TD3 : Développement normal du langage
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TD3 : Développement normal du langage
E45SLL1 : Préparation aux études d’orthophonie TD3 : Développement normal du langage 1) Répondez de façon courte aux questions suivantes : a) Est-ce que les bébés réagissent aux bruits dès la naissance ? Oui, les bébés réagissent aux bruits même avant la naissance. En effet, la cochlée est fonctionnelle dès 4 mois ½ de vie intra-utérine. Le bébé réagit à la voix de sa mère et aux stimuli familiers dès 7 mois ½. b) A quoi sont particulièrement sensibles les bébés avant et après naissance ? Ils sont particulièrement sensibles à la prosodie. Ils préfèrent les voix humaines, surtout si elles sont exagérées au niveau prosodique (langage adressé à l’enfant). c) A partir de quel âge les productions de bébés sont-elles identifiables par des auditeurs appartenant à la même communauté linguistique qu’eux ? Le babillage des enfants est identifiable par les membres de la même communauté linguistique à partir de 6-8 mois (Boysson-Bardies et al., 1984). d) Est-ce que les bébés sont capables de discriminer tous les sons pendant les 2 premières années de leur vie ? Les bébés sont seulement capables de discriminer tous les sons jusqu’à 6 mois (cf. phonéticien universel). e) A partir de quel âge se mettent en place les catégories vocaliques de la langue maternelle ? Les catégories de la langue maternelle se mettent en place à partir de l’âge de 6 mois. A partir de ce moment, les voyelles des langues étrangères sont analysées en fonction des voyelles de la langue maternelle. f) A partir de quel âge se mettent en place les catégories consonantiques de la langue maternelle ? Les catégories consonantiques de la langue maternelle se mettent en place à partir de 1012 mois. g) Qu’est-ce que le mamanais ou « motherese » (Langage Adressé à l’Enfant) ? Quelles en sont les principales caractéristiques ? Le mamanais est le mode d’élocution particulier utilisé par un adulte s’adressant à un bébé. Il se caractérise spécialement par l’exagération de la prosodie (rythme, pauses, intonation, amplitude), par la déformation du niveau segmental (les consonnes et les voyelles), des voyelles prolongées et des énoncés courts, incomplets grammaticalement, mais toujours complets au niveau intonatif. h) Quelle est la fonction du pointage au stade pré-linguistique ? Le pointage est un geste qui apparaît dans le développement normal de l'enfant entre 9 et 13 mois, peu de temps avant les premiers mots. Ce geste représente une condition nécessaire à la construction du langage car il donne à l’enfant la possibilité de désigner un objet en tant que lieu d’attention partagée et d’échange avec l’adulte. L’objet montré prend un statut particulier puisque le geste de pointage accompagné du regard le distingue de son environnement. i) Qu’est-ce que l’attention conjointe ? L’attention conjointe vise à attirer l’attention d’autrui, dans le but d’obtenir un objet ou le partage d’un centre d’intérêt. Elle établit une relation entre le sujet, l’agent et l’objet. Précurseur du langage, l’attention conjointe a une fonction de communication, mais également une fonction d’accès à la représentation. j) A quel âge un enfant commence-t’il à produire ses premiers mots ? Quel nom donne-t’on à ce stade ? L’enfant commence à produire ses premiers mots vers l’âge de 12-13 mois. On parle de mot-phrase ou holophrases car un mot comme « toutou » par exemple peut correspondre à un sens plus complexe comme « je veux le toutou ». k) Quelles sont les différentes étapes de la période linguistique (jusqu’à 36 mois) ? L’entrée dans la période linguistique se fait avec l’apparition des premiers mots vers 12-13 mois (stade holophrastique). Après une évolution lente du vocabulaire, on assiste vers 18 mois à une explosion du vocabulaire où l’enfant va apprendre plusieurs mots par jour jusqu’à l’âge de 36 mois. On constate un ralentissement dans cette explosion vers 19 mois, juste avant l’apparition des premières combinaisons à deux mots. Entre 18 et 24 mois, l’enfant passe progressivement des énoncés à un mot aux énoncés à deux mots. A 24 mois, il rentre dans le langage télégraphique, c’est-à-dire qu’il va combiner plusieurs mots (pas de mots de fonction, comme par exemple : « moto papa » ou « doudou maman »). A partir de cet âge, les structures grammaticales sont de plus en plus complexes et variées. On parle d’explosion grammaticale (24-36 mois). l) Qu’est-ce qu’une assimilation ? Donnez un exemple. Une assimilation est le rapprochement des lieux d’articulation de deux consonnes d’un même mot (« tato » pour « gâteau », « papo » pour chapeau). m) Qu’est-ce qu’une substitution ? Donnez un exemple. C’est le remplacement d’un phonème par un autre, proche sur le plan articulatoire (/s/ remplacé par /t/ acquis plus tôt, « assis » devient « ati », « kilo » devient « tilo »). n) Qu’appelle-t’on langage télégraphique ? Le langage télégraphique correspond à la période où l’enfant combine plusieurs mots, sans produire de mots grammaticaux (à partir de 24 mois). o) Qu’est-ce qu’un mot phrase (ou une holophrase) ? C’est un mot unique utilisé par l’enfant jusqu’à l’âge de 2 ans, qui a la force d’une phrase normalement construite de plusieurs mots (cf. « dodo », pour « je veux aller au lit »). p) Pourquoi l’enfant réalise-t’il des simplifications phonologiques ? Qu’est-ce que cela traduit au niveau de l’acquisition de son système phonologique ? L’enfant réalise des simplifications phonologiques car il ne maîtrise pas encore tous les phonèmes de sa langue maternelle. Par exemple, il peut substituer un phonème qu’il n’arrive pas à produire par un autre phonème, très proche sur le plan articulatoire ou rapprocher le lieu d’articulation de deux consonnes d’un même mot. Il n’atteindra la maîtrise de son système phonologique que vers l’âge de 4 ans (pour 75 % des enfants). 2) Après avoir lu attentivement le texte ci-dessous, vous répondrez aux questions se trouvant à la suite du texte : Maillart, C. (2006 : 29-30). Le bilan articulatoire et phonologique. Dans Les bilans de langage et de voix: fondements théoriques et pratiques (Estienne, F. et Piérart, B.). Paris : Masson. Les premières productions vocales d’un enfant sont contraintes par la physiologie de son conduit vocal et de ses états physiologiques. Les premières vocalisations sont donc purement végétatives et réactionnelles. Il faudra attendre l’âge de 4-5 mois pour que l’enfant acquière un minimum de contrôle de sa production vocale lui permettant de moduler intentionnellement la durée, la hauteur et l’intensité de ses productions (cf. Boysson-Bardies, 1996 pour une description plus fine). Vers la fin du sixième mois, le jeune enfant est capable de coordonner les ajustements phonatoires et commence à babiller. Il imite des schémas d’intonations simples et peut ajuster sa voix à ses interlocuteurs. Ces capacités imitatives joueront, avec le feed-back auditif et proprioceptif, un rôle important dans le développement phonologique de l’enfant (Menn & Stoel-Gammon, 1995). Le premier babillage, appelé babillage canonique, comporte des syllabes simples (CV) composées le plus souvent d’occlusives ou de nasales combinées avec des voyelles centrales basses (soit ma, pa, ba). Ceci s’explique par des contraintes motrices. Les variations inter-individuelles sont déjà présentes : ainsi, certains enfants remplacent plutôt les consonnes labiales (p, b) par des consonnes vélaires (g, k). Au niveau suprasegmental, les caractéristiques du babillage sont déjà très riches et proches de la langue maternelle. Le babillage s’inscrit donc clairement à la fois dans une base biologique commune à tous les enfants (Locke, 1983) mais aussi dans un environnement linguistique particulier. Après le babillage canonique caractérisé par une série de syllabes répétées, l’enfant augmente considérablement sa production. Vers 10-11 mois, son articulation devient plus assurée et son répertoire syllabique se complexifie. L’enfant joue à moduler ses productions en variant la place de l’articulation ou le mode, ce qui lui permet d’explorer ses possibilités articulatoires. A la fin de la première année, le contrôle articulatoire demeure toutefois incertain car la maîtrise de certains articulateurs n’est pas encore acquise. Certains groupes consonantiques ne pourront d’ailleurs pas être correctement prononcés avant l’âge de deux ans. Entre 11 mois et 14 mois, l’enfant produit ses premiers mots. Ils deviendront progressivement plus nombreux jusqu’à l’âge de 16-19 mois. A de nombreux points de vue, ces mots ressemblent au babillage de l’enfant. On retrouve un continuum temporel et qualitatif entre babillage et production lexicale précoce. Les premiers mots sont souvent constitués d’une ou de deux syllabes identiques formées d’une consonne et d’une voyelle. L’enfant les utilise pour désigner toute une gamme d’objets (surgénéralisation). Il est d’ailleurs nécessaire de connaître le contexte pour interpréter ces premiers mots. Ces surgénéralisations se réduisent à mesure que s’affine la discrimination. Les premiers mots que prononce l’enfant sont loin d’avoir la valeur de précision de nos concepts adultes. Un même mot peut être utilisé dans des situations très différentes. Le mot « manteau » par exemple peut désigner le vêtement, le chapeau blanc ou la poussette utilisée pour la promenade. Il est facile de comprendre comment l’enfant associe les divers éléments d’une situation telle que l’habillage en vue d’une sortie par exemple, et les désigne par le même terme. L’accès aux premiers mots suppose chez l’enfant une certaine connaissance des objets et des événements de son environnement. Avant de pouvoir associer une séquence sonore particulière à une classe particulière d’objets, il doit : • • • disposer du concept de l’objet, c’est-à-dire distinguer entre objet et contexte ; apprendre que les sons émis par l’adulte sont liés à un objet particulier, et que l’objet est toujours associé à ce son ; avoir la notion qu’un item lexical désigne le même objet même si ce dernier apparaît à différents moments, en différents endroits, à différentes distances et dans différentes positions. Les attributs sont indépendants des contextes auxquels ils s’appliquent et réciproquement : la mère, ou le père, peut changer de vêtements ou de coiffure, mais reste la même personne. Dans un premier temps, l’accroissement du vocabulaire est très lent. Il faudra attendre que les enfants aient en moyenne 17 mois pour arriver à un stock lexical productif d’une cinquantaine de mots. Entre la production des premiers mots et la constitution de ce premier lexique, on trouve une période intéressante pour le développement phonologique, caractérisée par une importante fluctuation. Les premiers essais des enfants pour produire des mots ne sont pas systématiques dans leurs relations phonologiques avec le mot cible de l’adulte. On observe une perte de l’information phonologique : l’ensemble des contrastes présents dans la forme cible ne sont pas maintenus et certaines productions sont parfois phonologiquement plus réduites que les dernières productions du babillage. Cette perte s’explique par l’investissement supplémentaire que doit fournir le jeune enfant en programmant des formes phonologiques en fonction d’une cible précise. En se focalisant sur des séquences non aléatoires, il est amené à réduire la demande articulatoire et simplifie certaines syllabes. On retrouvera le même phénomène lorsque l’enfant fera ses premiers essais de combinaisons de mots. La complexification syntaxique (passage à des énoncés de plusieurs mots) se paiera en précision phonologique : on observera une dégradation entre la prononciation isolée d’un mot et la prononciation de ce même mot au sein d’un énoncé syntaxiquement plus complexe (Menn & Stoel-Gammon, 1995). Vers deux ans, l’enfant peut prononcer environ 200 mots de façon intelligibles. L’essentiel du répertoire phonétique est acquis vers la troisième année même si le système entier ne sera maîtrisé que plus tardivement. 3) Questions sur le texte : Qu’est-ce que le babillage canonique ? En quoi le babillage représente-t’il une étape primordiale dans l’acquisition du langage ? A quel âge se met-t’il en place ? Le babillage canonique consiste en une reduplication de syllabes bine formées de type CV, composées d’occlusives ou de nasales combinées avec des voyelles centrales basses (ma, ba). Il représente une étape primordiale pour le développement du langage ultérieur. A partir de 6-7 mois, les bébés rentrent dans la phase du babillage canonique, nécessaires pour le langage ultérieur. Les recherches suggèrent que les pathologies du langage sont associées à un retard dans l’apparition du babillage canonique. Quelles sont les caractéristiques des premiers mots ? Ces premiers mots ressemblent au babillage de l’enfant et on retrouve un continuum temporel et qualitatif entre babillage et production lexicale précoce. Ils sont constitués d’une ou de deux syllabes identiques formées d’une consonne et d’une voyelle. L’enfant utilise un même mot pour désigner un grand nombre d’objets (surgénéralisation). Quelles connaissances sont nécessaires à l’enfant pour produire ses premiers mots ? L’enfant doit avoir une certaine connaissance des objets et des événements de son environnement. Il doit notamment disposer du concept d’objet, apprendre que les sons émis par l’adulte sont liés à un objet particulier et que l’objet est toujours associé à ce son, et avoir la notion qu’un même mot désigne le même objet même si ce dernier apparaît à différents moments. Qu’est-ce que l’intonation ? L’intonation est porteuse de sens : elle exprime nos émotions (colère, ironie, impatience…) mais traduit également la nature d’une phrase (exemple : phrase interrogative). Ainsi, la phrase « Tu laves ta voiture » pourra être produite en exprimant des émotions diverses (par exemple, la surprise parce que cette voiture est en fait déjà très propre) et selon quatre modes possibles (phrase déclarative, impérative, exclamative ou interrogative). 4) Film : Des premiers sons aux premiers mots (6 :39) Quel est le rôle des activités vocales de l’enfant au cours de la première année ? Ces activités vocales préparent au langage, notamment en permettant au bébé d’exercer ses organes phonatoires (cf. babillage canonique, combinaison de consonnes et de voyelles). A partir de quand les vagissements et les cris réflexes deviennent une forme rudimentaire de communication pour l’enfant ? Lorsqu’ils servent de moyens d’actions sur l’entourage. A partir de quand les productions de l’enfant commencent à refléter les caractéristiques de la langue parlée par l’entourage ? A la fin de la 1ère année, la prosodie (l’intonation et le rythme) se rapproche de celle de la langue maternelle. Quelles adaptations langagières font les mamans lorsqu’elles s’adressent à leurs enfants ? Elles simplifient leur syntaxe, le sens, elles utilisent des mots isolés ou des phrases courtes, elles utilisent beaucoup de répétitions, adaptent leur prosodie (intonation exagérée, débit ralenti), utilisent un vocabulaire concret. Est-ce que les premiers mots sont facilement repérables ? Les premiers mots sont difficiles à identifier car ils peuvent émerger du babillage (entre 9 et 18 mois, plus généralement entre 10 et 13 mois). Quel est le rôle des interactions sociales dans l’émergence du langage ? Les interactions sociales telles que les reprises par les adultes des productions des enfants contribuent à augmenter la proportion des vocalisations des enfants (renforcement social).