Accepter les différences entre les garçons et les filles
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Accepter les différences entre les garçons et les filles
2818-RD Chap03 (015-022)3 3/20/07 2:12 PM Page 16 CHAPITRE 3 Accepter les différences entre les garçons et les filles Comment expliquer ces différences entre filles et garçons ? Pourquoi le portrait demeure-t-il sensiblement le même chez les adultes, hommes et femmes ? Comment résoudre ces difficultés plus grandes des garçons en compréhension de l’écrit ? Qu’est-ce qui engendre quoi ? Ces difficultés seraient-elles alimentées davantage par nos propres propositions de lecture aux garçons et par notre façon de leur faire vivre leurs expériences de lecture ? Je crois personnellement que, si l’on veut aider réellement les garçons en lecture, il faudra : • accepter les différences entre les filles et les garçons et reconnaître les particularités de chacun comme des forces ; • mieux cibler les causes des difficultés des élèves au début du primaire et reconnaître le rythme de chacun ; • tenir compte des champs d’intérêt des garçons et des filles dans leurs genres de lecture ; • tenir compte des façons particulières d’apprendre des garçons et des filles par des stratégies adaptées ; • rapprocher davantage la lecture du monde des jeunes. Si ces différences existent, nous devons les identifier et les comprendre. Les balayer sous le tapis ne les fera pas disparaître. On risque plutôt de s’y prendre les pieds. Deborah Tanner, sociolinguiste 2818-RD Chap03 (015-022)3 3/20/07 2:12 PM Page 17 Des indices biologiques Dans mon premier livre, Les garçons à l’école, j’expliquais comment le rythme différent de maturation du cerveau chez les garçons et les filles les amène à développer un style cognitif dominant mais différent. L’hémisphère droit du garçon se développe plus vite, alors que chez la fille les deux hémisphères se développent sensiblement au même rythme. Chez celle-ci, l’hémisphère gauche prendra cependant un rôle dominant à cause des aires de langages qui y sont situées. Scania de Schonen est directrice de recherche en neurosciences cognitives au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et s’est spécialisée dans le développement cognitif des nourrissons. Elle explique : Les stéroïdes sexuels qui circulent dans le cerveau au cours de sa maturation et qui ne sont pas les mêmes pour les fœtus mâles et femelles ont un effet sur la vitesse de maturation des neurones. Or, ils ne circulent pas exactement au même moment chez les fœtus filles et garçons […] ; ils peuvent alors augmenter et diminuer régionalement cette asymétrie de maturation des hémisphères1. Il ne s’agit pas d’intelligence différente entre les garçons et les filles. Chacun pourrait exercer les mêmes tâches et les mêmes métiers, qu’il s’agisse de changer des couches ou de devenir médecin, mais chacun voudra sans doute le faire à sa façon. Les avantages et les faiblesses de chaque mode se compensent les uns les autres, mais encore faut-il que garçon et fille puissent agir comme ils le souhaitent. Je parle donc de préférences de style d’apprentissage et de stratégies de résolution de problème différentes. En effet, « on peut résoudre la même tâche de différentes façons, ainsi la fille applique le langage même dans une tâche spatiale2 », explique Maria De Agostini du CNRS de France3. Les connexions interhémisphériques sont en moyenne plus denses chez la femme, les échanges entre les deux hémisphères s’en trouvant ainsi facilités. Selon plusieurs études, cela peut expliquer que, dans l’exécution d’activités langagières, les deux hémisphères des femmes s’activent davantage, alors que, chez la majorité des hommes, seul entre en action leur hémisphère gauche, qui est spécialisé dans les fonctions langagières. 1. Scania de Schonen, « Les deux hémisphères travaillent ensemble », Textes et Documents pour la Classe, SCÉRÉN – CNDP, novembre 2004. 2. Gabriel Dagenais (adaptation à la réalisation), propos de Maria de Agostini, « Le cerveau a-t-il un sexe ? », émission Découverte, télévision de Radio-Canada, 1995. 3. Une fille prendra plutôt une approche séquentielle, caractéristique du langage, plutôt que de se faire une représentation dans l’espace pour résoudre le problème. Chapitre 3 17