MONDOMIX
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MONDOMIX Skip & Die, l'art du collage MUSIQUE - INTERVIEW Dernière signature du label belge Crammed, le duo Skip & Die - la chanteuse et vidéaste sudafricaine Cata.Pirata et le producteur hollandais Jori Collignon - signe la bande-son altermondialiste de la rentrée, en cinq langues et autant de continents musicaux. Présentations. Comment est née votre collaboration ? Cata.Pirata : À Amsterdam, tout d’abord, où j’étais chanteuse et vidéaste dans un groupe et Jori, musicien electro dans différents projets. Jori Collignon : On a commencé à répéter ensemble dans mon studio. Cata est une artiste totale. Elle est arrivée avec beaucoup d’idées de textes, de poèmes, de visuels. Mais le groupe est réellement né plus tard, quand nous avons décidé de nous lancer dans un roadtrip en Afrique du Sud. Cata.Pirata :On est partis deux mois dans l’idée de créer, un peu tous azimuts. Nous avons effectué beaucoup d’enregistrements de rue, de conversations, d’animaux, ainsi que des featurings très spontanés, comme ceux de João Orecchia ou Gazelle. Je ne connaissais personnellement aucun des artistes qu’on a invités sur l’album avant d’y aller. Vous sentez-vous proches de cette nouvelle scène sud-africaine ? Cata.Pirata : Oui, il y a beaucoup d’émulation, de talents émergents là-bas. Un groupe comme Die Antwoord est important, car il a contribué à ouvrir cette scène au reste du monde alors que, jusque-là, les gens ne connaissaient queMiriam Makeba, l’ancienne génération ! Comme eux, nous montrons les marges de la société, les quartiers pauvres, les townships. À ceci près que, culturellement, notre album n’est pas purement sud-africain. Justement, cet album est conçu comme un vrai collage, un kaléidoscope de cultures et de langues... Cata.Pirata : On ne se force pas à le faire. Beaucoup de choses viennent naturellement de nos voyages, de mon expérience aussi. J’ai grandi en Afrique du Sud et dans les Açores, j’ai vécu en Argentine, aux Pays-Bas. Je parle cinq langues et je tenais à ce que cette diversité linguistique se retrouve dans l’album. Que l’anglais ne soit pas surreprésenté. Jori Collignon : Musicalement, on n’essaie pas forcément de coller strictement aux traditions musicales. Je m’inspire de ces rythmes qu’on entend dans les voyages en Colombie, au Brésil ou ailleurs, dans ces bus qui roulent à plein régime dans les montagnes. D’où cette variété de styles : la cumbia, le Brésil, le sitar indien, le klezmer dont je suis très fan. Quels artistes vous ont inspirés ? Cata.Pirata : Je dirais DJ Spooky, pour sa dimension de collage, d’assemblage, et dont j’ai lu tous les livres. Quelqu’un comme le cinéaste Larry Clark est également très important, dans son observation des marges de la société. Musicalement, je pense aussi aux Brésiliens d’Os Mutantes. Ce côté psychédélique festif avec un message politique sous-jacent, c’est aussi ce que l’on fait. Faire la fête, mais avec un message ! Comment est né le titre emblématique de l’album, Love djihad ? Cata.Pirata : Love djihad vient d’une expression indienne à propos des jeunes hommes qui essaient de convaincre les filles de se convertir à l’Islam. Ces filles amoureuses et leur famille se retrouvent manipulées. J’ai créé ma propre interprétation de ce terme, pour parler de la répression en général. Il y a aussi une dimension féministe, bien sûr. Quand je dis « Danger danger who’s the player ? », c’est une manière de dire : « Tu veux jouer avec moi, prends garde à toi, parce que tu risques d’être pris à ton propre jeu ! ».