Les demandeurs d`emploi bénéficiaires du RMI
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Les demandeurs d`emploi bénéficiaires du RMI
L’essentiel Novembre 2007 – N°16 Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI se distinguent des autres demandeurs d’emploi par leur profil socioprofessionnel et leur plus grande difficulté à sortir du chômage. D’un niveau de formation moyen inférieur à celui des autres demandeurs d’emploi, ils sont moins souvent qualifiés que ces derniers et de fait se positionnent dans leur recherche d’emploi sur un nombre plus réduit de métiers. Soumis à une plus forte récurrence du chômage, ils se réinscrivent dans des délais bien plus courts que ceux observés pour les autres demandeurs d’emploi. Ils sont également plus souvent chômeurs de longue durée. Une partie importante de leurs entrées et sorties sur les listes du chômage semble davantage liée à des raisons administratives qu’à des mouvements sur le marché du travail. Parallèlement à la hausse du nombre de contrats aidés destinés aux bénéficiaires de minima sociaux, les services délivrés par l’ANPE aux demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI se sont renforcés au cours de l’année 2006. Trois quarts de ces demandeurs d’emploi sont en juin 2007 intégrés dans l’un des parcours de retour à l’emploi mis en place en début d’année. Jonathan Bougard et Danielle Gréco Département Études, Évaluation et Statistiques Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI a présente étude porte sur les caractéristiques des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI et leurs spécificités relativement aux autres demandeurs d’emploi [encadré 1]. Les bénéficiaires du RMI inscrits à l’ANPE sont souvent plus proches du marché du travail que ceux qui ne sont pas inscrits en tant que demandeurs d’emploi. L’âge, le niveau de diplôme des bénéficiaires mais aussi leur état de santé ou leur vie professionnelle passée influent sur la probabilité qu’ils ont de s’inscrire à l’ANPE1. Ainsi, un faible niveau de diplôme ou un mauvais état de santé réduit nettement cette probabilité. L Un demandeur d’emploi sur neuf est bénéficiaire du RMI En juin 2007, 338 800 demandeurs d’emploi sont repérés comme bénéficiaires du RMI, soit 11,0 % de l’ensemble des demandeurs inscrits à l’ANPE2. Parmi eux, 244 400 (soit plus de sept sur dix) sont inscrits en catégorie 1, c’est-à-dire qu’ils recherchent un emploi à temps plein et à durée indéterminée sans avoir effectué une activité réduite de plus de 78 heures au cours du mois. Les bénéficiaires du RMI, dont la propension à s’inscrire en catégorie 1 est nettement supérieure à celle des non-bénéficiaires (respectivement 67 % et 51 %), représentent ainsi 13,4 % des demandeurs d’emploi de cette catégorie. Des disparités départementales assez marquées Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI sont assez dispersés sur l’ensemble du territoire, et il n’est pas rare qu’un département caractérisé par une part importante de bénéficiaires du RMI dans la demande d’emploi en côtoie un autre où cette part est bien plus réduite [carte 1]. 1 - Source Clément M. [2004], voir Pour en savoir plus p.8 2 - Dans cette étude, les données, lorsque ce n’est pas précisé, sont par défaut celles relatives aux demandeurs d’emploi des catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8 à fin juin 2007 pour la France métropolitaine. Encadré 1 LE REPÉRAGE DES BÉNÉFICIAIRES DU RMI DANS LE FICHIER DES DEMANDEURS D’EMPLOI a situation des demandeurs d’emploi vis-à-vis du RMI est connue grâce à un rapprochement mensuel entre le fichier opérationnel des demandeurs d’emploi (Gide) et les fichiers des Caisses d’allocations familiales (Caf). Sont exclus de ce rapprochement les bénéficiaires gérés par la Mutualité sociale agricole (MSA), soit 2 % de l’ensemble des foyers allocataires. Par ailleurs, le rapprochement se faisant sur la base du numéro de sécurité sociale (Nir) ou à défaut du nom, prénom et adresse, la situation vis-à-vis du RMI peut, en cas d’erreur de saisie des informations, ne pas être correctement mise à jour. Le conseiller ANPE a également la possibilité de saisir l’information s’il en a connaissance ; toutefois la durée de validité de cette information est limitée dans le temps. L Encadré 2 LES ALLOCATAIRES DU RMI 3 n juin 2007, 1 067 700 foyers percevaient le revenu minimum d’insertion en France métropolitaine (1 216 400 France entière), soit un total de 2 037 900 personnes couvertes. 98 % des allocataires dépendent des Caf et 2 % de la Mutualité sociale agricole. La situation familiale des allocataires se distingue de celle de l’ensemble de la population : la part des hommes célibataires (40 %) et celle des familles monoparentales (25 %) y sont environ trois fois supérieures à celle de l’ensemble des ménages. En ce qui concerne leur situation par rapport au marché du travail, d’après l’enquête conduite au deuxième trimestre 2006 par la Drees, parmi les allocataires présents dans le dispositif depuis au moins 18 mois, 51 % se déclarent au chômage, 30 % en inactivité et 19 % en emploi. E Mais on constate également l’existence de plusieurs zones assez étendues constituant des groupes de départements homogènes. Ainsi, une large part de la façade méditerranéenne, les départements frontaliers du nord de la France et ceux situés au sud de la région Centre se distinguent par une proportion de bénéficiaires du RMI dans la demande d’emploi nettement supérieure à la moyenne métropolitaine. C’est dans celui des Bouchesdu-Rhône que cette proportion est la plus importante, atteignant 18,2 %. À l’inverse, ceux frontaliers de la Suisse ou de l’Italie dans le quart sud-est du territoire ainsi que ceux localisés dans la partie sud et à l’ouest de l’Île-de-France, se situent très en deçà de la moyenne. Ainsi, en Haute-Savoie, seuls 4,8 % des demandeurs d’emploi sont bénéficiaires du RMI. Les départements dans lesquels la part des bénéficiaires du RMI dans la demande d’emploi est particulièrement élevée, sont souvent ceux qui présentent les taux de chômage les plus élevés (et inversement). Ce constat ne se vérifie toutefois pas dans tous les départements. Ainsi, plusieurs d’entre eux (plutôt ruraux et faiblement peuplés) présentent par exemple de faibles taux de chômage mais une part importante de bénéficiaires du RMI parmi les demandeurs d’emploi (c’est notamment le cas de la Haute-Vienne et de la Creuse). Une évolution de la demande d’emploi contrastée L’évolution du nombre de demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI depuis juin 2001 est décalée par rapport à celle des non-bénéficiaires. La conjoncture du marché du travail se répercute en effet sur les effectifs des bénéficiaires du RMI avec un certain retard [graphique 1] ; il est probable qu’au cours de la période, on observe également les répercussions de l’évolution du régime d’assurance chômage décidée par les partenaires sociaux en 2003. Alors que les demandeurs non bénéficiaires du RMI voient leurs effectifs s’accroître de juin 2001 à juin 2005, ceux des bénéficiaires n’augmentent que de juin 2003 à juin 2004, après une diminution de près de 11 % entre juin 2001 et juin 2003. Ainsi, en juin 2005, les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI n’ont augmenté que de 1,6 % par rapport à juin 2001, alors que l’accroissement des effectifs des demandeurs d’emploi non bénéficiaires a été de 18,2 %. La période allant de juin 2005 à juin 2007, qui a connu une amélioration progressive de la situation du marché du travail, s’accompagne d’une forte baisse du nombre de demandeurs d’emplois : les effectifs des bénéficiaires du RMI diminuent (à partir de juin 2006 essentiellement) de 15,1 %, pour s’établir nettement en deçà de leur niveau de juin 2001 ; ceux des demandeurs d’emploi non bénéficiaires déclinent de 17,9 %, atteignant un niveau légèrement inférieur à celui de 2001. L’évolution du nombre des bénéficiaires du RMI inscrits à l’ANPE n’a par ailleurs pas toujours le même sens que celle de l’ensemble des foyers allocataires du RMI 4, telle qu’observée dans les données des Caf. Ceci pourrait en partie s’expliquer par les évolutions des comportements en matière d’inscription. Au cours de la période la plus récente, de juin 3 - Source : Cnaf et Dress [2007], voir Pour en savoir plus p. 8 4 - Sont ici pris en compte seulement les foyers allocataires du RMI relevant des Caisses d’allocations familiales (Caf) de France métropolitaine, soit 1 045 900 foyers en juin 2007 (Source : Cnaf). 2 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | Novembre 2007 Graphique 1 – Évolution de la demande d’emploi selon la situation vis-à-vis du RMI et du nombre de foyers allocataires (Caf) Base 100 = Juin 2001 130 120 3 321 600 110 1 086 700 1 045 900 2 810 100 2 727 600 929 700 100 90 2006 à juin 2007, le recul des effectifs des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI, plus marqué que celui des foyers allocataires, doit probablement être relié à la forte hausse des bénéficiaires de contrats aidés (contrat d’avenir ou contrat d’insertion – revenu minimum d’activité). Les effectifs des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI n’ont pas non plus évolué de façon identique dans tous les départements. Ainsi, de juin 2006 à juin 2007, la baisse du nombre de demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI a été inférieure à 10 % dans quinze départements (inférieure à 3 % dans le Haut-Rhin et les Hautes-Alpes), mais supérieure à 20 % dans quatorze autres (dépassant même 30 % en Lozère et dans l’Essonne). 398 800 392 300 338 800 80 Juin 2001 Juin 2002 Juin 2003 Juin 2004 DE bénéficiaires du RMI Juin 2005 Juin 2006 DE non bénéficiaires du RMI Juin 2007 Allocataires CAF Champ : France métropolitaine, catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8, base 100 en juin 2001 Sources : ANPE - STMT, Cnaf Carte 1 – Part des bénéficiaires du RMI dans la demande d’emploi Moyenne métropolitaine = 11,0 % 9,5 17,3 15,6 13,5 11,8 13,0 11,2 14,9 8,2 10,2 9,8 11,1 11,1 9,5 7,0 9,9 5,4 9,9 11,6 de 8 % à 10 % 9,4 inf. à 8 % 9,7 8,3 8,8 6,1 13,7 10,8 8,6 8,9 14,7 8,8 14,1 10,6 6,5 8,6 7,1 8,1 7,5 10,9 11,6 10,9 7,1 de 10 % à 12 % 4,8 5,5 12,1 12,7 8,0 9,2 12 14,2 10,6 sup à 12 % 12,8 11,1 12,4 12,8 10,3 11,2 7,7 9,6 10,4 7,9 11,7 11,6 7,6 7,3 8,3 9,8 13,6 12,2 8,4 10,4 12,5 15,4 6,4 7,5 7,8 9,2 8,9 11,1 7,7 11,0 8,5 7,7 7,1 12,3 9,5 12,6 12,1 9,4 9,0 18,2 5,7 7,4 8,6 10,7 13,6 9,2 Champ : France métropolitaine, catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8, juin 2007 Source : ANPE - STMT Novembre 2007 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | 3 Graphique 2 – Qualification des demandeurs d’emploi selon leur situation vis-à-vis du RMI en % Manœuvres et ouvriers spécialisés 15 9 10 Ouvriers qualifiés 12 28 Employés non qualifiés 18 36 Employés qualifiés 42 Techniciens et agents de maîtrise 6 10 4 Cadres 8 0 RMI 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% NON RMI Champ : France métropolitaine, catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8, 25 ans et plus, juin 2007 Source : ANPE - STMT Graphique 3 – Les dix métiers les plus recherchés par les bénéficiaires du RMI inscrits à l’ANPE Nettoyeur de locaux et surfaces 5,9 % Agent de service de collectivité 5,4 % Intervenant à domicile De plus faibles niveaux de formation et de qualification 4,3 % Agent de stockage et répartition marchandises Agent de manipulation et déplacement charges 3,2 % 2,8 % Agent administratif d’entreprise 2,6 % Employé de ménage à domicile 2,5 % Jardinier d’espaces verts 2,5 % Intervenant auprès d’enfants 2,4 % Conducteur-livreur 2,4 % 0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 Champ : France métropolitaine, catégories 1, 2, 3, 6, 7 et 8, 25 ans et plus, juin 2007 Source : ANPE - STMT Note de lecture : en juin 2007, 19 500 demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI recherchent un emploi de nettoyeur de locaux et de surfaces, soit 5,9 % de l’ensemble des demandeurs bénéficiaires du RMI inscrits à cette date. Une population plus masculine et d’âge intermédiaire La population des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI est plus masculine (51 %) que celle des autres demandeurs d’emploi (46 %). Or, parmi l’ensemble des allocataires du RMI [encadré 2], on trouve davantage de femmes que d’hommes, ce qui signifie que la propension de ces derniers à s’inscrire à l’ANPE en tant plus de 50 ans (14,9 % contre 17,4 %), en particulier pour les femmes (l’écart étant quasiment nul pour les hommes). La part représentée par les 25–49 ans est donc nettement plus élevée parmi les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI (près de 83 %) qu’elle ne l’est au sein des autres demandeurs (67 %). Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI sont par ailleurs plus souvent de nationalité étrangère que les nonbénéficiaires (respectivement 16 % et 10 %). Ces demandeurs étrangers sont, dans plus de neuf cas sur dix, des ressortissants non européens. La proportion de travailleurs handicapés parmi les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI (8,7 %) est également supérieure à celle que l’on trouve parmi les autres demandeurs d’emploi (7,5 %)5. que demandeurs d’emploi est supérieure à celle des femmes. Le RMI s’adressant dans le cas général à des personnes âgées d’au moins 25 ans, les demandeurs d’emploi bénéficiaires de ce dispositif sont bien moins souvent des jeunes de moins de 25 ans (2,3 %) que ça n’est le cas des demandeurs d’emploi non bénéficiaires (15,5 %). Ils sont également un peu moins souvent âgés de Comme pour les autres demandeurs d’emploi, ceux qui sont bénéficiaires du RMI ont pour la plus large part (un peu plus d’un demandeur sur trois) un niveau de formation correspondant au BEP ou CAP 6. Les bénéficiaires du RMI ont ensuite le plus fréquemment un niveau de formation inférieur au niveau BEP/CAP (dans près d’un cas sur cinq), puis dans un peu plus d’un cas sur six un niveau correspondant au baccalauréat (l’ordre étant inverse pour les demandeurs non bénéficiaires). Enfin, ils ont, moins souvent que les non-bénéficiaires, atteint un niveau correspondant à celui d’un diplôme de l’enseignement supérieur (18 % contre 24 %). En conséquence, si dans plus d’un cas sur six les bénéficiaires du RMI possèdent une qualification d’employé, comme c’est le cas pour les autres demandeurs, il s’agit plus souvent d’employés non qualifiés (28 % contre 18 %) et moins 5 - Les travailleurs handicapés sont ici définis comme l’ensemble des bénéficiaires de l’obligation d’emploi qui a récemment fait l’objet d’un changement de codification. L’écart observé entre bénéficiaires et non-bénéficiaires du RMI en juin 2007 est toutefois similaire à celui observé en juin 2006, avant que n’intervienne ce changement. 6 - Dans cette partie de l’étude, seuls les demandeurs d’emploi d’au moins 25 ans ont été pris en compte. De cette façon, on s’assure que les écarts observés entre bénéficiaires et non-bénéficiaires du RMI ne s’expliquent pas simplement par des structures de population différentes. 4 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | Novembre 2007 souvent d’employés qualifiés (36 % contre 42 %) que pour les autres demandeurs d’emploi. Plus généralement, les bénéficiaires du RMI sont plus représentés parmi les bas niveaux de qualification que ne le sont les non-bénéficiaires, et inversement parmi les plus hauts niveaux de qualification [graphique 2]. Un peu plus d’un demandeur d’emploi bénéficiaire du RMI sur deux (56 %) est qualifié, cette proportion s’élevant à près de trois sur quatre (73 %) pour les autres demandeurs d’emploi. Les métiers des services aux personnes et aux collectivités particulièrement recherchés Les métiers que recherchent les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI sont d’abord ceux relatifs aux services aux personnes et aux collectivités, auxquels appartiennent cinq des dix métiers les plus recherchés par ce public [graphique 3]. Parmi ces métiers, ce sont ceux de nettoyeur de locaux et surfaces, d’agent de service de collectivité et d’intervenant à domicile qui concernent le plus grand nombre de demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI (plus de 15 % d’entre eux). Les métiers les plus recherchés par les autres demandeurs d’emploi sont souvent les mêmes que ceux recherchés par les bénéficiaires du RMI, mais dans une moindre proportion : les dix premiers métiers réunissent ainsi 34 % des demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI, mais seulement 29 % des autres demandeurs. Cette plus forte concentration s’explique notamment par l’éventail de qualifications plus réduit des demandeurs bénéficiaires du RMI et leur moindre qualification, ce qui limite leur possibilité de se tourner vers des emplois plus qualifiés. Les métiers des services aux personnes et aux collectivités figurent d’ailleurs parmi ceux pour lesquels on trouve une des plus fortes proportions de bénéficiaires du RMI. Ainsi, plus d’un demandeur d’emploi sur cinq recherchant un métier de nettoyeur de locaux et surfaces est bénéficiaire du RMI. La catégorie des professionnels des arts et spectacles est elle aussi dans ce cas de figure : plus d’un demandeur sur quatre recherchant un emploi d’artiste plasticien est bénéficiaire du RMI, et plus d’un sur cinq parmi ceux recherchant un emploi de photographe. Il en est de même pour la catégorie regroupant les personnels de type artisanal. La pratique d’une activité réduite est peu répandue En juin 2007, un demandeur d’emploi bénéficiaire du RMI sur cinq a effectué une activité réduite au cours du mois. La pratique d’une activité occasionnelle est ainsi bien moins fréquente parmi les bénéficiaires du RMI qu’elle ne l’est parmi les demandeurs d’emploi non bénéficiaires, dont deux sur cinq ont exercé une telle activité au cours du mois. La durée de l’activité réduite des bénéficiaires du RMI est par ailleurs souvent plus courte, c’est-à-dire de moins de 79 heures (dans 55 % des cas, contre 39 % pour les autres demandeurs d’emploi). Une inscription à l’ANPE sur dix provient d’un bénéficiaire du RMI En 2006, 502 900 inscriptions de bénéficiaires du RMI ont été enregistrées par l’ANPE, soit 9,9 % de l’ensemble des inscriptions7. Cette part varie fortement selon les départements, de 3,8 % dans les HautesAlpes à 16,2 % dans les Bouches-duRhône. Comme pour les demandeurs en fin de mois [carte 1], cette part est plus élevée dans les départements du Nord, du Sud-Est et de la région parisienne. Entre 2005 et 2006, les inscriptions des bénéficiaires du RMI ont été stables à l’échelle métropolitaine (+0,5 %), mais ont connu des évolutions diverses selon les départements : des hausses dans plus de la moitié d’entre eux allant jusqu’à 21 % dans le Bas-Rhin et des baisses dans les autres (au maximum de 15 %). Des motifs d’inscriptions mal connus et une forte récurrence Les motifs d’inscription à l’ANPE des bénéficiaires du RMI sont particulièrement mal repérés dans les fichiers administratifs : en effet, alors que pour les autres demandeurs d’emploi 29 % des inscriptions enregistrées Tableau 1 – Principaux motifs de sorties réestimés avec l’enquête sortants RMI NON RMI 31,2 50,1 Formation 7,0 10,5 Arrêt de recherche d’emploi temporaire 9,8 8,5 Non renouvellement motivé de la demande 4,4 3,4 Fin d’activité 1,4 3,3 Non renouvellement accidentel de la demande 13,1 5,4 Défaut d’actualisation suivi d’une réinscription 22,2 12,6 Radiation administrative 5,1 1,7 Autre motif de sortie 5,7 4,3 100,0 100,0 EN % Reprise d’emploi TOTAL Champ : France métropolitaine, catégories 1,2 et 3 Source : enquête sortants ANPE-Dares, cumul vagues mars, juin, septembre et décembre 2006 7 - On pense que cette proportion peut être légèrement sous-estimée en raison du mode d’alimentation de la variable RMI dans les fichiers de gestion des demandeurs d’emploi. Novembre 2007 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | 5 Graphique 4 – Répartition des demandeurs d’emploi en fonction de leur parcours en % 47,6 RMI NON RMI 38,6 28,4 27,3 25,6 18,6 5,7 0,2 1,6 0,6 Recherche accélérée Recherche active Recherche accompagnée Mobilisation vers emploi 2,6 3,2 Créateur d’entreprise Sans parcours Champ : France métropolitaine, juin 2007 Source : ANPE - STMT Tableau 2 – Les service délivrés aux demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI Entretiens Ateliers Évaluations Accompagnement Prescriptions de formation 2005 2006 Évolution 2006/2005 1 630 605 2 005 368 23,3 % 137 287 162 289 18,2 % 37 167 42 710 14,9 % 124 235 134 219 8,0 % 41 030 35 702 -13,0 % Champ : France métropolitaine Source : ANPE – activité demande en 2006 le sont pour un motif non connu, pour les bénéficiaires du RMI cette proportion s’élève à 58 %. Parmi les motifs connus, les plus fréquents sont des fins de contrats (15,3 %) ou de missions d’intérim (5,9 %), des reprises d’activité après une interruption de plus de six mois (9,3 %), des licenciements (4,8 %) ou des premières entrées (3,6 %). Ce sont pour les motifs de reprise d’activité et dans une moindre mesure de première entrée sur le marché du travail que les bénéficiaires du RMI sont surreprésentés. Les inscriptions des bénéficiaires du RMI se caractérisent par une forte récurrence, en effet 82 % des inscriptions enregistrées en 2006 sont en fait des réinscriptions. Cette proportion de réinscrits est plus forte que pour les autres demandeurs d’emploi (69 %) mais surtout les réinscriptions se font dans un délai beaucoup plus rapproché puisque plus d’une sur deux intervient dans les six mois qui suivent la sortie précédente contre environ une sur trois pour les autres demandeurs. Des flux de sorties en hausse Avec 668 300 sorties enregistrées en 2006, les bénéficiaires du RMI représentent 11,9 % de l’ensemble des sorties. Par rapport à 2005, ces flux ont davantage augmenté pour les bénéficiaires du RMI que pour les autres demandeurs d’emploi : +5,2 % contre +1,9 % sur l’ensemble du territoire métropolitain. Cette hausse concerne 83 départements, certains d’entre eux enregistrant de très fortes évolutions (comme la Nièvre, le HautRhin ou l’Aisne), tandis que 13 départements voient le volume des sorties diminuer. Seules trois sorties sur dix correspondent à une reprise d’emploi La part des reprises d'emploi dans les sorties repérées dans les fichiers administratifs est de seulement 13,0 %. Les motifs de sortie qui ont augmenté depuis 2001 sont les « absences au contrôle8 » et les « radiations administratives ». On sait cependant qu’une partie de ces deux derniers motifs de sorties recouvrent en réalité des reprises d’emploi. L'enquête « sortants9 » permet de réestimer ces motifs de sortie sur la base des déclarations des demandeurs interrogés. Ainsi, pour 2006 les résultats de l’enquête permettent de réestimer à 31,5 % le taux de reprise d’emploi parmi les sortants bénéficiaires du RMI et à 50,1 % pour les demandeurs d’emploi non bénéficiaires du RMI [tableau 1]. Le taux de sous-déclaration de la reprise d’emploi dans les fichiers de l’ANPE est ainsi plus élevé pour les bénéficiaires du RMI que pour les autres demandeurs d’emploi (56,1 % contre 45,2 %). Les bénéficiaires du RMI se distinguent des autres demandeurs d’emploi par un taux de sortie pour non-renouvellement de leur demande d’emploi très important, deux fois supérieur à celui observé pour les autres demandeurs. Parmi les sortants bénéficiaires du RMI, 22 % omettent de renouveler leur demande d’emploi et se réinscrivent par la suite, tandis que 13 % disent ne pas avoir renouvelé leur demande par accident mais ne se sont toutefois pas réinscrits. Ainsi plus de trois sorties sur dix sont dues à un non-renouvellement de la demande non délibéré. On observe également que la part des radiations est plus importante pour la population des bénéficiaires du RMI (5,1 % des sorties contre 1,7 %). Ce dernier phénomène est sans doute à relier au précédent. L’analyse des motifs de radiations enregistrés dans les fichiers administratifs (mais pas dans l’enquête) montre en effet que pour tous les demandeurs d’emploi, 8 - L’actualisation de la demande d’emploi est la procédure, obligatoire pour tous les demandeurs d’emploi, qui consiste après son inscription à renouveler chaque mois sa demande. Ce renouvellement peut se faire par différents moyens : serveur téléphonique, SMS, internet. Si cette déclaration n’est pas faite dans le délai imparti (12ème jour ouvré du mois suivant), il y a alors cessation de l’inscription pour le motif « absence au contrôle ». 9- Enquête ANPE-Dares réalisée trimestriellement. 6 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | Novembre 2007 Tableau 3 – Stock de bénéficiaires du RMI en contrats aidés Un renforcement des services de l’ANPE Juin 2006 Juin 2007 Contrat initiative emploi (CIE) 8 826 4 639 Contrat d’insertion - revenu minimum d’activité (CI-RMA) 9 159 13 655 Contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) 17 381 14 241 Contrat d’avenir (CA) 34 766 58 549 7 391 2 121 77 523 88 566 Contrat emploi consolidé (CEC) TOTAL Champ : France entière Source : Dares, Drees plus de neuf radiations sur dix découlent de la non-présentation suite à une convocation à un entretien. Les éléments exposés précédemment montrent que pour les bénéficiaires du RMI, les entrées et les sorties enregistrées par l’ANPE ne sont pas toujours liées à des changements de situation sur le marché du travail mais aussi à des phénomènes qui témoignent d’une relation plus distendue vis-à-vis des obligations administratives auxquelles sont soumis les demandeurs d’emploi. Près de quatre bénéficiaires sur dix sont inscrits depuis plus d’un an La part du chômage de longue durée est plus importante parmi les bénéficiaires du RMI que pour les autres demandeurs d’emploi puisque 39,2 % d’entre eux sont inscrits au chômage depuis un an et plus, contre 34,9 % pour les autres demandeurs. Par ailleurs, on peut faire l’hypothèse que la fréquence des sorties suivies de réinscriptions observée pour les bénéficiaires du RMI conduit à sous-estimer la durée du chômage selon le calcul habituellement utilisé pour calculer l’ancienneté10 . En effet, si on regarde l’ancienneté de chômage cumulée sur une période déterminée11, les écarts entre les bénéficiaires du RMI et les autres demandeurs d’emploi s’accroissent. Ainsi en juin 2007, 64 % des bénéfi- ciaires du RMI cumulent 12 mois de chômage dans les 18 derniers mois contre 53 % pour les autres demandeurs d’emploi tandis que 51 % des bénéficiaires ont 24 mois de chômage au cours des 36 derniers mois contre 37 % pour les autres. Manque de formation, problèmes de mobilité et de santé L’enquête menée par la Drees12 en 2006 auprès d’un échantillon de bénéficiaires de minima sociaux montre que l’état de santé est le facteur qui influe le plus sur la probabilité pour un bénéficiaire du RMI13 de reprendre un emploi. Les autres facteurs sont le fait d’avoir un diplôme du supérieur, puis d’être dans le dispositif RMI depuis moins de deux ans, et enfin, mais dans une moindre mesure, d’avoir participé à un dispositif d’insertion. Ces résultats sont en partie corroborés par le sentiment des bénéficiaires. En effet, à la question des obstacles qu’ils rencontrent pour retrouver un emploi, ils évoquent en premier lieu le manque de formation (22 %), puis l’absence d’emplois à proximité (15 %) et de véhicule ou de permis (15 %) ce qui renvoie à la fois aux lieux de résidence des bénéficiaires (éloignés des lieux d’activité, mal desservis) et aux moyens financiers dont ils disposent. Ce sont ensuite les problèmes de santé (13 %) et l’âge (10 %) qui sont cités. À la suite de la décentralisation de la gestion du RMI instituée en décembre 2003, l’ANPE s’est engagée dans une démarche de contractualisation avec les conseils généraux. En 2007, 73 conseils généraux ont ainsi signé une convention avec l’ANPE. Ces conventions prennent la forme de financement de postes de conseillers ANPE chargés d’accompagner spécifiquement les bénéficiaires, ou bien de financements d’actions supplémentaires pour ce public. L’ensemble de cette mobilisation concerne des proportions variables de demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI (entre 15 % et 60 %). En 2006, on observe une forte hausse des entretiens délivrés aux bénéficiaires du RMI (+23 %), correspondant notamment à la mise en place par l’ANPE du Suivi mensuel personnalisé (SMP) pour tous les demandeurs d’emploi. Cette nouvelle modalité de suivi consiste à réaliser des entretiens avec chaque demandeur d’emploi une fois par mois après quatre mois de chômage, au lieu de tous les six mois dans le cadre du Plan d’action personnalisé (PAP) à l’œuvre depuis 2001. La mise en place de ces entretiens mensuels a permis d’instaurer par ailleurs le principe d’un référent unique chargé de suivre un ensemble de demandeurs d’emploi. L’augmentation du nombre d’entretiens et donc du nombre de contacts entre les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI inscrits et les conseillers ANPE s’est traduite par une augmentation sensible des prestations d’aides à la recherche d’emploi : +18,2 % pour les ateliers, +14,9 % pour les évaluations et +8,0 % pour les accompagnements. En revanche, on a observé une baisse des prescriptions de formation [tableau 2]. Au cours du premier semestre 2007, on observe toujours une hausse des prestations d’accompagnement (+4,6 %) 10 - L’ancienneté du chômage est calculée à partir de la date de la dernière inscription, si l’inscription a été interrompue, le calcul de l’ancienneté repart de la nouvelle inscription. 11 - Source : fichier historique des demandeurs d’emploi. 12 - Source : Pla, A. [2007], voir Pour en savoir plus p. 8 13 - L’étude porte sur l’ensemble des bénéficiaires du RMI et pas uniquement sur ceux qui sont inscrits à l’ANPE ou ceux qui se déclarent au chômage. Novembre 2007 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | 7 Encadré 3 LA SITUATION DANS LES DÉPARTEMENTS D’OUTRE-MER n juin 2007, on compte 59 920 demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI dans les quatre départements d’outre-mer (DOM), dont près des trois quarts sont inscrits en catégorie 1 (43 960 demandeurs). La proportion des bénéficiaires du RMI dans la demande d’emploi est près de trois fois supérieure dans les DOM à ce qu’elle est en métropole. Contrairement à ce que l’on observe en métropole, la population des demandeurs bénéficiaires du RMI est dans les DOM plus féminine que masculine, à l’instar des autres demandeurs de ces départements. L’analyse du profil de cette population en termes de formation, de qualification ou au regard de la pratique des activités réduites confirme par ailleurs les grandes tendances dégagées précédemment pour les demandeurs de métropole. La part du chômage de longue durée des bénéficiaires du RMI est beaucoup plus élevée dans les DOM (57 %) qu’en métropole (39 %), et l’écart avec les autres demandeurs y est également plus marqué. E Tableau 4 – Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI des départements d’outre-mer Part du Effectifs DE dans bénéficiaires du département l’ensemble RMI en juin 2007 des DOM (%) Évolution des effectifs (%) Juin 2006 Juin 2007 Part des bénéficiaires du RMI dans la DEFM (%) Guadeloupe 17 160 28,6 -1,3 33,5 Martinique 11 300 18,9 -5,5 28,5 Guyane 4 390 7,3 0,0 32,6 Réunion 27 070 45,2 -5,0 30,9 DOM 59 920 100,0 -3,7 31,2 Métropole 338 780 -15,0 11,0 Champ : catégories 1, 2 ,3, 6, 7 et 8 Source : ANPE - STMT Hausse des mises en relation sur les offres d’emploi On constate également en 2006 une forte hausse des mises en relation sur les offres d’emploi ainsi que de celles qui ont abouti à un recrutement (+35 %). Cette hausse traduit tout à la fois une amélioration du suivi et une hausse des opportunités d’emploi (les offres d’emploi enregistrées par l’ANPE ayant augmenté de 2,5 % entre 2005 et 2006) et en particulier La montée en charge des contrats destinés aux bénéficiaires de minima sociaux Entre 2005 et 2006, les contrats aidés destinés aux bénéficiaires de minima sociaux ont très fortement augmenté : les flux d’entrée en contrats d’insertion – revenu minimum d’activité (CI-RMA) passent de 1 300 à 14 000 et ceux en contrats d’avenir de 16 000 à 93 000. Si on prend en compte l’ensemble des contrats aidés, en juin 2007 environ 88 600 bénéficiaires du RMI sont dans un contrat de ce type contre 77 500 un an auparavant, soit une hausse de 11 100 bénéficiaires [tableau 3]. Pour en savoir plus Claveau E. [2007], « Annuaire statistique de la demande d’emploi », Les cahiers, Observatoire de l’ANPE. de l’offre de contrats aidés (+5,3 %). L'enregistrement des informations sur les mises en relation avec les emplois aboutissant à un recrutement a par ailleurs connu une amélioration qui participe au niveau de la hausse observée. Trois quart des bénéficiaires en parcours de recherche d’emploi Depuis 2007, la mise en place d’une nouvelle segmentation de la demande d’emploi fondée sur la distance à l’emploi conduit à affecter les demandeurs dans des parcours spécifiques de retour à l’emploi. Quatre parcours types ont été définis : recherche accé- 8 | L’essentiel - Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI | Novembre 2007 Drees [2007], « Le nombre d’allocataires du RMI au 30 juin 2007 », Etudes et Résultats n°596. Pla A. [2007], « Sortie des minima sociaux et accès à l’emploi », Drees, Etudes et Résultats n°567. Clément M. [2004], « Les bénéficiaires du RMI non inscrits à l’ANPE : des problèmes de santé, des contraintes familiales », Dares, Premières Informations, Premières Synthèses, n°40.3. Gréco D.[2002], « Les demandeurs d’emploi bénéficiaires du RMI », Les essentiels, Observatoire de l’ANPE. Directeur de la publication : Christian Charpy Directeur de la rédaction : Annie Gauvin Secrétariat de rédaction : Isabelle Labridy Conception et réalisation : ANPE Site : www.anpe.fr/observatoire RÉF. : 9942 et les envois en formation sont à nouveau en augmentation (+12,5 %) ; en revanche, les ateliers et les évaluations sont en baisse respectivement de 11,8 % et 25,3 %. lérée, recherche active, recherche accompagnée et un parcours spécifique pour les créateurs d’entreprise. Trois quart des bénéficiaires du RMI inscrits en juin 2007 sont affectés à un parcours spécifique de retour à l’emploi. Majoritairement dans les parcours de recherche active (38,6 %), ils sont logiquement davantage orientés vers des parcours de recherche accompagnée et de mobilisation vers l’emploi que les autres demandeurs d’emploi (33,0 % contre 20,2 %) [graphique 4].