Courrier des lecteurs Réaction à propos des OGM

Courrier des lecteurs
Réaction à propos des O.G.M.
En tant qu' agrobiologiste et membre d'Allier Nature, je suis profondément indigné de l'article paru dans La
Montagne du 29 août sous le titre « le Groupe Limagrain réagit ».
Dans ce long article. La Montagne fait la « part belle » et l'apologie du semencier Limagrain qui se défend d'être
une multinationale mais qui, en fait, a une attitude identique à l'équipe de Monsanto, Novartis et Cie.
Les grands semenciers sont tous d'accord pour breveter le vivant et s'arroger le droit de produire eux seuls des
semences en déniant aux travailleurs de la terre de faire les leurs comme ils l'ont fait pendant 10 000 ans.
« Désormais, chaque année, vous achèterez mes semences ». Ils n'hésitent d'ailleurs pas, en cas de refus, à
poursuivre en justice les paysans mais aussi leurs gouvernements. Les faits sont là, têtus !!
Dans cet article, Limagrain attaque sans ménagement José Bové et François Dufour, donc la Confédération
Paysanne sur le dossier brûlant des O.G.M. rejeté par 70 % des Français.
En fait, Limagrain met en cause tous les défenseurs de l'anti-mondialisation et l'agriculture biologique par voie
de conséquence.
ATTAC, pour sa part, se place actuellement en tête de la lutte contre l'emprise de monopoles industriels ,
scientifiques, économistes et capitalistes. Affaire à suivre.
Cette prise de position de Limagrain est scandaleuse. Son directeur en stratégie et communication, Jean-Claude
Guillon, dénigre et ridiculise deux courageux militants de la « Conf », José Bové et François Dufour qui ont le
courage et le mérite d'ouvrir les yeux aux français mais aussi aux américains sur les dangers des O.G.M., tant
pour la santé que pour l'économie mondiale.
J'étais au procès de Millau avec un paysan bio le 31 juillet 2000 et j'ai pu mesurer la popularité de ces neuf
hommes poursuivis par la justice française.
Jean-Claude Guillon, directeur de Limagrain agite l'épouvantail des maladies sans en rechercher la cause et
cherche à se mettre dans la « poche » les agriculteurs, les industriels et les scientifiques. C'est bien là la stratégie
des monopôles financiers, exploiteurs notoires.
Le procédé est bien connu. Si M. Guillon est si soucieux de la santé des consommateurs qu'il commence donc de
s'intéresser de près à l'agriculture biologique, qui depuis quarante ans donne avec bonheur aux hommes des
aliments de très haute qualité, facteurs de santé, obtenus sans engrais chimiques ni pesticides, respecte et protège
l'environnement, favorise la main-d'œuvre.
L'Agriculture Biologique ouvre des perspectives morales et économiques sans précédent dans le monde actuel. A
l'examen de ce dossier, M. Guillon se rendra compte que nous n'avons pas besoin d'O.G.M..
L'Agriculture Biologique ouvre des perspectives morales et économiques sans précédent dans le monde actuel. A
l'examen de ce dossier, M. Guillon se rendra compte que nous n'avons pas besoin d'O.G.M..
BIOGEMMA dont Jean-Claude Guillon fait également l'apologie, ferait bien de s'en inspirer pour produire de
graines de qualité n'ayant pas recours aux pesticides pour survivre. Les consommateurs, eux, ne se trompent pas
sur la qualité bio puisque la demande de ces produits a été multipliée par dix au cours des dernières années.
La France, leader de l'Agriculture Biologique en 1975 se trouve maintenant en queue de peloton. 1 % de la
S.A.V. est consacrée à l'Agriculture Biologique. L'Allemagne s'oriente vers 20 %!!!
Par notre comportement, nous déséquilibrons non seulement notre balance commerciale mais toute notre
économie nationale. En 1971, j'étais déjà dans l'équipe Lemaire et je procédais aux reconversions Bio. Je sais
donc de quoi je parle.
La démagogie de Limagrain entre autres grands semenciers est notoire. Seul compte l'argent roi, les « parts de
marché » qui passent par l'agrochimie, l'agro-industrie, l'agroalimentaire et l'agroscientisme. L’INRA a suivi la
même voie. Il est toutefois intéressant de savoir qu'elle a fait acte de «repentance» ( c'est la mode) en faveur de
l'Agriculture Biologique. Un rapport de ses scientifiques (que je détiens) l'atteste, certes assez timidement.
Certains de ses chercheurs prennent position, dont Jean-Pierre Berlan, entre autres. Voir à ce sujet la revue
française « l'Ecologiste » n° 1 et 2.
Limagrain prend du retard et a perdu une belle occasion de se faire à la circonstance.
En conclusion, j'estime qu'Allier Nature se doit de réagir à son tour, nous sommes là pour défendre aussi des
valeurs humaines.
Henri Bourgeon. - Septembre 2001