Le projet MOBILIS - cedtc - Centre jeunesse de Montréal

Transcription

Le projet MOBILIS - cedtc - Centre jeunesse de Montréal
MOBILIS - un projet de partenariat en Montérégie pour contrer l’effet des gangs
criminalisés
Résumé de la présentation de
Claude Latendresse, chargé de projet en Délinquance au Centre jeunesse de la Montérégie
À l’occasion du Ve séminaire Gangs et délinquance du Centre jeunesse de Montréal Institut universitaire
Le 12 juin 2009
Le contexte
Le problème des gangs de rue est présent en banlieue sud de Montréal depuis les années 90.
Les intervenants des milieux où vivent les jeunes ont été rapidement interpellés et se sont
mobilisés :
• des intervenants de Longueuil ont participé au projet Jeunesse et gangs de rue avec des
partenaires de Montréal
• le projet TIGR, Toile d’information en gangs de rue, a été mis en place et a duré quelques
années
Malgré tout, le phénomène s’est étendu. Des marchés illicites contrôlés par des gangs de rue se
sont développés. Le Service de police de l’agglomération de Longueuil dénombre aujourd’hui une
dizaine de noyaux durs, pour environ 90 membres répertoriés, actifs sur leur territoire ou y
résidant. Les intervenants sociaux et les policiers sont de plus en plus confrontés au problème, et
partagent le besoin de mieux cerner le problème.
Le projet d’un groupe de PARTENAIRES
La Conférence régionale des élus de Longueuil s’est montrée sensible à l’ampleur du
problème, notamment de l’exploitation sexuelle. Début 2009, elle mandate son directeur afin de
mettre en place une stratégie visant à contrer l’effet des gangs criminalisés, ciblant en particulier
l’exploitation sexuelle de mineures.
Un groupe de partenaires, dispensateurs de services ou subventionnaires, est constitué :
• la Conférence régionale des élus de Longueuil
• le Service de police de l’agglomération de Longueuil
• le Centre jeunesse de la Montérégie
• le Forum jeunesse de Longueuil
• le Ministère des affaires municipales, des régions et de l’organisation du territoire
• le Ministère de la sécurité publique
Les partenaires conçoivent une stratégie dont la vision est large, mais les cibles précises, de
façon à agir sur tous les fronts, en soutenant à la fois des projets de prévention, de traitement et
de répression.
Deux projets en cours
À ce jour, le projet Sans P ni E, pour Sans proxénète ni escorte, réalise le volet préventif, et le
projet MOBILIS développe des activités de traitement et de répression. Piloté par La maison des
jeunes Kekpart de Longueuil, le projet Sans P ni E permet à des travailleurs de milieux d’investir
pendant quelques semaines, ou plus au besoin, entre juillet 2009 et juin 2012, des milieux de vie
où se retrouvent les jeunes : écoles, parcs, bars.
Les objectifs sont de repérer les jeunes à risque, de proposer des projets de vie prosociaux, de
dénoncer la séduction malsaine, de soutenir la désaffiliation des gangs au besoin.
Le projet MOBILIS
En mai 2008, sur le modèle de Montréal, le CJM et le Service de police de l’agglomération de
Longueuil signent le Protocole MOBILIS, sur l’accès, la transmission et l’utilisation de
renseignements personnels dans le cadre des interventions relatives au phénomène des gangs
criminalisés. Ce protocole ne change en rien les normes qui protègent la confidentialité des
informations personnelles contenues aux dossiers des usagers du réseau de la Santé. Le
protocole réaffirme les occasions où les Corps policiers peuvent et doivent être sollicités dans le
cadre de l’application des lois québécoises en vigueur: fugues, abus physiques ou sexuels,
négligence grave, danger grave et imminent, etc. Les personnes désignées à l’application du
Protocole deviennent les canaux vers lesquels les informations détenues dans chacune des
organisations sont centralisées. Les bases du développement de l’expertise sont donc en place.
Le projet MOBILIS démarre le 1er septembre 2008, pour 3 ans.
MOBILIS au CJM
Encadrée par un comité de gestion dont la composition reflète bien l’importance que
l’établissement accorde à la problématique et à la qualité des activités cliniques qu’il convient de
mettre en place, l’équipe terrain du projet MOBILIS au CJM est composée de deux conseillères
cliniques et d’un chargé de projet. L’offre de service propose des activités de consultation
clinique, d’accompagnement en intervention, d’animation de groupes d’intervenants confrontés
au problème, de formation, d’intervention lors de colloques. Le projet publie un bulletin
informatique : l’InfoMOBILIS.
Des enjeux autour de l’exploitation sexuelle
Sans anticiper sur les conclusions du bilan qui, en septembre 2009, fera état des résultats de la
première année du projet, il apparaît clair que l’exploitation sexuelle des mineures constitue la
manifestation le plus rapportée des effets de la criminalité des gangs auprès de la clientèle du
CJM. Cette constatation a amené les intervenants de toutes les Directions clientèle du CJM à
entamer un resserrement de leur pratique en la matière tout au long de l’année : où tracer la
frontière entre l’exploitation sexuelle et le trouble de la conduite? Comment traiter les jeunes
fugueuses à leur retour? Quand protéger et quand dénoncer? Comment rejoindre aussi les
garçons dans leur développement psycho sexuel? Voilà quelques unes des questions auxquelles
nous sommes en train de répondre, en identifiant les meilleures pratiques et en soutenant la mise
en place d’approches novatrices. Nous sommes ainsi à même, par exemple, de préciser la
nature de l’accueil à offrir aux jeunes filles à leur retour de fugue, de mieux les accompagner
dans la reconnaissance progressive de leur état d’exploitation, dans la déprogrammation
psychique dont elles ont besoin, dans l’apprentissage de ce qu’est un consentement à une
relation sexuelle, dans le soutien à leur participation au processus judiciaire le cas échéant.
Les besoins des intervenants de la clientèle garçon sont différents de ceux œuvrant auprès des
filles : l’inquiétude est moindre, la présence du phénomène des gangs est dissoute dans un
tableau clinique plus large, l’affiliation formelle survient plus tard. Pour l’instant, le soutien à
l’intervention consiste le plus souvent à identifier et réduire les facteurs de risque.
Et la recherche….
Les membres du personnel de MOBILIS sont des participants assidus aux colloques dans le
domaine et des lecteurs attentifs aux nouveaux écrits sur la question. Ils sont aussi en quête
d’une opportunité d’intéresser un chercheur à l’évaluation de l’un ou l’autre aspect du projet.