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Skip & Die déploie son patchwork musical au festival
Solidays
LE MONDE 28.06.2013 |Par Stéphanie Binet
Depuis quinze ans, Solidays ouvre la saison des festivals d'été. Du 28 au 30 juin, les mille
bénévoles de Solidarité Sida, association à laquelle les bénéfices du festival sont reversés,
espèrent accueillir 170 000 festivaliers sur l'hippodrome de Longchamp, à l'ouest de Paris. Les
deux premières journées sont déjà complètes, et le camping bondé. Les festivaliers se sont
précipités sur la première journée, qui programme ce qui a compté de meilleur en live au
premier semestre : le collectif de DJ C2C, l'électro de Breakbot, le dancehall de Raggasonic et
les Sud-Africains Skip & Die.
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Depuis la sortie de leur premier album en octobre 2012, Riots in the Jungle, Skip & Die, à l'origine
un duo (ils sont désormais cinq sur scène) entre le producteur néerlandais Jori Collignon et la
plasticienne Cata.Pirata de Johannesburg, est en tournée. Sur la route, ce n'est pas le fléau du sida
dans leur pays qui les angoisse, mais la disparition prochaine de Nelson Mandela : "C'est une figure
paternelle pour nous, résume Cata.Pirata. Il est la bonté incarnée. L'Afrique du Sud ne va pas bien
en ce moment, elle ne va pas dans la bonne direction, il y a beaucoup de corruption, et c'est assez
effrayant de se dire que l'on va perdre la seule personne qui mettait du plomb dans la tête
de ses dirigeants."
Résidant à Amsterdam depuis trois ans, Cata.Pirata, 29 ans, a voulu fairedécouvrir son pays à son
associé néerlandais. En 2011, elle monte un voyageentre Johannesburg et Le Cap : "Je voulais
qu'il comprenne d'où je venais, explique-t-elle. J'en ai profité pour caler des rendez-vous avec des
groupes que j'avais repérés sur Myspace. Nous avons d'abord passé dix jours à Johannesburg, dix
jours au Cap, Puis nous sommes remontés en voiture en passant par la côte sauvage. On a
retrouvé le groupe Gazelle originaire du Limpopo, au nord, dans un township du Cap. Ils nous ont
présentés à uneformation, et on se retrouvait à vingt dans une toute petite pièce pour "jammer".
On prenait aussi le son de tout : le chant des oiseaux, le bord de route, les marchés… On avait
juste un ordinateur portable et de bons micros pourenregistrer, c'est tout."
LES ONZE LANGUES OFFICIELLES DU PAYS
A la manière d'un Manu Chao sur ses albums Clandestino et Proxima Estacion : Esperanza,
enregistrés entre Barcelone et le Brésil, les complices de Skip & Die reviennent aux PaysBas avec une matière qu'ils retriturent, rééditent, et ils façonnent un patchwork musical de
l'Afrique du Sud d'aujourd'hui. Il manque juste la richesse des onze langues officielles du pays –
Cata.Pirata, de son vrai nomCatarina Aimée Dahms, n'en parle que deux, l'afrikaans et l'anglais.
Un peu nomade comme ses parents cinéastes – réalisateur pour le père, productrice pour la
mère –, la jeune femme parle les langues européennes des pays qu'elle a traversés : "J'ai grandi à
Johannesburg jusqu'à l'âge de 8 ans, puis j'ai déménagé aux Açores, habité deux ans sur l'île de São
Miguel, donc je parle portugais. Je suis retournée à Joburg, puis j'ai suivi mes parents aux Pays-Bas.
Après mon bac, j'ai voyagé, Ibiza, Buenos Aires, puis l'Angleterre. J'ai passé une maîtrise à Londres,
et mon doctorat à Buenos Aires." Pas très heureuse aux Pays-Bas, "un pays à la réputation libérale
qui change dramatiquement", elle se voit vivre au Brésil, "une société multiculturelle comme
l'Afrique du Sud". En attendant, prochaine étape : Solidays.