réservé à une élite ou accessible à tous

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Avril 2005
Fraternité Sacerdotale Saint Pie X
Lettre n° 11
Bulletin mensuel de liaison des membres de Tradition de la
Confrérie Marie Reine des Coeurs
 56, rue d’Inkermann F-69006 LYON  04.78.52.27.61.
Le Saint Esclavage : réservé à une élite ou accessible à tous ?
LE MOT DE L’AUMÔNIER
Chers membres et amis,
Dans ses écrits, Saint Louis-Marie Grignion
de Montfort donne tous les éléments nécessaires pour
savoir si la dévotion du Saint esclavage de Jésus
en Marie1 peut être proposée à toutes les âmes.
Il affirme que le Saint esclavage a fait l’objet
de l’enseignement de ses missions populaires : « J’ai
mis la plume à la main pour écrire sur le papier ce
que j’ai enseigné avec fruit en public et en
particulier dans mes missions bien des années »2.
Il envisage que son lecteur soit un « pécheur,
même endurci », ayant « un pied dans l’abîme » : le
missionnaire ne lui refuse pas l’entrée dans cette
dévotion, à condition qu’il accepte de se faire
« violence pour éviter le péché »3.
Il enseigne que la Consécration de soi-même à
Jésus-Christ, la Sagesse incarnée par les mains de
Marie, par laquelle on entre dans cette dévotion, n’est
qu’une « parfaite rénovation des vœux et promesses
du saint baptême »4. Or, les catholiques sont tous
obligés d’être fidèles aux promesses de leur baptême,
et pour y être fidèles, ils doivent les renouveler au
moins de temps en temps5. Par cette consécration, le
catholique ne fait donc qu’une chose obligatoire6.
Dans cette consécration, le renouvellement des
promesses baptismales se fait explicitement par les
mains de Marie7. Or, la Médiation universelle de la
Vierge Marie est une vérité que l’Eglise catholique
enseigne ordinairement8, même si elle n’a pas encore
été définie dogmatiquement. Faire un renouvellement
des promesses du baptême par les mains de Marie ce
n’est donc qu’appliquer une vérité mariale
enseignée par l’Eglise au premier des engagements
du baptisé.
Dans cette consécration, une donation totale
de soi-même à Jésus-Christ par Marie, ainsi que
tout ce que l’on possède dans l’ordre de la nature
et de la surnature9, complète le renouvellement des
promesses baptismales. Par cette action, le baptisé se
met en sûreté, ainsi que tout ce qu’il possède dans le
domaine du salut10. Il n’y a donc aucun risque à
embrasser cette dévotion. Au contraire...
Enfin, la pratique qui consiste à « faire toutes
ses actions par Marie, avec Marie, en Marie et pour
Marie, afin de les faire plus parfaitement par JésusChrist, avec Jésus-Christ, en Jésus et pour Jésus »11,
n’est rien d’autre qu’un entraînement à recourir à
Marie au début, au milieu et à la fin12 des grandes
actions de la journée, afin d’être plus fidèle au SaintEsprit dont elle est l’Epouse indissoluble13. Ce que
chacun peut accomplir à son rythme.
Cette dévotion étant un « chemin aisé, court,
parfait et assuré pour arriver à l’union avec NotreSeigneur, où consiste la perfection du chrétien »14 est
donc accessible à toutes les âmes, même si le Père de
Montfort sait très bien que seule une élite arrivera à la
perfection de cette pratique intérieure15. Toute âme
de bonne volonté, même débutante, peut donc
embrasser cette dévotion16 !
Abbé Guy Castelain+
Le Saint esclavage est, en réalité, ce qui fait l’objet du Traité de
la vraie dévotion à la Sainte Vierge [VD].
2
VD 110.
3
VD 99 : « Être dans une sincère résolution d’éviter au moins
tout péché mortel » et « se faire violence pour éviter le péché ».
4
VD 120, 126 et 162. C’est une dévotion extérieure : VD 116.
5
C’est si vrai que l’Eglise a introduit dans sa liturgie de la nuit
pascale un renouvellement de ces promesses pour les fidèles.
6
Il est évident que la consécration n’est pas obligatoire pour
tous. Mais le renouvellement des promesses du baptême, qui est
inclus dans la consécration, est bien obligatoire pour tous.
7
VD 126. Dans le rite romain du baptême, les promesses ne sont
pas faites explicitement par les mains de Marie.
8
C’est tout l’objet du Traité de la vraie dévotion à la Sainte
Vierge. Le cardinal Mercier a surnommé le Père de Montfort, le
1
Docteur et l’Apôtre de la médiation universelle de Marie, parce
que son Traité en est l’exposition et la vulgarisation.
9
VD 121 à 125.
10
VD 177 à 179.
11
VD 257.
12
VD 259.
13
VD 20.
14
VD 152.
15
VD 119.
16
Le Secret de Marie [SM], N°1. Cette dévotion n’est un secret
que parce qu’elle se rapporte à un mystère caché en Dieu,
mystère qui n’est vraiment goûté que de peu de gens. Elle n’est
pas un secret parce qu’elle doit être réservée à une élite. Voir la
note 1 p. 442 dans les Œuvres complètes, Le Seuil, 1966.