Je ne suis plus celui qui gueule… Maintenant, j`agis!
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Je ne suis plus celui qui gueule… Maintenant, j`agis!
Interview, Fabien Lafarge, Radio Chablais «Je ne suis plus Maintenant, j’agis!» celui qui gueule… Rendez-vous à 10h, sur la terrasse du café de la gare à St-Maurice, ce sera plus relax. Expresso, paquet de clopes, et connexion WiFi, le kit de travail parfait pour Philippe Nantermod. Le Morginois est en campagne pour le Conseil National. A 26 ans, pas question de jouer les seconds couteaux de la liste principale du PLR. Il est sur tous les fronts, son agenda explose. Aussi lui pardonnera-t-on sa demi-heure de retard. Philippe Nantermod, vous semblez vivre un marathon perpétuel. Le temps vous manque-t-il ? J’arrive de Lausanne. J’ai dû régler quelques détails urgents. Il s’agit en fait d’un projet, que je vais présenter ce soir lors de mon meeting. Je vais éditer mon propre journal online, un hebdomadaire. La première édition est quasiment prête (Ndla : il sort son ordinateur, et me le fait découvrir). C’est vrai que je cours beaucoup. Je travaille à 50% en tant que juriste, cela me permet de jongler avec un agenda de campagne passablement chargé. Vous avez 26 ans, et figurez sur une liste principale. C’est très jeune… Vous savez, l’âge, finalement, c’est un détail. J’ai une dizaine d’années de campagnes et de mandats politiques à mon actif. Je suis député suppléant au Grand Conseil valaisan depuis deux ans, et de fait, j’ai les épaules pour assumer un mandat à Berne. Deux ans, cela paraît bien maigre, comme expérience pour déjà viser le Conseil National ? Pas du tout. Avant d’être élu, j’étais celui qui « gueule », maintenant je suis celui qui veut changer les choses. J’ai été très actif à Sion ces deux dernières années, je peux regarder dans le rétroviseur sans honte. Ce n’est pas tout. Je connais les rouages de la politique fédérale pour avoir été assistant parlementaire. Cerise sur le gâteau, mon Master en droit est un atout pour comprendre la vie politique suisse. Un véritable palmarès, soit. Mais est-ce suffisant pour vous défaire de l’image de joli petit poupon lisse, que l’on vous a prêtée, et prête encore ? Ariane Dayer m’avait traité de « Tintin » dans le Matin. J’en souris encore et je ne cherche pas à m’en débarrasser. Finalement, je m’en fous. Je suis jeune et j’espère le rester longtemps. Et cette image de poupon, comme vous dites, ne m’empêche pas d’afficher de réelles ambitions. Et je m’en donne les moyens. Comment ça ? Dans la campagne en cours, par exemple : étant sur une liste « principale » je me détache des listes « jeunes », mais j’en reste un malgré tout. J’ai d’ailleurs gagné un soutien de 10'000 francs des Jeunes Libéraux Radicaux suisses dans le cadre d’un concours. La section locale du Parti m’a offert la même somme pour ma campagne. Dans ce cadre, je suis investi d’une véritable mission. Il ne s’agit pas de venir faire le clown pour amuser la galerie, en lançant des propositions choc dans le vide, simplement pour faire parler de moi. On m’a fait confiance. Et en aucun cas je ne me permettrais de prendre cette campagne à la légère. Ni la jeunesse ni quelque autre raison ne sauraient en être une excuse. On sent une attaque à peine dissimulée derrière vos propos. (sourire) Il faut faire la différence. Une liste jeune permet de faire des « coups ». Le buzz des JDC est extraordinaire. Ces « brigades oranges », c’est super. Et à ceux qui se scandalisent de voir un jeune armé d’un pistolet poser à côté d’une affiche électorale, je leur répondrais que les JLR l’ont fait en 2003. Enfin, sauf moi… Par contre je me scandalise de l’attitude de certains : il y a quatre ans, après la défaite cuisante de son parti, le PDC genevois Jean-Pierre Jobin avait déclaré « tant pis si j’ai perdu, on a bien rigolé, c’était sympa ». Ca, je ne peux pas l’accepter ! Ca m’énerve ! Je n’imagine pas que l’on puisse être un élu crédible en ayant fait campagne « pour rigoler » ! Les jeunes constituent malgré tout l’un de vos publics cible : Vous avez toujours favorisé les réseaux sociaux, vous êtes sur le point de lancer un journal online, et votre meeting comptera un invité en direct des USA. Ces supports intéressent un public qui, justement, se désintéresse de la politique. Cela permet plus de jeu, de spectacle, sans péjorer les idées, qui sont centrales. Certains se moquent. Mais, avec 30% de participation aux votations, je suis persuadé que ces démarches peuvent donner un nouvel intérêt pour la politique. Internet est le média préféré des Suisse. Alors pourquoi m’en passer ? Allez vous déserter les médias « traditionnels » ? Ce serait bête. Après 10 ans de politique, soit un tiers de ma vie jusqu’ici, ma présence en mon engagement paient : on m’invite à me prononcer. Et j’ajouterai qu’avec le temps, j’ai appris à maîtriser mon discours, sans renoncer à mes idées. C’est également pour cela que je me suis entouré de vieux routards politiques comme André Vernay ou Brigitte Diserens. Ces personnes d’expériences alliées à votre jeunesse et votre ambition, la clef du succès ? Je me mets au service du parti. Avec mes convictions, je fonce, tête baissée. Droit dans le mur ? Peut-être… Mais peu importe, il me reste beaucoup à faire. Si je ne conquiers pas Berne, je veux « shooter » la suppléance, pour un poste de député. Ce qui est sûr, c’est que le Chablais doit comprendre que s’il veut être représenté à Berne, il doit dépasser la lutte partisane et s’assembler derrière un homme. Si je ne suis pas celui-là cette année, ce sera dans quatre ans. Fabien Lafarge, Radio Chablais © Sauf accord de l’auteur et de la direction du CRFJ, ces travaux, réalisés dans le cadre de la formation, ne sont pas destinés à la publication ni à la diffusion.