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J Maroc Urol 2007 ; 7 : 44-46
LES SYRINGOCELES
( A PROPOS DE 3 CAS)
FAIT
CLINIQUE
K. MOUFID, M. GHADOUANE, J. SOSSA, A. JANNANE, A. AMEUR, M. ABBAR
Service d’Urologie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohamed V, Rabat, Maroc
RESUME
ABSTRACT
Les syringocèles sont définis comme une dilatation kystique
des glandes de Cowper. D’origine congénitale le plus souvent,
cette affection est de diagnostic difficile du fait de l’absence
de spécificité des signes d’appels uro-génitaux. A travers trois
cas de syringocèles perforés et une revue de la littérature,
les auteurs rapportent les aspects diagnostiques et
thérapeutiques de cette entité.
THREE CASES OF SYRINGOCELES
Cowper’s syringocele is defined as cystic dilatation of bulbourethral glands. This rare disease is usually congenital and
has polymorphic genito-urinary symptoms add to misleading
diagnostic. Through three cases of perforated syringoceles,
various diagnostic steps and resulting therapeutic indications
are described with a review of the literature.
Mots clés : syringocèles ; glandes bulbo-uréthrales ; dysurie
Key words : syringocele ; bulbo-urethrales glands ; dysuria
Correspondance : Dr. K. MOUFID. Service d’Urologie.
H ô p i t a l M i l i t a i r e d ’ I n s t r u c t i o n M o h a m m e d V,
Rabat, Maroc. e-mail : [email protected]
INTRODUCTION
Le syringocèle se définit comme une dilatation des
canaux de Cowper d’origine congénitale ou acquise.
De bon pronostic, cette affection rare est de diagnostic
difficile et peut être évoqué, à condition d’y penser,
sur les données de la radiologie et de l’endoscopie. La
rareté de cette affection explique le délai avant le
diagnostic et la prise en charge. Ces caractéristiques
nous ont incité à rapporter trois observations.
OBSERVATIONS
OBSERVATION 1
Mr G.M, âgé de 25 ans, d’origine sub-saharienne, sans
antécédents pathologiques particuliers, était hospitalisé
pour dysurie modérée évoluant depuis 10 ans et
d’accentuation récente depuis 8 mois. L’examen du
périnée antérieur et des organes génitaux était normal.
L’uréthrocystographie rétrograde avait montré un
diverticule au niveau du plancher de l’urèthre bulbaire
(fig. 1). L’exploration endoscopique a permis de retrouver
un diverticule et de procéder à la mise à plat par un
uréthrotome. Une sonde de Foley Ch 16 a été laissée
en place pendant 48 heures. Les suites ont été simples
avec une miction normale. Le recul est de 8 mois.
Fig. 1. Uréthro-cystographie mictionnelle : syringocèle perforé du
plancher de l’urèthre bulbaire (observation n°1)
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Les syringocèles
K. MOUFID et coll.
OBSERVATION 2
(pesanteur périnéale, masse périnéale). Redman [8]
rapporte le cas d’un syringocèle révélé par une masse
périnéale. Dans nos trois observations, la fuite urinaire
était le signe révélateur. Le vrai problème posé par ces
glandes annexes est de rattacher leur pathologie à des
signes cliniques non spécifiques et le plus souvent le
diagnostic est posé par les examens radiologiques et
endoscopiques pour un autre problème urologique.
Mr A.M, âgé de 43 ans, sans antécédents pathologiques
particuliers, était hospitalisé pour fuites urinaires après
la miction. L’examen du périnée antérieur ne montrait
pas d’anomalies ou de fibrose sur le trajet de l’urèthre.
Le toucher rectal était normal. Le reste de l’examen
clinique était sans particularité. L’urographie
intraveineuse au temps mictionnel avait mis en évidence
un diverticule au niveau du plancher de l’urèthre
bulbaire. L’exploration endoscopique avait objectivé
un diverticule à orifice large. Une mise à plat par un
uréthrotome était réalisée avec fulguration des berges.
Une sonde de Foley Ch 16 était laissée pendant 48
heures. L’évolution était favorable avec une miction
normale. Le recul est de 4 ans.
La visualisation des glandes de Cowper est rare en
radiologie en l’absence de sténose uréthrale et la
fréquence d’opacification accidentelle des glandes lors
d’une cystographie mictionnelle est estimée à 1,5 à
2% [5, 9, 10]. En cystographie mictionnelle ou
uréthrocystographie rétrograde, le syringocèle se traduit
par une image d’addition sous le plancher uréthral ou
sous la forme d’une dilatation simple de l’uréthre en
cas de rupture de kyste dans la lumière uréthrale [5,
9, 10, 11]. La classification la plus communément
usitée est la classification radiologique de Maizels de
1983 qui distingue quatre types [12]. D’autres auteurs
ont rapporté d’autres critères radiologiques plus
spécifiques du syringocèle : image d’addition parallèle
à l’urèthre de configuration souvent tubulaire, la limite
supérieure ne dépassant pas le diaphragme uro-génitale
et la position de l’orifice sur la face ventrale de l’urèthre
bulbaire .
OBSERVATION 3
Mr H.F, âgé de 42 ans, sans antécédents pathologiques
particuliers, était hospitalisé pour fuites urinaires postmictionnelles. L’examen du périnée antérieur n’avait
pas montré d’anomalies. L’examen des organes génitaux
externes était normal. L’uréthrocystographie avait mis
en évidence un diverticule de 2 cm au niveau du
plancher de l’urèthre bulbaire. Une mise à plat
endoscopique était pratiquée avec fulguration des
berges et mise en place d’une sonde de Foley Ch 16
pendant 48 heures. Les suites étaient simples et le
patient présente actuellement une miction clinique et
urodynamique normale après un recul de 9 ans.
A l’endoscopie, le syringocèle réalise l’aspect d’une
surélévation translucide du plancher uréthral de couleur
grise ou bleue [3, 13, 14] .
Le traitement est habituellement endoscopique et
consiste en une incision de la dilatation kystique
donnant issue à un liquide visqueux lors de l’incision
suivie d’une fulguration des berges [4, 13]. Redman
[8] propose en cas de syringocèle à manifestation
périnéale une cure chirurgicale avec uréthroplastie
dans le même temps.
DISCUSSION
Les glandes bulbo-uréthrales de Cowper sont au nombre
de quatre (deux glandes principales et deux glandes
accessoires) dont les canaux excréteurs se drainent
dans l’urèthre membraneux. Ces glandes participent à
la liquéfaction du sperme, à la défense immunitaire
des voies génitales basses et à la synthèse de nombreuses
molécules (prostaglandines, glycoprotéines, enzymes...)
dont le rôle n’est pas clairement élucidé [1].
CONCLUSION
Pathologie rare, le syringocèle doit être évoqué devant
des signes cliniques inhabituels de la sphère uro-génitale
et activement recherchée en collaboration avec les
radiologues sur les clichés de cystographies
mictionnelles.
Ces glandes, décrites initialement oralement par Merry
dès 1684, feront l’objet quinze ans plus tard par Cowper
d’une publication scientifique [2].
Le syringocèle correspond à une dilatation des canaux
des glandes bulbo-uréthrales d’origine congénitale le
plus souvent ou d’origine acquise par obstruction
canalaire par un processus inflammatoire (gonococcie
à répétition) [3, 4].
REFERENCES
L‘expression clinique de cette affection est variable en
fonction de l’âge et des glandes touchées [3, 5, 6, 7].
L’atteinte des glandes bulbaires donne plus volontiers
une symptomatologie dysuriante (symptômes de
prostatite ou d’uréthrite) alors que l’atteinte des glandes
diaphragmatiques donne une manifestation périnéale
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