la lettr e des - Groupe 25 Images

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la lettr e des - Groupe 25 Images
René Char, dans Recherche de la base et du sommet.
L'essentiel est sans cesse menacé
par l'insignifiant… Sommaire janvier 2014
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Groupe 25 Images
A ssociation
n°31
la lettre des
Réalisateurs
de
R éalisateurs
de films de télévision
147 rue Blomet - 75015 Paris
[email protected]
Tél : 01 42 50 64 30
www.groupe25images.fr
Les réalisatrices au ministère
Sandrine Ray
Edito - Serrons les rangs
Christophe Andréi, Frédéric Tellier
4
Billets d'humeur
6
Billets d'humeur
7
Scénaristes - Réalisateurs,- Travailler ensemble
8
Entretien avec Claire de La Rochefoucauld
20
Les Diversités de la fiction
24
Notre petite librairie
25
Miaa
26
Entretien avec Hervé Brami
33
Le B.O. Concert
34
L'avenir du régime des intermittents
36
Pas de place pour les jeunes femmes
38
Vous avez bien un projet ?
40
Sorties - Formation 25 Images
Les J.N.E
Christophe Andréi
Adeline Darraux
Dominique Attal, Dominique Baron, Sandrine Ray
Dominique Baron
Dominique Baron
Dominique Bouilleret
Christophe Andréi, Pierre-François Brodin, Adeline Darraux
Les Dominique
Le bureau
Lou Jeunet
Al Coutelis
Rédacteurs en chef
Christophe Andréi, Dominique Attal, Dominique Baron
Ont particulièrement participé à ce numéro
Gilles Abrant, Christophe Andréi, Dominique Attal,
Dominique Baron, Dominique Bouilleret, Hervé Brami,
Pierre-François Brodin, le Bureau, Al Coutelis, Adeline Darraux,
Lise Delahaut, William Gotesman, Lou Jeunet, les J.N.E.
Claire de La Rochefoucauld, Yan Le Pon,Sandrine Ray, Frédéric Tellier
Miaa
Notre Petite Librairie
Dominique Bouilleret, directeur de la photographie
Président de Miaa
Dominique Baron
Se distraire à en mourir
un livre de Neil Postman (éditions Pluriel)
préface de Michel Rocard
«Actuellement, on fait tout pour les handicapés.
Regardez les salles de cinéma, elles ont été rendues
accessibles aux handicapés physiques… et la
télévision est de plus en plus accessible aux handicapés
mentaux !»… Patrick Timsit dans son One Man Standup Show.
Ce coup de griffe humoristique pointe certaines
dérives de la télévision privée ou de la TNT,
qui alimentent une insignifiance enchaînée à
l’audience, quand France Télévisions
et Arte tentent en vain d’imposer un
baromètre qualitatif face au monopole
dérangeant du Mediamat.
Dans Le Meilleur des mondes, en 1932,
Aldous Huxley évoquait le risque réel
qu’un jour plus personne n’aurait
envie de lire des livres… De son côté,
George Orwell, dans son célèbre 1984
(1949), se disait sûr que des dictateurs
interdiraient les livres et priveraient
totalement les peuples d’information.
À l’opposé, Huxley nous imaginait
submergés d’actualités, au point d’être
réduits à la passivité. Orwell craignait
que notre culture puisse être bâillonnée
mais Huxley redoutait surtout qu’elle
atteigne un degré d’insignifiance
que l’éducation scolaire ne pourrait
plus compenser. Et il avait déjà le pressentiment
que les humains en viendraient un jour à adorer
les technologies qui détruisent sournoisement leur
capacité de penser.
Ces deux théories divergentes de Huxley et Orwell
sont le fondement d’un livre noir brillant où tout est
déjà exprimé dans le titre : Se distraire à en mourir,
de Neil Postman, sociologue new-yorkais, chercheur
en culture et communication. Dans une préface
remarquable, Michel Rocard présente comme une
œuvre majeure ce livre dont il a longtemps réclamé
la traduction.
Nés pour se parler entre eux, les humains dialoguent
avec des écrans, résume l’auteur, décédé trop tôt
en 2003 pour ajouter à son livre le sombre chapitre
des dérives de la téléréalité et des réseaux dits
« sociaux », « ce gigantesque bistrot global 2.0 qui
lance les rumeurs les plus alcoolisées », comme l’a
exprimé Caroline Fourest sur France Culture…
L’étude de Neil Postman insiste sur le fait que les
médias se préoccupent de moins en moins de la qualité
des contenus qu’ils transmettent, pour ne privilégier
que la forme et la notoriété de cette transmission, en
recherchant l’audience par le choc émotionnel ou le
divertissement. Il écrit : « La construction de l’espace
public démocratique fut toujours liée
à la diffusion de la culture par l’écrit.
Mais la concurrence du divertissement
audiovisuel ruine peu à peu cet espace
de partage et de discussion au profit
d’un monde sans ambition voué à
la distraction et à l’ego. L’enfance
rivée aux écrans perd sa liberté et les
adultes sont traités comme des enfants
à divertir». Dans Between Past and
Future, en 1968, l’immense Hannah
Arendt éprouvait la même crainte que
le mot divertissement puisse un jour
remplacer le mot culture.
Inquiet comme elle, Neil Postman
tente de rester constructif : « Nous
en sommes à chercher comment
utiliser la télévision et l’ordinateur pour
contrôler l’éducation. Mais il serait plus
sage de nous demander comment utiliser l’éducation
pour contrôler la télévision et l’ordinateur. » Bien
géré, Internet pourrait devenir un vaccin contre le
monolithisme des médias.
Auteur ou éducateur inquiet, rédac chef du déluge
d’infos TNT, fan de téléréalité, égotiste de Facebook,
producteur de flux, chroniqueur médias péremptoire
ou pragmatique, animateur TV à la mode,
éditorialiste politique, patron de chaîne, hooligan de
librairies, quelles que soient vos envies de culture ou
de divertissement, lisez cet essai fulgurant de Neil
Postman.
La conviction de l’auteur est qu’Aldous Huxley
avait raison ! Par un trait d’esprit, il suggère que la
déchéance culturelle aurait été initiée à son insu par
Samuel Morse, qui inventa en 1837 le télégraphe
pour relier les hommes distants. 165 ans plus tard,
l’empire des médias est en place.
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La Lettre des Réalisateurs n° 31
MIAA (Mouvement d’intermittents d’aide aux autres) est une association
caritative loi 1901 à but non lucratif, qui a pour but d’apporter des repas et un
peu d’aide aux sans-abri.
Fin 2008, nous avons retroussé nos manches.
Dès le premier mail envoyé, les bénévoles répondent présents. On a cuisiné
les premiers repas. Et très vite, 40 repas par jour. Pas de politique, pas de
prétention de changer le monde. Il s’agit pour chacun d’un geste de générosité.
Entre deux projets de travail, on a du temps et on veut en consacrer une partie
à ceux qui sont laissés pour compte.
Aucun engagement de durée n’est demandé aux bénévoles. Un planning
quotidien permet à ceux qui travaillent de façon non régulière de participer à
MIAA quand ils le désirent, une journée ou plus.
Pour la plupart intermittents du spectacle, les participants ne pourraient
pas s’engager dans une association qui demanderait une présence régulière.
En effet, qui saurait refuser un tournage de film, un spectacle, une tournée,
pour du bénévolat ?
Peu à peu, MIAA se solidifie : de nombreuses productions de films réagissent
positivement… L’association récupère les fins de régies, de repas (café,
gobelets, sucre), les vêtements, les costumes des films, des couvertures, des
chaussures, les objets de déco ainsi que des dons personnels.
Nous les distribuons en maraude ou les vendons dans deux braderies annuelles.
Les prix sont si bas que chacun peut s’équiper à moindre coût. Les habitants les
plus défavorisés du quartier s’y retrouvent. Les bénéfices des ventes servent à
financer les repas.
MIAA organise aussi des collectes alimentaires pour alléger les prix des repas
distribués.
Et nous faisons appel régulièrement aux dons, qui financent ainsi plus de repas.
Aujourd’hui MIAA est installé dans un local loué grâce à ces dons et aux dons
de plusieurs sociétés de production.
Plus de 500 bénévoles sont déjà venus en cuisine ou maraude et, au-delà des
intermittents du spectacle, MIAA s’ouvre à tous les horizons.
Nous cuisinons et distribuons désormais 120 repas par jour, cinq jours par
semaine.
MIAA n’utilise que des produits frais achetés à Rungis auprès de partenaires
compréhensifs. Chaque jour, dès 8 heures, les cuisiniers se donnent du mal
pour élaborer de bons repas. D’autres bénévoles chargent les voitures et
partent en maraude à 11 heures. MIAA distribue du café, du thé, de l’eau, un
bol de soupe, un plat chaud préparé le matin et un petit sac qui contient pain,
fromage et dessert. En fonction des arrivages, MIAA offre aussi vêtements,
couvertures, produits d’hygiène.
A chaque point de distribution, nous prenons le temps de bavarder, de donner
un peu de gentillesse, tout simplement.
D’autres bénévoles gèrent l’administratif, le site Internet et la newsletter,
participent à des événements, distribuent des flyers, recherchent des aides
financières, œuvrent pour le fonctionnement et le développement de MIAA.
14, rue des Carrières-d’Amérique
75019 Paris.
Quelques partenaires de MIAA :
[email protected].
TSF - ALMACIS - KINOREZO - AOA - AFAR - AFR - LSA - COSMIC ABK6
FLAM & Co - ARTISTIK REZO - SONOVISION - AFC
Miaa
www.miaa.fr.
www.groupe25images.fr
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La Lettre des Réalisateurs n° 31
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…Entretien avec Hervé Brami…
H. B. : Mais bien sûr que j’aurais envie. Parce que, déjà,
ils n’ont rien à perdre, en Israël, à part exister. Et nous
qu’est-ce qu’on a à perdre, foncièrement ? On a juste
à gagner l’ouverture. En France, on a la chance d’avoir
une histoire et une culture extraordinaires et bien sûr
des aides financières comme nulle part. On peut tout
faire, on a juste à mettre les talents ensemble et se
libérer. Il faut qu’on arrive à dire ce qu’on a dans les
tripes. Parce que, c’est ça, notre métier, c’est de dire ce
qu’on a envie de dire, qu’on peut créer des choses, des
divertissements, des sujets de réflexion, n’importe quel
sujet, mais, exprimer la vie.
Gr. 25 Im. : Est-ce que toi, en tant que jeune réalisateur,
tu penses avoir une influence quelconque sur les
producteurs, ou sur les diffuseurs, pour aller dans
cette direction-là ? Est-ce que vous pensez que votre
génération peut les emmener sur ces pistes-là ?
H. B. : Moi, aujourd’hui, non…
Gr. 25 Im. : On a l’impression que dans les chaînes, ça
tourne tellement vite aux postes importants que quand
il y en a un qui met quelque chose en place, c’est démoli,
assez rapidement, par le suivant.
H. B. : Je pense que c’est vraiment une question d’état
d’esprit.
Gr. 25 Im. : Oui, mais est-ce que vous avez le sentiment
en même temps, votre génération, de pouvoir influer
là-dessus ?
H. B. : Oui. Pas encore partout ni avec tout le monde,
mais j’ai l’impression que ça arrive.
Gr. 25 Im. : Mais on souffre de ne pas avoir dit : « Oui,
mais... », pendant trop longtemps, évidemment, ça
s’intègre dans une réalité où il faut bosser. Mais au nom
de « il faut bosser », il ne faut pas tout accepter non
plus.… C’est comme ça qu’on sortira de la nasse.
Le 10 janvier 2014, 2500 personnes, amoureuses de
musiques de films, ont eu la chance d’assister au
B.O. Concert de l’Ucmf.
Le Grand Rex, plein à craquer, a été transporté par
l’émotion, la joie, la poésie et la puissance des
26 compositions jouées par la Philharmonie du COGE
(chœurs et orchestres des grandes écoles).
Partenaire de l’opération, le Groupe 25 Images n’est pas
peu fier de ce succès et se fera un plaisir d’être aux côtés
de l’Ucmf (Union des Compositeurs de musiques de films), comme
toujours, pour le prochain B.O. Concert.
H. B. : Aujourd’hui, l’Audimat a une part importante
d’où une peur d’une mauvaise audience. On est au
service d’une fiction, d’une programmation, qui sont
au service d’annonceurs eux-mêmes au service d’une
direction des finances. Mais on peut faire de beaux
films, de belles séries, porter de belles histoires et de
belles réflexions à l’écran tout en faisant du business en
même temps.
Gr. 25 Im. : Alors est-ce que le bon discours n’est pas de
dire que, avec de la qualité aussi, on fait de l’audience,
et donc, défendons ça. Mais on a l’impression que ça
change un peu, sur France 4 notamment. On entend
un nouveau discours sur la ligne éditoriale de la chaîne,
avec les « nouvelles écritures » et une tendance
laboratoire. Mais il faudrait que les grandes chaînes en
fassent autant.
H. B. : C’est encourageant.
Gr. 25 Im. : Ça commence à bouger. Et ça va bouger.
Merci Hervé, de ta passion et de ta franchise…
H. B. : Ça viendra, j’espère.
Gr. 25 Im. : Parce que, quand tu dis : « Pour l’instant, on
est des réalisateurs de commande », mais en restant un
réalisateur de commande, est-ce que vous pensez que,
vous pouvez leur dire : « Oui, mais ça ne marche pas. » ?
Le B.O. Concert
Avec, dans l'ordre du programme :
Eric SERRA, Antoine DUHAMEL, Sylvia FILUS, Baptiste BRICE, Alexandre DESPLAT, Cyril MORIN, Robert FIENGA,
Jean-Michel BERNARD, Jean-Philippe DARTOIS, Mathieu VILBERT, Jacques DAVIDOVICI, Patrick DOYLE,
Vladimir COSMA, Francis LAI, Jean-Claude PETIT, François STAAL, Serge PERATHONER, Pascal le PENNEC, Michel PORTAL,
Ludovic BOURCE, Tiziana de CAROLIS, Olivier CALMEL, Gabriel YARED, Philippe ROMBI, Claude BOLLING
Entretien réalisé le 30 décembre 2013 à Paris
A quand la diffusion des Trois Silences (2012) ?
Ecrit par Iris Wong et Laurent Herbiet qui le réalise.
Produit par F comme Film pour France 3.
Avec Jean-Hugues Anglade, Caroline Silhol, Julie-Marie Parmentier, Pierre Vernier et
Maurice Vaudaux.
Olivia décide un matin de suivre l’homme qu’elle aime, Philippe, qu’elle soupçonne de lui être
infidèle. Et Philippe est bien allé rejoindre une autre femme, Aurélia… le destin de ces trois
personnages en les réunissant autour d’un même secret…
© Magali Tifiou-Fernandez
Les entretiens du Groupe 25 Images
Retrouvez les entretiens réalisés à La Rochelle.
De la naissance de l'idée du film ou de la série, à la composition de la musique,
par Lou Jeunet, Jean Teddy Filippe et Alain Nahum
www.groupe25images.fr
Avec le soutien de la SACD, la SACEM, la Culture avec la Copie Privée, le Festival de la Fiction TV,
la Région Poitou Charentes, Poitou Charentes Cinéma, TSF et l'UCMF.
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La Lettre des Réalisateurs n° 31
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La Lettre des Réalisateurs n° 31
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Nos amis réals au théâtre
Marc Rivière adapte, joue et met en scène
Marion Sarraut, met en scène
Mots d'excuse
L'Appel de Londres
au Théâtre Michel depuis le 21 janvier
au Théâtre du Gymnase à partir du 6 février
du mardi au samedi à 19h.
D'après le livre de Patrice Romain
du mardi au samedi à 20h
Une pièce de Philippe Lellouche
Avec
Avec
Isabelle de Botton,
Chrystelle Labaude,
Marc Rivière,
Julien Cafaro
ou Pierre-Arnaud Juin,
Geoffroy Thiebaut.
Vanessa Demouy,
Philippe Lellouche,
David Brécourt,
Christian Vadim.
Formation 25 Images
Nos stages ont la particularité d’être intégrés au monde professionnel de l’image.
Tous les stages se déroulent à Paris et sont conventionnés par l'AFDAS.
Nous sommes à votre disposition pour tout renseignement.
Initiation en réalisation fiction TV
Du 31 mars au 11 avril 2014 - Du 9 au 20 juin 2014
Jeu et direction d'acteurs
Du 7 au 25 Juillet 2014 - Du 17 novembre au 5 décembre 2014
Programmes sur www.groupe25images.fr
Formation
25 Images
Dominique Attal et William Gotesman
147 rue Blomet 75015 Paris
Tél : 01 42 50 64 30 - [email protected]
La Lettre des Réalisateurs n° 31
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