un médiateur en action - CFE-CGC
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un médiateur en action - CFE-CGC
Le ACTUALITÉ syndical DOSSIER SYNDICAT LE SAVIEZ-VOUS ? UN MÉDIATEUR PÔLE EMPL I EN ACTION P Pôle emploi, issu de la fusion entre l’ANPE et les ASSEDIC, est depuis 2010 « l’opérateur du service public au service de l’emploi ». Ses 50 000 salariés traitent six millions de dossiers par an pour aider tous ceux qui recherchent un emploi et conseiller les entreprises. Comme avec beaucoup d’entreprises de cette envergure (SNCF, GDF, ministère des Finances…), un médiateur national, nommé par le gouvernement, traite les réclamations individuelles des clients et propose des améliorations de fonctionnement. Depuis juillet 2010, Jean-Louis Walter, ancien secrétaire général de la CFECGC, en assure la responsabilité. JEAN-LOUIS WALTER ET MARIE-FRANÇOISE LEFLON Encadrement magazine : Six millions de dossiers traités par an, dans un contexte de relance du chômage, cela entraîne-t-il beaucoup de réclamations de la part des usagers ? Jean-Louis Walter : En 2010, 300 000 réclamations, dont 15 240 dossiers légitimes, ont fait l’objet d’un examen par les médiateurs. La moitié de ces dossiers traitait de questions d’indemnisation (contestations, compréhension du mode de calcul…). Médiateur national, je suis entouré de 52 collaborateurs, dont 26 médiateurs régionaux, pour répondre à ces requêtes. Dans notre société, très individualiste, « répondre » à une juste réclamation a son importance : j’ai trop souvent constaté que les administrations, les services, avaient tendance à considérer que EM 186 - janvier/février 2012 6 le client avait tort a priori. De par sa nature, Pôle emploi a vocation à écouter ses clients (entreprises, demandeurs d’emploi, partenaires). Une démarche que nous partageons avec le Défenseur des droits, cette autre institution qui veille à la défense des droits du citoyen et avec qui nous correspondons régulièrement. Globalement, 42 % des saisines du médiateur ont reçu totalement ou partiellement une réponse positive de Pôle emploi. Marie-Françoise Leflon est secrétaire nationale CFE-CGC à l’Emploi et présidente de l’APEC. Elle partage les observations de Jean-Louis Walter sur Pôle emploi : « c’est le « nœud » à partir duquel émergent tous les services dédiés à l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi ou en difficulté professionnelle. L’Association pour l’emploi des cadres, comme d’autres, gravite autour de ce nœud comme un élément complémentaire indispensable à l’action en faveur des salariés, les aidant à progresser tout au long de leur carrière ». Ma mission ne s’arrête pas là. Elle est aussi liée à mes observations sur le fonctionnement de Pôle emploi. Je me déplace énormément dans les départements, je vis le quotidien des agences locales. Mon rôle est de faire des préconisations d’améliorations du service aux demandeurs d’emplois. EM : Pôle emploi n’a pas toujours une bonne image en termes d’efficacité… J.-L.W. : Si Pôle emploi ne traite « que » 20 % du marché de l’emploi, nous avons affaire aux cas les plus difficiles. Je ne cesse d’observer des situations invraisemblables : les sollicitations de personnes en grandes difficultés d’insertion, désespérément à la recherche d’un travail, sont fréquentes ! La population qui s’adresse à nous est de plus en plus fragile. Nous devons faire très attention à tous les effets d’annonces intempestifs : quand tel responsable gouvernemental promet de « s’occuper » des chômeurs de longue durée (900 000 personnes !), par exemple, Pôle emploi est aussitôt sollicité par tous ceux qui prennent cette promesse pour une offre de travail en bonne et due forme. EM : Comment le médiateur peut-il améliorer les choses ? J . - L . W. : Mes préconisations s’orientent dans trois axes : améliorations internes, propositions aux partenaires sociaux et aux services de l’État. En interne, j’incite à une simplification des démarches, notamment dans les courriers adressés par Pôle emploi à ses clients. J’implique le comité de liaison des chômeurs pour traiter des dysfonctionnements. Avec les partenaires sociaux, nous suivons de près l’application de la convention : d’une durée de trois ans, elle nécessite parfois des ajustements notamment dans ses aspects réglementaires ou de mise en cohérence fonctionnelle. Quant aux directives de l’État, elles peuvent se montrer, après coup, contreproductives, comme les aides au retour à l’emploi. Mon rôle est d’aider à redresser la barre. Outre l’amélioration continue du service à l’emploi, mon objectif est de professionnaliser le métier de médiateur. Il correspond à un véritable savoir-faire qui mérite d’être inscrit dans les évolutions de carrières des salariés de l’entreprise Pôle emploi. EM : L’ancien militant CFE-CGC que vous êtes se retrouve-t-il dans cette mission ? J.-L.W. : Mon parcours récent est lié aux compétences acquises grâce au syndicalisme. Je ne cesse de le rappeler aux jeunes adhérents de la CFE-CGC : un bon syndicaliste est un bon professionnel. Quant à mon métier d’aujourd’hui, il est la continuité de ce qu’est un syndicaliste : un médiateur ! ■ EN BREF ! Les PME pas chaudes sur l’apprentissage Quatre patrons de PME sur dix ont l’intention d’avoir moins recours à l’apprentissage cette année, indique une étude Ipsos pour les Apprentis d’Auteuil. À peu près autant (43 %, au lieu de 40 %) n’y auront « ni plus, ni moins, recours », selon ce baromètre établi après un sondage par téléphone de 301 dirigeants de PME entre le 28 novembre et le 7 décembre. Ces chiffres vont à contre-courant de la volonté de développement de l’alternance, souhaité par les partenaires sociaux. Le gouvernement, de son côté, vise 800 000 jeunes en alternance d’ici à 2015, contre quelque 400 000 en apprentissage et 200 000 autres environ en contrats de professionnalisation, selon le ministère de l’Emploi. L’an dernier, l’obligation pour les entreprises de plus de 250 salariés de porter de 3 à 4 % le quota des « alternants » a été consacrée. Et la loi sur « le développement de l’alternance et la sécurisation des parcours professionnels », abaissant l’âge des jeunes entrant en apprentissage, est entrée en vigueur. Pôle emploi meilleur que les prestataires privés ? Les chômeurs les plus éloignés de l’emploi accompagnés par Pôle emploi sont plus nombreux à avoir trouvé un travail huit mois plus tard, que ceux aidés par des prestataires privés, selon une enquête Pôle emploi-ministère de l’Emploi. 43 % des bénéficiaires en 2009 et 2010 de la prestation « Cap vers l’entreprise » (CVE) mise sur pied par l’opérateur public étaient employés ou avaient créé leur entreprise huit mois plus tard, contre seulement 38 % parmi ceux ayant bénéficié de la prestation « Trajectoire emploi » mise en oeuvre par des opérateurs privés de placement (OPP) auxquels Pôle emploi a eu recours. Mais l’étude note qu’une différence de profil « pourrait expliquer une partie de l’écart », les demandeurs d’emploi accompagnés par les opérateurs privés ayant des niveaux de formation plus faibles, ou ayant été plus souvent ou plus longtemps au chômage. Plus de 180.000 demandeurs d’emploi ont été orientés vers le privé entre septembre 2009 et juin 2011 et 49 000 vers des CVE. 7 EM 186 - janvier/février 2012