saint thomas more - Notre

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SAINT THOMAS MORE
Fils aîné de John More, avocat et professeur de droit, Thomas naît à Londres en 1477 ou
1478. Après le cycle normal de grammaire et logique à Oxford, il étudie à Londres le droit
commun, l'English common law. Ici, la culture générale dispensée lui fait découvrir avec les lois
anglaises le droit canonique et de nombreux auteurs de l'Antiquité. Le seul Décret de Gratien
permet aux futurs avocats de rencontrer Aristote et Platon, Virgile et Cicéron, Jérôme et
Grégoire-le-Grand, et en premier lieu l'Ecriture Sainte, les promulgations papales et conciliaires.
More s'inscrit au barreau en 1501. Il se demande alors si Dieu ne l'appelle pas à devenir prêtre.
Pour tester sa vocation, il loge à la Chartreuse de Londres et participe aux exercices des moines.
John Colet, curé de la cathédrale, est son directeur de conscience. Marié en 1504 avec la fille
aînée du gentleman former John Coït, qui lui donne trois filles et un garçon, il reste veuf en 1511,
avec ses quatre enfants et une petite fille adoptée. Il ne tarde pas à leur donner une nouvelle mère
par des secondes noces avec Alice Middieton, veuve d'un négociant londonien, et de sept ans son
aînée. Député aux Communes dont il sera le Porte-parole au Parlement de 1523, il est
Undersheriff, juge municipal de Londres entre 1510 et 1518. Sa première mission outre Manche
le conduit en Belgique, entre mai et octobre 1515. C'est l'occasion de son roman politique,
l'Utopie, qui paraît à Louvain à la fin de 1516. Conseiller du roi Henry VIII à partir de 1517, il
aide le souverain, en 1521, à rédiger une "Défense des sept sacrements" contre Luther. Entré
ainsi dans l'arène, Thomas More compose neuf ouvrages pour la défense de la foi catholique,
entre 1523 et 1533, deux en latin et sept en anglais.
Promu Chancelier d'Angleterre au mois d'octobre 1529, More démissionne de sa charge en
mai 1532, afin de n'être le complice du roi ni dans sa répudiation de la reine Catherine en 1533, ni
dans le schisme anglican en 1534. Incarcéré dans la Tour de Londres au mois d'avril 1534,
Thomas More maintient son refus de reconnaître le souverain comme Chef suprême de l'Eglise
en Angleterre. Condamné pour haute trahison, le 1er juillet 1535, Thomas More est décapité cinq
jours plus tard. Sa mort est sereine et même joyeuse, car - il l'a dit et répété à ses enfants et petits
enfants - "On peut perdre la tête sans se porter plus mal". More est heureux de perdre la sienne le
jour octave de la Saint Pierre, car il la sacrifie pour l'unité de l'Eglise. L’Eglise catholique le
vénère comme martyr, canonisé le 19 mai 1835 par Pie XI avec l'évêque John Fischer, et le
calendrier anglican le fête comme "martyr de la conscience".
Martyr signifie "témoin". Thomas More l'a été par toute sa vie et à chaque instant de sa vie.
Un simple regard sur cette existence hors du commun révèle une richesse humaine
exceptionnelle, qui n'est autre que l'humanisme chrétien. Entièrement voué à l'accomplissement
de la volonté de Dieu, Thomas More prend conscience qu'il n'est pas appelé à la vie religieuse ni
au sacerdoce: il servira dans le mariage et dans la société, en laïc baptisé et entièrement dévoué à
la cause du Christ. Il donne le témoignage d'un homme débordant de foie et de charité:
fonctionnaire et avocat, il est l'ami et le défenseur des pauvres. Parlementaire, il provoque le
courroux de Henry VIII en protestant contre un impôt exorbitant dont les pauvres seraient les
premières victimes. Paroissien exemplaire, il sert la messe, chante au chœur et porte la croix aux
processions. Volontiers il prend la parole en public pour donner des conférences sur des sujets
religieux, comme la "Cité de Dieu" de Saint Augustin. More est aussi un insigne bienfaiteur de sa
communauté paroissiale: il profite de la présence de Hans Holbein pour embellir l'église de
Chelsea à ses frais.
A cette époque, Londres n'a pas d'école pour filles: Thomas More en crée une sous son toit,
et dirige les études de ses enfants. Thomas More vise "l'éducation" et pas seulement
l'enseignement. Par delà la transmission nécessaire des connaissances, il vise une formation
intégrale de la personne dont les premiers fruits sont le jugement - capacité mentale de discerner
entre le bien et le mal - et des principes éthiques ou religieux - ce qui chez lui est équivalent - qui
motiveront la volonté.
More en est convaincu: la racine des maux qui affligent la société de son temps, c'est la très
mauvaise éducation par laquelle, peu à peu, dès le jeune âge, se corrompent mœurs et caractères.
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Sachant Thomas More intègre et pieux, Henry VIII l'engagea en lui disant: "Tenez compte
de Dieu d'abord, de moi ensuite". More le prit au mot, et fut "obéissant jusqu'à la mort."
More, catéchiste et apologiste, défend l'Eglise comme société visible -humaine et donc
imparfaite- mais aussi et surtout divine en tant que Corps du Christ, que l'Esprit de Dieu anime et
conduit (progressivement et à travers les aléas de ce monde) vers la vérité toute entière. Homme
de foi, il voit dans le mémorial de la mort du Seigneur la source de l'unité de l'Eglise et dans la
célébration de la messe l'application des mérites de la Passion du Christ aux vivants et aux
défunts. Homme de foi, Thomas More ne fuit jamais le combat quotidien et s'apprivoise à la mort
qui est porte de la vraie vie. Considéré superficiellement il pourrait apparaître comme un
optimiste invétéré: en réalité, il croit que la Providence gouverne tout. Pour cela, rien de ce qui
arrive n'est tragique, même pas sa mort, tout est grâce, comme en témoigne cette émouvante
prière composée par Thomas More entre sa condamnation (1er juillet 1535) et son exécution (6
juillet 1535).
Thomas More n'est pas seulement un personnage séduisant. Il possède cette vivacité
d'esprit, cette sensibilité de l'intelligence que, seul, l'amour peut donner: Thomas More vit avec
Dieu une relation sereine et libre. Il connaît ses faiblesses, ce sont celles de tous les hommes.
Aussi sa prière n'hésite-t-elle pas à prendre un tour inattendu: "Empoigne-moi par les mâchoires,
comme on fait du cheval et du mulet, quand je refuse de m'approcher de toi".
Homme de paix, de réconciliation et d'unité, Thomas More fut vraiment un homme complet,
époux et père de famille, écrivain et enseignant, chrétien et humaniste, avocat et homme d'Etat.
Martyr pour l'unité de l'Eglise, patron des hommes de Loi catholiques, Thomas More incarne
aussi la résistance passive à l'oppression et la lutte pour un monde meilleur. De la Tour de
Londres, More écrivait: "ma conscience est si limpide que je tressaille de joie... Je ne fais rien de
mal. Je ne dis rien de mal. Je ne pense rien de mal. Et si ceci n'est pas suffisant pour qu'un homme
ait le droit de vivre, alors, vraiment, je ne tiens pas du tout à vivre ".
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