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Papers of the Bibliographical Society of Canada 48/1
Michael Twyman. L’imprimerie – Histoire et techniques, traduit de
l’anglais par Bernadette Moglia. Coll. Métamorphoses du livre.
Lyon : ENS éditions, Institut d’histoire du livre/Les Amis du musée
de l’Imprimerie, 2007. 118 p.; 20 € ISBN 978-2-84788-103-5
Auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’imprimerie, de la
lithographie et du graphisme, Michael Twyman est professeur émérite
au Département de typographie et de communication graphique
de l’Université de Reading (Royaume-Uni). Il nous livre ici un
ouvrage remarquable tant au niveau de la qualité du texte que de
l’iconographie. Richement illustré – on y compte plus d’une centaine
d’illustrations en couleurs et en noir et blanc – et imprimé sur papier
glacé, l’ouvrage retrace l’évolution des techniques d’impression, depuis
l’invention de l’imprimerie en Extrême-Orient jusqu’à l’avènement
du numérique. Même s’il s’agit d’une traduction française de son
British Library guide to printing. History and techniques (Londres,
1998), Twyman a pris soin d’adapter son contenu au contexte français
en choisissant ses exemples à partir des riches collections du Musée
de l’imprimerie de Lyon.
Divisé en quatre chapitres, l’ouvrage s’ouvre sur une introduction
générale permettant à l’auteur de définir de façon technique
l’imprimerie et ses différentes composantes comme la « préparation »
et la « multiplication ». Twyman décrit les différents types d’impression
(en relief, en creux et planographique) avant d’aborder la question
du tirage (« multiplication »). Contrairement au premier chapitre, les
trois chapitres suivants abordent plutôt l’imprimerie sous un angle
historique. Ainsi, le chapitre 2 porte sur la production manuelle, c’està-dire la période s’étendant de l’invention de l’imprimerie en Chine au
VIIe siècle jusqu’aux innovations technologiques qui marquent le début
du XIXe siècle. Le Sutra du Diamant (868), considéré comme le premier
livre imprimé à partir de bois gravés, et les premiers livres imprimés
à partir de caractères de métal mobiles (dès 1377 en Corée) montrent
bien que l’invention de l’imprimerie est antérieure à Gutenberg, qui
composera sa Bible à 42 lignes à Mayence beaucoup plus tard, vers
1453-1455. Par ailleurs, on doit à Gutenberg l’invention d’une méthode
« pour multiplier les lettres en les fondant à partir d’une matrice placée
dans un moule » (p. 25). Comme le montre si bien Twyman, ce n’est
donc pas la presse à imprimer et la capacité de multiplier un même
document qui permet de positionner Gutenberg comme l’inventeur
de l’imprimerie : « Gutenberg a certainement contribué à augmenter
la productivité de l’imprimeur, mais il n’a pas introduit un principe
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Books in Review / Comptes rendus
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fondamentalement nouveau. C’est peut-être en partie pour cela que
les spécialistes européens ont choisi de considérer que l’invention de
l’imprimerie relevait de l’étape de préparation des textes (c’est-à-dire
l’assemblage des caractères mobiles de largeurs variables fondus à
partir d’un moule ajustable) bien plus que de la multiplication des
textes et des images. Une telle approche est le fondement même
de l’origine européenne de l’imprimerie. En revanche, toute autre
approche aboutirait à reconnaître que l’imprimerie fut inventée au
Extrême-Orient » (p. 29). Par la suite, l’auteur aborde les principaux
changements qui ont touché l’imprimé comme l’utilisation de la
couleur et du noir et blanc, la diminution de la taille des livres, l’essor
de l’illustration avec l’artiste Albrecht Dürer et l’imprimeur Plantin, le
fonctionnement et l’évolution des premières presses à imprimer.
Le chapitre 3, qui se nomme « Innovation et foisonnement au XIXe
siècle », s’ouvre sur l’apparition d’un nouveau procédé qui bouleversera
le domaine de l’imprimerie sur la longue durée : l’apparition de la
lithographie inventée par Aloys Senefelder vers 1798. La lithographie
est une nouvelle technique d’impression à plat réalisée à partir d’une
pierre sur laquelle on trace un dessin à l’encre grasse. Ce procédé,
qui ne repose pas sur une différence de relief – comme c’est le cas
de l’impression traditionnelle en relief ou en creux –, sera utilisé
massivement pour l’impression d’illustrations à partir de la fin
du XIXe siècle. À travers l’histoire de la gravure sur bout de bois,
Twyman montre comment ce procédé technique était avant destiné
à l’impression d’images pour la grande consommation. La production
massive de Gustave Doré sert ici d’exemple pour illustrer fort justement
les propos de l’auteur. Appuyés par une iconographie substantielle,
plusieurs autres procédés techniques sont aussi abordés et explicités :
la stéréotypie, la galvanotypie, la galvanoplastie, la reproduction de
photographies, la découverte de la trame quadrillée et l’utilisation de
plus en plus généralisée de la couleur grâce à la chromolithographie.
Ce chapitre se termine par une section portant sur la mécanisation
de l’imprimerie, de l’évolution des différentes presses (en métal, à
cylindre et les rotatives) à la composition mécanique avec l’apparition
de la Linotype et de la Monotype à la fin du XIXe siècle. Twyman
conclut ce chapitre en rappelant que les centres d’innovation de la
mécanisation de l’imprimerie se sont progressivement déplacés au
cours des ans de l’Europe vers l’Amérique du Nord : «Alors qu’au
début du XIXe siècle, la majorité des développements significatifs
venaient d’Europe, de plus en plus, et sans aucun doute à partir du
milieu du siècle, les États-Unis montrèrent la voie» (p. 97).
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Enfin, le chapitre 4 aborde brièvement, en une dizaine de
pages, l’impression lithographique et l’invention de l’offset,
la photocomposition et la révolution numérique qui ont des
conséquences considérables, « plus encore peut-être que n’en eut
l’invention des caractères mobiles par Gutenberg » selon l’auteur
(p. 107). Les ouvrages en français permettant de retracer l’histoire
des techniques d’impression sont rares. En ce sens, nous sommes
redevables à Michael Twyman de nous offrir ici un ouvrage de grande
qualité. En prime, la qualité des illustrations en fait un bel objet à
conserver et à chérir.
ÉRIC LEROUX
Université de Montréal
Robin Myers, Michael Harris, and Giles Mandelbrote, eds. Books for
Sale: The Advertising and Promotion of Print since the Fifteenth Century.
New Castle: Oak Knoll Press; London: The British Library, 2009.
256 pp.; US $49.95 ISBN 9781584562658
For the book lover, looking for a book that inspires and entertains
is a passion that never dies. How we discover book treasures is a
combination of serendipity and the cunning promotional efforts of
the publisher and bookseller. It will come as no surprise then that the
history of advertising and promotion in the book trade is rich with
remarkable stories. Books for Sale is a collection of papers delivered
at the thirteenth annual Book Trade History conference held at
the Foundling Museum in London, England, in November 2008.
As the subtitle suggests, the topics covered span from incunabula
to the Internet and give us a broad picture of the experiments and
innovations in book promotion that have driven sales for the past
five hundred years.
Robin Myers sets the tone for this collection by providing a
solid introduction to the study of the business of bookselling and
introducing us to the topics covered by the eight authors. The first
essay, by Lotte Hellinga, gives us an ample account of the surviving
advertisements (44 in total) from the fifteenth century. Julianne
Simpson traces the sale and distribution of Christopher Plantin’s
Biblia Regia completed in 1572. Simpson provides us with evidence of
Plantin’s shrewd business acumen and his innovative use of printed
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