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Revue du n°2 COBANKING Août 2015 Lumière sur... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE Page 4 Et vous LA CONSOMMATION COLLABORATIVE VUE PAR UN ÉTUDIANT Page 6 Interview Zapping ROOMLALA, LOUER UNE CHAMBRE CHEZ L’HABITANT LE PEER-TO-PEER SAUVERA T-IL LE MONDE ? Page 8 Page 16 cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 1 SOMMAIRE P. 4 P. 6 P. 8 P. 10 P. 13 P. 15 P. 16 Lumière sur ... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE Et vous ? LA CONSOMMATION COLLABORATIVE VUE PAR UN ÉTUDIANT L’interview ROOMLALA, LOUER UNE CHAMBRE CHEZ L’HABITANT Idée reçue ... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE : UN SUCCÈS JOUÉ D’AVANCE Coup de coeur MON VOISIN CUISINE : JE PASSE COMMANDE ! Le point Co’ LA COLOCATION : À L’AUBE DE LA CONSOMMATION COLLABORATIVE Zapping LE PEER-TO-PEER SAUVERA T-IL LE MONDE ? EDITO Chers lecteurs, chers cobanqueurs, En juin dernier, vous receviez la première revue du cobanking et vous avez été nombreux à exprimer votre intérêt pour cette parution inédite. Pour cette 2ème édition estivale, l’équipe Payname a redoublé d’efforts pour vous offrir un numéro entièrement consacré à la consommation collaborative, ses enjeux, ses limites et les perspectives qui s’ouvrent à nous. Cet été, vous avez peut-être loué un logement sur Airbnb, partagé un trajet en voiture grâce à BlaBlaCar ou bien loué un bateau avec SamBoat. La consommation collaborative, appuyée par l’usage du web, est entrée dans nos mœurs mais ce nouveau modèle de consommation soulève des questions : comment fonctionne t-il concrètement ? Quels en sont les avantages et les limites ? Autant de questions auxquelles nous tentons d’apporter une réponse au fil de ces quelques pages. Symbole de notre époque, la consommation collaborative s’impose à tous et s’inscrit dans la veine du cobanking. Ce modèle reflète notre conception d’une économique qui place l’autonomie, le pragmatisme et le lien social au cœur de ses considérations. Aurélien et Laëtitia, éclaireurs du cobanking cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 3 Lumière sur ... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE La consommation collaborative se développe de manière exponentielle pour investir chaque aspect de notre vie quotidienne. Ce modèle s’opère de pair à pair : il englobe tous les échanges entre particuliers, en court-circuitant le commerce traditionnel. Les causes de l’ascension du commerce entre particuliers Le marché mondial de l’économie collaborative, appelée aussi économie de partage, pourrait atteindre près de 270 milliards d’euros d’ici à 2025, contre 12 milliards aujourd’hui, selon PwC. Des plateformes numériques de plus en plus abouties Ces pratiques existent depuis longtemps mais ont réellement explosé avec l’arrivée des plateformes numériques. Internet permet de connecter facilement les gens ayant des 4 84% des français sont favorables à la consommation collaborative. Magazine 60 millions de consommateurs 52% des personnes interrogées estiment qu’elle se hissera, dans le futur au même niveau que l’économie traditionnelle. Étude OuiShare/Fing intérêts communs et crée ainsi la richesse des réseaux. Le rôle des plateformes numériques est de mettre en relation des individus pour faire se rencontrer l’offre et la demande, et de proposer un environnement fiable et sécurisé à leurs échanges. La 4ème édition du baromètre Acsel sur la confiance des Français dans le numérique indique que 83% des offreurs et 79% des clients ont confiance dans l’économie collaborative. De nombreuses startups ont investi le créneau sur de nombreux secteurs : le transport (Koolicar, BlaBlaCar), l’hébergement (GuestToGuest, AirBnB), la banque (Wiseed, Payname), l’assurance (Inspeer, Advize), le tourisme (Globewhere, Couchsurfing)… La crise et la baisse du pouvoir d’achat des français jouent également un rôle important dans le développement de ces nouvelles formes de consommation. Voyager à plusieurs, louer son appartement, vendre ses vêtements, acheter des objets d’occasion, etc., permet de consommer « malin » et génère même des revenus alternatifs. Une confiance de plus en plus forte La plupart de ces plateformes collaboratives se base sur la notion de confiance. Malgré ce que nous pourrions penser (réticence à échanger entre particuliers), on remarque une très forte confiance des utilisateurs dans l’économie collaborative. | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr Une solution à la crise La consommation collaborative est pratiquée comme un « système D » en alternative au commerce traditionnel. Face à l’impuissance des pouvoirs publics, les consommateurs trouvent leurs propres solutions. La quête de sens Les français sont conscients des enjeux sociétaux et environnementaux. Si faire des économies est une des principales motivations, l’éthique est une préoccupation au coeur de l’économie du partage. Elle est même primordiale pour 40% des sondés (Étude OuiShare/ Fing). Cette nouvelle économie se positionne comme une alternative à l’hyper-consommation dans la mesure où l’usage prime désormais sur la propriété. Plutôt que de posséder des objets ou des compétences qui ne servent à personne, les consomm’acteurs échangent, troquent et partagent pour créer de la valeur qui profitera à tous. Toutes ces composantes participent à l’essort du commerce de pair-à-pair. Qui sont ces nouveaux consommateurs ? En France, près de la moitié des consommateurs ont eu recours à la consommation collaborative en 2014 selon Les Cahiers de la consommation collaborative. Un public jeune qui souhaite réenchanter son quotidien La consommation collaborative touche majoritairement un public jeune, les moins de 35 ans, qui cherche à économiser mais aussi à gagner de l’argent, la moyenne des bénéfices se situant autour de 2 500 € par an. Les consommateurs sont prêts à casser leurs habitudes pour gagner en autonomie et dépenser moins en conservant leur qualité de vie. Bien que les arguments comme la protection de l’environnement entrent en jeu, les conso‑ mmateurs européens privilégient l’aspect pratique et les économies. Des consommateurs fidèles Praticité, économie, adéquation avec les valeurs morales : ce mode de consommation s’ancre durablement et fidélise. Une fois testée, peu d’utilisateurs l’abandonnent, même après une mauvaise expérience. Seuls 10% ont renoncé à la consommation collaborative après une déconvenue. Quelle place pour le cobanking ? Le cobanking prend racine dans l’économie collaborative. Certaines FinTechs amènent une touche collaborative sur des services existants comme dans le domaine de l’assurance par exemple avec Inspeer. D’autres sécurisent le paiement entre particuliers, comme Payname, pour préserver et accélérer le niveau de confiance dans ces nouveaux modes de consommation. Cette intermédiation entre les particuliers se matérialise par la construction puis l’amélioration continue d’une plateforme web centrée sur l’expérience utilisateur et la sécurisation des échanges et des transactions. Pour les pratiques dites « de débrouille », le cobanking est utile pour sécuriser l’envoi d’un colis, garantir le paiement ou encore bénéficier de facilités de paiement. Certaines places de marché collaboratives assurent également le paiement en ligne en s’appuyant sur des solutions spécifiquement créées pour leurs besoins. Tout comme les systèmes de notation et de recommandation, le système de paiement sécurisé augmente la confiance et la transparence. Le cobanking participe à fixer un cadre de confiance aux pratiques collaboratives, entre des individus qui ne se connaissent pas forcement et qui ne sont pas liés par contrat. LES PRAGMATIQUES LES Ils recherchent avant tout le caractère pratique de la consommation collaborative Ils ont avant tout recours pour des raisons économiques OPPORTUNISTES LES SCEPTIQUES LES ENGAGÉS Ils ont essayé le collaboratif par curiosité Ils recherchent avant tout à retrouver du sens par ces pratiques Motivations et opinions : des profils particuliers ? Résultats de l’enquête Usages et motivations de ShaREvolution (Fing / OuiShare) Poursuivez la lecture sur cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 5 Et vous... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE VUE PAR UN ÉTUDIANT Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Quentin 23 ans, étudiant en Master 2 « nanosciences » à Paris Sud (SupOptique) qui a eu la gentillesse de nous donner sa vision de la consommation collaborative. Quentin résume la consommation collaborative en 3 points : • C’est la mise en relation de deux parties, qui favorise les échanges conviviaux gagnants/gagnants. On n’est plus en face d’une entreprise, dans une relation classique client-vendeur : on se rend des services entre particuliers. • Ces nouveaux modes de consommation permettent de minimiser les frais pour les deux parties. Par exemple, pour le conducteur comme pour le passager, le covoiturage est, à priori, plus économique que le train. • La consommation collaborative réduit l’impact négatif sur l’environnement en optimisant les ressources (financières ou matérielles). Une première expérience réussie En classe préparatoire scientifique à Tours puis à l’ENS (École Normale Supérieure) à Lyon, Quentin se déplace beaucoup pour ses études. Au départ, 6 sa 1ère expérience de covoiturage s’est faite naturellement pour des raisons financières lorsqu’il souhaitait retourner dans sa famille le weekend. Il découvre alors le site covoiturage.fr qui s’est ensuite transformé en BlaBlaCar pour, selon son témoignage, gagner en ergonomie et en praticité. « Je n’ai pas eu d’angoisse particulière, j’ai essayé tout simplement. C’était un test et la 1ère expérience a été très positive ». À l’époque, il n’est pas conscient que cette pratique relève de la consommation collaborative. Il découvre la signification du terme dans la 1ère revue du cobanking qu’il reçoit chez lui en juin 2015. Aujourd’hui, il est covoitureur régulier car il est curieux de découvrir de nouveaux domaines qui lui ouvrent de nouvelles perspectives : « il y a une semaine, j’ai échangé avec un photographe et avant-hier avec un auteur de dessin animé | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr pour la télévision ». La consommation collaborative permet d’apprendre sur les autres et d’enrichir ses connaissances. Il cite cependant une mauvaise expérience sur un trajet entre Massy et Tours : « les personnes n’ont pas décroché un mot du voyage… Ce sont des choses qui arrivent. C’est comme pour tout, il y a toujours des personnes qui ne sont pas dans le bon état d’esprit ! C’est dommage d’arrêter à cause d’une ou deux personnes qui n’ont pas compris le principe ». Après quelques expériences de covoiturage, Quentin s’inscrit sur AirBnb à l’occasion d’un déplacement pour passer un concours à Paris. Avec trois de ses amis, il loue un appartement pendant une semaine. La propriétaire les accueille et leur explique les règles de vie : « la confiance s’est tout de suite installée. L’appartement était plus agréable qu’une chambre d’hôtel standardisée. Nous étions dans les meilleures conditions pour passer notre concours. Quoi de mieux qu’un lieu vivant, un lieu qui a une âme et une histoire ? ». La location plutôt que la propriété Quentin estime avoir changé sa façon de consommer grâce aux plateformes collaboratives qui placent les deux personnes à égalité : « je vois un véritable intérêt d’un intermédiaire qui relie des particuliers de manière rassurante et sécurisante ». Le design et l’ergonomie de ces plateformes comptent beaucoup pour lui : « je serais plus enclin à changer mes habitudes si le site me propose le nécessaire ». Un site au design épuré avec un service simple et rapide sera plus séduisant à utiliser au quotidien. Au fond, il adhère à ces pratiques collaboratives car il aime le principe de la location, c’est-à-dire l’usage qui prime sur la propriété. Il connait la consommation collaborative pour le logement, la voiture ou encore la tondeuse et pense qu’elle peut s’appliquer à tous les secteurs. « Pour une utilisation occasionnelle d’un bien ou d’un service, ce n’est pas utile, ni intelligent d’acheter : autant prêter et louer… » La consommation collaborative se démocratise mais… Quentin a une vision très positive concernant son avenir. Selon lui, la consommation collaborative se démocratise dans tous les domaines que ce soit dans le transport, l’hébergement et même la location de matériel comme e-loue.com par exemple. Il soulève cependant un potentiel frein : les commissions excessives que prélèvent certaines plateformes (jusqu’à 20%). Quentin démontre, par ses expériences passées, que la base de la consommation collaborative est la confiance. Il se pose une question : « Peut-on empêcher tous les risques ? » et répond qu’il est impossible « d’éviter toutes les dérives » Cependant, il précise que l’on peut surement « mettre en place des choses pour réduire certains problèmes et filtrer les comportements inappropriés ». Il compare alors la gestion des avis sur deux plateformes collaboratives différentes. À la différence d’AirBnB où les avis sont masqués tant que les deux parties n’ont pas soumis leurs commentaires, BlaBlaCar incite à mettre des commentaires positifs par peur de vengeance : « si je poste un commentaire négatif, l’autre fera sûrement de même donc j’ai tendance à surnoter les prestations de manière non-objective ». Sur AirBnB, le système de notation est plus juste, ce qui permet, selon lui, un affichage authentique des profils. Les commentaires sont masqués dans un premier temps. Ils ne sont « gravés » sur le profil des utilisateurs seulement lorsque toutes les personnes ont donné leur avis sur la prestation. Il pense également aux assurances : « sur BlaBlaCar il y a une assurance pour les covoitureurs, malheureusement ce n’est pas très bien expliqué sur le site et les avantages restent flous mais c’est très certainement un axe pour améliorer la confiance ». Enfin, le cobanking est un facteur essentiel. Pour Quentin, « si les gens renseignent leurs numéros de carte bancaire sur le site, il y a très peu de risques de se faire arnaquer » . Le cobanking permet de garantir et de sécuriser le bon déroulement du service grâce au pré-paiement. C’est également très pratique pour gérer son argent lorsqu’on est plusieurs à louer un bien par exemple. Il utilise Splitwize pour calculer les dépenses de chacun et Payname pour partager les frais. cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 7 L’interview ROOMLALA, LOUER UNE CHAMBRE CHEZ L’HABITANT Nous avons le plaisir de vous présenter Fanny Le Quernec, responsable communication de Roomlala, une plateforme permettant de louer un logement entre particuliers sur une durée paramétrable en nombre de jours, de semaines ou de mois. Comment l’idée de la plateforme vous est-elle venue ? Qu’est-ce que Roomlala et pourquoi le projet est innovant ? Philippe de Rouville, le fondateur du site, a remarqué, il y a quelques années, que trouver un logement dans les grandes villes devenait compliqué pour les étudiants. Ayant une chambre libre dans son appartement, il a commencé par la louer à un ami de la famille venu à Paris pour un stage de deux mois. Finalement, l’expérience lui a plu, tant sur le plan financier que sur le plan humain. Cette réalité du marché immobilier et son envie d’entreprendre l’ont ainsi amené à lancer Roomlala en 2009. Roomlala est une plateforme de mise en relation de particuliers pour la location de chambres chez l’habitant, moyenne et longue durée. D’un côté, un propriétaire qui dispose d’une chambre libre au sein de sa résidence (chambre d’amis ou d’enfants ayant quitté la maison) la met en location sur le site. De l’autre côté, un locataire en recherche consulte les annonces disponibles dans sa localité et envoie des demandes de location aux propriétaires dont les annonces l’intéresse. Le site permet à ces deux personnes de se mettre en relation afin que la location puisse avoir lieu. Le locataire peut d’ailleurs payer son loyer en ligne (une exclusivité Roomlala), et tous les deux sont ainsi couverts par 8 | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr l’assurance Roomlala. Finalement, tout le monde y gagne ! L’avantage est à la fois économique (revenu complémentaire pour le propriétaire, économies pour le locataire, partage des charges, factures…) et humain. Roomlala tend à devenir l’acteur référence du logement pour la mobilité transfrontalière. En clair, un étudiant français qui part en Allemagne pour un stage de 6 mois puis revient en France pour terminer ses études à Montpellier peut se tourner vers Roomlala dans toutes les situations, grâce aux 50 000 annonces disponibles dans une quarantaine de pays. « Si Airbnb devient le réflexe des voyageurs, Roomlala tend à devenir le réflexe des étudiants, stagiaires et professionnels en déplacement en France comme à l’international ». Il est vrai que des acteurs locaux existent et permettent aux étudiants de trouver un logement. Ils sont toutefois difficiles à identifier pour les étudiants étrangers. Quelles sont les différences entre Roomlala et AirBnB ? Roomlala est en quelques sortes le Airbnb de la longue durée. En effet, les locations Airbnb sont à destinations des touristes et durent en moyenne 3 jours, les chambres disponibles sur Roomlala sont louées pour des séjours de 3 mois en moyenne. Le public est donc dif‑ férent : il s’agit principalement d’étudiants, stagiaires, Erasmus « Je me suis inscrite sur Roomlala pour rencontrer des personnes, de tout pays, de tout milieu, et pouvoir échanger. L’avantage au quotidien, c’est que la maison est toujours occupée. » Marilyn, une propriétaire de Vitry-sur-Seine et professionnels en déplacement qui, dans le cadre de leur mobilité nationale comme internationale, recherchent un logement abordable et convivial. De plus, sur Airbnb et les autres sites de locations de vacances, les annonces proposent, dans la majorité des cas, des logements entiers à disposition de vacanciers. Les propriétaires ne vivent donc pas sur place au moment de la location. Sur Roomlala, ce sont principalement des chambres chez l’habitant qui sont proposées : le locataire et le propriétaire partagent donc le logement, ils cohabitent. Le succès est-il au rendez-vous? On peut le dire, oui ! Roomlala compte aujourd’hui une communauté forte d’un million de membres. Ce sont ainsi 50 000 annonces qui permettent chaque jour à nos membres de se loger économiquement dans une quarantaine de pays. En quoi le cobanking soutient la démarche de Roomlala ? Le cobanking est un savant mélange de collaboratif et de paiement en ligne. Nous pensons que le cobanking permet d’accélérer les usages collaboratifs car ces nouvelles solutions de paiements participent à construire la confiance, nous avons d’ailleurs consacré un article sur notre blog à ce sujet. Proposer de payer sa caution en 3 fois sans frais ou de programmer la récurrence du paiement de son loyer sont des avantages inédits et non négligeables pour les locataires comme pour les propriétaires. Ce type d’initiative permet de séduire les consommateurs qui se retrouvent dans un environnement simple, sécurisé et avantageux. Ainsi, la communauté s’agrandit et la consommation collaborative devient monnaie courante ! Poursuivez la lecture sur cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 9 Idée reçue ... LA CONSOMMATION COLLABORATIVE : UN SUCCÈS JOUÉ D’AVANCE FAUX « Nous ne vivons pas une époque de changement, mais un changement d’époque.» Professeur Jan Rotmans Rien n’est joué d’avance. À tout changement sa transition. Comme évoqué dans l’article page 4, la crise du modèle capitaliste permet le développement d’une économie de pair-à-pair. Rentrons dans le vif du sujet : l’économie collaborative ne supprimera pas le modèle capitaliste du jour au lendemain. Plus encore, au départ, même si elle présente des caractéristiques post-capitalistes indéniables, elle prend racine sur ce modèle et le renforce car il lui offre les moyens nécessaires à son développement. La consommation collaborative répond parfois à des logiques mercantiles : un « chemin » nécessaire pour ancrer ces nouvelles pratiques et les faire évoluer ? Les possibles dérives de la consommation collaborative Réelle évolution de société ou mutation du capitalisme ? Dans une publication récente de France Culture, il est dit que « le succès finit par dénaturer l’intention de départ, à savoir la mise en commun de ressources plutôt que leur marchandisation ». La logique capitaliste est contraire à celle du peer-to-peer : la consommation collaborative c’est une histoire d’éthique, de passion et de convictions. Les plateformes collaboratives ont donc un rôle majeur à jouer. Elles se doivent éthiquement de ne pas changer de cap et d’évangéliser les usages afin d’accompagner au mieux les consommateurs dans cette mutation. Les actions mises en place par ces plateformes, comme la gratuité ou la répartition des bénéfices par exemple, permettent le partage de la valeur créée. Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective (économique et scientifique), parle de 3ème 10 | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr révolution industrielle. Selon lui, le capitalisme est voué à disparaître, poussé par l’essor de l’économie collaborative : c’est un nouveau système économique parallèle où chacun peut devenir lui-même producteur d’un bien ou d’un service à un coût proche de zéro et ainsi « court-circuiter » les entreprises classiques. Bien que les nouvelles technologies numériques ouvrent de nombreuses possibilités, le succès de la consommation collaborative dépend de bien des facteurs. L’aspect pratique privilégié au détriment de l’éthique Marc-Arthur Gauthey, fondateur de Startup Assembly et membre de Oui Share, ne croit pas à une volonté utopique de façonner une économie durable et solidaire. Dans son article « Pourquoi la plupart des sites de consommation collabrative ne marcheront jamais » , il pense que l’approche business et l’approche sociale visée (ou affichée) par l’entrepreneur du collaboratif sont profondément incompatibles, car « la valeur créée ne peut tout simplement pas bénéficier à tous dans les mêmes proportions ». Il expose son avis tranché : « créer du lien social n’est pas un argument de vente, pas plus que ne l’est le respect de l’environnement ». Idem pour les consommateurs qui ne seraient pas attirés par les arguments d’un marketing humaniste telles que « ren‑ contre », « partage », « consommation responsable » ou encore « communauté » par exemple. Seuls 3 critères feraient la différence au moment d’acheter un bien ou un service : Les services marchands se greffent au commerce de pair-à-pair « C’est de l’hôtellerie déguisée et c’est déloyal. De même, vendre un peu sur eBay n’est pas un problème. Un gros vendeur, lui, doit être requalifié en brocante. » Il y a d’un côté, les pratiques qui relèvent de l’économie collaborative comme la location temporaire d’une pièce de son appartement pour bénéficier de revenus supplémentaires et de l’autre, la location d’un immeuble par son propriétaire comme un hôtel sur la plateforme collaborative AirBnB par exemple. Ce dernier, ne correspond plus au principe de l’économie collaborative. Il a donc le devoir de se soumettre aux réglementations fiscales, sociales, sanitaires, etc. • le prix, • le côté pratique, • la sécurité (au sens large). Cependant, une start-up avec une proposition de valeur extrêmement claire, orientée vers la réponse à un besoin défini et accessible en termes de coûts, ne pourrait-elle pas conserver son objectif social ? Et quand bien même ces nouveaux modes de consommation relèveraient d’un pragmatisme économique, il n’empêche qu’ils peuvent être utiles pour la construction d’un nouveau modèle. Les arguments écologiques, sociaux, etc., sont secondaires mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne comptent pas puisque les consommateurs ont conscience que nous devons optimiser nos ressources et faire évoluer nos comportements. Le rapport « Ambition Numérique » propose d’imposer des seuils en volume pour distinguer les services marchands des services non marchands (6ème proposition du volet 1, Loyauté et liberté dans un espace numérique en commun). L’enjeu sera de définir et différencier les services qui relèvent de l’économie du partage et ceux qui n’en relèvent plus. Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique Poursuivez la lecture sur cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 11 Quels facteurs feront perdurer l’économie collaborative ? La confiance est le maître mot. 83% des offreurs et 79% des clients ont confiance dans l’économie collaborative. La 4ème édition du baromètre Caisse des dépôts/Acsel sur la confiance des Français dans le numérique a dévoilé les leviers essentiels à l’adoption de ces nouveaux modes de consommation. Ces facteurs sont à perfectionner pour ancrer les changements de comportement dans notre consommation quotidienne. LES LEVIERS DE CONFIANCE POUR LES « OFFREURS » DE LA CONSOMMATION COLLABORATIVE : LES FACTEURS DE CONFIANCE POUR LES « CLIENTS » DE LA CONSOMMATION COLLABORATIVE : Les modalités de paiement (49%) 1er La renommée de la plateforme collaborative (53%) 2ème 3ème 4ème 3ème La notation des utilisateurs (37%) Les possibilités de recours (43%) 1er Sécuriser les échanges : c’est assurer la confiance. La propriété et la responsabilité concernant les données utilisateurs, que ce soit au niveau de l’accès, la sécurisation ou la transparence, ont également un rôle décisif. La manière dont les plateformes collaboratives utilisent la data est déterminante pour la confiance des consommateurs et donc la pérennité de ce modèle. Les données doivent être utilisées pour le service rendu et pour construire de la confiance. Par exemple, Blablacar utilise les données de ses utilisateurs pour enrichir les notations et les profils de ces derniers. Le système de notation joue sur la réputation de la plateforme et de ses utilisateurs afin de réguler la mauvaise utilisation La renommée de la plateforme collaborative (54%) Les possibilités de recours (36%) des services. La data est au service d’un système vertueux qui favorise une utilisation honnête de la plateforme pour apporter une meilleure expérience utilisateur. « L’économie du pair à pair est un formidable levier d’innovation et de progrès social ». Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique Pour que l’économie collaborative ne soit pas seulement un effet de mode, les acteurs de cette économie ont le devoir de conserver l’intention de départ et de la partager. 12 | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr 2ème La notation des utilisateurs (37%) 4ème Les renseignements sur les personnes (36%) « La propension à livrer sa confiance à autrui s’est certes accrue avec le mouvement collaboratif, mais cette confiance ne va pas de soi. Elle résulte de contraintes économiques, tout autant que d’un travail technique de profilage des utilisateurs destiné à publier leur solvabilité et leur sérieux. » Monique Dagnaud, directrice de recherche à l’Institut Marcel Mauss (CNRS-EHESS) Coup de coeur MON VOISIN CUISINE : JE PASSE COMMANDE ! Pour cette seconde édition de la revue du cobanking, l’équipe a choisi un projet qui réinvente la restauration à domicile ! Mon Voisin Cuisine est la plateforme communautaire n°1 de la rencontre entre gourmands et talents culinaires. Le service de restauration entre particuliers Monvoisincuisine.com est une offre en ligne de restauration livrée entre particuliers. Ainsi, des cuisiniers amateurs passionnés proposent leurs services sur le site, et des clients gourmands à proximité peuvent passer commande et se faire livrer à domicile. Le AirBnB de la Cuisine ou le AlloResto entre particuliers. L’utilisation est simple : vous accédez à une carte de votre quartier sur laquelle figurent vos voisins qui proposent de préparer vos repas. En un clic, vous repartez chez vous avec un petit plat cuisiné maison par quelqu’un qui habite votre quartier : idéal pour tout ceux qui manquent de temps pour cuisiner, qui souhaitent faire des rencontres ou encore goûter de nouvelles saveurs. Comme toute plateforme collaborative la confiance est de mise. Des garanties avant et après la commande participent à la construction de la confiance et donc à la pérennité du service. Ainsi, avant la commande, le cuisinier s’engage via la signature d’une charte de qualité. Les cuisiniers sont testés et approuvés par les papilles de l’équipe Mon Voisin Cuisine. Après la commande, le gourmand note la prestation de son cuisinier. Le système de notation joue sur la réputation du site et de ses utilisateurs afin de réguler la mauvaise utilisation des services. Tout est réuni pour une expérience sécurisée, conviviale et économique. Poursuivez la lecture sur cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 13 Un plaisir gustatif saupoudré de rencontres ! La première chose qui nous a plu sur la plateforme, c’est la diversité des plats proposés et une communauté constituée de véritables talents culinaires à proximité de son domicile ! Comme avec la restauration plus classique, en fonction de Mon Voisin Cuisine et le cobanking Mon Voisin Cuisine s’est lancé il y a 6 mois grâce à la réussite d’une campagne de crowdfunding (financement participatif) sur le site KissKissBankBank. Pas moins de 130 personnes ont participé au financement du projet en échange de contreparties. Ainsi, ce sont les 1ers concernés par le service qui ont permis au projet de voir le jour. Ce mode de financement permet au porteur de projet de ses envies, il est possible de choisir la spécialité culinaire de son choix (marocaine, asiatique ou antillaise, etc.) pour moins de 10 €. Par exemple, Marianne, la voisine d’en face originaire de St Malo, vous fait voyager en vous concoctant de délicieuses crêpes bretonnes. Ce qui nous a définitivement conquis c’est la relation qui s’installe entre deux personnes qui ne se connaissaient sûrement pas avant et qui partagent un intérêt commun. collecter les fonds nécessaires au lancement de son activité. C’est également une étude de marché grandeur nature et un moyen de fédérer le plus grand nombre de personnes autour de son projet. La plateforme intègre un outil pour garantir le paiement : ainsi la somme n’est reversée au cuisinier qu’après remise du plat. Anouck Talban, cofondatrice de Mon Voisin Cuisine réfléchi par ailleurs à intégrer une nouvelle solution de paiement qui apporterait des fonctionnalités inédites à ses cuisiniers en herbe 14 | Revue du cobanking n°2 - Poursuivez la lecture sur cobanking.fr La vraie promesse du site est de proposer aussi la livraison à domicile. Au delà de l’aspect « je cuisine et je vends mes plats », c’est le lien social qui prime. La plateforme permet les rencontres entre le cuisinier et son hôte au moment de récupérer la commande. Ils peuvent également choisir de partager le repas pour apprendre à mieux se connaitre. qui complètent leurs revenus grâce à leur passion : l’enregistrement des cartes bleues, le paiement avec confirmation, etc. Pour cette entrepreneuse, la simplicité d’intégration, la proximité, le suivi, la réactivité et le contact humain comptent beaucoup dans le choix de la solution de paiement. Le paiement n’est plus perçu comme quelque chose de mécanique mais un outil facilitateur d’usages collaboratifs. Un petite faim ? Rendez-vous sur Monvoisincuisine.com ! Le point Co’ LA COLOCATION : À L’AUBE DE LA CONSOMMATION COLLABORATIVE La colocation désigne le fait de louer un appartement en commun, c’est donc par son principe même qu’elle s’inscrit dans l’esprit du partage. Une colocation étant considérée en France comme un foyer à part entière, on retrouve la notion d’unité et de « nous ». Même si on ne le mentionne pas souvent, la colocation est une des formes de la consommation collaborative. Une pratique qui ne date pas d’hier La colocation est une pratique qui fait parler d’elle depuis quelques années et qui ne cesse de se développer mais elle ne date pas d’hier ! Elle trouve son origine dans les années 1980 aux Etats-Unis et résulte d’une volonté d’associer praticité et lien social. Cependant, elle a bien évolué depuis ses débuts. D’un accord tacite entre deux connaissances, elle se fait aujourd’hui avec de parfaits inconnus. Cette évolution et surtout sa généralisation ont été possibles grâce au développement de plateformes dédiées. En effet, il n’est pas toujours facile de trouver une colocation malgré une demande grandissante et c’est de ce constat que se sont développés de nombreux sites dédiés à la recherche d’une colocation. Appartager.com, La carte des colocs ou encore Recherche-colocation.com en sont des exemples : que ce soit pour une longue durée ou pour quelques semaines, des milliers d’annonces sont référencées sur ces sites, preuve d’un marché bien présent. paiements tout en bénéficiant d’avantages exclusifs comme le paiement en 3 fois sans frais. Un outil idéal pour étaler les dépenses lors de l’arrivée dans une nouvelle colocation. Une idée séduisante pour réduire ses dépenses L’argent est donc souvent le nerf de la guerre pour les adeptes de la colocation et peut être une source de discorde. On entend de nombreuses histoires de mauvaises expériences de colocation et c’est ici que l’expression « les bons comptes font les bons amis » prend tout son sens. Pour éviter les différends et un partage équitable des ressources, plusieurs solutions existent. On peut citer Tricount par exemple, application belge qui permet de faire vos comptes entre amis et ainsi de savoir qui doit combien à qui. Côté britannique, on peut citer Cospender, application permettant à chaque colocataire d’indiquer ses dépenses liées à la colocation sur une plateforme commune et ainsi de faire les comptes à la fin du mois. La réalisation d’économies sur le loyer est la raison principale de la mise en colocation. On estime en effet à 443 € en moyenne ce qu’un Français en colocation dépense chaque mois pour payer son loyer (baromètre 2013 de la colocation en France). Un montant raisonnable mais qui n’éclipse pas les dépenses d’emménagement. Et si vous pouviez payer votre caution en plusieurs fois ? C’est ce que propose la plateforme de cobanking Payname. Elle permet aux locataires de réaliser leurs Poursuivez la lecture sur cobanking.fr - Revue du cobanking n°2 | 15 Zapping LE PEER-TO-PEER SAUVERA T-IL LE MONDE ? Le peer-to-peer, ou pair à pair peut-il sauver le monde ? C’est du moins le postulat du dernier ouvrage de Michel Bauwens « Sauver le monde, vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer ». Cet essai compile une série d’entretiens entre le théoricien du peer-to-peer et le journaliste Jean Lievens. Michel Bauwens milite pour une plus grande intégration des principes du peer-to-peer dans tous les domaines. Loin de rejeter d’un bloc l’idéologie capitaliste, l’auteur, pragmatique, reconnaît et défend les bénéfices et externalités positives que peut créer une plus grande coopération entre le modèle capitaliste et les initiatives collaboratives. Et de citer en exemple Linux, le système d’exploitation libre, financé en grande partie par IBM, société capitaliste. Cependant, il prédit un changement d’époque, un glissement du capitalisme vers le distributif. Tout comme le féodalisme s’est fondé sur le modèle antique et le capitalisme a, à son tour, supplanté le féodalisme, il est inexorable que le capitalisme laissera place à un modèle distributif et contributif. Déjà les exemples sont légion : développement de l’open source, des réseaux sociaux ou des plateformes d’économie collaborative. Dans ce modèle, ce n’est pas l’argent qui est au centre de la logique mais la contribution au « commun » qui crée la valeur. Ce changement de paradigme économique qui place la contribution au centre de son modèle impose un changement d’idéologie politique et sociale : quelle est la place des travailleurs de la connaissance dans la so‑ ciété ? Quel modèle de rémunération s’applique alors ? Autant de questions pour l’instant sans réponses mais sur lesquelles le Politique devra se pencher. 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