Appel commun contre le World Economic Forum a Davos du 23 au
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Appel commun contre le World Economic Forum a Davos du 23 au
cité et à la détermination de ces nouvelles luttes internationalistes que nous nous référons. C’est sur la base de ces luttes que nous constatons qu’il est plus important que jamais d’appréhender l’exploitation mondiale et sa sécurisation guerrière comme deux faces de la même médaille, et d’y opposer une résistance de masse. Nous luttons contre le racisme, le sexisme et l’exploitation capitaliste, mais nous nous considérons aussi comme partie de ces contradictions. Nous tentons donc de les thématiser et de les combattre également à l’intérieur de nos propres relations. Nous disons aussi: le but d’un mouvement de protestation n’est pas de plaire aux dominants et aux tenants du pouvoir. Nous ne nous laissons pas diviser entre “bon∙ne∙s“ et “mauvais∙es“, choisissons au contraire nous-mêmes les moyens de notre résistance. Les prochaines guerres sont actuellement en préparation, et les seules dénonciations verbales ne sufront pas à les empêcher. On peut critiquer de façon abstraite les conditions régnantes, mais les politiques bellicistes n’en continueront pas moins à se déployer. Si nous voulons stopper la machine de guerre, il faut nommer, bloquer et attaquer ses responsables, ses structures et ses logiques. La resistance mondiale est irresistible ! Pas de justice - Pas de paix ! Globalisons l’anticapitalisme contre la politique belliciste de l’OTAN ! Un autre monde est non seulement necessaire, mais aussi possible ! octobre 2002 Coordination anti-OMC, Suisse Bundesweite Antimilitaristische Koordination “ Krieg ist Frieden “ (KiF), BRD Infos sur les mobilisations de Davos et Evian: https://www.squat.net/contre-attaque [email protected] Infos sur les mobilisations de Munich: http://www.no-nato.de Appel commun contre le World Economic Forum a Davos du 23 au 28 janvier et la Conference de securite de l’oTAN a Munich du 7 au 9 fevrier 2003 Coordination anti-OMC, Suisse Bundesweite Antimilitaristische Koordination “Krieg ist Frieden“ (KiF), BRD Appel commun contre le World Economic Forum a Davos du 23 au 28 janvier et la Conference de securite de l’OTAN a Munich du 7 au 9 fevrier 2003 Quelle securite ? Contre la terreur de la guerre et du capitalisme l’Allemagne se donne ainsi au sein de l’UE les moyens nécessaires pour pouvoir aspirer au statut de grande puissance militaire. Contre le patriarcat et la militarisation de la societe Bye-bye! La militarisation de la société conduit toujours à un renforcement des rapports patriarcaux d’oppression: la logique patriarcale des guerres et des sociétés militarisées se retourne tout particulièrement contre les femmes et les enfants. C’est pourquoi notre politique anti-guerre doit faire une critique radicale des rapports entre la guerre et l’accroissement de la violence masculine contre les femmes et les enfants, ainsi que du lien entre la guerre et le viol, entre l’armée et la prostitution. Au cours de ces dernières années, le concept de “sécurité“ est devenu une notion de propagande centrale en politique, en économie et dans les médias. La stupeur qui a suivi les attaques du 11 septembre, avant tout dans les sociétés occidentales, a été utilisée pour mener de nouvelles guerres et, de manière interne, pour accroître la répression. La guerre US contre l’Afghanistan, l’intensication de la guerre civile colombienne, l’escalade dans la longue guerre d’occupation menée par Israël contre le peuple palestinien, ainsi que la présence des troupes US, de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN sur tous les continents représentent la version impérialiste de la “sécurité internationale“. Suite au 11 septembre, la propagande a également ancré la guerre à l’intérieur du monde soi-disant civilisé: ce ne sont pas seulement de nouvelles lois et de nouveaux services d’enquête qui doivent garantir plus de “sécurité“, mais aussi une nouvelle normalité de l’auto-contrôle et de la dénonciation. La “sécurité“ est la nouvelle grande promesse grâce à laquelle les autorités entendent s’assurer l’obéissance de la population dans les métropoles. Qu’un ministre de l’Intérieur de l’UE ou de la Suisse publie de nouvelles lois sur les étrangers/ères, que des partis mènent leurs campagnes électorales, que des Etats planient des guerres ou que les citoyen∙ne∙s soient censé∙e∙s aider la police - le maître-mot est “sécurité“. C’est ainsi que la “Conférence de la défense“ qui a lieu chaque année à Munich a été rebaptisée et se nomme aujourd’hui “Conférence de sécurité“. En 2003, elle aura lieu du 7 au 9 février, donc deux semaines après le World economic forum (WEF) qui se déroulera à Davos, dans les montagnes suisses, du 23 au 28 janvier. Horst Teltschik, organisateur de la conférence militaire munichoise, membre du conseil d’administration de la “Fondation Herbert Quandt“, émanation directe de BMW, et ancien conseiller du chancelier allemand, s’exprime en ces termes: “Le forum économique mondial de Davos est aux représentants de pointe de l’économie internationale ce que la conférence de sécurité de Munich est aux représentants de la communauté stratégique“. Dans le système patriarcal, les relations humaines et la séparation de la production et de la reproduction sont liées à la hiérarchie de genre. L’usage de la violence sexuelle des hommes utilisant leur corps pour soumettre les femmes en est l’expression la plus extrême. L’histoire de l’émergence des Etats-nations et leurs conquêtes coloniales sont indissociablement liées à la formation de “l’homme-soldat“. A l’époque du “patriarcat modernisé“, il n’y a pas besoin de critères d’exclusion biologiques - l’armée actuelle a intégré la présence de femmes -, tant que les critères d’identication rose ou bleu sont maintenus pour déterminer ce qui est socialement un homme ou ce qui est une femme. Sabotons les dénitions sexistes de genre, détruisons les différentes constructions de “l’homme-soldat“ ! 2 11 Bye-bye! Sans justice, pas de paix! La guerre est un état permanent de la société: presque tous les domaines de la vie sociale sont soumis à la logique de la militarisation. La guerre n’a pas lieu qu’à la télévision, mais aux frontières, dans les camps de réfugié∙e∙s, dans les régions infestées et empoisonnées de mines anti-personnelles. La guerre permanente ne connaît pas de limites spatiales et temporelles - ce n’est que de notre point de vue privilégié que la guerre est une circonstance exceptionnelle de l’exercice du pouvoir. Cependant, la globalisation capitaliste et la guerre qui l’accompagne rencontrent de plus en plus de résistance. En Bolivie, les hommes et les femmes luttent contre la privatisation de l’approvisionnement en eau potable; en Argentine, contre l’étranglement du pays par le FMI; des paysan∙ne∙s indien∙ne∙s se battent contre le brevetage de leurs semences par des multinationales agricoles comme Cargill ou Monsanto; et les manifestations organisées par les réseaux de base contre les sommets de Seattle, de Prague ou de Gênes, montrent que la résistance grandit également ici dans les métropoles. La mobilisation contre le G8 qui doit se tenir en juin 2003 à Evian, au bord du lac Léman, est également déjà en cours. C’est à la multipli- domaine biogénétique et nucléaire signient une insécurité encore accrue en ce qui concerne les conséquences de la croissance. Derrière d’alléchantes paroles de renouvellement, on ne trouve nalement que trop souvent le maintien des rapports de pouvoir existants. Les “stratégies d’intégration“ à l’encontre des mouvements sociaux, l’association d’ONG à des décisions de grande ampleur ne s’opposent pas à un “retour au statu quo“ dans d’autres domaines. Le but principal de cette intégration est la disparition d’une opposition manifeste. Derrière les prétentions au dialogue du WEF à Davos, se cache la tentative de camouer ses propres scandales et de faire passer à la trappe tout débat conséquent et substantiel en prônant une conance qui n’engage à rien. Nous n’entrerons pas en matière sur de telles stratégies d’intégration. Il n’y pas de discussion possible avec le pouvoir ! La “liberté“ et la “sécurité“ dont il est question lors de ces conférences de chefs de l’économie, d’hommes politiques et de généraux signient pour le monde entier la guerre, l’exploitation des personnes et de la nature, la domination des hommes sur les femmes, l’oppression raciste. Dans le monde entier ils organisent la “sécurité“ de leurs lieux de production, des échanges commerciaux, des ux de capitaux, de l’accès aux matières premières, et planient la poursuite de la “guerre permanente contre le terrorisme“. Depuis longtemps, les plans d’intervention militaires en Irak en vue d’une guerre sont discutés publiquement. Pour nous, la conférence militaire munichoise de l’OTAN et la conférence du WEF à Davos sont les deux faces d’une même médaille. C’est donc en commun que nous porterons la résistance internationale à la guerre et à la globalisation capitaliste dans les rues de Davos et de Munich. Bye-bye! Rivalites imperialistes et dynamique de guerre Davos Comme le montrent les divergences d’avant-guerre en Yougoslavie ou l’attitude relativement unilatérale des Etats-Unis dans sa planication d’une guerre offensive contre l’Irak, les Etats les plus puissants de ce monde n’agissent aucunement comme une entité soudée en matière d’organisation du contrôle et de l’exploitation. Leurs alliances sont traversées par de profondes fractures et concurrences, qui trouvent aussi leur expression dans les guerres par procuration (par exemple au Rwanda ou au Congo entre les USA et la France, ou lors des guerres dans les Balkans), dans les guerres commerciales ou dans l’actuel conit au sujet du Tribunal Pénal International (TPI). Les réticences de certains Etats européens face à une attaque contre l’Irak n’ont de fait rien à voir avec leur apparent amour de la paix, mais plutôt avec des intérêts économiques et des conceptions divergentes du nouvel ordre au Proche-Orient. Le forum économique mondial (World Economic Forum - WEF) est une institution privée dont le siège est à Genève. En font partie les 1000 plus grosses entreprises économiques privées du monde. Pour pouvoir en être membre, il faut pouvoir justier d’un chiffre d’affaires d’au moins un milliard de dollars. Bien que les Etats-Unis préfèrent sous l’administration Bush des méthodes (militaires) plus dures en matière de “sécurité“ internationale, tandis que l’Union européenne essaie de faire croire qu’elle défend les droits humains, leurs buts demeurent identiques: s’assurer les morceaux de choix dans la lutte pour les débouchés commerciaux et le contrôle des matières premières. Au vu de la mise sur pied rapide d’une armée d’intervention au niveau de l’UE, il apparaît que ces différences actuelles sont plus conditionnées par la capacité encore réduite de l’UE à une action militaire efcace que par de réels scrupules fondamentaux: les 60’000 soldats des troupes d’intervention de l’UE devraient être opérationnels dès 2003, de manière à pouvoir être engagés en un laps de 60 jours dans un rayon de 4000 kilomètres autour de l’UE. Les rapports de pouvoir au sein de cette armée d’intervention se dessinent clairement: elle est sous la direction d’un général allemand, son plus gros contingent est fourni par l’Allemagne. Treize ans après l’annexion de la RDA, Depuis sa création en 1971 par Klaus Schwab, alors professeur d’économie novice à Lausanne, le WEF s’est développé. De simple séminaire de management, il est devenu l’un des forums et des réseaux les plus renommés pour imposer à l’échelle mondiale le système basé sur la domination de l’économie de marché. Dans le passé, les rencontres organisées par le WEF ont par exemple initié le lancement de l’Uruguay Rund du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade), d’où est née l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ou encore rendu possibles des discussions préliminaires en vue de créer la NAFTA (North American Free Trade Association). Ce sont les pierres angulaires dans le processus global de libéralisation, lequel assure et facilite sans cesse de nouveaux débouchés économiques aux entreprises transnationales. La rencontre annuelle du WEF a traditionnellement lieu n janvier à Davos. Il s’agit de la plus grosse rencontre de l’élite de la planète initiée de façon privée. A côté de ça, le WEF met sur pied des rencontres régionales sur tous les continents, par exemple le forum économique européen de Salzbourg. Aux côtés des 1000 chefs d’entreprises invités au sommet de Davos en tant que représentants des entreprises membres du forum, on trouve aussi un certain nombre de politiciens de haut rang, de scientiques, de rédacteurs en chef des plus gros conglomérats de médias, ainsi que quelques rares représentants de la “société civile“ (syndicats, ONG,…) triés sur le volet. L’élite globale se compose quasi exclusivement d’hommes; la participation de femmes se situe bien en dessous de 10%. L’invitation est délivrée personnellement et n’est 10 3 pas automatiquement renouvelée d’année en année. Ce mode d’invitation renforce le caractère d’exclusivité et donne aux invités le sentiment agréable d’appartenir au cercle des global leaders. Les invités sont parfois membres des différents clubs auxquels le WEF a donné naissance: par exemple le club des “Global Leaders of Tomorrow“, le “World Media Leaders“ ou le club des “Industry Governors“ (capitaines d’industrie). La structure de club et le cadre informel des rencontres au Forum sont des conditions idéales pour développer des structures de loyauté entre l’économie, l’Etat et les soi-disant “acteursclé de la société civile“. Durant les cinq dernières années, le WEF a rencontré une résistance et des critiques grandissantes. Les autorités ont jusque-là réagi en interdisant toutes les manifestations à Davos et en bouclant totalement le village de montagne. Malgré cela, les manifestations contre le WEF sont devenues chaque année plus importantes et plus larges en Suisse. C’est pourquoi Klaus Schwab dut déplacer en dernière minute l’édition 2002 à New York. Les autorité ne pouvaient pas organiser sufsamment de forces de police pour garantir la sécurité des participants. matières premières et nouveaux contrats pour l’industrie d’armement par le biais de la reconstruction d’un pays ravagé. La soif accrue d’exploitation ne connaît plus de limites. On planie ouvertement la prochaine guerre offensive contre l’Irak, de manière visible pour tout un chacun∙e. Le Proche - et le Moyen-Orient sont depuis trois décennies dans la ligne de mire de l’agression impérialiste en raison de leurs réserves de pétrole et de gaz. La prochaine étape de la “guerre contre le terrorisme“ se déroule dans cette région, centrale sur le plan géostratégique: on prépare et on discute ouvertement depuis n 2001 d’une frappe militaire contre l’Irak impliquant 150’000 soldats US (éventuellement avec l’usage d’armes nucléaires tactiques). Jusqu’à présent ce projet ne rencontre pas d’opposition notoire dans les sociétés des Etats occidentaux. Repression et integration comme gestion interne des crises Munich An de maintenir l’exploitation capitaliste dans les sociétés occidentales, des stratégies d’endiguement et d’intégration sont également mises en œuvre. En particulier les sociales-démocraties européennes et d’autres secteurs de la “gauche réformiste“ sont eux-mêmes partie prenante d’une politique conservatrice, en impulsant une transformation néo-libérale des sociétés ou en entretenant l’illusion du keynésianisme. Avec une politique de type “nous sommes tous citoyen∙ne∙s“, ils/elles ont depuis longtemps abandonné l’aspiration au changement, et cherchent en lieu et place à nous faire passer leurs guerres et leurs démantèlements sociaux comme un “capitalisme à visage humain“. Le fond de la question ne relève pas d’une critique tactique contre la guerre en Irak ou de quelques phrases écologiques ou sociales, mais de l’attitude fondamentale envers les interventions militaires, de la guerre quotidienne contre les réfugié∙e∙s, de la répression accrue contre ses propres populations et de la poursuite de l’exploitation. Dans cette perspective, la sociale-démocratie reste un parti belliciste. C’est pourquoi nous rejetons tout autant le concept “de société civile européenne“ comme alternative à un impérialisme américain présenté comme plus agressif. C’est en février qu’a lieu comme chaque année la “Conférence munichoise pour une politique de sécurité“ (autrefois conférence pour la défense), rencontre de représentants d’Etats membres de l’OTAN et de 200 éminents hauts stratèges militaires, de généraux et d’experts en armement. Les représentants de l’UE et de l’OTAN ci-rassemblés, les ministres de la guerre et des affaires étrangères des Etats-Unis, de l’Allemagne et des autres Etats de l’Union européenne, veulent faire gober au public que le but de cette conférence est de maintenir la paix dans le monde et la sécurité internationale. Dans les faits, c’est l’inverse qui se produit: ils planient la prochaine guerre ! Derrière Le concept de “croissance soutenable“, terme devenu à la mode ces dernières années, est présenté comme une variante raisonnable et contrôlée du capitalisme. Nombre d’ONG autrefois critiques s’associent à la réorganisation de la production capitaliste sous la bannière de ce mot d’ordre sacré. Mais tout attachement à la perspective de croissance mène tout droit à la catastrophe écologique, et tout ordre capitaliste est synonyme d’exploitation. Le concept de “développement durable“ n’est pas un gage d’avenir meilleur, mais une sinistre stratégie pour une exploitation durable. Contrairement à toutes les promesses de soutenabilité, les prétendues nouvelles technologies dans le 4 9 L’édition 2003 est donc censée se dérouler de nouveau à Davos du 23 au 28 janvier, sous le mot d’ordre “construire la conance“. Le WEF cherche à gagner la conance en améliorant sa politique d’information et de communication. A cette n, le WEF organise des débats publics en dehors du centre des congrès de Davos, débats censés être accessibles à toute personne intéressée. S’alignant sur cette logique, les autorités de Davos ont fait part de leur disposition à autoriser la manif pour la première fois. ”L’Alliance d’Olten“, un regroupement large d’organisations et de groupes de gauche, appelle à des manifestations et à des actions contre le WEF. La plate-forme commune de l’Alliance exige entre autres la dissolution du Forum et se refuse à un “dialogue“ qui ne servirait purement qu’à améliorer l’image du WEF. L’Alliance d’Olten mobilise pour une grande manifestation le 25 janvier 2003 à Davos. La guerre globale comme management international des crises Bye-bye! Ces dernières années, le paradigme de la globalisation capitaliste s’est déplacé: alors que durant les années 80 et le début des années 90, la stratégie de base était la dérégulation, causant la dissolution partielle des structures d’Etat dans les pays du Tiers-Monde et la poursuite du démantèlement des systèmes étatiques de sécurité sociale dans les pays industrialisés, la poursuite de cette déréglementation a rendu nécessaires de nouvelles formes de régulation. Tandis que la dérégulation économique progresse, on assiste parallèlement depuis des années à la mise en place d’une régulation militaro-policière. La “globalisation politique“ ne signie rien d’autre que la militarisation de la politique sociale pour gérer les crises de l’exploitation. La ligne de démarcation entre guerre et paix s’estompe de plus en plus: sous prétexte de “guerre permanente contre le terrorisme“, la présence militaropolicière et les interventions militaires se fondent en un système exible de contrôle. L’état d’exception permanent et la guerre deviennent l’illusion de paix perpétuelle. La constitution de protectorats et leur sécurisation militaire, comme en Kosovë ou en Bosnie, est la parfaite illustration de ce système exible de contrôle, tout comme l’élargissement des alliances guerrières. L’exemple de l’intégration planiée des pays de l’Est dans l’OTAN implique la colonisation impérialiste de toute une région par l’intégration de ses structures militaires. On décrète “fortement instable“ la situation politique intérieure des pays dits “Balkans eurasiens“ - Afghanistan, Géorgie, Kazakhstan et autres pays de l’ex-URSS - où reposent d’énormes stocks de pétrole, de gaz naturel et d’autres matières premières. C’est également dans cette région que se dessinent les futures voies de transit entre les zones frontières occidentales et orientales de l’Eurasie. Cette région constitue donc un enjeu politique et économique immense en regard des intérêts matériels et des besoins sécuritaires dénis par les Etats membres de l’OTAN. C’est pourquoi l’expansion de l’OTAN vers l’est constitue une étape importante pour d’autres interventions en Asie centrale. Au vu de possibles nouvelles constellations de pouvoir et d’alliances (par exemple l’axe Russie, Chine, Inde) et de la situation géostratégique sensible de cette région, l’Occident ne veut pas laisser passer l’occasion de dominer le front ouest-eurasien. La misère actuelle en Afghanistan est le résultat de 20 ans “d’aide au développement“ militaire au prot d’une succession de factions guerrières. Les interventions militaires des pays de l’OTAN sont le parfait complément de la logique des guerres par procuration et de la déstabilisation. Chaque guerre ouvre de nouveaux potentiels d’exploitation selon le principe cynique de la “destruction créatrice”: nouvelles mainmises sur des populations et des 8 les portes verrouillées de l’hôtel de luxe “Bayerischer Hof“, bien à l’abri du public, ils projettent de nouveaux plans et scénarios de guerre dans le monde entier. L’Alliance contre l’OTAN mobilise aussi en 2003 pour Munich. Cette securite qui garantit l’exploitation globale Le quotidien de nombreuses personnes est depuis longtemps déjà caractérisé par un démantèlement massif de la sécurité sociale, même en Europe de l’ouest: coupes dans les budgets sociaux, privatisation du système de santé, des retraites et de la formation, ainsi que de l’espace public. C’est l’ensemble de la vie sociale qui devient marchandise. Une existence sûre n’est plus qu’à la portée d’un nombre toujours plus restreint de personnes, en fonction de critères renforcés d’exclusions raciste et sexiste. La sécurité matérielle est de plus en plus privatisée et reléguée au rayon de la responsabilité individuelle. Tant au niveau local que global, cela engendre désolidarisation et atomisation, accentuant ainsi la compétition entre individu∙e∙s et menant souvent à une défense raciste des privilèges. La détresse psychique touche également de plus en plus de gens. Celle ou celui qui reste sur le carreau n’a simplement “pas eu de chance“. Pourtant ces logiques de concurrence et d’impuissance ne sont pas une fatalité. Il ne tient qu’à nous de développer des perspectives collectives de résistance et de solidarité. Dans un contexte où les Etats mettent à mal les acquis sociaux au nom de la globalisation capitaliste, l’élite promet la “sécurité“ pour tou∙te∙s à travers toujours plus de police et de militarisation. Cette promesse de sécurité crée une identité par le biais de la construction d’ennemis. Elle conduit à une solidarisation avec le système du prot et des puissants de ce monde, ainsi qu’à une large acceptation des guerres globales et des restrictions massives des libertés individuelles. Bye-bye! La construction d’ennemis sociaux et politiques Le discours sécuritaire régnant opère un tri entre les personnes et les catégorise selon des critères de rentabilité, ce qui est particulièrement manifeste dans les politiques des Etats européens en matière de réfugié∙e∙s et de migrations. Les réfugié∙e∙s et les migrant∙e∙s sont instrumentalisé∙e∙s à des ns électorales racistes et sont comparé∙e∙s tour à tour à des “criminel∙le∙s“, à des “illégaux/ gales“, à des “traquant∙e∙s“ ou à des “terroristes“ potentiel∙le∙s. La “ sécurité“ de l’Europe est censée passer par de nouveaux centres de rétention, l’abolition du droit d’asile ou le système d’information Schengen (SIS), qui doivent mener à l’expulsion accélérée des demandeurs/euses d’asile vers la faim, la misère, la torture et les persécutions. Au sommet de l’UE à Séville, les gouvernements ont ouvertement déclaré la guerre à l’immigration illégale. 5 Cela fait longtemps qu’armée et contrôle migratoire ne font plus qu’un. Sous peu, plusieurs Etats de l’UE feront recours à des avions de l’armée pour des expulsions de masse. Lors de conits armés internationaux, comme en Kosovë ou en Afghanistan, les réfugié∙e∙s de guerre sont bloqué∙e∙s “près de leur pays natal“ dans d’immenses camps de réfugié∙e∙s an de les empêcher de rejoindre les pays riches. La mobilité des réfugié∙e∙s et des migrant∙e∙s que le colonialisme et le capitalisme ont privé∙e∙s de moyens de subsistance doit tout au moins être contrôlée. Ne pouvant être totalement empêchées, les migrations doivent servir les intérêts économiques en fournissant une main d’oeuvre exible, disponible et sans droits. D’ores et déjà des milliers de réfugié∙e∙s ont perdu la vie aux portes de la forteresse Europe. Mais la désignation d’ennemis sociaux au travers de la lutte sécuritaire touche non seulement les réfugié∙e∙s et les migrant∙e∙s, mais tou∙te∙s celles et ceux pour lesquel∙le∙s il n’y a pas de place dans un société qui trie les individu∙e∙s exclusivement en fonction de leur rendement. Consommateurs/trices de drogues, sans-abris, petits délinquant∙e∙s, jeunes et pauvres rebelles sont toutes et tous désigné∙e∙s comme “facteurs à risque“. Aujourd’hui, de larges secteurs des centres villes sont surveillés par des caméras et déclarés zones interdites pour toutes celles et ceux qui ne s’y rendent pas pour travailler ou pour consommer. Moins les riches et les puissants pacient les contradictions sociales en recourant à l’Etat social, plus le luxe et les promesses d’une consommation à laquelle de moins en moins de personnes peuvent accéder sont étalées de manière offensive, et plus règne la matraque policière. En s’armant contre les ennemis intérieurs, il s’agit nalement de combattre et de lutter préventivement contre les protestations et les résistances sociales. Avec le paquet anti-terroriste des Etats de l’UE, des actions comme des occupations, des blocus ou du sabotage, faisant partie depuis des décennies du répertoire principal des mouvements sociaux, sont amenées à l’avenir à être poursuivies comme des “actions terroristes“. Sur la liste des “organisations terroristes“ de l’UE nous trouvons également les collectifs de soutien aux prisonniers politiques du Pays-Basque, des organisations kurdes et turques ou la guérilla colombienne FARC. La terreur policière de Göteborg et de Gênes, les restrictions de la liberté de mouvement et de manifestation à Davos et à Munich ont donné un avant-goût de la manière dont les dominants ont l’intention en Europe de traiter à l’avenir les résistances visibles à la globalisation capitaliste. 6 Bye-bye! L’insecurite mondiale Il est cynique ou naïf de prétendre que le système économique capitaliste rendrait le monde plus sûr. C’est l’opposé qui se produit. Le marché mondial crée uniquement de la sécurité et de la stabilité économique pour ceux qui, dans ce système de maximisation des prots, deviennent de plus en plus riches. La majorité des gens est larguée en chemin. En 1989, l’écroulement du bloc de l’Est a été célébré comme “la n de l’histoire“. Un âge de paix et de bien-être a été annoncé - c’est le contraire qui s’est produit. “Le nouvel ordre mondial“ proclamé en 1990 par les leaders du monde occidental a apporté tout sauf la paix et la sécurité à l’humanité. Des millions de personnes meurent de faim et de maladies curables. Sur tous les continents la guerre fait rage. La nouvelle égalité globale des chances annoncée par les idéologues du libre marché revient à ce qu’aujourd’hui il y ait à nouveau des sweatshops à Londres, alors que dans le même temps existent à Rio de Janeiro des îlots de richesses entourés de pauvreté massive, protégés par des ls de fer barbelé et des gardes armés. L’exploitation des travailleuses et travailleurs sans droits dans les zones de libre-échange que sont les maquilladoras malfamées n’est pas l’apanage du tiers monde. Dans les pays riches, l’idée du pillage sans limite fait également son chemin. Il n’est pas surprenant que les remèdes-miracles néo-libéraux du FMI et de la Banque mondiale, tels la privatisation d’équipements publics (transports publics, éducation, eau, poste, télécommunications, etc.), les mesures d’ajustement structurel et les exportations à tout prix reposent avant tout sur la destruction d’infrastructures sociales essentielles. Cette terreur du marché mondial affecte en premier lieu les femmes qui, pour assurer l’avenir de leurs enfants et de leurs familles, doivent s’accommoder du manque de ressources essentielles. De telles situations engendrent souvent une résistance massive et ne peuvent être imposées que par la force. En Europe aussi, les grèves et les luttes liées au travail répondent de plus en plus souvent au démantèlement social. En Colombie, l’armée, les forces paramilitaires et des troupes de mercenaires mènent une guerre sanglante contre les populations et les mouvements sociaux. Dans beaucoup de pays africains, les anciens pouvoirs coloniaux, tout en parlant “de démocratisation“, s’appuient toujours sur des dictatures corrompues, garantes de l’exploitation néo-coloniale. 7