Pavarotti - Passage du livre
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Pavarotti - Passage du livre
Pavarotti GENCOD : 9782749907826 PASSAGE CHOISI L'ENVOL Reggio nell'Emilia : 29 avril 1961. La dentelle des cimes apennines découpe un ciel d'azur. Les arbres sont en fleur. La vigne éclate de ses premiers bourgeons. L'air est léger, comme le coeur de Luciano Pavarotti : il a vingt-cinq ans, et il va, enfin, chanter pour la première fois dans un opéra. Jamais de sa vie il n'a été aussi heureux. Bouillonnant, excité, le coeur en fête. Et tant pis s'il n'est pas prévu de cachet pour cette prestation. Le succès, si succès il y a, sera son véritable salaire. Il n'en souhaite pas d'autre. Ce soir, après la représentation, il saura enfin si son chemin s'éclaire... Pour l'heure, l'euphorie règne dans le modeste hôtel où la troupe est arrivée trois semaines auparavant. Luciano n'a eu besoin que d'une heure de voyage sur une petite route poudrée qui serpente en bordure de la vaste plaine du Pô pour rallier Reggio. Tous, comme lui, débutent. Certains se sont déjà produits une ou deux fois dans des spectacles, lui jamais... Cet engagement, il le doit au concours Achille Péri, qu'il a remporté haut la voix ! Un concours où s'affrontent tous les jeunes chanteurs de sa province. Luciano l'a choisi pour le prix : le lauréat chantera Rodolfo (son rôle préféré) dans une production de ha Bohème. Au théâtre de Reggio nell'Emilia, à cinquante kilomètres de Modène seulement. Trois mois plus tard. C'est-à-dire ce soir. Reggio nell'Emilia est connu pour ses deux principales passions : la gastronomie et le bel canto. Deux plaisirs ardemment appréciés par un public de connaisseurs. Alors, pendant la durée des répétitions la troupe s'est entraînée sans relâche, avec passion et enthousiasme. D'ailleurs, ils jouent ha Bohème à la scène comme à la ville : dans leur hôtel les garçons occupent une chambre, les filles une autre, avec, au bout du couloir, une salle de bains pour tout le monde. L'alberghia retentit à longueur de journée de leurs rires et de leurs plaisanteries. Comme leurs personnages, ils sont tous jeunes, pauvres, mais frémissant d'une merveilleuse joie de vivre, et du fervent espoir de réussir. Au nom de quoi ils ne ménagent pas leurs efforts. Pendant trois semaines pleines, ils ont alterné trois jours de répétitions avec une journée de repos sous la houlette ins-pirée de Mafalda Favero, soprano à la retraite et amoureuse inconditionnelle de l'opéra selon Puccini. Chaque minute, chaque heure passée, Luciano a bu ses conseils des yeux, des oreilles et du coeur. C'est que, pour la première fois, ils vont chanter, accompagnés non plus au piano, mais par un véritable orchestre, au grand complet ! C'est le maestro Molinari-Pradelli qui doit le conduire. Il ne sera là que le soir de la générale, imposant, impressionnant : en Italie, son nom est depuis longtemps une référence. Alors, imaginez le bonheur de notre jeune ténor lorsque le maestro, pourtant réputé pour l'avarice de ses compliments, a interrompu l'orchestre après la première aria de Luciano, pour dire avec conviction devant toute la troupe : - Jeune homme, si vous chantez comme cela demain soir, vous ferez un triomphe... EN SAVOIR PLUS SUR CE LIVRE Consultez la fiche complète de ce livre sur PassageDuLivre.com Commandez ce livre sur Fnac.com