Un chum ? Une blonde ? Déjà !?

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Un chum ? Une blonde ? Déjà !?
Un chum ? Une blonde ? Déjà !?
Une des étapes de la pré-adolescence qui inquiète le plus les parents est celle de l’éveil
amoureux. Certains remarquent que leurs enfants sont beaucoup plus précoces qu’ils ne
l’étaient au même âge. Ils se demandent si, à « collectionner » les petits « chums » ou les
petites « blondes » dès l’école élémentaire, leurs enfants ne prennent pas un peu trop les
devants au niveau des relations interpersonnelles et affectives.
Il est important de comprendre que la plupart des enfants vivent un continuum relativement
identique, qui passe à travers trois phases. La première, le « bof », (3-6 ans) est une phase
où l’enfant côtoie indifféremment des garçons ou des filles, par exemple à la garderie. Les
jouets sont interchangeables, les jeux se font de façon mixte, et les enfants ne sont pas très
attentifs aux différences.
La phase suivante est celle du « ouache » (7-11 ans). Lors de cet épisode, tout est mis en
œuvre pour se distancer de l’autre sexe ; les garçons se rassemblent entre eux au sport et
cherchent à exclure les filles ; les filles regardent les garçons de haut et les trouvent
immatures ; on tente de créer des compétitions « gars contre filles » ; si quelqu’un nous plaît,
on le cache à nos amis, et on agit souvent de façon à s’éloigner ou à ignorer l’autre.
Finalement, chacun à leur vitesse, les jeunes vont peu à peu passer dans la troisième phase,
le « wow » (vers 12 ans et plus), où ils vont commencer à remarquer des qualités de plus en
plus intéressantes chez le sexe opposé : certaines filles, certains garçons, vont subitement
devenir attirants à leurs yeux. Certaines des choses qui les énervaient il y a quelques mois
seulement deviennent adorables, mignonnes. Commence alors le jeu de la séduction, bien
innocent à ses débuts, mais qui, pour le jeune, demeure intense en émotions intérieures.
C’est à ce moment que beaucoup de pré-adolescents deviennent extrêmement conscients de
leur image corporelle. Ils associent la correspondance à certains canons de beauté au fait
d’être populaire, d’être attirant. Les jeunes garçons ont hâte d’avoir des muscles, espèrent
grandir au plus vite; les jeunes filles commencent à s’attarder à leur silhouette, espèrent que
leurs seins poussent bientôt, que leurs hanches s’arrondissent et qu’elles puissent
correspondre à un modèle qu’elles voient comme idéal.
Comme vous pouvez le deviner, la comparaison vient alors jouer un rôle quelques fois
accablant pour certains jeunes. Puberté plus rapide chez les uns, personnalité extravertie et
ouverte chez les autres, une grande quantité de filles et de garçons ne se sentent pas dans le
coup, ont l’impression que les « chums », les « blondes », c’est pour les autres. Le problème
naît lorsqu’il devient impératif pour le jeune de se trouver un ou une partenaire, sous peine
d’être l’objet de moqueries de la part de ses amis qui sont presque tous en couple. Les
questionnements surgissent alors : « Pourquoi je ne « pogne » pas ? » ; « Pourquoi personne
ne veut de moi ? » ; « Est-ce que je suis si pire que ça ? », etc.
Malheureusement, peu d’avenues s’offrent à un parent qui est témoin de ce découragement.
On a beau vouloir tenter de gonfler l’estime de soi de notre jeune, la réalité pré-adolescente
dicte souvent qu’un compliment qui vient d’un parent risque d’avoir moins de crédibilité aux
yeux du jeune qu’un compliment qui vient des amis, par exemple. Malgré tout, une valeur
très importante à inculquer chez votre enfant, et ce, avant même que les premières amours
ne fassent leur apparition, est que sa valeur personnelle ne passe pas par le fait qu’une autre
personne l’ait choisi comme partenaire. La popularité auprès des autres vient souvent de
l’attitude, du sourire, de la joie de vivre, bien plus que de l’apparence ou des fréquentations
amoureuses. Voir le fait d’être « en couple » comme un accomplissement en soi est un
mécanisme qui risque de causer des dommages non seulement chez le jeune maintenant,
mais également tout au long de sa vie.
Une bonne continuité à vous,
Annick Kerschbaumer
Sexologue et agente de développement
Le générique masculin est utilisé sans discrimination et uniquement dans le but d'alléger le texte

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