !). 3. Montrer par son attitude et ses propos que la philosophie n’est pas la discipline du rêveur perdu dans les nuages ou de la personne suffisante et prétentieuse qui a un avis sur tout et qui pense être supérieure à toute personne ne pratiquant pas cette discipline. Par son attitude et ses propos vis-à-vis de celui qui pose la question « pourquoi étudier et faire de la philosophie ? », et plus généralement vis-à-vis de celui qui n’étudie pas ni ne pratique la philosophie, faire également attention à ne pas reproduire ce que l’on reproche à d’autres : croire que ce que l’on fait est forcément supérieur à ce que font les autres qui sont assez bêtes pour ne pas faire ce que l’on fait. Rappel : Rappelez-vous toujours que l’une des qualités de base nécessaires à l’étude et à la pratique de la philosophie est l’humilité. Rappelez-vous également, qu’étymologiquement, le terme « humilité » vient de humus, la terre, et que celle-ci reste stérile si elle n’accepte rien de l’extérieur. En plus de la lecture des éléments évoqués dans ce document, je vous conseille de consulter et de lire la page Web de Philipp Keller (Université de Genève), où celui-ci donne également des éléments de réponses concernant la question traitée dans ce document : http://www.unige.ch/lettres/philo/enseignants/philipp/teaching/faq.html 8. Pourquoi étudier et faire de la philosophie ? 16