Effets des matières grasses du lait sur la santé
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Effets des matières grasses du lait sur la santé
Effets des matières grasses du lait sur la santé Robert A. Gibson Les matières grasses du lait sont un mélange complexe de lipides composés majoritairement de triglycérides. Les acides gras sont constitués principalement d’acides gras saturés et monoinsaturés, les acides gras polyinsaturés (AGPI) étant minoritaires (<3% des acides gras totaux). Les acides gras saturés ont suscité plus d’intérêt parce qu’ils contribuent à l’apport total en graisses saturées de nombreux occidentaux. Or, cette consommation d’acides gras saturés a été associée à des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires tel que le taux de cholestérol plasmatique. Contrairement aux graisses apportées par la plupart des autres sources animales, les acides gras saturés des produits laitiers sont composés d’acides gras dont la longueur varie entre 4 et 20 atomes de carbone. Les acides gras saturés n’étant pas tous hypercholestérolémiants, les effets négatifs des lipides du lait sur la santé humaine font débat. Les lipides du lait contiennent aussi des acides gras trans, également considérés comme hypercholestérolémiants. Pour ces composés, le débat repose sur l’effet relatif des acides gras trans «naturels» issus du microbiote du rumen et celui des acides gras trans, «industriels», provenant de la transestérification industrielle des acides gras polyinsaturés. Par ailleurs, on trouve également de l’acide linoléique conjugué dans le lait de vache, et l’effet de cet acide gras sur la santé humaine reste discuté. De même, le lait entier renferme aussi du cholestérol et des stérols végétaux, mais l’effet du cholestérol alimentaire est controversé. Alors qu’il est scientifiquement admis que le cholestérol alimentaire n’influence que très peu la cholestérolémie, les aliments contenant du cholestérol sont souvent considérés comme présentant un risque pour la santé. Cependant, le cholestérol est présent dans le lait humain et des données suggérant que le cholestérol alimentaire pourrait jouer un rôle positif dans la croissance et le développement des nourrissons commencent à s’accumuler. C’est pourquoi certains fabricants ajoutent du cholestérol dans leurs préparations infantiles. Il est intéressant de 52 constater que bien que les matières grasses du lait ne contiennent que peu d’AGPI, le rapport entre les acides gras essentiels que sont l’acide linoléique (18:2 n–6) et l’acide ␣-linolénique (18:3 n–3) est de 2:1. Ce rapport est donc compris dans les valeurs recommandées et permet la conversion endogène de ces AGPI en AGPI à longue chaîne (AGPILC). Les nourrissons nourris au lait de vache présentent d’ailleurs un statut en AGPI-LC plus élevé que ceux nourris avec des préparations enrichies en huiles végétales. De plus, les lipides du lait contiennentpeu d’acide eicosapentaénoïque et d’acide docosapentaénoïque, deux AGPI-LC n–3 majeurs, précurseurs de l’acide docosahexaénoïque, très important car ayant un effet bénéfique sur la santé des nourrissons. La plupart de ces AGPI-LC sont se trouvent dans les phospholipides et les fractions glycophospholipidiques, représentant environ 1% du total des lipides du lait, et contenant des composés bioactifs intéressants. Enfin, les matières grasses du lait contiennent une variété de composés possédant d’éventuels effets bénéfiques sur la santé: des céramides, des cérébrosides et les gangliosides. L’identification de chacun les effets bénéfiques de tous les constituants lipidiques du lait de vache sera un réel défi pour les chercheurs dans les années à venir. 53