Travail de Recherche Étymologique Karen Krause La signification

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Travail de Recherche Étymologique Karen Krause La signification
Travail de Recherche Étymologique
Karen Krause
La signification du mot « témoin » a évolué au cours du temps puisque le mot latin
TESTIMŌNIUM, qui est son étymon, signifiait « témoignage ». La forme phonétique du mot a
aussi changé de façon importante à cause de l’évolution de la prononciation aux diverses époques.
Le mot « témoin » du français moderne tire son origine du mot latin TESTIMŌNIUM .
Les substantifs TESTIMŌNIUM fait partie de la famille du mot latin « TESTIS », qui veut
dire « témoin » ou « personne qui témoigne ». TESTIMŌNIUM a pour signification : « le
témoignage » (Picoche 646). Il y a donc un glissement lexical très net du sens de "témoignage" à
celui de "témoin". La différence entre ces deux mots est que le « témoignage » veut dire « l’acte de
témoigner », pendant que « témoin » signifie « personne qui témoigne ».
À l’époque moderne, le mot « témoin » a des significations différentes, selon le contexte de
la phrase dans laquelle le mot est situé. La plupart du temps, il s’agit d’un nom. Il peut avoir
plusieurs définitions, y compris « personne qui dépose (ou atteste) en justice », ou « personne qui
certifie l’exactitude, l’authenticité des identités, des déclarations », ou « personne qui, par ses
paroles, ses actes, son existence même, porte témoignage d’une pensée philosophique, religieuse ».
La définition la plus courante est « personne qui certifie ou qui peut certifier ce qu’elle a vu ou
entendu ». Ce sont toutes les définitions à propos d’une personne, mais quand le mot se rapporte à
une chose, il peut signifier : « preuve matérielle, indice, pièce à conviction » (Trésor de la Langue
Française Informatisé).
L’évolution phonétique du mot latin TESTIMŌNIUM au mot français « témoin » est très
complexe, mais encore compréhensible.
Les règles syntaxiques en évolution ont eu une influence sur l’évolution de ce mot. En latin
classique, on se sert des déclinaisons pour indiquer la fonction grammaticale d’un mot dans une
phrase. Il y a six cas dans les déclinaisons latines : nominatif, génitif, datif, accusatif, ablatif et
vocatif. Par contre, le vieux français n’a que deux cas : le cas sujet et le cas oblatif. L’usage de
prépositions se substitue à celui des déclinaisons. De plus, il n’y a qu’une seule forme nominale en
français moderne. On a donc laissé tomber la terminaison « -ium » du mot « TESTIMŌNIUM »
pour créer la forme « testimōn ». La désinence « -um » a indiqué que le nom était nominatif
singulier, ou accusatif singulier, mais en français moderne, on a éliminé les déclinaisons anciennes.
Pour expliquer l’évolution de la forme « testimōn » en la forme du français « témoin », on
suit les règles de l'évolution phonologique. On garde le son [t] des mots latins quand il est en
position initiale, comme dans le mot latin TELA qui devient « toile » en français moderne, retenant
le son [t] comme consonne initiale. De plus, on garde le son [m] quand il est entre deux voyelles.
Par exemple, le mot français « ornement » provient du mot latin ORNAMENTU, et le latin
POMA devient « pomme » en français moderne (Laborderie 125-126). Dans les deux cas, [m] est
conservé dans les mots quand il est intervocalique. Pourtant, on laisse tomber [t] avant une voyelle
au milieu d’un mot (Ewert 76-78). Par exemple, le latin PLATANUM devient « plane » en
français, et le mot latin « VITA » devient « vie » en français. Le son [t], qui est une occlusive
dentale au milieu du mot, se sonorise pour devenir [d] à la fin du 4e siècle. En outre, il y a un
effacement du son [t] du 9e siècle au 11e siècle, et ce son est remplacé par [θ] (comme dans l’anglais
bath [baθ] (Laborderie 68). En 1176, dans le livre Chevalier au lion, ces changements sont évidents
puisque l’auteur (Chrétien de Troyes) a écrit le mot « tesmoing », ce qui montre l’effacement du
[t] central (Dendien).
Une évolution phonétique du 13e siècle est la réduction ou l’élimination des consonnes
finales qui sont quelquefois restées dans l’orthographe moderne. La consonne finale n’ > n était
absorbée par la voyelle nasale précédente (Ewert 84-85). De plus, avant n’ aussi, on a souvent
dénasalisé le son õ en o (vergogne, cigogne), mais dans plusieurs mots, le son o était remplacé par
oi (= [wa]). Par exemple, on a remplacé le son o par oi dans le mot « testimōn » qui est devenu
« témoin ». On attribue ce phénomène partiellement à l’analogie et partiellement à une
interprétation fausse de l’orthographe courante ign (= n’). Le groupe orthographique oign était lu
par erreur comme oi + n’, au lieu de o + n’. Le résultat est que les mots élogner et témogner (le
développement normal des mots en vieux français esloignier et tesmoignier) étaient en concurrence
avec éloigner et témoigner, et ces mots avaient le soutien linguistique à cause des mots comme loin
et témoin (Ewert 66).
Pendant le 1er quart du 13e siècle, on voit ce mot dans la Bible (Évangile selon SaintMathieu XVIII, 16) « Ki dous tesmoins o soi amaine ». À cette époque-là, le mot avait presque la
même graphie que sa forme moderne. Il n’y a qu’à laisser tomber le « s » pour créer la forme
moderne du mot.
L’évolution phonétique et sémantique du mot « TESTIMŌNIUM » en « témoin » aide les
linguistes à mieux comprendre Le développement de la langue française, et la façon dont les mots
ont évolué au fil du temps.
Bibliographie
Dendien, Jacques. “Témoin.” Trésor de la Langue Française Informatisé. ATILF.
<http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe?532;s=1938609195;?b=0;>. Web. 30 Oct.
2009.
Ewert, Alfred. The French Language. 2d ed. London : Faber and Faber, 1964.
Laborderie, Noëlle. Précis de phonétique historique. Paris : Nathan Université, 1994.
Picoche, Jacqueline. Dictionnaire étymologique du Français. Paris : Robert, 1992.