l`ulcère du cul (un vieux professeur racontait chaque année cette

Transcription

l`ulcère du cul (un vieux professeur racontait chaque année cette
l’ulcère du cul
(un vieux professeur racontait chaque année cette petite histoire aux primants de médecine)
nous sommes en 1950 à peu près, pas loin après la guerre,
un homme,
un homme qui n’est pas dans le besoin,
pas particulièrement dans le besoin,
comme ont pu l’être des hommes et des femmes au sortir de la guerre,
cet homme est admis à l’hôpital un jour d’été,
immédiatement est diagnostiqué un cancer du rectum,
le médecin était perplexe :
« curieux, tout de même, chez cet homme, ce bon père de famille,
qu’un cancer du rectum apparaisse ainsi »,
l’idée même de faire autre chose de son trou de balle
(ou de celui de sa femme)
de faire autre chose de son anus que de chier lui paraissait d’une
« fantaisie concevable uniquement pour les bougnoules »
sa femme venait régulièrement le voir à l’hôpital,
avant pendant et suite à l’opération qu’il avait eue à subir,
elle était jolie et douce,
elle lui amenait tous les jours les deux grands quotidiens de l’époque,
droite et gauche,
il discutait parfois politique avec le chef de service,
le seul constat possible était qu’il était franchement de droite,
droite droite droite toute,
une infirmière,
alors que la femme de cet homme venait juste d’arriver dans la chambre ce jour-là,
entra à l’improviste,
l’homme commentait les journaux que sa femme avait apportés,
l’infirmière surprit le propos véhément de l’homme couché sur le ventre,
« regarde ces pourris, regarde-les avec leurs sales faces ravies,
dès que je sors, je continuerai,
oui, je continuerai à me torcher le cul avec ces connards,
ils ne méritent pas mieux ! »
le regard de la femme était doux,
sa main sur le bras de l’homme caressante,
elle hochait la tête soumise,
l’inclinant tout de même à se calmer et n’être point trop naïf :
« vous ne pourrez plus mon cher »
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Le mariage de Loti de Pierre Loti
Be(rnhardt Juin 1878. ... En dessous dans les
jardins de la reine, c’était le) calm((e l’énervante
langueur d’une nuit d’été ... Rien ne troublait le
silence accablant de ces midis d’Océanie. De petits
lézards, bleus comme des turquoises, que rassurait notre immobilité, circulaient autour de nous,
en compagnie des papillons noirs marqués de
grands yeux violets. On n’entendait que de légers
bruits d’eau, des chants discrets d’insectes, ou de
temps en temps la chute d’une) goyave trop mûre,
qui s’écrasait sur la terre avec un parfum de framboise... On n’entend aucun chant d’oiseaux dans
les bois tahitiens; les oreilles des Maoris ignorent
cette musique) naïve (qui, dans d’autres climats,
remplit les bois de gaîté et de vie... Nous cheminions, Rarahu et moi, en nous donnant la main, sur
la route d’Apiré. C’était l’avant-veille du départ. Il
faisait une accablante chaleur d’orage. L’air était
chargé de senteurs de) goyaves (... mélangée de
plantes aromatiques et de) goyaves (... son lit
était semé de) goyaves. (...)
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