Discours introductif par F. Carnoy

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Discours introductif par F. Carnoy
RVCW 2015, MONS
DISCOURS INTRODUCTIF F. CARNOY
Monsieur le Ministre-Président, Mesdames et Messieurs les Ministres et représentants des
Ministres, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Députés, Mesdames et
Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Bonsoir (ou re-bonsoir) et bienvenue à toutes et tous ! La CCW est particulièrement heureuse
de vous accueillir toujours aussi nombreux à son traditionnel « RVCW », l’évènement-phare
de l’année. Chaque année, dès mars-avril, l’équipe CCW se mobilise (avec son président) pour
imaginer et créer cet évènement de l’automne, trouver des thèmes et des invités qui collent
à l’actualité de notre secteur et de notre région, et « mettre les petits plats dans les grands »
pour vous recevoir au mieux. Merci à vous tous de nous faire l’honneur de votre présence, et
merci à toute l’équipe CCW pour votre mobilisation et votre dévouement pour nos affiliés,
pour notre secteur et pour notre région.
Merci aussi à Artexis de nous accueillir en toute amitié au MICX, dans lequel beaucoup d’entre
nous sont entrés ce soir avec l’excitation de la découverte d’un nouveau lieu, d’un nouveau
symbole du renouveau de la région montoise et de la Wallonie tout entière. La CCW aime bien
les salons et événements pour autant qu’ils apportent une valeur ajoutée au secteur, et
Artexis est un de nos partenaires privilégiés (pensons aux salons Energie&Habitat ou
Bois&Habitat). Mais nous avons aussi d’autres partenaires d’évènements ciblés, je pense par
exemple au salon « business » Pro2build auquel la CCW vous invite en novembre.
La construction est actuellement maussade, voire malade à certains égards : et ce
conjoncturellement mais aussi structurellement : dumping social, difficultés d’accès au
logement pour jeunes ménages, difficultés des investissements publics, fragilisation des
entreprises face à la crise et à l’évolution du marché. Heureusement, de bons dialogues
GW/CCW sont en cours : des dossiers progressent dans la bonne direction (« dossiers du 1er
type »).
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CCT B22 (à soutenir et faire appliquer);
PEB (à maintenir performante mais réaliste) ;
CoDT (avec notamment l’espoir d’un traitement plus dynamique des demandes de permis)
(PANEL 4 de ce soir) ;
règlementation pour la gestion des déchets et des sols, que nous avons bon espoir de voir
évoluer dans une sens pragmatique aussi (réponse dans le PANEL 4).
Mais d’autres grands défis persistent, où le dialogue a certes commencé au grand jour, mais
non encore abouti. Ces « dossiers du 2ème type » feront l’objet des panels 1, 2 et 3 :
o DUMPING SOCIAL ou « concurrence étrangère déloyale » (PANEL 1) : à l’inverse d’une
publicité qu’on entend à la radio (win-win-win), c’est une situation loose-loose-loose, où
quasi tout le monde perd : les entreprises loyales qui ne décrochent plus de marchés, nos
ouvriers remplacés par des détachés, la Sécurité sociale belge qui n’est plus alimentée.
Seuls quelques clients (publics ou privés) croient pouvoir bénéficier de la concurrence
exacerbée sur les prix, mais c’est un calcul à courte vue. Dans ce dossier, il faut
responsabiliser autant les entreprises que les pouvoirs publics. Le secteur de la
construction a combattu dès le départ la directive européenne « services » qui a ouvert
les portes à la libre prestation de services des entreprises européennes sans imposer le
respect des règles minimum du pays d’exécution. Aujourd’hui, les prestataires doivent
respecter un certain nombre d’obligations du droit du travail du pays d’exécution, dont le
salaire minimum. Mais c’est évidemment insuffisant, et notre secteur continue à se battre,
à avancer de multiples propositions, pour convaincre les autorités publiques (de l’Europe
aux communes) d’aller plus loin dans la lutte contre le dumping.
o Numérique (PANEL 3) : les PME doivent d’urgence rattraper leur retard pour rester
compétitives. CCW-CSTC ont déposé des propositions en vue du plan numérique, elles ont
été reprises par l’Agence du Numérique (AdN), on espère qu’elles aboutiront.
o Investissement public (PANEL 2) : la CCW salue les efforts du GW : plans infrastructures,
logement public, dossiers Feder, les zonings et friches (axe 3 du Plan Marshall), un futur
plan patrimoine, etc. Mais l’investissement public de la Belgique (tous niveaux confondus)
reste un des plus bas d’Europe, insuffisant -disent les experts- pour compenser la
dépréciation du capital et répondre aux nouveaux besoins. La barbare règle de SEC2010
n’arrange évidemment rien. Des solutions émergeront peut-être du panel 2, elles
intéresseront toutes les entreprises : grandes, moyennes et même petites. Et le problème
est plus vaste qu’on ne croit, car outre les routes, infrastructures et bâtiments publics, ce
sont à deux immenses défis immobiliers que la Région devra répondre : le défi
démographique (280.000 ménages supplémentaires d’ici 2030 avec leurs besoins en
logements publics et privés, crèches, écoles, séniories, etc.), et le défi de la rénovation
énergétique (800.000 logements vétustes, des milliers de bâtiments publics à rénover).
Cela peut devenir, avec des réponses adéquates, un levier économique et non un fardeau
budgétaire. Ces réponses devraient provenir des états généraux du logement (promis dans
la DPR), et/ou d’une politique de la ville (très attendue), et/ou d’une fiscalité immobilière
incitative, et/ou de l’axe 4 « transition énergétique » du Plan Marshall…
Enfin, il y a les dossiers du 3ème type, qui resteront dans l’ombre ce soir, qui ne feront pas
l’objet de panels, qui ne sont pas suffisamment mûrs, mais qui n’en sont pas moins importants
et qui font l’objet de « rencontres du 3ème type » avec les cabinets, intenses mais discrètes…
Je citerais :
o La promotion de l’accès des PME aux marchés publics.
o L’accompagnement des PME (de la création à la transmission, en passant par le conseilgestion et le financement). Nous voulons développer ce service en interne, mais aussi en
partenariat renforcé avec les outils économiques de la Wallonie, dans l’esprit de l’axe 2 du
Plan Marshall.
o La promotion de l’alternance : la CCW s’inscrit à 100% dans l’axe 1 du Plan Marshall pour
attirer les jeunes vers nos métiers. Malgré le dumping, il y a toujours des postes à
remplacer et des spécialisations à créer, sans parler des métiers en pénurie : on a toujours
besoin de jeunes qualifiés et motivés, l’alternance est un système qui fonctionne en
Allemagne, en Suisse et même dans notre communauté germanophone. La méthode peut
même s’appliquer dans l’enseignement supérieur. Bref, la CCW est « chaude » pour
accélérer la réforme de l’alternance en Wallonie.
o La CCW défend aussi ses positions dans la réforme des aides à l’emploi et à la formation,
des aides à l’innovation, des aides à l’investissement. La construction n’a pas toujours le
sentiment d’être comprise dans ses spécificités, mais le dialogue se poursuit, je vous en
ferai grâce pour ce soir.
En conclusion, la CCW propose au GW un « plan d’action » pour la construction, qui s’inscrirait
dans le Plan Marshall 4.0 (dont plusieurs volets sont très positifs) et dans le Small Business
Act wallon, avec des accents plus « construction ». La CCW (avec ses nombreux organismes
apparentés, le président Nonet en parlera) veut être un partenaire dynamique du GW pour
inscrire le secteur dans la création d’emplois, dans les nouvelles technologies, dans le
numérique, dans les filières durables (les énergies renouvelables, la construction bois, le cycle
de l’eau, l’assainissement, les smart buildings, l’économie circulaire). Nous voulons aider la
Wallonie à être à la pointe, et nous tendons la main à la Région. Mesdames et Messieurs les
Ministres, il est essentiel de nous aider à vous aider, de soutenir structurellement la
construction wallonne, car les défis sont à nos portes : défi de l’internationalisation de la
concurrence, révolution numérique, mutations technologiques : il faut armer nos PME (=
travailler sur l’offre) et créer de bonnes conditions de marché (= travailler sur la demande).
Je m’arrête ici, je ne voudrais pas déflorer les films et débats qui vont suivre, je voudrais
préserver leur spontanéité. Le décor est planté, place aux acteurs, et une excellente soirée !