Journée Nationale du Souvenir de la Déportation

Transcription

Journée Nationale du Souvenir de la Déportation
Journée Nationale
du Souvenir de la Déportation
Dimanche 24 avril 2016, monument aux morts
Discours de Frédéric VIGOUROUX
Maire de Miramas, Conseiller Départemental
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités civiles, militaires et des
corps constitués,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les anciens déportés et parents d’anciens déportés,
Mesdames et Messieurs les Présidents, Administrateurs et Porte-drapeaux
d’Associations Patriotiques et de Défense de la Mémoire de la déportation,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
En cette même journée du 24 avril, Miramas célèbre deux grands évènements, à
forte portée symbolique.
D’une part, la commémoration du souvenir de la déportation,
-
qui rappelle à tous jusqu’à quelle horreur peut conduire la peur de l’autre, le
rejet des différences, la désignation de boucs émissaires ;
-
qui impose à tous de s’interroger sur les mécanismes pervers qui ont conduit
au meurtre de millions de victimes innocentes ;
-
qui interpelle chacun par la crainte que l’horreur ne revienne frapper à nos
portes.
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De l’autre, notre fête Provençale, Racino e Jitello, qui exalte les valeurs de
notre Provence : respect, honneur, ouverture, esprit libre, partage et solidarité,
construction en commun…
Rencontre de deux évènements qui se parlent, par les hasards du calendrier ou par
un signe du destin.
D’un côté, la déportation, si triste et désespérante, dont on sait qu’elle pourrait
encore survenir demain.
L’actualité vient nous le rappeler, avec la récente condamnation, par le Tribunal
Pénal International, de Radovan Karadzic, ancien président des Serbes de Bosnie et
reconnu coupable de génocide.
De l’autre côté, un événement porteur de chaleur et d’espérance, dont nous faisons
vivre et dont nous diffusons l’esprit de convivialité et d’amour entre les humains.
Ce n’est pas juste un événement sans fondements autres qu’une volonté festive.
C’est le rappel important - et chacun doit l’entendre - que notre tradition
Provençale, si riche, n’est jamais porteuse d’opposition, de rejet, de sectarisme.
Cette tradition, séculaire, immortelle, appelle toujours, à la rencontre et à la
défense des différences.
N’oubliez jamais que nos fêtes votives, les « votes » comme elles s’appellent aussi,
si particulières à la Provence, attiraient dans chaque ville et village toute la jeunesse
des communes voisines.
Ces jeunes venaient se confronter amicalement dans des joutes sportives et ludiques
avant de se rassembler au soir pour partager le balèti.
Esprit de vie contre esprit de mort.
Symbole de rassemblement fructueux contre symbole d’ostracisme destructeur.
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Célébration de l’amitié fraternelle contre célébration de la haine de l’autre.
La main tendue qui invite contre les doigts tendus qui insultent.
Le calendrier nous fait donc un vrai cadeau en rassemblant aujourd’hui ces deux
événements.
Une manifestation porteuse de traditions et de valeurs - par son objet, par ses
participants - répond avec puissance aux barbares abjects.
Elle répond à ceux qui ont rendu possible, qui rendent encore possible,
d’inimaginables et pourtant bien réelles déportations, de bien réels génocides et leur
cortège d’humiliations, de souffrance et de meurtres.
C’est en quelque sorte la Provence de toujours, celle d’hier, d’aujourd’hui et de
demain, qui se dresse avec une tranquille et joyeuse détermination pour dire
Non à la barbarie ; Oui à la vie.
C’est la Provence lumineuse qui fait fuir les ténèbres.
C’est la Provence, ronde et généreuse, consensuelle car bigarrée, qui a toujours fait
et fera toujours barrage aux extrémistes, aux racistes, aux oppresseurs.
Rassemblés ce matin face à nos morts, en tête la blessure indélébile du souvenir de
la déportation et des horreurs du nazisme, nous réchauffons nos cœurs au foyer de
« Racino e Jitello ».
Dans un très beau texte que j’ai lu hier soir, les principales associations de déportés
et résistants soulignent que c’’est « l’éducation aux valeurs civilisatrices de paix et
d’humanité, l’enseignement de la morale, de l’engagement et du devoir civique qui
constituent les plus belles promesses d’avenir pour la France et dans le monde ».
« Racuno et Jitello » nous raconte ainsi chaque année l’histoire d’une tradition qui
arme notre jeunesse de valeurs fondatrices pour en faire des citoyens debout et
résistants.
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Elle raconte notre Provence, terre de résistance aux oppressions, qui a fait naître la
« Marseillaise », fière et forte de son histoire et de ses perspectives d’avenir, rempart
incontournable contre les sauvageries et les asservissements.
Elle raconte notre Provence, terre toujours rebelle à l’oppression, dont Frédéric
Mistral nous invitait à chanter « la gloire de nos pères, qui dans l'histoire ont fait leur
trou et qui toujours - nous disent les livres - sont restés libres comme la mer et le
mistral. ».
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Elle raconte notre Provence - fille aînée de la République et en même temps ardente
gardienne de ses différences - qui sait, mieux que quiconque, la valeur de la liberté,
de l’égalité, de la fraternité pour que chacun puisse vivre comme il l’entend.
Nous sommes les gardians de cette tradition.
Ici, nous ne serons jamais complices d’aucune dérive qui permettrait de revivre la
souillure de la barbarie.
Ici, nous garderons toujours vaillante la flamme du souvenir des victimes innocentes
d’oppresseurs de tous genres.
Aujourd’hui, la France, la Provence, dont Miramas est partie intégrante :
-
honorent avec solennité les déportés d’hier,
-
honorent avec émotion toutes les victimes du terrorisme, comme celles de
Paris, de Bruxelles, de Lahoré ou de Grand-Bassam, et ceux qui fuient la
barbarie,
-
honorent avec respect ceux qui, comme nos policiers et nos soldats, se
battent contre tous les extrémismes.
Je vous invite à observer une minute de silence en hommage à ceux qui combattent
ou qui meurent au nom de la liberté.
Vive la République, vive la France, vive Miramas.